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McNon classifié(e)

2022/02/26 – Mc 10 13-16

By 2024-01-04No Comments

La naissance d’un enfant est normalement source d’espérance et de joie. On constate que la vie continue, puisqu’on l’a transmise. Avec une nouvelle vie, on a l’impression que tout recommence. C’est l’innocence originelle qui apparaît, sans l’égoïsme et la violence. Cet être démuni, qui sourit, est sans défense, tout entier dans l’attente. L’enfant est objet d’amour, non pas par ce qu’il donne, car il est démuni et totalement en attente, mais parce qu’il nous oblige à donner le meilleur de nous-mêmes. Tous les dévouements envers lui sont gratuits, car l’enfant ne peut rien offrir en retour. La récompense, c’est de nous sentir meilleurs, puisque mous donnons alors comme Dieu, qui a nous a accordé gratuitement la vie.

L’enfant, exclu par l’égoïsme

Lorsque tout s’apprécie dans une société d’après la force brute, sans générosité ni gratuité, l’enfant devient un être négligeable ou même nuisible Aussi on ne s’émerveille guère devant l’apparition d’une nouvelle vie. Chez les Romains, le rite voulait qu’on dépose le nouveau-né sur les genoux de son père, qui décidait s’il lui convenait ou non, s’il avait le droit de vivre. Dans une apologie ancienne, l’auteur mentionne que les chrétiens n’abandonnent pas leurs enfants, comme les païens autour d’eux. Chez les Juifs toutefois, on n’était pas aussi cruel, mais l’enfant était un être qu’on aimait, mais sans lui attacher une importance particulière.

Notre civilisation, qui refuse la vie pour favoriser l’épanouissement personnel, c’est-à-dire l’égoïsme, ne peut se prétendre tellement supérieure au monde ancien. On a répété que notre monde courtise la mort. Les mariages homosexuels montrent qu’on refuse la vie à sa source même. Le soi-disant droit à l’avortement équivaut au privilège de tuer la vie en germe et que l’enfant en devenir est une menace dont il faut se débarrasser. La violence dans toutes ses manifestations s’attaque à la vie du prochain. Dans la mesure où l’égoïsme nous replie sur nous-mêmes et nous ferme à l’amour, l’enfant est un poids, une nuisance.

Au contraire, l’enfant est l’idéal

Jésus, au contraire, impose les mains aux enfants, un geste qui appelle la bénédiction de Dieu. Bien plus! Il ajoute à son geste cette déclaration que les enfants sont bienheureux et qu’il faut leur ressembler pour entrer dans le royaume de Dieu. Jésus insiste : après avoir affirmé que le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent, il répète cette affirmation d’une manière négative, en introduisant sa déclaration par la formule Amen, je vous le dis. Il entoure donc cette vérité d’une auréole solennelle : Celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. L’affirmation est catégorique : pas de salut, pas de vie éternelle, à moins d’accueillir le don de Dieu comme un enfant.

Pourquoi l’enfant, et seulement ceux qui lui ressemblent, peut-il jouir du bonheur éternel ? Faudrait-il redevenir pur et innocent comme lui, exprimer son amour et l’offrande de sa vie au Seigneur ? L’enfant pourtant n’a pas encore une conscience assez développée pour une telle offrande. Non ! L’enfant ne peut rien, il est totalement démuni et pauvre. C’est son état même de pauvreté qui rend l’enfant digne de la béatitude que proclame le Christ. En particulier, le foetus dans le sein de sa mère est le plus pauvre, le plus démuni. Il n’a rien, il est impuissant, il est donc totalement ouvert pour accueillir le don gratuit de Dieu. Il ne suffit pas évidemment d’être dans cette situation concrète pour être déclaré bienheureux, il faut l’assumer dans son esprit, il faut avoir une âme, un coeur de pauvre. Mais la pauvreté matérielle favorise l’humilité de l’esprit, celle qui rend disponible au don gratuit du Royaume. Cette condition de l’enfant reprend à sa manière la 1ère béatitude de Luc 6, 20 : « Bienheureux, vous qui êtes pauvres », en opposition à ceux qui s’enferment égoïstement dans leurs richesses : « Malheur à vous qui êtes riches. » (Luc 6,24)

Tout est grâce et amour de la part de Dieu. L’attitude nécessaire pour accueillir le Seigneur, c’est l’ouverture de son coeur. L’enfant qui ouvre ses bras pour se faire prendre symbolise cet accueil d’humilité et de dépendance.

P. Jean-Louis D’Aragon SJ

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