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(Français) 2022/06/25 – Lc 2, 41-51

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Pourquoi célébrer le Coeur Immaculé de la Mère du Christ? La liturgie vient de nous proposer le Sacré Coeur de Jésus, en qui s’est incarné tout l’amour de Dieu. Le Coeur de Marie symbolise également son amour, mais qu’ajoute-t-il à celui de son Fils? De fait, Marie n’ajoute rien par elle-même, elle reçoit tout de son Seigneur par la médiation de son Fils. Quel est alors son rôle? Elle révèle l’amour de Dieu et rend proche de nous la dimension maternelle de cet amour infini. La fête de son Coeur Immaculé manifeste sa communion intime avec celui de son Fils.

Les représentations du Seigneur dans la Bible s’inspirent d’une civilisation patriarcale, qui délaisse trop souvent la dimension, la présence et la fonction féminines de Dieu. La dévotion chrétienne, inspirée par le Nouveau Testament, corrige et complète la figure trop masculine de Dieu.

Avec notre imagination trop humaine, nous avons représenté Marie comme une reine au sens de dominatrice, à l’opposé de son rôle discret dans les  évangiles et dans les Actes des apôtres. Marie se caractérise par sa présence humble et par le don d’elle-même, en plein accord avec la volonté de Dieu.

Pour célébrer le coeur de Marie, la liturgie nous invite à contempler le dernier événement de l’enfance de Jésus “perdu et retrouvé au temple.” La conduite étrange du fils, qui se sépare de ses parents, nous semble étrange et déconcerte en particulier sa mère. Elle ne comprend pas, mais elle médite cet événement qu’elle accueille comme un mystère provenant de la volonté de Dieu.

Cet événement conclut la période relative à l’enfance du Christ Jésus. Comme toute conclusion, celle-ci revêt une signification spéciale. L’enfance de Jésus est significative dans la mesure où elle préfigure le ministère du Fils de Dieu dans notre monde et surtout le sommet de sa mission, son sacrifice sur la croix et sa résurrection. Une série de traits caractéristiques nous invitent à découvrir dans cet incident de Jésus au temple une anticipation du mystère pascal.

À l’âge de douze ans, tout jeune juif devait exprimer dans un rite spécial son adhésion libre et consciente à l’Alliance et devenir “fils de la loi”. C’est le “bar miswah” que les Juifs célèbrent solennellement de nos jours. Pour Jésus, cette célébration annonce que, lorsqu’il aura complété sa mission, il retournera chez son Père.

Les “trois jours” pendant lesquels ses parents cherchent Jésus correspondent aux trois jours du Christ au tombeau, depuis le vendredi jusqu’au jour de Pâques. “Pourquoi me cherchiez-vous?”, répond Jésus à sa mère, comme les deux anges diront aux femmes venues au sépulcre: “Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts?” (Lc 24,5)

“C’est chez mon Père que je dois être”: chaque fois que Jésus désigne sa mission avec le verbe “devoir”, il annonce le mystère de sa passion et de sa résurrection, qu’il assume librement comme la volonté de son Père.  “Chez mon Père”, dans sa maison, désigne le retour de Jésus vers son Père. “La maison de mon Père” est la première parole de Jésus dans l’Évangile de Luc” et la dernière, sur la croix, aura le même sens: “Père, entre tes mains, je remets mon esprit.”

“Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait”. Une telle incompréhension se retrouve partout dans l’Évangile où il est question du mystère pascal que le Christ va vivre. Cette intervention suprême de Dieu dans l’histoire dépasse toutes les possibilités humaines d’intelligence. Nous ne pouvons qu’imiter Marie qui conservait dans son coeur ces événements pour les méditer et les comprendre un jour.

Tous les épisodes que Jésus a vécus parlent du mystère central de sa vie, la mort qu’il a transformée dans sa personne en vie nouvelle de la résurrection.

L’Église propose deux vérités fondamentales au sujet de Marie, la Mère du Christ: l’Immaculée Conception et l’Assomption. La fête du Coeur Immaculée de Marie met en lumière la première intervention de Dieu, qui illumine le début de du pèlerinage terrestre de la Mère de Jésus. La seconde affirme la parfaite réalisation du projet de Dieu sur elle. C’est affirmer que Dieu a entouré de sa bienveillance toute l’existence de la Mère de son Fils. Il l’a protégée de toute souillure pour atteindre finalement la vie parfaite, sans fin, de toute sa personne, son âme et son corps.

Quel fut le cheminement de Marie pour atteindre ce but? Dans la pauvreté du coeur, selon la première béatitude, et dans une continuelle action de grâce. Après la salutation d’Élisabeth, Marie exprime dans son “Magnificat” ces deux sentiments qui devraient animer le pèlerinage de toute personne chrétienne: la conviction d’être pauvre devant son Seigneur et de tout recevoir de Lui dans une perpétuelle reconnaissance.

Jean-Louis D’Aragon SJ 

(Français) 2022/06/24 – Lc 15, 3-7

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Le thème de l’amour revient constamment dans la littérature, les chansons, les opéras, la musique,… Partout il est question de l’amour, parce que c’est la vie qui en dépend. Même si le thème a reparu sans cesse à travers notre histoire humaine, même si l’amour a été trop souvent trahi ou déformé, on y revient toujours, car sans amour la vie est impensable, elle n’existe plus.

L’amour toutefois est exigeant, il s’accompagne toujours de souffrance, mais essayer de vivre sans amour est encore plus terrible. L’une des souffrances que provoque l’amour, c’est le renoncement. L’amour exige qu’on sacrifie tout pour lui. Un amour ne peut se partager, autrement il se détruit. Il oriente les forces vives de la personne qui aime, sacrifiant tout ce qui se trouve en dehors du chemin de cet amour.

Le thème de l’amour éclaire l’action de Dieu à travers la création et l’histoire. Chaque page de la Bible ne se comprend qu’à la lumière de cet amour. Sans cette lumière, tout serait chaos et scandale. Au terme de la Bible, la 1ère épître de Jean propose par deux fois d’identifier Dieu à l’amour: “Dieu est amour.” (1 Jean 4,8.16)

Mais notre monde pécheur et égoïste caricature et déforme trop souvent l’amour. On pense aimer quand l’objet ou la personne aimée peut nous procurer un plaisir. Cette vue égoïste est courante, mais Jésus la dénonce comme le contraire de l’amour: “Si vous aimez seulement ceux qui vous aiment, pourquoi vous attendre à une reconnaissance particulière? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment!…Au contraire, aimez vos ennemis…Vous serez alors les fils du Dieu Très-haut.” (Luc 6,32-35) Pour appartenir à la famille de Dieu, ses enfants doivent aimer sans retour sur eux-mêmes.

Jésus nous enseigne donc que l’amour vrai ne provient pas de la personne aimée, mais de l’intérieur de celle qui aime, de son coeur qui l’incline à se donner. Dieu est le modèle suprême de cet amour. Il n’avait nul besoin de nous, ni de la création. Ce n’est pas notre néant qui pouvait attirer son attention. L’unique cause de notre existence, c’est son amour et sa vie qu’il a voulu partager. “Tu aimes tous les êtres et tu ne détestes rien de ce que tu as fait. Si tu avais haï quoi que ce soit, tu ne l’aurais pas créé.” (Sag 11,24)

Après l’ensemble de l’univers, Dieu a créé l’être humain (Gen 1,26s), puis son peuple (Ex 3,14ss) pour l’inviter à entrer dans une alliance d’amour. Mais son amour infini, le Seigneur l’a montré en donnant son propre Fils, son unique: “Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique,.. afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle.” (Jn 3,16) Jésus, le Fils unique, est le signe extrême de l’amour divin et son coeur est le symbole du don de lui-même pour chacun de nous: “Le Christ s’est livré lui-même pour nous sauver de nos péchés, afin de nous arracher au pouvoir mauvais du monde présent, selon la volonté de Dieu, notre Père.” (Gal 1,4)

Au terme de sa mission de salut pour nous, le coup de lance d’un soldat ouvre le coeur du Christ, le Fils de Dieu, révélant qu’il a tout donné par amour. (Jn 19,34-37) L’insistance de l’évangéliste sur ce fait attire l’attention sur la profondeur d’un tel signe.

Trois paraboles (la brebis perdue, la pièce de monnaie égarée et l’enfant prodigue) se suivent dans ce chapitre 15 de Luc, pour illustrer que Jésus incarne l’amour de Dieu dans son accueil bienveillant des pécheurs, eux qui sont séparés ou même ennemis de Dieu.

L’introduction à ces paraboles (Lc 15,1-2) signale que Jésus est sur la défensive. Les Pharisiens et les docteurs de la loi, qui prétendent diriger le peuple, défendent tout contact avec les pécheurs. Ils attaquent donc Jésus qui les accueillent et qui mangent même avec eux, partageant la même nourriture, donc la même vie. Il faut éviter toute contamination avec ces pestiférés.

La brebis perdue représente le pécheur. Cette brebis est incapable d’initiative, elle est désespérée, car elle ne peut revenir par elle-même au bercail pour retrouver la sécurité. Le berger, qui en la garde, doit partir à la recherche de ce mouton rebelle et perdu, sinon il devra en payer le prix au propriétaire du troupeau. Jésus recourt à cette expérience courante du dévouement intéressé du berger pour l’appliquer à Dieu.

La parabole de l’enfant prodigue est certes très touchante: après l’ingratitude insigne de son fils, le père l’accueille avec joie, oubliant tout le passé. Dans le cas de la brebis perdue, la démarche de Dieu est encore plus touchante, car il prend l’initiative de partir à la recherche du pécheur égaré. La réconciliation provient entièrement du Maître de la brebis. C’est par amour pur qu’il la recherche et qu’il la ramène sur ses épaules dans sa maison. Le berger de la parabole se réjouit pour un motif égoïste et invite ses amis à se réjouir avec lui. Dans le cas du pécheur ramené à Dieu, la joie pure, désintéressée, éclate au ciel pour un seul converti, plus que pour 99 qui se prétendent “justes” et qui estiment ne pas avoir à se repentir.

Jésus, le Fils de Dieu, incarne dans sa personne l’amour infini de Dieu. Son coeur, symbole de cet amour, accueille toute personne même rebelle à Dieu. Non seulement, il l’accueille, mais il guette de loin son enfant qui revient, comme l’enfant prodigue. Il part même à sa recherche et le porte sur ses épaules pour le réintroduire dans sa maison.

L’attitude des Pharisiens, et de tous ceux qui se jugent comme les purs dans un monde dépravé, veulent se protéger contre la peste du péché, de la dégradation et de la corruption. C’est le repli égoïste sur soi-même. Jésus, au contraire, révèle l’amour conquérant de Dieu. Dans notre monde où l’amour et la vie combattent le mal et la haine, l’amour triomphera toujours.

Jean-Louis D’Aragon SJ 

(Français) 2022/06/23 – Lc 1, 57-66.80

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La naissance de Jean-Baptiste est cause de joie pour la famille et les voisins d’Elisabeth. A la circoncision, Elisabeth et Zacharie, séparément, ont l’inspiration de lui donner le nom de Jean, un nom qui n’appartient pas à la tradition de la famille, pour souligner l’action de Dieu et le présage d’une vocation spéciale. Zacharie retrouve alors la parole et loue le Seigneur. La main du Seigneur était avec Jean et les gens se demandaient quelle serait sa vocation.

Pour Jean, l’évangéliste, Jean-Baptiste est celui qui témoigne.

En voyant Jésus il déclare: “Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.”

L’Agneau est une référence à l’agneau pascal, un symbole de libération.

Il enlève le péché du monde: c’est une référence à la prédiction d’Isaïe sur le personnage futur du serviteur qui portera ou enlèvera les péchés.

Il est donc le Sauveur qui vient libérer.

“Celui qui m’avait envoyé m’avait dit: “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise dans l’Esprit Saint”. Et moi j’ai vu et je témoigne que celui-ci est l’Elu de Dieu.” (1,29.33-34)

Pour les synoptiques, il est le précurseur, celui qui prépare la venue du Messie. Mais pour Luc, c’est à l’intérieur de l’évangile de l’enfance et Jean-Baptiste participe à la présence de l’Esprit Saint et à la joie qui entoure l’Incarnation. Comme pour Jésus, il y a une annonciation par un ange; comme Marie, Zacharie le père a un chant d’action de grâce. Comme pour Jésus, il y a la cérémonie du nom qui est donné.

Tout en respectant le caractère unique de la personne de Jésus, Luc souligne l’importance de la naissance de Jean-Baptiste. Elisabeth est âgée et n’a jamais eu d’enfant: sa grossesse est due à la Providence et la comble de joie. La rencontre de Marie est aussi une rencontre de l’Esprit Saint. Le don du nom de Jean souligne l’importance du rôle que Dieu lui réserve.

Zacharie est un prêtre; à cause de cela, il serait normal que Jean-Baptiste reçoive le même nom que son père ou au moins le nom d’un ancêtre important. Or lorsqu’on demande à Elisabeth, puisque Zacharie est encore muet, quel sera le nom de l’enfant, elle répond sans avoir pu se concerter avec son mari que ce sera Jean. A son tour, Zacharie écrit sur une tablette: son nom est Jean. La raison est que c’est Dieu, par l’intermédiaire de l’ange dans la vision de Zacharie au temple, qui a imposé le nom de Jean. Or quand Dieu donne un nom, comme Jésus le fera pour Simon, c’est pour indiquer une vocation à une mission.

L’antienne d’ouverture de la messe rappelait les deux aspects de la mission de Jean-Baptiste : l’aspect de l’évangile de Jean, Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la lumière ; l’aspect de  la version de Luc : pour préparer au Seigneur un peuple capable de l’accueillir.

Luc ne fera que mentionner la mort de Jean-Baptiste mais Marc et Matthieu expliqueront que c’est à cause de sa fidélité à sa mission qu’il sera mis à mort.

Il y a un type d’icône qui représente le Christ glorieux avec de chaque côté de lui et tournés vers lui, Marie d’un côté et Jean-Baptiste de l’autre. On appelle cette icône, la déèsis, la supplication ou la prière. Marie et Jean-Baptiste continuent à jouer un rôle important qui est de prier pour l’Église.

Avec Marie et Jean-Baptiste, nous pouvons refaire la demande de l’oraison : Seigneur, accorde à ton Église le don de la joie spirituelle, et guide l’esprit de tous les croyants dans la voie du salut et de la paix.

Jean Gobeil SJ 

 

 

 

 

(Français) 2022/06/22 – Mt 7, 15-20

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Ce passage, toujours dans la conclusion du sermon sur la montagne, est un avertissement à la communauté: il faut se défier des pseudo-prophètes. Ils peuvent bien paraître, déguisés en brebis, mais ils sont en réalité des loups voraces.  Leur titre et leur apparence ne sont pas une garantie. Le meilleur critère pour reconnaître ce qu’ils sont vraiment est de voir si leurs actes, leurs fruits, et leur conduite sont en accord avec l’enseignement du Christ. Tout arbre bon donne de beaux fruits.

Le prophète Joël avait prédit qu’avec la venue du Messie et l’ère nouvelle l’Esprit Saint serait répandu dans tous les fidèles : Je répandrai mon Esprit sur toute chair. Vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens auront de songes, vos jeunes gens des visions.   (Joël 3,1)

Dans l’évangile de l’enfance de Luc, on voit qu’avec la présence du Verbe la présence de l’Esprit Saint se manifeste dans Marie, dans Élisabeth, au temple dans le vieillard Siméon et la prophétesse Anne. Dans les Actes des apôtres qui décrivent les débuts de l’Église, cette présence se manifeste lors de la Pentecôte où Pierre déclare que la prophétie de Joël est maintenant réalisée. Cette présence continue de se manifester après la Pentecôte de diverses façons. Ce sont les dons ou grâces données aux individus pour servir la communauté. Parmi ces dons, il y a celui de parler sous l’inspiration de l’Esprit Saint: le don de prophétie. Il peut être occasionnel comme après le baptême où souvent le nouveau baptisé est dit “prophétiser”.  Occasionnellement, prophétiser implique une prédiction dont l’annonce demande une démarche de la communauté: à Antioche, un prophète annonce une famine et la communauté doit préparer de l’aide pour l’église de Jérusalem (Actes 11,28). Mais une prophétie n’est pas nécessairement une prédiction de l’avenir. Paul décrit l’action de prophétiser comme une action d’ édifier, exhorter, réconforter (1 Corinthiens 14,3).

Ceux qui avaient ce charisme ou ce don qui évidemment était très important pour la communauté étaient considérés comme des prophètes de façon permanente pour les distinguer des autres services comme celui des docteurs (ceux qui enseignaient) ou des prédicateurs comme Apollos qui était un très bon prédicateur mais pourtant n’est pas appelé un prophète.

Paul appréciait le rôle des prophètes dans la communauté; il recommande aux Thessaloniciens de ne pas déprécier les dons de prophétie (1 Thessaloniciens,5,19-21) mais d’utiliser quand même le discernement qui est aussi un don de l’Esprit. Le même discernement est suggéré aux prophètes de Corinthe (1 Corinthiens 14,29-32). Ceci vaut à l’intérieur d’une communauté. Les difficultés commenceront plus tard quand des gens venus de l’extérieur de la communauté se présenteront en se prétendant prophètes. Le prophétisme pouvait exercer de l’attrait sur des gens qui avaient le goût du prestige, du pouvoir ou du profit. Dès les débuts, Simon le magicien avait essayé d’obtenir le don de prophétie en offrant de l’argent à Pierre (Actes 8).

C’est donc une invitation au discernement qui est spécialement faite à la communauté à laquelle s’adresse Matthieu. Mais il reste que le discernement est toujours un don de l’Esprit et il doit encore être exercé sérieusement.

Jean Gobeil SJ 

(Français) 2022/06/21 – Mt 7, 6.12-14

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Le texte contient trois prescriptions: d’abord de ne pas donner aux chiens ou aux cochons ce qui est sacré; la seconde commande de faire pour les hommes tout ce qu’on voudrait qu’ils fassent pour soi et la troisième, de choisir la porte étroite qui conduit à la vie alors que la porte large conduit à la perdition.

La première recommandation est probablement à comprendre dans un contexte de persécution comme celui où Jésus dit qu’on doit être comme des brebis au milieu des loups et se montrer rusés comme des serpents et candides comme des colombes (Mt.10,16). Il ne faut pas proposer une doctrine précieuse comme le contenu du sermon sur la montagne à des gens incapables de la recevoir et qui pourraient en abuser (Cf. Note BJ). Il ne faut pas risquer la profanation des choses saintes.

Avec la seconde recommandation, qui est en fait un commandement et qu’on appelle la Règle d’Or, on entre dans la conclusion du sermon sur la montagne. La règle d’or existait déjà dans une version négative comme on la retrouve dans saint Paul (Rom.13,10) : La charité ne fait point de tort au prochain. La charité est donc la Loi dans sa plénitude.

Un rabbin célèbre (Hillel) avait dit un peu avant Jésus : “Ce qui te déplaît, ne le fais pas à autrui: voilà toute la Loi! Tout le reste n’est que commentaire.”

Mais Jésus en disant de faire pour les autres ce qu’on voudrait qu’on fasse pour soi présente quelque chose de beaucoup plus exigeant que simplement de ne pas faire de tort. En outre, il y a de l’insistance: Faites tout ce que vous voudriez qu’on fasse pour vous. Enfin, en disant pour les hommes (au lieu de pour vos frères), le commandement a une portée qui dépasse les limites de la communauté: il n’y a pas de frontière pour l’identité du prochain. Jésus conclut la règle d’or en disant : Voilà ce que dit toute l’Écriture: la Loi et les Prophètes.

Au début du sermon sur la montagne Jésus avait déclaré : N’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes; je ne suis pas venu abolir mais accomplir.  Ainsi il conclut avec la règle d’or comme si c’était un résumé de l’accomplissement qu’il apportait à l’Ancien Testament.

La troisième recommandation au terme du sermon sur la montagne vient rappeler qu’il y a un choix à faire. Si on accepte d’être membre du Royaume et de mettre en pratique l’esprit du sermon sur la montagne, on ne choisit pas la facilité, la porte large mais on prend la porte étroite, on accepte les difficultés et les efforts: c’est la porte étroite qui mène à la vie.

Dans l’Ancien Testament, au lieu de parler de porte on employait l’image du chemin: le chemin des justes et le chemin des méchants comme dans le Psaume 1. Ou bien, comme dans le Deutéronome, on parlait des deux voies : Je te propose aujourd’hui vie et bonheur, mort et malheur. … Je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez, aimant Yahvé ton Dieu, écoutant sa voix, t’attachant à lui; car là est ta vie.

Jean Gobeil SJ  

 

 

 

 

 

 

 

(Français) 2022/06/20 – Mt 7, 1-5

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Dans le sermon sur la montagne, Jésus déclare: Ne jugez pas pour ne pas être jugés. Le jugement que vous portez contre les autres, sera portée aussi contre vous; la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. Avant de vouloir corriger les autres il faut d’abord trouver ce qu’il faut corriger en soi.

Il est peut-être utile de nous situer. Le sermon a commencé par les béatitudes qui déclaraient que les valeurs du Royaume pouvaient sembler paradoxales aux yeux du monde. Ensuite, il y eut l’avertissement que la justice du Royaume ne venait pas abolir la Loi révélée à travers l’histoire d’Israël mais qu’elle venait la compléter. On peut considérer cette partie comme une introduction.

Ensuite, ce qu’on pourrait appeler le corps du sermon présente 8 antithèses: Vous avez entendu…. Et bien moi je vous dis… Dans cette partie, des exemples sont donnés pour montrer que la justice du Royaume, c’est-à-dire la fidélité à la volonté de Dieu, va plus loin que ce que la Loi demandait.  Cette partie se termine par la prescription de l’amour des ennemis basé sur le fait que ceux qui appartiennent au Royaume savent qu’ils sont des enfants de Dieu et doivent se comporter comme Lui.

La partie suivante traite de la prière et de la sincérité qu’elle doit avoir pour être authentique. C’est là que Jésus donne l’exemple du Notre Père, nous associant à sa propre prière.

Nous arrivons à la troisième partie qui traite des attitudes de base à avoir pour faire partie de la communauté dans le Royaume. Il faut se rappeler qu’on ne peut servir Dieu et l’argent. Il faut se rappeler aussi que les préoccupations matérielles ne doivent pas bloquer tout notre horizon. Et nous arrivons à cette recommandation de ne pas juger.

Ceci vise surtout une communauté. La tentation est facile pour des gens qui ont un grand idéal de vouloir forcer les autres à se conformer à leur façon de voir. Cela peut prendre la forme de critiques, de dénonciations ou même aller jusqu’à des condamnations. On peut empoisonner une atmosphère au nom de la vertu! Jésus déclare que le jugement, il faut se l’appliquer avant de l’appliquer aux autres et qu’il faut travailler à se corriger avant de vouloir corriger les autres. La sévérité, c’est à soi-même qu’il faut l’appliquer. C’est un problème qui a dû se présenter dans les communautés chrétiennes puisque l’épître de saint Jacques en parle en attaquant vigoureusement la prétention à juger les autres: c’est elle qui entraîne la médisance, dit-il (Jacques, 4,11-12). Il n’y a qu’un juge: c’est Dieu. Et toi, dit-il, qui es-tu pour juger le prochain? En d’autres mots, tu te prends pour un autre!

Dieu seul est juge parce que Dieu seul est le législateur. Lui seul sait parfaitement ce qu’il y a dans ce qu’il demande. Et lui seul connaît le fond de notre coeur.

Jean Gobeil SJ 

(Français) 2021/06/12 – Lc 2, 41-51

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Pourquoi célébrer le Cœur Immaculé de la Mère du Christ? La liturgie vient de nous proposer le Sacré Cœur de Jésus, en qui s’est incarné tout l’amour de Dieu. Le Cœur de Marie symbolise également son amour, mais qu’ajoute-t-il à celui de son Fils? De fait, Marie n’ajoute rien par elle-même, elle reçoit tout de son Seigneur par la médiation de son Fils. Quel est alors son rôle? Elle révèle l’amour de Dieu et rend proche de nous la dimension maternelle de cet amour infini. La fête de son Cœur Immaculé manifeste sa communion intime avec celui de son Fils.

Les représentations du Seigneur dans la Bible s’inspirent d’une civilisation patriarcale, qui délaisse trop souvent la dimension, la présence et la fonction féminines de Dieu. La dévotion chrétienne, inspirée par le Nouveau Testament, corrige et complète la figure trop masculine de Dieu.

Avec notre imagination trop humaine, nous avons représenté Marie comme une reine au sens de dominatrice, à l’opposé de son rôle discret dans les évangiles et dans les Actes des apôtres. Marie se caractérise par sa présence humble et par le don d’elle-même, en plein accord avec la volonté de Dieu.

Pour célébrer le cœur de Marie, la liturgie nous invite à contempler le dernier événement de l’enfance de Jésus “perdu et retrouvé au temple.” La conduite étrange du fils, qui se sépare de ses parents, nous semble étrange et déconcerte en particulier sa mère. Elle ne comprend pas, mais elle médite cet événement qu’elle accueille comme un mystère provenant de la volonté de Dieu.
Cet événement conclut la période relative à l’enfance du Christ Jésus. Comme toute conclusion, celle-ci revêt une signification spéciale. L’enfance de Jésus est significative dans la mesure où elle préfigure le ministère du Fils de Dieu dans notre monde et surtout le sommet de sa mission, son sacrifice sur la croix et sa résurrection. Une série de traits caractéristiques nous invitent à découvrir dans cet incident de Jésus au temple une anticipation du mystère pascal.

À l’âge de douze ans, tout jeune juif devait exprimer dans un rite spécial son adhésion libre et consciente à l’Alliance et devenir “fils de la loi”. C’est le “bar miswah” que les Juifs célèbrent solennellement de nos jours. Pour Jésus, cette célébration annonce que, lorsqu’il aura complété sa mission, il retournera chez son Père.

Les “trois jours” pendant lesquels ses parents cherchent Jésus correspondent aux trois jours du Christ au tombeau, depuis le vendredi jusqu’au jour de Pâques. “Pourquoi me cherchez-vous?”, répond Jésus à sa mère, comme les deux anges qui diront aux femmes venues au sépulcre: “Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts?” (Lc 24,5)

“C’est chez mon Père que je dois être”: chaque fois que Jésus désigne sa mission avec le verbe “devoir”, il annonce le mystère de sa passion et de sa résurrection, qu’il assume librement comme la volonté de son Père. “Chez mon Père”, dans sa maison, désigne le retour de Jésus vers son Père. “La maison de mon Père” est la première parole de Jésus dans l’Évangile de Luc” et la dernière, sur la croix, aura le même sens: “Père, entre tes mains, je remets mon esprit.”

“Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait”. Une telle incompréhension se retrouve partout dans l’Évangile où il est question du mystère pascal que le Christ va vivre. Cette intervention suprême de Dieu dans l’histoire dépasse toutes les possibilités humaines d’intelligence. Nous ne pouvons qu’imiter Marie qui conservait dans son coeur ces événements pour les méditer et les comprendre un jour.

Tous les épisodes que Jésus a vécus parlent du mystère central de sa vie, la mort qu’il a transformée dans sa personne en vie nouvelle de la résurrection.
L’Église propose deux vérités fondamentales au sujet de Marie, la Mère du Christ: l’Immaculée Conception et l’Assomption. La fête du Coeur Immaculée de Marie met en lumière la première intervention de Dieu, qui illumine le début du pèlerinage terrestre de la Mère de Jésus. La seconde affirme la parfaite réalisation du projet de Dieu sur elle. L’Église affirme donc que Dieu a entouré de sa bienveillance toute l’existence de la Mère de son Fils. Il l’a protégée de toute souillure, dès le début, pour qu’elle atteigne finalement la vie parfaite, sans fin, de toute sa personne, son âme et son corps.

Quel fut le cheminement de Marie pour atteindre ce but? Dans la pauvreté du cœur, selon la première béatitude, et dans une continuelle action de grâce. Après la salutation d’Élisabeth, Marie exprime dans son “Magnificat” ces deux sentiments qui devraient animer le pèlerinage de toute personne chrétienne: la conviction d’être pauvre devant son Seigneur et de tout recevoir de Lui dans une perpétuelle reconnaissance.

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2021/06/11 – Jn 19, 31-37

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Le monde pervertit encore ici la loi de Dieu. On encourrait une impureté rituelle en laissant les cadavres en croix le jour du sabbat, qui, selon l’évangéliste, coïncidait cette année-là avec la fête de la Pâque. Les Juifs désirent assurer leur sécurité devant Dieu en observant littéralement la prescription de la loi, alors qu’ils viennent de rejeter Dieu lui-même présent dans son Fils, en le conduisant à la mort. La fraction des jambes, ce supplice qu’ils demandent au gouverneur, accélérait l’asphyxie du crucifié, qui ne pouvait plus dégager ses poumons pour respirer.

L’évangéliste souligne avec une telle insistance l’incident de l’eau et du sang coulant du côté transpercé de Jésus, afin d’inciter son lecteur à en découvrir le sens caché. Il cite tout d’abord deux témoins, dont l’un est Dieu lui-même. L’autre, probablement le disciple bien-aimé, porte explicitement témoignage, dont on garantit la véracité. Enfin, seul exemple dans les évangiles, deux prophéties confirment le mystère qui s’est produit. La 1ère épître de Jean (5,5-8) se base sur ce phénomène pour affirmer que l’eau, le sang et l’Esprit convergent dans un unique témoignage, celui par lequel Dieu nous révèle sa vie divine et nous la communique.

Le sang répandu, dans lequel se trouve la vie, montre que le sacrifice de l’Agneau pascal fut bien réel. Cet Agneau, comme toute victime régénérée dans le sacrifice, sera consommé par les croyants pour donner et développer la vie nouvelle et glorieuse du Christ, spécialement dans l’eucharistie (6,53-38). L’eau symbolise l’Esprit Saint (7,38s), qui communique la vie nouvelle au croyant uni au Seigneur ressuscité.

Le premier texte cité (Ex 12,46) stipule dans le rituel de la Pâque juive qu’on ne doit pas briser les os de l’agneau. Jésus apparaît ainsi comme le véritable Agneau, dont l’agneau pascal était l’image.

Dans la seconde prophétie (Zach 12,10), ceux qui regardent se séparent en deux groupes d’après leur attitude à l’égard du Crucifié. Les premiers sont des révoltés, qui rejettent l’Envoyé de Dieu et qui se condamnent eux-mêmes (Apoc 1,7). Les autres le regardent avec foi pour s’unir à lui et en recevoir la vie (Jn 3,14s).

Comme partout dans le 4e Évangile, la personne, les actions et les paroles du Christ provoquent la division chez les humains. Cette scène du Calvaire montre le don ultime de Dieu dans son Fils, victime de la brutalité humaine. Tel est le cœur du mystère d’amour du Seigneur : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique… » (Jean 3,16). Confronté à ce mystère, toute personne doit décider librement. C’est dans cette décision que consiste le jugement. Ce n’est pas Dieu dans son Fils qui juge, car il le déclare : « Moi, je ne juge personne » (Jean 8,15), mais bien la personne humaine qui se juge elle-même, en refusant librement le don de Dieu dans son Fils, ou en adhérant par la foi au sacrifice du Christ, qui transforme la mort en résurrection.

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2021/06/10 – Mt 5, 20-26

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Les mots « loi, précepte, obligation » ne sont guère populaires de nos jours. Ils provoquent une réaction de défense, parce que nous avons l’impression qu’ils expriment des contraintes ou même s’attaquent à notre liberté. Pourquoi donc la Loi occupait-elle une telle importance dans les préoccupations du peuple, au temps de Jésus ? Parce qu’elle manifestait la volonté de Dieu et qu’elle protégeait les fidèles contre l’idolâtrie du monde païen qui les entourait.

Cette Loi était-elle une contrainte ou une manifestation de bienveillance du Seigneur ? Tout dépend de l’image qu’on se fait du Dieu en qui nous croyons : soit un Maître dominateur, qui surveille et qui punit; ou bien, un Père qui regarde sans cesse les siens avec amour ? Si nous vivons sous le regard aimant de Dieu, la Loi exprime sa volonté pour éclairer la voie de la vie et du bonheur. Sans jamais nous brimer, il nous laisse libres de l’accepter ou de le refuser.

La « justice », dont parle Jésus, désigne la conduite du croyant en accord avec la volonté de Dieu exprimée dans la Loi. L’ensemble de ces lignes de conduite constitue le programme de Jésus, comparé à celui de Moïse, tel qu’on l’enseignait dans les synagogues. « On vous a dit » (à la synagogue), moi, je vous dis. »

La « justice » des Pharisiens, leur morale, était austère et se conformait à une série de 613 commandements, provenant de la Loi écrite et de la tradition. Cette multiplication des commandements visait à protéger le peuple élu contre les influences païennes autour de lui. Même si cet ensemble de prescriptions était pesant, il était possible de les observer, car elles concernaient la conduite extérieure des fidèles et elles étaient donc mesurables.

La « justice » que proclame Jésus ne consiste pas en une nouvelle série de lois. Jésus réduit toutes les lois à une seule, celle d’aimer. Or l’amour parfait est un idéal qui devient une utopie. Il n’est pas mesurable, car il ne pourra jamais être atteint. En conséquence, le chrétien ne peut accomplir cette loi et a toujours conscience d’être pécheur, en-deçà de cette loi de l’amour. Il demeure sans cesse dépendant de la miséricorde de Dieu. Il est donc toujours pécheur, mais pécheur pardonné.

Chacun des six exemples, que Jésus présente pour illustrer cette « justice » supérieure, montre qu’il s’attache non seulement à l’action extérieure de la personne humaine, mais à l’intention de celle qui agit. Toute la valeur, positive ou négative de l’action extérieure, provient de l’intention qui l’a motivée.

Le premier exemple porte sur la colère et le meurtre. Sans enlever la vie corporelle au prochain, on peut le tuer de bien des manières, par exemple en l’humiliant en parole, en l’insultant, en ternissant sa réputation,…

Défendre seulement la manifestation extérieure de la colère, c’est l’équivalent de l’intervention d’un chirurgien qui se limite à enlever une tumeur maligne, mais qui laisse intacte la racine de cette tumeur. Jésus va à la racine du meurtre, la haine, qui tend à détruire son prochain.

L’amour ne se limite pas à éviter l’agressivité à l’égard du prochain. L’amour n’est pas seulement négatif, il tend à procurer le bonheur de son frère. Aussi l’amour prend l’initiative de la réconciliation. Celui qui a l’amour dans son cœur fait les premiers pas.

Il ne faut pas s’illusionner avec des sacrifices. Qu’ils soient de n’importe quelle sorte, les sacrifices sont extérieurs à la personne qui les offre et n’ont aucune valeur, s’ils ne sont pas animés de l’intérieur par la miséricorde. Cette dénonciation des sacrifices purement extérieurs reprennent les diatribes des prophètes contre l’illusion d’offrir des sacrifices pour masquer son injustice.

La « justice » des Pharisiens apparaît comme une morale extrêmement exigeante, mais fermée. Le fidèle qui a observé tous les commandements, même les plus petits, peut se déclarer satisfait de lui-même. À l’opposé de cette « justice » fermée, Jésus propose une « justice » ouverte à l’infini, appelant le croyant à toujours progresser dans l’amour, sans qu’un terme mette fin à sa générosité.

Aussi le chrétien ressent continuellement sa pauvreté face au Seigneur qu’il aime. La célébration de l’eucharistie rappelle sans cesse qu’il doit être humble : au début il confesse ses fautes et, même juste de communier, il répète : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir… » Mais la parole de grâce peut le purifier.

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2021/06/09 – Mt 5, 17-19

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Jésus déclare à ses disciples qu’il n’est pas venu abolir ce qu’il y a dans la Loi et les Prophètes, c’est-à-dire dans l’Ancien Testament. Rien ne sera aboli sans avoir été d’abord amené à sa perfection. Il donne un sérieux avertissement: un disciple qui rejetterait qui enseignerait de rejeter le plus petit des commandements qui y sont contenus serait déclaré le plus petit dans le Royaume de Dieu. Et inversement, celui qui observerait tout serait déclaré le plus grand.

Le sermon sur la montagne a commencé par une proclamation de la venue du Royaume de Dieu avec les béatitudes qui offraient un renversement des valeurs du monde. Ce qui suivait était un rappel et peut-être un encouragement pour la communauté de Matthieu: c’était l’exhortation à des disciples à demeurer le sel de la terre et la lumière du monde. Vient ensuite notre passage qui est à la fois une déclaration et un avertissement.

Jésus déclare qu’il n’est pas venue abolir la Loi et les Prophètes, mais son rôle est plutôt d’accomplir, c’est-à-dire de porter à sa perfection ce qui était commencé dans l’Ancien Testament. C’est un thème important pour l’évangile de Matthieu qui accumule les citations de la Bible pour montrer que la vie de Jésus est en continuité avec le passé d’Israël.

Mais, il faut le dire tout de suite, cette continuité n’exclura pas de la nouveauté. Il y aura dans le même sermon, une série de déclarations de Jésus commençant par une allusion à la parole de Dieu dans l’Ancien Testament (Vous avez entendu…. Il a été dit….par Dieu) et continuant par une sorte d’antithèse: Et bien, Moi, je vous dis que… Et ce qui suit est plus qu’une répétition!

Il y a donc ce double aspect dans la vie et l’enseignement de Jésus, de la continuité et de la discontinuité. Ceci pouvait poser des difficultés sérieuses dans la vie des communautés primitives. Ainsi, dans les Actes des apôtres, on voit que les apôtres, les Douze, continuent à aller prier au Temple. Même Paul ira au Temple. Or Etienne, un juif converti provenant d’un milieu de culture grecque et un des premiers diacres, dans son discours juste avant d’être lapidé, déclare que le Temple, c’est fini: Dieu n’est pas dans le Temple. Un autre exemple, est celui dont parle Paul: la question des viandes qui reviennent sur le marché après avoir été offertes dans les temples païens. Il dit: toi, tu sais que les idoles sont rien. Tu peux manger cette viande. Mais ton frère, lui, ne sait pas que cette viande n’est pas impure. Pour ne pas scandaliser ton frère faible, tu t’abstiendras d’en manger.

Notre texte comporte donc l’avertissement pour ceux qui diraient que les prescriptions de l’Ancien Testament n’ont plus d’importance et violeraient ou enseigneraient les autres à violer un précepte : on s’attendrait à ce que l’avertissement se termine en disant que ces gens-là sont hors du Royaume….

Mais Matthieu a de ces gens dans sa communauté et il veut les avertir, non pas les exclure de la communauté: il dit donc qu’ils seront les plus petits dans le Royaume. Comme Jésus le répétera, un disciple doit toujours prendre garde aux petits, aux disciples plus faibles ou moins éclairés: la liberté de doit pas s’exprimer à leurs dépens.

Jean Gobeil SJ