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Mt

2023/03/20 – Mt 1, 16,18-21.24a

By 2024-01-04janvier 14th, 2024No Comments

Joseph, le Juste, homme discret, nous indique le chemin de la foi : quand Joseph découvre que Marie est enceinte avant leur union, il est saisi par la douleur et le doute. Il se pose la question : qui a pu faire ça ? Cette question pourrait le conduire au soupçon, à la méfiance vis-à-vis de Marie et encore plus violent à la vengeance s’il découvre l’auteur. Mais Joseph est un homme juste. Il garde le silence et décide, dans son cœur, d’agir selon le moindre mal pour lui et pour Marie : il répudiera Marie mais en secret.

Puis, en songe, Joseph entend la voix d’un ange. Et lorsqu’il se réveille, en ayant la certitude d’avoir été visité par Dieu, au matin, lorsque la clarté du jour s’installe, l’Homme de foi, choisit d’agir selon cette promesse de vie. La vie en gestation est plus puissante que toutes les crucifixions qu’il va vivre. Alors, il fait ce que l’Ange lui avait prescrit de faire et il prit Marie chez lui. Cette scène nous révèle un mystère de la vie de Joseph. Comme exercer la paternité au service du Père. Comme un homme Juste.

Les Évangiles ne nous donnent pas beaucoup de renseignements sur la vie de Joseph. C’est le Christ qui va nous en dire beaucoup en témoignant par ses paroles et ses gestes de ce qu’il a reçu de Joseph pendant les années où Joseph servi la Sainte Famille, comme père de Jésus.

L’Évangile nous apprend trois choses sur Joseph : il est l’époux de Marie, il est de la descendance de David et il est un homme juste.

Mais, le concept de justice à cette époque est légèrement différent de celui d’aujourd’hui. La justice biblique est comprise sur la base de la conception de la Loi. La justice est comme un chemin de vie. Et non comme un ensemble de règles. La loi et la justice vont de pair avec l’amitié et la miséricorde. Vivre la loi implique d’intérioriser les enseignements de Jésus et d’y trouver le sens de la vraie vie, et d’avancer sur le chemin de la relation vraie et juste avec Dieu et avec autrui. C’est cette relation vivante et intime avec le Seigneur qui pousse à une expérience de rencontre de l’autre et qui engendre en nous une compréhension différentes et nouvelle de la loi de Dieu.

C’est dans cette perspective, que Joseph ne veut pas dénoncer Marie. Car son union avec Dieu lui a donné une nouvelle compréhension de sa relation avec Marie, de même qu’un sens nouveau de la naissance de cette enfant. Et donc, à partir de cette relation, il comprend que c’est le législateur qui détermine la loi et non la loi qui fait le législateur.

Alors, Joseph, en acceptant Marie et en cheminant sur le sens profond de sa vie de père, à influencé la vie du Christ. Et c’est ce que Jésus, 30 ans plus tard, pendant son ministère public, dira aux scribes et aux pharisiens : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Mt 5, 17) et aussi : « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat. Voilà pourquoi le Fils de l’homme est maître, même du sabbat. » (Mc 2, 27-28)

Joseph a été un l’annonciateur du Christ en amenant et en vivant la loi dans tout sa plénitude. Joseph est juste en raison de sa relation avec Dieu et, à partir de cette relation, il vit la loi.

Une deuxième chose que l’Évangile nous apprend c’est que « Joseph, fils de David, (…) tu lui donneras le nom de Jésus. »

Joseph est un homme de Dieu, un membre de la maison de David dont le Seigneur a dit : « Voici un homme selon mon cœur. »

Jésus a appris à Joseph à être un homme selon son propre cœur et il a aidé Joseph à revêtir une paternité qui vient aussi du cœur du Père.

Sur Joseph repose le poids d’une longue attente, attente fondée sur les promesses faites à Abraham par Dieu, et nourries par les prophètes. Et ensuite, donner le nom à un enfant implique l’exercice de la paternité légale. Joseph donne un nom au Fils de Dieu, légalement il peut l’appeler son fils. Cependant, la paternité de Joseph transcende la loi car il va vivre sa paternité à partir de sa relation avec Dieu le Père.

Joseph nous apprend donc à être père. La paternité est avant tout, un double engagement envers la vie : 1er faire naître une personne inexistante 2e soutenir cette nouvelle existence. Dieu est Père quand il crée et maintient dans l’existence une paternité continue et sans fin. Joseph est un père à l’image du Père, mais, à la différence du Père, il a le devoir d’accueillir une vie et de lui permettre de se réaliser par ses propres moyens.

Enfin, au réveil, Joseph a fait ce que l’ange du Seigneur lui a ordonné : être un père. Le Père a demandé à un homme d’être un père pour son fils. Joseph a dormi en tant que fils de la promesse faite à David, il a vécu en tant qu’homme selon le cœur du Père et s’est réveillé prêt à être père.

C’est le mystère de la paternité, être prêt à donner sa vie et à partager son existence avec celui qui vient de commencer, se donner et enseigner jusqu’à être prêt à se retirer et à disparaître.

Il a protégé l’enfant, il lui a appris à marcher et à travailler, il lui a appris à être un homme, il l’a aimé jusqu’au bout et quand il a terminé sa mission, il s’est retiré de sa vie, mais pas de son cœur.

P. André SJ