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2021/04/03 – Mc 16, 1-7 – Veillée Pascale

By 2024-01-04janvier 12th, 2024No Comments

Ces trois femmes avaient montré leur fidélité jusqu’au dernier moment, en dépit du scandale de la crucifixion de leur Maître (Mc 15, 40). Aucun apôtre n’était là, ils l’avaient tous abandonné et avaient fui quand les gardes étaient venus arrêter Jésus (Mc 14, 50). Mais ces trois femmes, toujours fidèles, étaient présentes à la croix et, maintenant, elles viennent au sépulcre très tôt le dimanche matin pour compléter l’ensevelissement improvisé du Christ. Le soir du vendredi, elles m’avaient pas eu le temps avant le sabbat de se procurer ce qu’il fallait pour la sépulture de Jésus. Elles ont dû se contenter d’un ensevelissement hâtif. Durant le sabbat, la loi leur interdisait de faire quoi que ce soit. Elles viennent donc, très tôt, le dimanche matin pour honorer le corps de Jésus par une sépulture convenable.

Elles s’inquiètent au sujet de l’énorme pierre qui ferme l’entrée du sépulcre, creusé dans le roc. Une rainure en pente permettait à une pierre plate de rouler et de fermer complètement l’entrée du tombeau. Pour la rouler, la remonter vers le haut et la bloquer, afin qu’elle ne revienne pas boucher l’entrée, il fallait l’effort de deux hommes robustes. Lorsqu’elles aperçoivent le sépulcre, les trois femmes s’étonnent de découvrir que la pierre, « qui était très grande » avait été roulée, laissant libre l’entrée du tombeau.

« Le jeune homme assis à droite » dans le tombeau » est évidemment un ange, car il est revêtu « d’une robe blanche », la couleur de la gloire céleste. Cette apparition, surtout dans cette circonstance bien spéciale, provoque la frayeur des femmes. Comme dans tous les messages provenant du ciel, l’ange commence pas rassurer les femmes et les engager à bannir toute frayeur. En plus de la paix qu’ils souhaitent, ces messages célestes dépassent toujours l’espérance de ceux qui les accueillent. Dieu est infiniment plus grand que nos désirs.

Proclamez la victoire de la vie

L’ange annonce d’abord aux femmes cette nouvelle inouïe que celui qu’elles cherchent parmi les morts est ressuscité, car il est le Vivant. Celui qu’on a crucifié n’est plus là où on l’avait déposé le vendredi soir. Il n’est plus question de l’ensevelir, il a disparu. Le tombeau vide est le premier indice de sa résurrection. Mais qu’en est-il du Ressuscité? L’ange transmet aux femmes la mission d’annoncer à ses disciples qu’il les attend en Galilée. On ne reçoit jamais un don ou une bonne nouvelle pour la conserver, mais pour la partager avec d’autres. Nous sommes tous les médiateurs de la vie et de la joie qui vient du ciel.

Mais pourquoi ce commandement de se rendre en Galilée pour voir Jésus ressuscité? Pourquoi le Christ ne leur apparaît-il pas immédiatement, à Jérusalem? Parce que les disciples recevront la mission de continuer le ministère même de Jésus, qui s’est déroulé en Galilée. C’est de cet endroit que le Christ ressuscité, source de la vie nouvelle dans notre monde, leur communiquera la mission sublime de prolonger son propre ministère jusqu’à la fin des temps. Leur témoignage se transmettra par une chaîne ininterrompue de témoins jusqu’aux confins de l’univers.

La faillite des femmes

Cette annonce de l’ange est déconcertante pour ces femmes, aussi elles retombent dans leur frayeur. Le tombeau est le lieu où le mystère central de l’histoire humaine s’est déroulé, le passage de la mort à une vie glorieuse, alors que l’humanité était condamnée à subir la dégradation et la corruption. La réaction de ces femmes, c’est de s’enfuir « loin du tombeau. » Elles fuient ce lieu sacré comme si c’était un endroit dangereux. Quel est le motif de leur fuite? « Elles sont toutes tremblantes de crainte. » Elles ont perdu cette paix que Dieu leur offrait par l’entremise de l’ange. Non seulement elles fuient, mais « elles ne disent rien à personne, parce qu’elles avaient peur. » Elles ne remplissent pas leur mission d’annoncer aux disciples et au monde cette Bonne Nouvelle de la victoire de la vie sur la mort, car elles retombent dans leurs préoccupations humaines, terre à terre.

C’est de cette manière énigmatique que se termine l’Évangile de Marc. Comment la Bonne Nouvelle pouvait se terminer sur une telle faillite? Tous les disciples ont abandonné leur Maître; les trois femmes, fidèles jusqu’à la mort de Jésus, trahissent par peur leur mission d’annoncer la Bonne Nouvelle. On a suggéré – mais gratuitement – que la conclusion originale de Marc aurait été perdue. Très tôt, on a plutôt joint un résumé, qui circulait à Rome, des principales apparitions du Ressuscité. Il reste cependant que le texte original de Marc se terminait d’une façon déconcertante. Pourquoi l’auteur a-t-il conclu la « Bonne Nouvelle » sur une énigme et une déception? Tout au long de son récit, Marc a noté comment les foules et même les disciples ne comprenaient pas le mystère de la personne du Christ. La conclusion de Marc montrerait que la diffusion de l’Évangile ne provient pas de la fidélité humaine de disciples enthousiastes, mais qu’elle exigeait la lumière et de la puissance d’en haut, de l’Esprit.

Jean-Louis D’Aragon SJ