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Lc

2022/09/30 – Lc 10, 13-16

By 2024-01-04No Comments

Plusieurs pensent que nos actions demeurent cloisonnées dans le passé et qu’elles passent comme le vent. Nous avons l’impression de répéter chaque jour les mêmes actions, qui ne laisseraient aucune trace. On a souvent répété, pourtant, que nos actes nous suivent. Bien plus ! Ils s’incrustent en nous. Ils ont une pesanteur qui nous accompagne tout au long de notre existence, et surtout dans l’au-delà. Combien de gestes s’insèrent dans nos muscles, conditionnent tous nos mouvements et deviennent des habitudes ! De la même manière, et plus profondément encore, nos décisions pèsent sur l’orientation spirituelle de notre personne.

Les apparentes « malédictions » de Jésus paraissent dures et sévères. Pourquoi une dénonciation aussi rude de la part du Christ, qui est venu nous enseigner l’amour de Dieu? Jésus veut nous faire prendre conscience du sérieux et de la pesanteur de nos décisions. Mais, à l’inverse, c’est la valeur de notre personne et de nos actions qu’il met en lumière.

Quand il s’agit de notre libre décision d’accueillir ou de refuser son offre de salut, notre réponse est la plus sérieuse de notre existence, car elle nous oriente vers la mort ou vers la vie. Aussi le jugement de Jésus sur les villes rebelles à son appel est un cri d’amour pour les prévenir de prêter une attention extrême à cette décision de choisir le malheur ou le bonheur éternel.

Après avoir énoncé sa Loi, expression de sa volonté, le Seigneur s’écrie en conclusion du Livre du Deutéronome, qui termine les cinq livres du Pentateuque, la base de l’A.T.:
« Aujourd’hui, je place devant vous la vie et le bonheur d’une part,
la mort et le malheur, d’autre part. Prêtez donc attention aux commandements que je vous communique aujourd’hui :Aimer le Seigneur votre Dieu, suivre le chemin qu’il vous trace,obéir à ses lois. Alors vous vivez, vous deviendrez nombreux, et le Seigneur vous comblera de bienfaits» (Deut 30,15ss)

« Malheur à toi » ou « malheureux es-tu » ?

Les traductions du passage évangélique d’aujourd’hui, qui placent le mot « malheur à toi… » dans la bouche de Jésus, peuvent donner l’impression que le Christ, déçu du refus ou de l’indifférence de ces villes, souhaite leur malheur. Il faut, au contraire, comprendre l’émoi de Jésus comme un avertissement lucide, qui exprime sa tristesse et sa peine. Jésus sait que le refus de ces villes les mène à leur ruine. Nous savons par expérience qu’il faut saisir les occasions favorables qui passent. « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas votre coeur » (Ps 95, 7s). Or ces villes n’ont pas saisi le moment de salut qui passait dans leurs localités. Elles n’ont pas écouté l’appel du Christ à se convertir et à changer de vie.

Libres pour aimer

Le Seigneur aurait pu nous créer avec un programme inscrit en nous, comme chez les animaux, qui nous aurait orienté tout naturellement vers le bien, la vie et le bonheur. Nous n’aurions pas eu le choix d’être heureux ou malheureux. Nous aurions été des robots conditionnés pour être heureux.

Mais Dieu a voulu avoir des partenaires dignes et autonomes, libres d’entrer dans son Alliance d’amour. Dans sa bonté, il a voulu que nous soyons libres de répondre « oui » ou « non » à son offre de vie éternelle, qu’il nous transmet par son Fils incarné dans notre monde.

La liberté appartient à l’essence de la personne humaine, c’est sa dignité. De nombreux pays ont des chartes qui garantissent la liberté et les droits de la personne qui en découlent. C’est la preuve que la liberté est innée en nous, parce que créés à l’image de Dieu, souverainement libre.

Mais la liberté comprend la responsabilité de nos décisions. On parle souvent aujourd’hui de la liberté et de la dignité humaines, mais on insiste très peu sur la responsabilité de chacun de nous. C’est une preuve de maturité d’accepter ses responsabilités, au lieu de les reporter sur les autres, nos parents ou sur la société en général.

« Qui vous écoute m’écoute »

Le Seigneur nous parle presque toujours par des médiateurs. Il est rare que Dieu se révèle directement à la personne qu’il appelle. Pourquoi recourt-il à des intermédiaires ? Tout d’abord parce qu’il veut associer les humains, ses médiateurs, à son projet de salut, d’amour et de vie. Du côté de celui qui reçoit l’appel, Dieu veut solliciter sa foi ; il doit croire que le Seigneur lui parle par des humains et par des signes. Si Dieu parlait directement, il s’imposerait à son interlocuteur. La foi et la confiance disparaîtraient. La foi des premiers disciples consista à discerner le Fils de Dieu dans le signe de l’homme Jésus ?

Pour entendre l’appel de Dieu et lui répondre, il faut avoir un cœur de pauvre. Celui qui se pense parfait, celui qui s’estime riche, comme Capharnaüm prétendant s’élever jusqu’au ciel, celui-là n’entendra jamais la Parole du Seigneur.

Jean-Louis D’Aragon SJ

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