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2020/08/28 — L’évangile du vendredi – (Mt 25, 1-13)

By 2024-01-04janvier 13th, 2024No Comments

Prévoir le sommet de notre vie

Nous savons tous que les événements majeurs de notre vie se préparent, parfois longtemps à l’avance. Par exemple, on n’improvise pas une cérémonie de mariage. Même pour un examen de fin d’année à l’université, on ne se présente pas sans avoir étudié de longues heures. Un sportif s’entraîne durant de nombreux mois en vue d’une compétition.

Quand il s’agit de notre rencontre avec le Christ, notre Seigneur, nous devons lui consacrer une préparation qui dure toute notre vie. C’est notre pèlerinage toujours orienté vers le but de notre existence terrestre. À notre mort, nous ferons le bilan de notre vie. Un tel compte rendu, global et final, exige que notre vie tende sans cesse vers cet instant suprême.  Tel est le thème central de la parabole des deux groupes de jeunes filles, que Jésus nous présente.

Si on envisage cette rencontre comme celle d’un accusé devant son juge, qui connaît les moindres détails et toutes les fautes de notre existence, nous pouvons avoir peur. Mais ce juge apparaît ici comme l’époux, uni dans l’amour par son Alliance à chacun des membres de son peuple. Son amour transfigure toute cette scène, qui pourrait nous terrifier. Comme disait Mgr de Ségur, « Je préfère être jugé par le Seigneur Jésus que par ma propre mère. » Nous savons pourtant que la personne la plus indulgente à notre égard, c’est notre mère.

Le déroulement du mariage en Palestine

Il est éclairant de connaître les coutumes orientales pour comprendre les détails de cette parabole. Les coutumes d’un village palestinien sont les mêmes encore aujourd’hui et on ne peut s’en exempter.

Dans un premier temps, le fiancé se rend à la maison du père de sa fiancée pour amener celle-ci chez lui. Le délai, pendant lequel les jeunes filles s’endorment, dépend des longues discussions entre les deux familles à propos des cadeaux et de la dot. En effet, on discute très longtemps, une nuit, un autre jour, …  Soudain un messager crie que le fiancé s’en vient.

Les jeunes filles ont pour fonction d’éclairer le cortège quand le fiancé, avec ses amis, vient prendre la fiancée. Il faut de l’huile d’olive pour renouveler le feu des torches à tous les quarts d’heure, durant le trajet et durant les festivités chez le marié. Tout le village est en éveil ; même les marchands gardent leurs magasins ouverts.

Sens de la parabole

L’époux représente naturellement le Seigneur Jésus. Il vient à notre rencontre, à la fin de notre pèlerinage sur terre, pour la fête des noces. Cette image de l’époux et de l’épouse reprend le thème de l’Ancien Testament, surtout chez le prophète Osée, qui considère l’Alliance de Dieu, uni intimement à son peuple par le lien du mariage. Avec la révélation du Christ, Dieu se rend visible dans son Fils, qui devient l’époux parmi nous. L’amour de Dieu s’abaisse à notre niveau humain pour nous prouver sa bonté et pour solliciter notre réponse ! Une telle rencontre matrimoniale ne s’improvise pas. Elle sera d’autant plus éblouissante qu’elle sera au terme d’une vigilance constante et intense.

Pourquoi notre société se concerte-t-elle pour nous distraire de cette rencontre et même pour nous éviter d’y penser ? Devant la mort inéluctable d’un proche, on cache souvent tous les signes qui nous interpellent et qui nous annoncent notre propre mort. On fait disparaître au plus tôt le cadavre, on délaisse toute cérémonie funéraire, on évite le cimetière pour s’en tenir à une niche dans un columbarium.

Certaines valeurs, représentées par l’huile, ne peuvent s’emprunter, car elles sont personnelles, adhérant à chaque personne en vertu de son expérience vécue. On ne peut emprunter des connaissances intellectuelles ou des vertus spirituelles, tout spécialement l’amour et la communion avec le Seigneur Jésus.  Ces valeurs ne sont pas de l’ordre du commerce, elles ne s’empruntent pas, elles ne s’échangent pas, elles ne s’achètent pas. Elles sont personnelles !

Jean-Louis D’Aragon SJ