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Lc

2021/11/11 – Lc 17, 20-25

By 2024-01-04janvier 12th, 2024No Comments

L’espérance nous attire en avant vers un pôle aimanté. Le temps nous entraîne qu’on le veuille ou non. Si notre existence humaine a un but vers lequel nous tendons, l’espérance de l’atteindre anime toute notre personne. Mais si l’espérance est absente, la vie est vide. C’est le désespoir. Pourquoi un si grand nombre de suicides dans le monde, surtout dans les pays riches ? Le plus grand scandale, c’est le suicide des jeunes, qui ne voient rien d’attirant dans l’existence humaine, alors que l’avenir pourtant s’ouvre à eux.

Au temps de Jésus, les Romains dominaient et opprimaient les Juifs. Malgré les ennemis qui les ont sans cesse asservis, les fidèles de l’Alliance ont régulièrement espéré « le Jour du Seigneur », cette intervention de Dieu pour les libérer d’une manière définitive. Les épreuves nationales, loin de les décourager, avaient stimulé leur espérance. Par exemple, lorsqu’ils ont subi la dispersion, après la ruine de Jérusalem et du Temple (en 70 de notre ère), la célébration de la Pâque se terminait entre eux par le souhait mutuel d’espérance : « L’an prochain, à Jérusalem ! »

Quand le Règne viendra-t-il ?

Jésus s’adresse à deux auditoires différents. Le premier groupe, les Pharisiens, demandent à quel moment le Royaume viendra (vv.20-21). Dans le second, Jésus parle à ses disciples des circonstances entourant la venue du Fils de l’homme (vv. 22-37).
La présence aimante, active et protectrice du Seigneur parmi son peuple, était l’objet central de cette espérance. Dieu, source de toute vie, résiderait parmi ses fidèles. En plus de sa protection, Dieu réunirait tous les membres de son peuple dans la ville sainte, Jérusalem, qu’ils soient tout proches ou dispersés à travers l’univers.

Quand on souffre, on est impatient et on espère une libération prochaine. Le temps paraît toujours long. La question des Pharisiens porte sur le moment où Dieu viendrait combler cette espérance. Ils pensaient, comme le peuple, que “le Royaume de Dieu allait se manifester d’un instant à l’autre.” (Lc 19,11) Jésus précise que la venue du Royaume surviendra dans l’avenir, mais qu’il est déjà présent et actif “parmi vous.” (v.21) Le ministère du Christ parmi eux manifeste déjà la présence du Royaume de Dieu, mais cette présence ne s’impose pas d’une manière spectaculaire avec un étalage de merveilles étonnantes.

Les contemporains de Jésus pensaient que des signes fulgurants accompagneraient cette venue, puisque le Seigneur est le Tout-puissant. Dans sa réponse, Jésus rejette tout signe extérieur. Dieu vient d’une manière discrète, mystérieuse et souverainement efficace. Cette déclaration est un appel de Jésus aux Pharisiens pour qu’ils découvrent la signification profonde de sa personne et de son activité, et pour qu’ils reconnaissent Dieu présent en lui.

Le dénuement précède la gloire

Délaissant ses interlocuteurs pharisiens, Jésus s’adresse à ses disciples pour les rendre lucides, en leur enlevant toute illusion. Le bonheur facile, sans sacrifice, reste superficiel et s’évapore rapidement. L’Église, à la suite de son Seigneur, souffrira, et les chrétiens désireront vivement la venue du Règne, qui amènera leur libération finale. Dans leur attente anxieuse, ils ne devront pas cependant se laisser tromper par les charlatans qui prétendent prédire le temps et le lieu de cette venue. Le jour du Royaume surviendra soudainement comme l’éclair.

La souffrance est une purification de soi-même, de son égoïsme, qui rend disponible à l’action de Dieu. L’amour devient possible quand le regard ébloui se détourne de soi-même pour s’ouvrir sur l’Infini. Le renouvellement de notre espérance s’impose chaque jour. Ce n’est pas le monde autour de nous qui nous aidera dans ce renouveau. Notre monde vit dans le présent, sans trop se préoccuper de l’avenir. Sa culture est trop souvent celle du tragique et du noir, qui ne discerne guère les signes lumineux que Dieu nous accorde. Ces signes sont discrets, intérieurs, indices d’un progrès presque imperceptible, mais quotidien.

Jean-Louis D’Aragon SJ