Skip to main content
Jn

2022/04/07 – Jn 8, 51-59

By 2024-01-04No Comments

Il est comique parfois d’écouter deux personnes qui conversent, mais qui ne parlent pas du même sujet. L’un des deux interlocuteurs au moins est une personne souffrant de surdité. C’est ce qu’on appelle un dialogue de sourds.

Les auditeurs de Jésus sont, depuis le chapitre 7, des sourds, qui ne comprennent que l’apparence des déclarations du Christ, alors que celui-ci parle de réalités profondes, spirituelles. En termes de l’évangéliste, ce qui appartient au niveau de la chair ne peut comprendre les réalités de l’esprit : « Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. » (Jn 3,6) Le dialogue entre Jésus et ses interlocuteurs reflète la polémique entre les chrétiens et les Juifs incroyants à l’époque de l’évangéliste Jean (vers 95 ap. J.C.). Dans le présent passage, Jésus proclame trois affirmations, qui vont en progression.

1ère Affirmation : Si quelqu’un est fidèle à ma parole, il ne verra pas la mort.

La fidélité consiste à garder vivante, dans toute sa personne, la parole du Christ Jésus. Non seulement cette parole énonce ce qu’est la vie et mais elle la produit dans le croyant, qui la fait vivante en lui : « Celui qui fait la vérité vient à la lumière. » (Jn 3,21) La mort temporelle n’a plus d’importance pour lui; il possède déjà la véritable vie dont il jouira éternellement (v.51).
La mort dont parle Jésus n’est pas la simple corruption physique, mais la destruction totale de la personne humaine, qui, en refusant de croire, refuse d’adhérer à l’Envoyé, en qui Dieu est présent « Voir » cette mort complète, c’est en faire l’expérience.
Le Christ Jésus promet l’immortalité à quiconque s’unit à sa personne par la foi, car il est venu dans notre monde pour donner la vie en abondance. (Jn 10,10) Par contre, celui qui refuse de croire se condamne lui-même à la ruine de la mort.

2e Affirmation : Dieu, le Père de Jésus, le glorifie, parce qu’il est fidèle à sa parole

La « gloire » dans la Bible est le propre du « Dieu vivant », qui est la source de toute vie et qui dirige l’histoire. En raison de sa fidélité à la mission que lui a confiée son Père, Jésus accueille en lui la présence active de Dieu, qui lui donne toute la révélation, enseignement, vie et bonheur, qu’il offre par amour au monde.
Jésus a déjà déclaré qu’il «ne peut rien par lui-même » (Jn 5,19), son regard est entièrement tourné vers le Père. Aussi « la gloire » caractérise la relation intime entre le Père et le Fils : « Père, glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie. » (Jn 17,1)

3e Affirmation : Abraham s’est réjoui dans l’espérance de voir le Christ

Selon les apparences temporelles, les Juifs déclarent qu’il est impossible qu’Abraham, qui a vécu mille huit cents ans (1800) environ avant Jésus, ait pu voir le Messie. Comment a-t-il pu se réjouir de cette vision ?
La réponse de Jésus est une affirmation emphatique de sa préexistence divine. Non seulement il est antérieur à Abraham, mais il est avant toute créature, car « JE SUIS » la Parole éternelle de Dieu (Jn 1,1). Dieu se désigne dans la tradition transmise par Moïse comme l’existant par excellence, « JE SUIS ». (Ex 3,14) Il est parfaitement présent dans son Envoyé, qui peut affirmer comme le Père « JE SUIS ».

Par sa foi, Abraham a vu et communié avec son Seigneur et s’est confié à la promesse de salut que Dieu lui avait offerte. Comme tout croyant qui espère en Dieu pour recevoir la vie, Abraham s’est réjoui de cette espérance. L’annonce de la naissance de son fils Isaac provoqua cette joie, car ce don annonçait la vie que le Christ viendrait lui accorder.
Dans le plan de Dieu, le Christ Jésus devait être le couronnement et le centre de toute l’histoire humaine. Abraham et tous ceux qui n’ont pas connu directement le Fils de Dieu ont pu exprimer leur confiance dans leur Seigneur et adhérer à son projet de vie éternelle pour l’humanité croyante. Dieu voulait tous les sauver par son Médiateur, son Fils venu dans notre monde.
Menacé de lapidation, Jésus se dérobe physiquement, alors que ceux qui ont refusé de croire l’ont déjà caché à leur cœur.

Jean-Louis D’Aragon SJ

 

Leave a Reply