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Lc

2023/09/28 – Lc 9, 7-9

By 2024-01-04janvier 14th, 2024No Comments

La mission des douze disciples dans les villes et villages de Galilée précède immédiatement ces réflexions du peuple et d’Hérode au sujet de Jésus. Les disciples ont proclamé l’Évangile et fait connaître la personne de Jésus. La ferveur nationaliste, et même révolutionnaire, fermentait dans toutes ces localités, qui étaient hostiles à Hérode, le valet des Romains. Aussi Hérode craignait tout nouveau mouvement populaire, qui pouvait devenir subversif. Même Jean Baptiste, qui prêchait la conversion loin de la Galilée, près du Jourdain, dans le désert, avait provoqué sa peur et son hostilité. Il pouvait craindre encore plus Jésus, dont l’activité missionnaire se déroulait en plein coeur de la Galilée, ce foyer des révoltes contre l’autorité politique. Quand on n’a pas la foi, comme Hérode, c’est le soupçon qui tourmente le coupable.

Jésus est un mystère

Après avoir fait exécuter Jean Baptiste, Hérode entend parler de Jésus et se pose des questions sur ce nouveau personnage. Au fond de lui-même, il souffre de remords : il a eu l’illusion de se débarrasser de Jean, mais l’activité de Jésus ressuscite pour lui la figure de Jean. On ne libère pas sa conscience avec une action brutale. La punition vient de notre conscience, qui nous juge.

La personne de Jésus, comme sa mission qui vient de Dieu, est un mystère. Aussi certains pensent que Jésus est une réincarnation de Jean, ou du prophète Élie ou d’un autre prophète d’autrefois. Pour comprendre le présent, on se réfère tout naturellement à ce qu’on connaît, au passé et à ses figures éminentes. À toutes les époques, on a tenté de comprendre la personne de Jésus avec des critère humains, alors qu’on ne peut le connaître qu’avec les yeux de la foi éclairée par l’Esprit. En dehors de la foi, Jésus ne peut être qu’une énigme déconcertante et incompréhensible.

Hérode est un assassin curieux et en proie au remords. Il n’a ni la foi, ni le minimum d’empathie pour comprendre un envoyé de Dieu. Aussi Jésus ne lui répondra rien quand, au moment de la passion, il comparaîtra devant lui (Lc 23,9).

Jésus dérange

« Mes pensées ne sont pas vos pensées et mes chemins ne sont pas vos chemins », déclare le Seigneur (Is 55,8). Les prophètes, que Dieu a envoyés et qui parlèrent en son nom, ont toujours ouvert des perspectives qui ont déconcerté le peuple. De même, et encore plus que tous les prophètes, Jésus ouvre des horizons infinis devant nous et il nous met en question, exigeant de nous la conversion, un changement radical.

Les prophètes et Jésus ont subi la persécution, parce qu’ils dérangeaient la routine et la paresse dans laquelle chacun s’est installé. Personne n’aime être dérangé et obligé de remettre en question sa conduite et sa personne. Hérode a essayé de réduire Jean au silence. Il voudra s’en prendre également à Jésus, que des Pharisiens avertiront : « Pars d’ici, va-t’en ailleurs, car Hérode veut te faire mourir. » (Lc 13,31)

Conclusion

Dans une prière, on s’adresse à Dieu, « Toi qui viens me déranger. » C’est la prière du croyant, qui sait à l’avance que le Seigneur va le déranger, par un signe, une épreuve, une maladie, … En toute confiance, il remet sa personne entre les mains de son Père, qui veut son bonheur mieux et plus que lui-même. Il est convaincu avec Paul que « Dieu fait tout concourir au bien de ceux qu’il aime »  (Rom 8,28).

Sans la foi, tout devient énigme incompréhensible et parfois révoltante. Il faut croire pour comprendre. La promesse de Jésus à Marthe se réalise alors : « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu » (Jn 11,40).

Jean-Louis D’Aragon SJ