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Lc

2021/10/29 – Lc 14, 1-6

By 2024-01-04janvier 12th, 2024No Comments

Dans une réunion, nous avons tous tendance de nous joindre à des personnes connues, parents ou amis. Nous préférons converser avec des gens qui partagent nos points de vue, nos idées et même nos préjugés. La conversation est plus facile, sans effort ni discussion. Mais que retire-t-on de telles rencontres ? Aucune idée nouvelle, aucune perspective originale, mais seulement le délassement dans la passivité.

Jésus chez un chef pharisien

Jésus ne craint pas de rencontrer des gens qui ne pensent pas comme lui et qui sont même des adversaires. Il ne veut pas emprunter leurs idées, ni les affronter pour le plaisir de les confondre, mais leur offrir l’Évangile de la liberté. Voulant leur bien, il accepte l’invitation d’un chef pharisien et il a l’audace d’entrer chez lui, sachant bien qu’il sera la cible de tous les assistants, qui chercheront même à le prendre en défaut.

L’enseignement de Jésus se déroule en quatre brefs épisodes, autour d’une table, chez le pharisien qui l’avait invité. Il participe au repas de fête pour célébrer le sabbat, mais que la Loi entoure de prescriptions contraignantes.

Jésus a conscience d’être l’Envoyé de Dieu pour répandre la vérité qui libère et qui permet de vivre dans la sérénité et la paix. Même si les assistants l’observent et l’épient, le Christ domine la situation, affrontant lucidement le soupçon et la critique.

Jésus guérit

Dieu avait créé le sabbat pour que, une fois par semaine, tous les membres du peuple, libres ou esclaves, jouissent d’un jour de repos et de joie. C’était une loi humanitaire, qui marquait un progrès social que les autres peuples de cette époque ne connaissaient pas. L’observance du sabbat était l’un des signes qui distinguaient le peuple élu de ses voisins.

Mais les traditions des Pharisiens avaient accumulé une série de règlements et d’interdictions qui prévoyaient les moindres détails pour observer rigoureusement le repos du septième jour. Ces restrictions, malheureusement, faussaient l’intention du Créateur. Au lieu d’être un jour de joie pour tous, le sabbat était devenue un jour pénible avec 39 interdictions qu’il fallait observer. En revendiquant la liberté humaine, Jésus veut rendre au sabbat sa signification originelle. Il apporte le bien-être et la joie aux malades le jour du sabbat. Jésus établit le principe fondamental qui doit guider tout le monde : « Le sabbat a été fait pour l’homme (son repos et son bien-être), et non pas l’homme pour le sabbat (pour être soumis aux lois du sabbat). » (Marc 2,27) Pour insister sur la volonté expresse de Jésus, Luc rapporte sept incidents au cours desquels Jésus guérit des malades le jour du sabbat, montrant ainsi que le rétablissement du bien-être corporel est le signe de la paix et de la joie.

Provoqué par l’homme atteint d’hydropisie qu’on a placé devant lui, Jésus répond en interrogeant les pharisiens présents : « Est-il permis de guérir le jour du sabbat ? » Ses interlocuteurs ne répondent rien, car ils se trouvent dans un dilemme. S’ils répondent que cette guérison est interdite, ils manquent de sympathie élémentaire envers le malade. S’ils disent qu’il est permis de guérir ce malade, ils s’opposent à la Loi, qui, selon leur interprétation, interdit cette guérison.

L’esclavage de la Loi

Un enfant ou un animal tombant dans un puits ou dans une citerne ouverte était un accident fréquent dans la Palestine de cette époque. Les docteurs de la Loi avaient envisagé toutes les possibilités de sauver l’enfant ou l’animal, tout en observant la Loi. L’imagination de la casuistique se montrait fertile en stratagèmes. Par exemple, on suggérait de jeter des coussins et des couvertures pour que l’enfant ou l’animal se hisse hors du puits par ses propres moyens. Pour d’autres scribes, plus libéraux, la mort imminente de l’enfant ou de l’animal permettait un travail de sauvetage, qui ne pouvait attendre le lendemain. Mais la guérison d’un malade n’était pas un cas urgent, comme le rappelle à la foule le chef d’une synagogue, qui réagit violemment à la guérison d’une femme courbée depuis dix-huit ans : « Il y a six jours pendant lesquels on doit travailler ; venez donc vous faire guérir ces jours-là et non le jour du sabbat ! » (Lc 13,14)

On pourrait penser que ce chef de synagogue avait raison, si on veut observer la Loi. Une guérison n’est pas un cas urgent. Le malade a souffert probablement pendant plusieurs mois ; il peut donc attendre le lendemain du sabbat, un jour de plus, pour être guéri. Pour Jésus, au contraire, la souffrance est inconciliable avec un jour de joie. Pour correspondre à l’intention de Dieu, il convient d’alléger toute souffrance, sans attendre un jour de plus, même si c’est le jour du sabbat.

Conclusion

Jésus proclame par son action et par son enseignement que le Royaume qu’il instaure a pour but la joie pour toute personne qui l’accueille. La Loi est une lumière pour nous diriger, car elle exprime la volonté de Dieu, qui veut nous indiquer le chemin de la vie et du bonheur. Mais La Loi écrite, extérieure à nous, ne contredit jamais la loi inscrite dans notre cœur par le Créateur, que l’Esprit Saint interprète pour notre conscience. Dieu n’a jamais voulu que sa Loi devienne un esclavage pour ses enfants. Saint Paul le rappelle aux chrétiens de Galatie :« Vous avez été appelés à la liberté…. Ne vous remettez pas sous le joug de l’esclavage. » (Gal 5,1.13)

Jean-Louis D’Aragon SJ