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MtNon classifié(e)

2023/08/14 – Mt 17, 22-27

By 2024-01-04janvier 14th, 2024No Comments

Pour la deuxième fois, Jésus annonce sa Passion. Les disciples sont tristes. On demande à Pierre si Jésus paye la taxe due au temple. Jésus explique à Pierre qu’il n’est pas obligé de payer cette taxe mais qu’il va la faire payer quand même. Il envoie Pierre prendre un poisson qui va contenir le montant de la taxe pour lui et pour Pierre.

Cette annonce de la Passion attriste profondément les disciples. En tant qu’annonce d’une séparation, alors qu’ils n’ont pas encore la perspective de la Résurrection ceci est normal. Mais il y a une autre raison: la Passion ne fait pas encore partie de leur vision du Messie. Ils ont encore beaucoup de choses à apprendre.

La question de l’impôt au temple qui suit est propre à Matthieu. Tout Juif de sexe masculin devait payer cet impôt même ceux qui vivaient dans l’empire romain. Les Juifs avaient obtenus l’exemption de la taxe au temple de Jupiter à Rome et la permission de payer cette taxe pour le temple de Jérusalem.

La question posée à Pierre est du genre des questions embarrassantes que rencontreront les chrétiens: c’est probablement pour cette raison que Pierre est associé à Jésus dans la réponse.

Jésus fait d’abord reconnaître à Pierre qu’il n’est pas sujet de cette obligation: un roi ne fait pas payer l’impôt à son fils; il est donc lui-même exempt de la taxe au temple de son Père.

Mais négliger de payer cette taxe pourrait être vu comme un geste de mépris pour le temple et être ainsi une cause de scandale, entraîner d’autres à faire de même, être une occasion de chute, dit Jésus.

A cause de cela, Jésus ne va pas se prévaloir de son privilège: il va faire payer pour lui et pour Pierre. En résumé, il n’utilisera pas son privilège pour ne pas scandaliser ceux qui sont faibles.

C’est la leçon importante de ce texte. Pour les auditeurs de Matthieu, le problème n’existe plus. Le temple a été détruit: il n’y a plus de taxe au temple. Mais bien avant l’évangile de Matthieu, saint Paul a été confronté à des problèmes semblables: est-ce que je peux manger de la viande qui est revenue sur le marché après avoir été offerte aux idoles dans les temples?  Il sait, lui, que les idoles ne sont rien et qu’il peut donc manger de cette viande. Mais il ne le fera pas s’il pense que son frère faible, lui, ne le sait pas.

On a tendance à penser qu’un droit est toujours quelque chose de sacré. Alexis Carrel (L’homme, cet inconnu) faisait cette réflexion: “L’homme n’a pas de droits; il n’a que des besoins”. C’est ce que Matthieu appelle les pauvres en esprit. Il faudrait donc ne jamais oublier que les autres aussi ont des besoins.

Jean Gobeil SJ