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Lc

2021/10/09 – Lc 11, 27-28

By 2024-01-04janvier 12th, 2024No Comments

Un aristocrate prétentieux apostropha un jour Louis Veuillot en lui déclarant d’une manière méprisante : « Monsieur, moi je descends d’un maréchal de France. » Avec sa verve pointue, le journaliste lui répliqua : « Moi, Monsieur, je ne monte d’un maréchal-ferrant. » Le premier se vantait d’un titre qu’il avait reçu par hérédité, mais qu’il n’avait nullement acquis par lui-même, sans mérite de sa part. Ce titre restait extérieur à sa personne, il n’atteignait pas sa valeur humaine. Veuillot reconnaissait, de son côté, que son père était un pauvre artisan, mais que lui-même, par son labeur et son ardeur au travail, avait grimpé les échelons pour se hisser parmi les meilleurs journalistes de son temps. Qui était le personnage le plus éminent, celui qui arborait une médaille qu’on lui avait donnée ou le second qui avait travaillé pour se forger lui-même ?

La louange d’une femme

À l’opposé de ses contradicteurs (Lc 11,15s), qui avaient accusé Jésus d’être associé au démon et qui avaient exigé de lui un miracle pour authentifier sa mission, une femme de la foule proclame son admiration pour ce maître de sagesse. Cette femme exprime sa louange en l’adressant par l’intermédiaire de la mère de Jésus. Les organes maternels, que mentionne la femme, marquent l’insistance sur la dimension physique de la maternité de Marie.

Cette béatitude rappelle la tradition juive, que le Livre des Proverbes illustre à juste titre : « Le plus grand bonheur d’un père est d’avoir donné la vie à un homme juste et sage. Donne cette joie à ton père et à ta mère, ce bonheur à celle qui t’a mis au monde. » L’admiration de cette femme pour Jésus commence à réaliser l’annonce que Marie chantait dans son action de grâce : « Dès maintenant et en tous les temps, les humains me diront bienheureuse. » (Lc 1,48)

La vraie béatitude

Dans sa brève réponse à cette femme en admiration devant lui, Jésus décrit ce qu’est le véritable bonheur, celui qui a priorité sur tous les autres, même sur celui d’être la mère du Christ. Avec cette déclaration, Jésus établit une juste distinction entre un titre non mérité, donné de l’extérieur, et la valeur intime d’une personne qui écoute la Parole de Dieu et qui la rend vivante en elle par sa pratique. Cette dernière a intégré en elle le don de Dieu, elle l’a épousé par son agir conforme à la volonté du Seigneur.

Sans l’écoute de la Parole et sans la mise en pratique de la volonté de Dieu, on risque de retomber dans l’esclavage de celui qui a été libéré par le Christ, mais qui n’a pas eu le courage de cheminer à la suite de son Seigneur. Sa chute l’avilie dans un état pire qu’avant sa libération. (Lc 11,26)

Lorsque la mère de Jésus visite sa cousine Élisabeth pour lui apporter la joie, celle-ci admire le bonheur de Marie : « Tu es heureuse, toi qui as cru que le Seigneur accomplira ce qu’il t’a annoncé. » (Lc 1,45) Marie avait exprimé sa foi par son parfait acquiescement à l’annonce de l’ange Gabriel : « Je suis la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi comme tu l’as dit. » (Lc 1,38)

Lorsque sa mère et ses frères viennent trouver Jésus, on le prévient en ces termes : « Ta mère et tes frères se tiennent dehors et désirent te voir. » (Lc 8,20) Sans renoncer à sa parenté naturelle, Jésus corrige cette présentation des siens, comme dans l’évangile d’aujourd’hui : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique. » C’est à ce niveau, que la personne de Marie atteint l’idéal que le Seigneur a voulu pour sa mère : l’écoute de la volonté de Dieu, qui fleurit en elle par son accueil et dans son comportement.

Jean-Louis D’Aragon SJ