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2021/12/18 – Mt 1, 18-24

By 2024-01-04janvier 12th, 2024No Comments

Dans le film « Jésus de Nazareth », du cinéaste Zeffirelli, Marie rapporte à Joseph l’intervention de l’Esprit de Dieu pour expliquer sa grossesse. Joseph croit le récit de Marie et il lui fait confiance, mais il ajoute : « Qui croira une telle histoire ? »
De nombreux rationalistes par la suite se sont écriés : « Qui peut croire une telle histoire ? » Même des croyants, comme ce pasteur suisse, avouent souffrir d’une division en eux-mêmes : ils veulent croire en la conception virginale, mais, en même temps, leur raison leur dit qu’un tel miracle se situe au-delà de toute logique.

« Mes pensées ne sont pas vos pensées et mes voies ne sont pas vos voies », avait déjà prévenu le Seigneur. (És 55,8) Dieu nous déconcerte toujours. Ses pensées et ses projets dépassent sans cesse les limites de notre sagesse humaine. Quand l’action du Seigneur nous déconcerte, nous devons l’accueillir comme un mystère, que notre foi nous permettra un jour de comprendre.

Attente humaine – projet divin

À l’époque de Marie et de Joseph, les Juifs espéraient de tout cœur la venue du Sauveur, l’Envoyé suprême de Dieu, qui donnerait un sens à toute l’histoire humaine. Ils pensaient que le Messie apparaîtrait d’une manière mystérieuse et fulgurante, pour les libérer de tous leurs ennemis, en particulier des Romains qui dominaient le peuple élu. Comme nous tous, les Juifs transposaient en Dieu leurs rêves bien humains. Aussi, ils n’attendaient pas leur Sauveur dans la personne d’un enfant, fragile et pauvre, naissant comme tous les hommes.

Matthieu commence son Évangile par la généalogie de Jésus, pour montrer comment le Christ est vraiment l’un des nôtres, inséré dans la lignée de ses ancêtres. Selon le plan de Dieu, il s’est abaissé à notre niveau, s’incarnant pleinement dans notre monde, assumant toute la condition humaine, sauf le péché, qui n’appartient pas à notre nature telle que voulue par le Créateur. C’est l’amour infini de Dieu qui s’est révélé dans son Fils venu partager notre misère humaine.

Il est entré dans le monde sans aucun éclat extérieur, mais d’une manière mystérieuse, sans père humain. De même, il quittera notre monde par une intervention spéciale de Dieu, sans aucun témoin au moment de sa résurrection. Son entrée et sa sortie de notre monde seront de l’ordre du mystère, parce qu’elles proviennent de Dieu, le Mystère par excellence.

Il est « Dieu avec nous »

Certains peuples ont utilisé ce titre du Messie pour inclure Dieu dans leur armée et leur guerre, pour l’accaparer et le réduire à leur image. L’homme a toujours cédé à cette tentation de se représenter Dieu à son image, de la réduire à son niveau, au contraire du projet du Créateur, qui voulait le hausser et l’associer à son œuvre d’amour.

L’évangéliste Matthieu dégage la signification de cet événement en affirmant que la prophétie de l’Emmanuel se réalise en Jésus. Le contexte historique d’Isaïe 7,14 est celui du désespoir du roi Achaz et du peuple de Jérusalem, qui se voient menacés par les armées de Damas et de Samarie, par les araméens de Syrie et par leurs frères du Royaume du nord. Mais le prophète, au nom du Seigneur, annonce que la jeune épouse du roi Achaz aura un fils, auquel on donnera le nom significatif d’Emmanuel, « Dieu avec nous ». La dynastie royale se perpétuera et Jérusalem sera sauvé de ces dangereux envahisseurs. Le désespoir du roi et de son peuple représente la détresse de notre humanité, dont la mort paraît la seule issue. Seule l’intervention de Dieu par son Fils peut libérer le monde de la perdition et du désastre de la mort.

L’accueil de Joseph

L’évangéliste Matthieu insiste sur la réaction de Joseph face à la condition de sa fiancée. C’est dans un rêve que la conduite à tenir lui est indiquée. Le songe, ce phénomène mystérieux pour les anciens, était considéré comme un moyen que Dieu utilisait pour révéler sa volonté. Le songe agit sur un homme complètement passif, qui accueille le projet que le Seigneur veut accomplir par lui. C’est ainsi que Joseph, droit et juste, discerne la présence du sacré dans sa fiancée enceinte.

Rempli de respect envers cette intervention de Dieu en Marie, il estime humblement qu’il doit se retirer à l’écart, en dehors de cette réalisation divine. Mais Dieu lui-même lui attribue une fonction dans l’Incarnation de son Fils, en insérant Jésus dans la lignée d’Abraham et de David. Héritier de tous ces ancêtres du peuple élu, le Christ réalisera la promesse de salut que les prophètes ont proclamée au nom du Seigneur. Par son obéissance silencieuse et par sa disponibilité inspirée par la foi, Joseph permet au Seigneur d’accomplir la Bonne Nouvelle, son plan de vie et de bonheur pour l’humanité.

Conclusion

Dieu présente aux chrétiens le signe mystérieux de la conception virginale pour montrer à notre monde qu’il ne peut se donner par lui-même un sauveur. C’est l’Esprit de Dieu qui nous donne le Sauveur, par pure grâce, manifestation suprême de l’amour du Seigneur. Il nous offre tout, gratuitement, dans son Fils unique. En Lui, il est l’Emmanuel, il habite avec nous, sur notre terre, il nous montre son visage.

Jésus n’a pas de père humain, il a un seul Père, qui l’a engendré de toute éternité. Légalement, il est le fils de Joseph, mais Jésus vit toujours dans l’intimité de Dieu, son Père.

Jean-Louis D’Aragon SJ