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2023/02/20 – Mc 9, 14-29

By 2024-01-04janvier 14th, 2024No Comments

Jésus trouve ses disciples en train de discuter avec des scribes, entourés d’une grande foule. On saura plus loin la cause de cette discussion, mais le passage n’en dit pas la teneur. Pourtant, ce serait important d’avoir une idée du contenu de cette discussion, car, apparemment, c’est ce contenu qui met Jésus en colère quand il attaque sans distinction disciples et scribes, comme s’ils s’étaient rendus coupables de la même infraction : « Génération incrédule, jusqu’à quand serai-je auprès de vous? Jusqu’à quand aurais-je à vous supporter? »

Qu’est-ce qui met ainsi Jésus hors de lui, et surtout, pourquoi colle-t-il l’étiquette flétrissant de « génération incrédule » aussi bien à ses disciples qu’aux scribes? La seule façon de le savoir est de sortir du texte pour chercher dans les évangiles d’autres occasions où Jésus pique de ces colères bleues et emploie des expressions proches de « génération incrédule » pour stigmatiser ses adversaires. On se rend alors compte que cela se produit quand il est mis en demeure de produire un signe. Il refuse toujours de jouer ce jeu-là.

Ici, ce sont ses disciples qui ont été mis au défi de guérir un enfant possédé. Ils ont mordu à l’hameçon et ont voulu « performer », non pas pour soulager la misère du pauvre enfant tourmenté et de son père désespéré, mais d’abord et avant tout pour se donner en spectacle en rabattant le caquet à ces scribes arrogants. Mais le miracle ne se produit pas. Imaginez alors le contenu de la discussion. Les scribes s’en donnent à cœur joie : ils traitent les disciples d’imposteurs, de charlatans, comme leur maître. Et, bien évidemment, la foule qui assiste à la scène ne peut que donner raison aux scribes. C’est pourquoi quand Jésus arrive sur les lieux et demande : « De quoi discutez-vous? » Ce ne sont ni les disciples, ni les scribes qui répondent.

L’homme qui répond à la question et qui, durant tout ce temps, aurait dû, avec son fils malade, être le centre de l’attention des disciples, provoque une autre dynamique. Il oublie les disciples et les scribes qui, dans leur vaine querelle, ne s’étaient pas préoccupés de sa souffrance. « Maître, je t’ai amené mon fils… » En fait, il ne disqualifie pas les acteurs précédents : ils se sont disqualifiés eux-mêmes. Et Jésus remet à l’endroit ce qui était à l’envers. Il parle avec le père de l’enfant, sans se soucier de la présence des scribes. Il établit le diagnostic et raffermit la foi de ce pauvre parent éprouvé : « Tout est possible à celui qui croit ». Et le parent joint au plaidoyer pour son enfant une profession de foi : « Je crois! Viens au secours de mon manque de foi! »

Alors seulement, le miracle put avoir lieu. Avec une autorité parfaitement irrésistible, Jésus contraint l’esprit mauvais à libérer l’enfant : « Esprit sourd et muet, je te l’ordonne, sors de cet enfant et n’y rentre plus.» Après cet exploit, Jésus aurait pu se flatter la bedaine et ridiculiser les scribes en leur disant : « Voilà : j’y suis parvenu! » Mais il ne perd pas son temps en fanfaronnades. Il rentre à la maison avec ses disciples. Et quand ces derniers lui demandent pourquoi ils n’ont pas pu chasser cet esprit, il évite de tourner le fer dans la plaie. La réponse évidente aurait dû être : « Vous n’aviez pas l’intention droite! » Mais Jésus se contente de leur dire : « Ce genre d’esprit, rien ne peut le sortir que la prière. »

Melchior M’Bonimpa