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2022/01/27 – Mc 4, 21-25

By 2024-01-04No Comments

Jésus nous propose dans ce passage trois conseils qui s’apparentent à la tradition sapientiale. À toutes les époques et dans tous les pays, des sages ont exprimé des principes de vie dont l’expérience a prouvé la valeur. Jésus déclare ici que la lumière, par nature, brille pour tous, que rien ne peut demeurer secret et, enfin, cette loi universelle que celui qui possède par exemple de l’argent accumule des profits, à l’encontre du pauvre qui n’a rien et qui glisse dans la misère.

Affirmer sa foi devant le monde

Celui qui est différent semble défier les gens, parce qu’il est difficile d’accepter la différence. Elle dérange et met en question. La réaction est facilement négative face à celui qui parle une langue inconnue et dont les habitudes de vie nous sont étrangères. La société force inconsciemment les humains à se conformer aux mêmes normes d’habillement, de coutumes… À l’adolescence, les jeunes, en recherche d’identité, se révoltent parfois contre ces règles qui briment leur liberté, mais ils finissent par plier sous la pression sociale.

S’il est difficile de résister à cette pression dans des domaines superficiels, il faut une conviction profonde pour affirmer et manifester sa foi à l’encontre d’un monde qui ne croit pas. La foi engage ce qui est le plus profond en soi-même, le coeur qui caractérise notre identité. Même si le monde autour de nous ne manifeste pas d’hostilité ou de violence envers les croyants, il se montre souvent sceptique et moqueur. Aussi nombre de chrétiens sont gênés d’exprimer leur foi, ils craignent même d’être remarqués.

Or la foi est la lumière qui ne peut être dissimulée. Il serait stupide d’allumer une lampe pour la cacher, car un tel geste serait contre la nature de la lumière. Lorsqu’un chrétien camoufle sa foi, il refuse d’affirmer ce qu’il est, il se divise entre sa foi refoulée dans son intérieur et sa conduite extérieure. Comme toute division, cette contradiction entre son cœur et son attitude extérieure conduit progressivement à la ruine, à la mort.

Impossibilité du secret

Cultiver le secret est toujours une tentation. Nous avons souvent peur de nous regarder, nous essayons de nous voiler les yeux pour ne pas voir en nous-mêmes. Quel est celui qui aime faire son examen de conscience ? Nous craignons de découvrir des coins désagréables dans notre subconscient.

Si on se défie de soi-même, qu’en est-il de notre ouverture aux autres ? Quand la défiance devient une forme régulière de défense, toute véritable amitié s’avère impossible. On s’isole, replié sur soi-même, dans la pauvreté de sa solitude. Au contraire, les personnes franches, ouvertes, suscitent l’amitié autour d’elles. Même si leur franchise verse parfois dans la brutalité, on les estime parce qu’elles ne cachent rien, elles sont, comme on dit, « d’une seule pièce ».

Il est donc dans notre nature de ne rien cacher. C’est même un soulagement d’avouer une mauvaise action, fût-ce un crime. Ouvrir sa conscience à Dieu s’inscrit donc dans une exigence de notre être. Cette ouverture produit une libération, car on n’est plus seul à porter le poids de sa conscience. D’ailleurs serait-il possible de tenir secret quelque chose dans un repli de sa conscience face au Souverain Juge ?

Une loi universelle

Celui/celle qui possède un talent peut en acquérir d’autres, mais celui/celle qui n’a rien est condamné à subir sa solitude et sa misère. L’expérience nous montre que les riches qui disposent de capitaux accumulent des profits, souvent même d’une manière scandaleuse. Dans tous les domaines de la science, en médecine par exemple, les découvertes du passé permettent de progresser plus rapidement en une année que pendant un siècle auparavant.

Jésus applique cette norme générale à l’audition de sa parole. Celui/celle qui se montre disposé à l’écouter, qui a le désir de l’entendre et de comprendre, a la consolation d’accueillir sa parole dans une terre qui produira des fruits. Sa parole, comme la vie qu’elle proclame, n’a pas de limites, c’est nous qui n’en recueillons qu’une parcelle.

Sous-jacente à la pensée de Jésus se trouve une règle fondamentale de la condition humaine: aucune personne ne peut demeurer stable, immobile, sans avancer ou reculer. La stabilité, pour ne pas dire l’immobilité, est impossible chez l’être humain soumis au temps et à l’évolution. Celui/celle qui, par souci de sécurité ou par paresse, refuse de progresser, est condamné à reculer.

Notre foi se rattache à notre vie et à la loi du temps qui la conditionne. Si nous entretenons l’illusion d’une foi acquise définitivement, sans des défis, des doutes, des tentations et de la recherche, nous nous condamnons à la sclérose, à la sécheresse et…à une mort lente. Notre nature humaine, telle que voulue par le Créateur, nous stimule à chercher, pour découvrir et nous émerveiller dans l’action de grâce.

Jean-Louis D’Aragon SJ

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