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Lc

2022/06/25 – Lc 2, 41-51

By 2024-01-04No Comments

Pourquoi célébrer le Coeur Immaculé de la Mère du Christ? La liturgie vient de nous proposer le Sacré Coeur de Jésus, en qui s’est incarné tout l’amour de Dieu. Le Coeur de Marie symbolise également son amour, mais qu’ajoute-t-il à celui de son Fils? De fait, Marie n’ajoute rien par elle-même, elle reçoit tout de son Seigneur par la médiation de son Fils. Quel est alors son rôle? Elle révèle l’amour de Dieu et rend proche de nous la dimension maternelle de cet amour infini. La fête de son Coeur Immaculé manifeste sa communion intime avec celui de son Fils.

Les représentations du Seigneur dans la Bible s’inspirent d’une civilisation patriarcale, qui délaisse trop souvent la dimension, la présence et la fonction féminines de Dieu. La dévotion chrétienne, inspirée par le Nouveau Testament, corrige et complète la figure trop masculine de Dieu.

Avec notre imagination trop humaine, nous avons représenté Marie comme une reine au sens de dominatrice, à l’opposé de son rôle discret dans les  évangiles et dans les Actes des apôtres. Marie se caractérise par sa présence humble et par le don d’elle-même, en plein accord avec la volonté de Dieu.

Pour célébrer le coeur de Marie, la liturgie nous invite à contempler le dernier événement de l’enfance de Jésus « perdu et retrouvé au temple. » La conduite étrange du fils, qui se sépare de ses parents, nous semble étrange et déconcerte en particulier sa mère. Elle ne comprend pas, mais elle médite cet événement qu’elle accueille comme un mystère provenant de la volonté de Dieu.

Cet événement conclut la période relative à l’enfance du Christ Jésus. Comme toute conclusion, celle-ci revêt une signification spéciale. L’enfance de Jésus est significative dans la mesure où elle préfigure le ministère du Fils de Dieu dans notre monde et surtout le sommet de sa mission, son sacrifice sur la croix et sa résurrection. Une série de traits caractéristiques nous invitent à découvrir dans cet incident de Jésus au temple une anticipation du mystère pascal.

À l’âge de douze ans, tout jeune juif devait exprimer dans un rite spécial son adhésion libre et consciente à l’Alliance et devenir « fils de la loi ». C’est le « bar miswah » que les Juifs célèbrent solennellement de nos jours. Pour Jésus, cette célébration annonce que, lorsqu’il aura complété sa mission, il retournera chez son Père.

Les « trois jours » pendant lesquels ses parents cherchent Jésus correspondent aux trois jours du Christ au tombeau, depuis le vendredi jusqu’au jour de Pâques. « Pourquoi me cherchiez-vous? », répond Jésus à sa mère, comme les deux anges diront aux femmes venues au sépulcre: « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts? » (Lc 24,5)

« C’est chez mon Père que je dois être »: chaque fois que Jésus désigne sa mission avec le verbe « devoir », il annonce le mystère de sa passion et de sa résurrection, qu’il assume librement comme la volonté de son Père.  « Chez mon Père », dans sa maison, désigne le retour de Jésus vers son Père. « La maison de mon Père » est la première parole de Jésus dans l’Évangile de Luc » et la dernière, sur la croix, aura le même sens: « Père, entre tes mains, je remets mon esprit. »

« Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait ». Une telle incompréhension se retrouve partout dans l’Évangile où il est question du mystère pascal que le Christ va vivre. Cette intervention suprême de Dieu dans l’histoire dépasse toutes les possibilités humaines d’intelligence. Nous ne pouvons qu’imiter Marie qui conservait dans son coeur ces événements pour les méditer et les comprendre un jour.

Tous les épisodes que Jésus a vécus parlent du mystère central de sa vie, la mort qu’il a transformée dans sa personne en vie nouvelle de la résurrection.

L’Église propose deux vérités fondamentales au sujet de Marie, la Mère du Christ: l’Immaculée Conception et l’Assomption. La fête du Coeur Immaculée de Marie met en lumière la première intervention de Dieu, qui illumine le début de du pèlerinage terrestre de la Mère de Jésus. La seconde affirme la parfaite réalisation du projet de Dieu sur elle. C’est affirmer que Dieu a entouré de sa bienveillance toute l’existence de la Mère de son Fils. Il l’a protégée de toute souillure pour atteindre finalement la vie parfaite, sans fin, de toute sa personne, son âme et son corps.

Quel fut le cheminement de Marie pour atteindre ce but? Dans la pauvreté du coeur, selon la première béatitude, et dans une continuelle action de grâce. Après la salutation d’Élisabeth, Marie exprime dans son « Magnificat » ces deux sentiments qui devraient animer le pèlerinage de toute personne chrétienne: la conviction d’être pauvre devant son Seigneur et de tout recevoir de Lui dans une perpétuelle reconnaissance.

Jean-Louis D’Aragon SJ 

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