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(Français) 2023/01/09 – Mt 3, 13-17

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Lors d’un pèlerinage en Terre Sainte, en arrivant au Jourdain, une personne nouvellement convertie, me demande : pourquoi le Christ a-t-il voulu être baptisé ? Quel besoin en avait-il, lui, l’homme sans péché ? Cette question tout-à-fait pertinente. Elle affleure aussi dans l’évangile, à travers les protestations de Jean Baptiste : « C’est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi, et c’est toi qui viens à moi ! »

Après réflexion, je suis arrivé à la conclusion qu’il y a plusieurs réponses possibles. Et pour répondre à mon nouveau converti, j’ai suivi la méthode des Pères de l’Église : expliquer la Bible par la Bible. En cherchant des consonnances entre l’Ancien et le Nouveau Testament, j’ai trouvé un récit de l’Ancien Testament qui évoque le Baptême de Jésus. Les deux passages s’éclairent mutuellement grâce à ce rapprochement.

Comme on contemple une icône, regardons le baptême de Jésus : le Christ plonge dans le fleuve, les cieux s’ouvrent, l’Esprit descend et plane sur cet homme qui émerge des eaux, la voix du Père retentit. Cette scène évoque la première page de la Bible, au livre de la Genèse : aux origines du monde, l’Esprit de Dieu plane sur les eaux, d’où vont émerger la terre et ensuite le premier homme, appelés à l’existence par la voix créatrice de Dieu. Là, Dieu communique à l’homme son souffle, son Esprit, et l’homme grandit jusqu’à sa taille de fils de Dieu. Nous connaissons la suite : l’homme a péché, il a perdu l’Esprit qui le rendait enfant de Dieu. Et toute relation avec Dieu devient impossible, les cieux se ferment. De là, la supplication et le cri du prophète Isaïe : « Ah ! si tu déchirais les cieux et si tu descendais ! » (Is 63, 19)

La fête du Baptême du Seigneur nous montre la réponse de Dieu au cri de l’humanité assoiffée. Cette réponse, c’est le Christ. Dans le Christ, Dieu vient renouer la relation avec sa Création déchue. Il est clair que le Christ n’avait pas besoin d’être baptisé, il est sans péché, cependant, en plongeant dans le Jourdain, Jésus se fait solidaire de notre humanité pécheresse.

Cette plongée dans le Jourdain, annonce une autre descente : sa descente au séjour des morts et des enfers pour libérer l’humanité.

Le baptême de Jésus, signifie la nouvelle création du monde et de l’homme. C’est une renaissance, une nouvelle genèse pour toute personne qui accepte de plonger dans la confiance et l’espérance. Alors, les cieux fermés par notre péché s’ouvrirons et l’Esprit du Seigneur, exilé, se reposera à nouveau sur nous. Le Christ, nouvel Adam, vont devenir des sources vivifiantes.

Par le baptême, Dieu nous dit désormais : « Tu es mon fils bien-aimé ; en toi j’ai mis tout mon amour. »

L’effusion de l’Esprit commencée au baptême va s’achever : et l’eau jaillie du côté transpercé de Jésus, fleuve d’eau vive où nous sommes plongés le jour de notre baptême.

Voilà, la joyeuse nouvelle ! Saint Clément d’Alexandrie disait : « Toute notre vie est un printemps, parce que nous avons en nous la Vérité qui ne vieillit pas, et que cette Vérité irrigue toute notre vie. »

P. André SJ

(Français) 2022/01/08 – Jn 3, 22-30

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Jésus revient en Judée. Il baptise au Jourdain. Les disciples de Jean ont une discussion à propos des bains de purification et vont trouver Jean. Ils lui rapportent que Jésus baptise et que tous vont à lui. Jean rend son dernier témoignage. Il rappelle qu’il a dit qu’il n’était pas le Messie. Il est celui qui a été envoyé avant lui. Il est donc normal que Jean Baptiste diminue alors que lui grandit et il s’en réjouit.

La chronologie de l’évangile de Jean n’est pas rigoureuse. Plutôt qu’un déroulement de la vie de Jésus il veut présenter des moments qui sont significatifs. Il a commencé cette présentation par la venue de Jean Baptiste pour témoigner de la venue puis de la présence du Messie. C’est à cause de ce témoignage que certains de ses disciples se sont mis à la suite de Jésus pour devenir ses disciples. Jésus doit être retourné à Nazareth puisqu’il va au mariage de Cana, un village voisin. On le retrouve ensuite à Jérusalem pour la Pâque (la première) où il fait la purification du temple. C’est à la suite de cela, probablement encore à Jérusalem, qu’un pharisien notable va le voir la nuit. Comme Nicodème mentionne les signes que Jésus fait (un mot que Jean emploie au lieu de miracles), cela signifie qu’il a commencé à en faire que nous ignorons. Il doit ensuite être retourné en Galilée puisque notre texte le présente comme venant en Judée. Plus précisément, il revient au Jourdain où Jean continue de baptiser. Jésus séjourna avec des disciples et baptise lui aussi à un autre endroit que celui de Jean Baptiste que Jean indique avec précision.

Cette partie de l’évangile laisse l’impression que Jésus a commencé par une période reliée à Jean Baptiste et à son activité au Jourdain avant de devenir un prophète itinérant comme le synoptiques le présentent.

Le baptême de Jésus, comme celui de Jean Baptiste, n’est pas encore le baptême dans l’Esprit: ce n’est qu’après la résurrection que commence ce baptême. Les Juifs pratiquaient des bains de purification par immersion dans des bains profonds, les mikve. De même, la secte des Esséniens dans le monastère de Qumran devaient se purifier souvent. Avec Jean Baptiste, la différence est que son baptême n’est donné qu’une fois et qu’il est plutôt le symbole d’une conversion en préparation de la venue du Règne de Dieu au lieu d’une purification rituelle. On comprend que des Pharisiens ou des prêtres pouvaient poser des questions et discuter la légitimité de l’action de Jean Baptiste.

Mais l’incident et l’inquiétude des disciples devant le succès de Jésus ne sont qu’une occasion pour Jean Baptiste de donner son ultime témoignage. Au début du texte, la mention que Jean Baptiste n’avait pas encore été arrêté résonne comme une menace. Ce sera la fin de sa mission et Marc dit que c’est après son arrestation que Jésus commence le ministère qui lui est propre, la proclamation de la Bonne Nouvelle. (Marc 1,14) Pour Jean Baptiste, le succès de Jésus, même s’il annonce la fin de sa mission, est une cause de joie: ce qu’il avait annoncé et voulu préparer commence à se réaliser. Jésus dira de Jean Baptiste qu’il a rendu témoignage à la vérité et qu’il a été la lampe qui brûle et qui luit. (Jean 5,35)

Jean Gobeil SJ

(Français) 2022/01/07 – Lc 5, 12-16

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Un lépreux, en voyant Jésus, se prosterne jusqu’à terre et lui demande: Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier. Jésus tend la main, le touche et dit: Je le veux, sois purifié. A l’instant même, il est guéri. Jésus lui enjoint de ne dire à personne ce qu’il vient de faire et d’observer la procédure pour être réintégré dans la société et avoir accès au culte. La renommée de Jésus grandit. Des foules viennent l’entendre et se faire guérir. Jésus avait l’habitude de se retirer dans des endroits isolés pour prier.

Jésus a commencé sa prédication à Nazareth en déclarant qu’il accomplissait la prophétie d’Isaïe: ayant reçu la consécration de l’Esprit, il était envoyé pour annoncer la Bonne Nouvelle. Ensuite, à Capharnaüm, il commence à enseigner et à faire des guérisons. Sa parole a autorité et puissance même sur les esprits impurs. Il appelle ses quatre premiers disciples: Pierre et André, Jacques et Jean.

Maintenant, pour la première fois, il fait la rencontre d’un lépreux. La lèpre est un terme général couvrant toutes les infections de la peau. Elle rend rituellement impur, ce qui exclut le lépreux du culte et l’exclut même socialement. C’est une impureté contagieuse et personne ne doit l’approcher. Lui-même, avec ses vêtements déchirés, doit garder ses distances; il doit même avertir en criant: Impur! Impur! (Lévitique:13,45) Or celui-ci, dit le texte, était plein de lèpre.

La prière du lépreux est une demande mais elle représente surtout une belle profession de foi. En réponse, Jésus s’approche et le touche. Le geste bien visible traduit la rencontre dans la foi. Il viole ainsi une interdiction catégorique de la Loi mais la rencontre est plus importante que les prescriptions légales. D’ailleurs, la charité suffirait à justifier la préséance du geste comme il le rappellera en une autre occasion en citant le prophète Oée (6,6) : Car c’est l’amour qui me plaît et non les sacrifices, la connaissance de Dieu et non les holocaustes.

D’une parole, Jésus guérit le lépreux. Mais il a bien dit: Je le veux; sois purifié (et non pas: sois guéri). Le miracle n’est pas une œuvre médicale. La guérison représente la rencontre de Dieu qui transforme, guérit et libère. Jésus ne veut pas être considéré simplement comme un guérisseur corporel. C’est pour cela qu’il ne veut pas qu’on parle du miracle. C’était trop facile qu’on ne retienne que l’aspect visible et spectaculaire.

Ce qui suit est une clarification importante pour l’évangéliste. Jésus, qui vient de violer une prescription importante de la Loi, rappelle à l’homme guéri la procédure que la Loi demande à quelqu’un qui pense être guéri: il doit faire attester la guérison par un prêtre et offrir un sacrifice. Ceci montre bien que Jésus a du respect pour la Loi et que c’est pour observer ce qui doit être premier dans la Loi qu’il a agi comme il l’a fait. Luc avait déjà souligné, dans les récits de l’enfance, l’importance du Temple et de la Loi: Jésus avait été présenté au Temple et les parents observaient fidèlement les prescriptions de la Loi pour la purification de Marie. A sa façon, Luc montre donc, lui aussi, que Jésus n’est pas venu pour abolir la Loi ou les Prophètes mais bien pour l’accomplir. (Mt.5,17)

Jean Gobeil SJ

(Français) 2022/01/06 – Lc 4, 14-22a

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Après les tentations au désert, Jésus revint en Galilée avec la puissance de l’Esprit. Il enseigne dans les synagogues et sa renommée se répand. Il revient à Nazareth et dans la synagogue le jour du sabbat il fait la lecture d’un texte d’Isaïe où le prophète parle de sa mission d’annoncer une bonne nouvelle, la libération de ceux qui sont pauvres et meurtris, et le temps de la faveur de Dieu. Jésus déclare que cette prophétie s’accomplit aujourd’hui pour les auditeurs. Toute l’assistance était témoin de ce qu’il disait (accueillait) et s’étonnait de ses paroles de grâce.

Comme introduction à la vie publique de Jésus, Luc fait un court résumé. Jésus vient en Galilée, avec la puissance de l’Esprit; il enseigne et sa renommée se répand et tout le monde fait son éloge.

On mentionne au début de la création que l’Esprit, ou le souffle de Dieu, planait sur les eaux. C’est donc une nouvelle création que l’ange annonce à Marie en lui disant: L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te prendra sous son ombre. Dès le début de l’Incarnation, la présence et la puissance de l’Esprit se font sentir: avec la salutation de Marie, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint. Puis, c’est au tour de Zacharie, le père de Jean Baptiste: il fut rempli de l’Esprit Saint et se mit à prophétiser dans son chant d’action de grâce. C’est encore l’Esprit Saint qui lors de la présentation de Jésus au temple pousse le vieillard Siméon au temple pour qu’il le rencontre.

Jean- Baptiste, préparant la venue de Jésus, annonçait que celui qui viendrait baptiserait dans l’Esprit et le feu. Au baptême de Jésus qui est en prière, l’Esprit Saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe, indiquant ainsi sa présence dans la mission de Jésus. L’Esprit manifeste son action en menant Jésus au désert pour affronter les tentations auxquelles Israël avait succombé. Il revient en Galilée, dans notre texte, avec la puissance de l’Esprit.

Tous ces détails sur la présence et l’action de l’Esprit Saint dans l’évangile de Luc sont l’annonce du rôle de l’Esprit dans l’Église primitive comme on le verra dans le livre des Actes des Apôtres. Cette présence réalise des promesses importantes dans l’Ancien Testament.

Le prophète Jérémie avait déclaré que l’alliance ne pouvait plus être renouvelée. Il faudrait que Dieu fasse une nouvelle alliance et qu’il crée des cœurs nouveaux (Jér.31,31; 32,36). Ézéchiel avait ajouté qu’après une purification, c’est l’Esprit qui serait donné dans cette alliance qui serait une alliance de paix, une alliance éternelle (Ez.36,27; 37,27). Pour Joël, c’était la caractéristique du jour de Yahvé, des temps messianiques: l’Esprit serait donné à chacun: Je répandrai mon Esprit sur toute chair. (Jl.3,2)

A Nazareth, Jésus déclare: C’est aujourd’hui que cette parole se réalise. Cette parole d’Isaïe disait que l’Esprit était sur lui, qu’il était envoyé (Messie) pour apporter la Bonne Nouvelle. Il était celui qui venait libérer. Il était le sauveur. L’Esprit qu’il apportait donnait la liberté des enfants de Dieu.

Jean Gobeil SJ

(Français) 2022/01/05 – Mc 6, 45-52

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Après avoir nourri la foule, Jésus fait partir ses disciples vers l’autre rive du lac et lui-même ensuite renvoie la foule. Puis il monte sur la montagne pour prier. Le soir vient et, avec des vents contraires, les disciples se débattent avec les rames. Jésus vient vers eux en marchant sur la mer. Les disciples, en le voyant, crurent que c’était un fantôme et se mirent à crier. Jésus leur dit: Confiance. C’est moi: n’ayez pas peur. Il monte dans la barque et le vent tombe. Les disciples sont stupéfaits: ils n’avaient pas compris le miracle des pains parce que leur cœur était aveuglé.

Marc avait déjà mentionné qu’après la journée de Capharnaüm avec ses miracles et la foule qui avait afflué le soir, tôt le lendemain matin Jésus était allé dans un endroit désert pour prier. Ici encore, après le départ de la foule, il sent le besoin de prier. Luc mentionnera plusieurs fois ces prières de Jésus. C’est pour prier qu’ils était monté sur la montagne avec trois disciples lors de la Transfiguration.
C’est après avoir prié qu’il donne aux disciples la prière du Notre Père. C’est comme si Jésus avait eu besoin dans son humanité de la présence du Père pour s’associer à sa volonté. C’est un exemple pour la communauté de Marc qu’on croit soumise à une persécution à Rome. Ils ont besoin d’être encouragés dans leur difficultés.

Cet arrière-plan est important pour comprendre pourquoi Marc, dans son évangile, traite sévèrement les Douze: ils sont lents à comprendre, ils ont le cœur aveuglé et Jésus leur reproche souvent leur manque de foi. Ils vivaient pourtant avec Jésus: les choses auraient dû être faciles pour eux. Marc dit à ses auditeurs que ce n’était pas si facile. Il faut vivre longtemps avec le Christ pour le connaître et cette connaissance suppose toujours de la conversion: il faut avoir le cœur ouvert pour se laisser transformer par lui.

Ainsi, la communauté de Rome ne doit pas être surprise des difficultés qui surgissent. C’est peut-être pour elle que Marc fait se dernière remarque : ils n’avaient pas compris le miracle des pains. C’est plutôt énigmatique dans le texte. Il donne cela comme une explication de ce qu’ils ont eu peur en voyant Jésus marcher sur les eaux. Mais on peut la voir comme une suggestion aux chrétiens de Rome. Ils doivent se rappeler, eux, ce que veut dire le miracle des pains. C’est le symbole de la vie que le Christ apporte. Il est le Seigneur de la vie. Et s’ils se rappellent que pour son œuvre, il veut s’associer ses disciples, ils savent alors qu’ils peuvent compter sur sa présence pour accomplir son œuvre.

C’était pour obéir à Jésus que les disciples étaient partis dans leur barque. Il les avait forcés, dit le texte. Il leur avait même donné la direction: Bethsaïde, une ville de l’autre côté du lac, sur la frontière des territoires païens. C’est en lui obéissant qu’ils avaient rencontré la nuit, les vents contraires et le houle. Les chrétiens de Rome sont invités à se joindre aux Douze dans leur barque et à entendre pour eux la parole du Christ : Ayez confiance: c’est moi. Ne craignez pas.

Jean Gobeil SJ

 

 

 

 

 

 

 

(Français) 2022/01/04 – Mc 6, 34-44

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Jésus a invité les disciples qui revenaient de leur mission à venir à l’écart, dans un lieu désert, pour se reposer. Mais la foule qui ne leur laissait pas de répit devine par la direction du bateau l’endroit où ils vont et elle est déjà là quand ils arrivent. Jésus est saisi d’émotion de les voir comme un troupeau sans berger. Il se met à les instruire. Avec l’heure tardive, les disciples s’inquiètent et suggèrent de les renvoyer mais Jésus leur dit de leur donner à manger. Ils ramassent ce qu’ils peuvent et c’est trop peu. Jésus dit aux disciples de les faire asseoir par groupes. Puis il prend le pain, fait la bénédiction, rompt le pain et le donne aux disciples pour le faire distribuer. Tous mangent à leur faim et il reste douze paniers.

Jésus a pitié de la foule: c’est sa première réaction. Le mot employé est très fort: il traduit une émotion viscérale. Il la voit comme des brebis sans berger. L’image du berger comporte deux aspects qui vont revenir dans le texte. D’abord, des brebis sans berger ne sont pas un troupeau. C’est le berger qui rassemble un troupeau. Ensuite, la vie du troupeau dépend du berger pour trouver de la nourriture et de l’eau. C’est ce que le Christ veut apporter: une nourriture qui donne la vie et qui rassemble un peuple nouveau.

Les gens sont venus pour l’entendre: ils ont la faim de ses paroles. Jésus se met à les instruire. Il leur parle certainement longuement puisque c’est l’approche du soir qui inquiète les disciples: il faut que cette foule se mette en marche pour aller trouver de la nourriture quelque part. Mais Jésus leur donne la tâche de leur donner à manger indiquant par là que les disciples devront continuer son oeuvre. Tout ce que trouvent les disciples c’est cinq pains et deux poissons. C’est trop maigre et pourtant c’est avec cela que Jésus va nourrir la foule. Il a toujours besoin de cette pauvre contribution des disciples et, avec elle, il va faire des miracles. Mais auparavant, il veut faire une autre chose.

Il dit à ses disciples de rassembler la foule en groupes de cinquante et de cent. Juste avant notre texte, la mention d’un lieu désert où allait Jésus avec ses disciples suggérait qu’il allait peut-être faire un geste qui rappellerait Israël au désert. Or, à la sortie d’Égypte, les Hébreux étaient accompagnés d’un ramassis de gens (Ex.12,38): il étaient une foule mais pas encore un peuple. Ce n’est qu’au Sinaï, avec le don de l’Alliance que naîtra le peuple de Dieu composé des douze tribus. En mettant la foule en groupes, Jésus montre qu’il est celui qui rassemble le peuple de Dieu. La mention des douze corbeilles de restes montre que cette foule est maintenant l’image du peuple nouveau dont Israël avait été la préparation et l’image.

Les paroles de Jésus sont suivies de la multiplication des pains. Jésus prend les pains et les poissons, prononce la bénédiction, rompt les pains, les donne aux disciples pour qu’ils les distribuent. Les quatre gestes, prendre, bénir, rompre, donner, sont comme ceux de la dernière Cène où Jésus institue l’Eucharistie.

C’est maintenant dans l’Eucharistie que Jésus rassemble la communauté qui est membre du peuple de Dieu et lui donne la nourriture de sa Parole.

Jean Gobeil SJ

(Français) 2022/01/03 – Mt 4, 12-17.23-25

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Quand Jésus apprend l’arrestation de Jean Baptiste, il quitte le Jourdain et se retire en Galilée. Il laisse Nazareth pour adopter Capharnaüm comme centre de son rayonnement. Matthieu en profite pour souligner que son séjour en Galilée accomplit une prophétie d’Isaïe au sujet de la Galilée qu’il qualifie de Galilée des nations (ce qui équivaut à carrefour des païens). Jésus proclame que c’est le temps de la conversion parce que le Royaume de Dieu est proche. Notre texte omet le choix des quatre premiers disciples à Capharnaüm pour donner un sommaire de l’activité de Jésus à travers la Galilée: il proclame la Bonne Nouvelle (euaggelion, l’évangile) à travers toute la Galilée en faisant des guérisons. Des grandes foules, venues de partout se mettent à le suivre.

Cette partie de l’évangile de Matthieu est comme une introduction à la vie publique de Jésus. Elle montre à la fois le lien avec le plan de Dieu dans le passé et annonce ce que sera la vie publique de Jésus. Au baptême, il a reçu la manifestation de l’Esprit Saint qui l’a conduit ensuite au désert pour refaire l’expérience d’Israël. Mais là où Israël a manqué de fidélité, Jésus, lui, reste fidèle à sa mission d’être au service de la volonté du Père. Des essais de le détourner de sa mission ne manqueront pas dans le reste de sa vie.

Avec l’arrestation de Jean Baptiste, le rôle de celui-ci est terminé. Il avait prêché la conversion en annonçant l’approche du Royaume de Dieu. Maintenant c’est le rôle de Jésus qui commence. Il doit annoncer la présence du Royaume de Dieu, que Matthieu appelle le Royaume des cieux: par respect pour le nom de Dieu, les Juifs évitent de prononcer ce Nom. C’est cette présence qui est la Bonne Nouvelle.

Au lieu de rester au Jourdain et d’attendre que les gens viennent à lui, Jésus veut aller vers les gens. Il retourne donc en Galilée, réalisant ainsi la prophétie d’Isaïe à propos d’une grande lumière qui apparaîtrait en Galilée pour dissiper les ténèbres. Matthieu répètera 41 fois ce genre de référence aux Écritures pour montrer que Jésus continue le plan de Dieu et vient le réaliser. Ses auditeurs sont des judéo-chrétiens et peuvent apprécier cette continuité entre Jésus et les Écritures. Mais Matthieu semble voir la nécessité de leur rappeler que si Jésus a commencé par s’adresser à Israël il n’a pourtant pas exclu les non-juifs. D’ailleurs, il a déjà souligné que les premiers à reconnaître le Messie ont été des étrangers: les Mages. Ici, il semble souligner que Jésus a commencé par la Galilée des nations et non par la Judée et Jérusalem. La Galilée en effet a eu beaucoup d’infiltration étrangère: elle n’est pas juive cent pour cent et l’orthodoxie des galiléens est toujours suspecte pour les gens de Jérusalem. C’est bien là que Jésus a voulu faire la plus grande partie de sa mission.

Il apporte la Bonne Nouvelle à travers toute la Galilée. Encore là, Matthieu pense peut-être non seulement à la Galilée géographique mais aussi à la Galilée sociale. Il ne refusera pas d’aller chez des pharisiens mais il ira aussi bien manger chez des collecteurs d’impôts. Il se laissera approcher par des gens considérés comme pécheurs ou comme impurs. Aucune barrière sociale ne l’arrêtera. Il est bien celui qui est venu chercher et sauver ce qui était perdu.

Jean Gobeil SJ

(Français) 2021/01/09 – Jn 3, 22-30

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Jésus revient en Judée. Il baptise au Jourdain. Les disciples de Jean ont une discussion à propos des bains de purification et vont trouver Jean. Ils lui rapportent que Jésus baptise et que tous vont à lui. Jean rend son dernier témoignage. Il rappelle qu’il a dit qu’il n’était pas le Messie. Il est celui qui a été envoyé avant lui. Il est donc normal que Jean Baptiste diminue alors que lui grandit et il s’en réjouit.

La chronologie de l’évangile de Jean n’est pas rigoureuse. Plutôt qu’un déroulement de la vie de Jésus il veut présenter des moments qui sont significatifs. Il a commencé cette présentation par la venue de Jean Baptiste pour témoigner de la venue puis de la présence du Messie. C’est à cause de ce témoignage que certains de ses disciples se sont mis à la suite de Jésus pour devenir ses disciples. Jésus doit être retourné à Nazareth puisqu’il va au mariage de Cana, un village voisin. On le retrouve ensuite à Jérusalem pour la Pâque (la première) où il fait la purification du temple. C’est à la suite de cela, probablement encore à Jérusalem, qu’un pharisien notable va le voir la nuit. Comme Nicodème mentionne les signes que Jésus fait (un mot que Jean emploie au lieu de miracles), cela signifie qu’il a commencé à en faire que nous ignorons. Il doit ensuite être retourné en Galilée puisque notre texte le présente comme venant en Judée. Plus précisément, il revient au Jourdain où Jean continue de baptiser. Jésus séjourna avec des disciples et baptise lui aussi à un autre endroit que celui de Jean Baptiste que Jean indique avec précision.

Cette partie de l’évangile laisse l’impression que Jésus a commencé par une période reliée à Jean Baptiste et à son activité au Jourdain avant de devenir un prophète itinérant comme le synoptiques le présentent.

Le baptême de Jésus, comme celui de Jean Baptiste, n’est pas encore le baptême dans l’Esprit: ce n’est qu’après la résurrection que commence ce baptême. Les Juifs pratiquaient des bains de purification par immersion dans des bains profonds, les mikve. De même, la secte des Esséniens dans le monastère de Qumran devaient se purifier souvent. Avec Jean Baptiste, la différence est que son baptême n’est donné qu’une fois et qu’il est plutôt le symbole d’une conversion en préparation de la venue du Règne de Dieu au lieu d’une purification rituelle. On comprend que des Pharisiens ou des prêtres pouvaient poser des questions et discuter la légitimité de l’action de Jean Baptiste.

Mais l’incident et l’inquiétude des disciples devant le succès de Jésus ne sont qu’une occasion pour Jean Baptiste de donner son ultime témoignage. Au début du texte, la mention que Jean Baptiste n’avait pas encore été arrêté résonne comme une menace. Ce sera la fin de sa mission et Marc dit que c’est après son arrestation que Jésus commence le ministère qui lui est propre, la proclamation de la Bonne Nouvelle. (Marc 1,14) Pour Jean Baptiste, le succès de Jésus, même s’il annonce la fin de sa mission, est une cause de joie: ce qu’il avait annoncé et voulu préparer commence à se réaliser. Jésus dira de Jean Baptiste qu’il a rendu témoignage à la vérité et qu’il a été
la lampe qui brûle et qui luit. (Jean 5,35)

Jean Gobeil SJ 

(Français) 2021/01/08 – Lc 5, 12-16

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Un lépreux, en voyant Jésus, se prosterne jusqu’à terre et lui demande: Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier. Jésus tend la main, le touche et dit: Je le veux, sois purifié. A l’instant même, il est guéri. Jésus lui enjoint de ne dire à personne ce qu’il vient de faire et d’observer la procédure pour être réintégré dans la société et avoir accès au culte. La renommée de Jésus grandit. Des foules viennent l’entendre et se faire guérir. Jésus avait l’habitude de se retirer dans des endroits isolés pour prier.

Jésus a commencé sa prédication à Nazareth en déclarant qu’il accomplissait la prophétie d’Isaïe: ayant reçu la consécration de l’Esprit, il était envoyé pour annoncer la Bonne Nouvelle. Ensuite, à Capharnaüm, il commence à enseigner et à faire des guérisons. Sa parole a autorité et puissance même sur les esprits impurs. Il appelle ses quatre premiers disciples: Pierre et André, Jacques et Jean.

Maintenant, pour la première fois, il fait la rencontre d’un lépreux. La lèpre est un terme général couvrant toutes les infections de la peau. Elle rend rituellement impur, ce qui exclut le lépreux du culte et l’exclut même socialement. C’est une impureté contagieuse et personne ne doit l’approcher. Lui-même, avec ses vêtements déchirés, doit garder ses distances; il doit même avertir en criant: Impur! Impur! (Lévitique:13,45) Or celui-ci, dit le texte, était plein de lèpre.

La prière du lépreux est une demande mais elle représente surtout une belle profession de foi. En réponse, Jésus s’approche et le touche. Le geste bien visible traduit la rencontre dans la foi. Il viole ainsi une interdiction catégorique de la Loi mais la rencontre est plus importante que les prescriptions légales. D’ailleurs, la charité suffirait à justifier la préséance du geste comme il le rappellera en une autre occasion en citant le prophète Osée (6,6) : Car c’est l’amour qui me plaît et non les sacrifices, la connaissance de Dieu et non les holocaustes.

D’une parole, Jésus guérit le lépreux. Mais il a bien dit: Je le veux; sois purifié (et non pas: sois guéri). Le miracle n’est pas une œuvre médicale. La guérison représente la rencontre de Dieu qui transforme, guérit et libère. Jésus ne veut pas être considéré simplement comme un guérisseur corporel. C’est pour cela qu’il ne veut pas qu’on parle du miracle. C’était trop facile qu’on ne retienne que l’aspect visible et spectaculaire.

Ce qui suit est une clarification importante pour l’évangéliste. Jésus, qui vient de violer une prescription importante de la Loi, rappelle à l’homme guéri la procédure que la Loi demande à quelqu’un qui pense être guéri: il doit faire attester la guérison par un prêtre et offrir un sacrifice. Ceci montre bien que Jésus a du respect pour la Loi et que c’est pour observer ce qui doit être premier dans la Loi qu’il a agi comme il l’a fait. Luc avait déjà souligné, dans les récits de l’enfance, l’importance du Temple et de la Loi: Jésus avait été présenté au Temple et les parents observaient fidèlement les prescriptions de la Loi pour la purification de Marie. A sa façon, Luc montre donc, lui aussi, que Jésus n’est pas venu pour abolir la Loi ou les Prophètes mais bien pour l’accomplir. (Mt.5,17)

Jean Gobeil SJ 

(Français) 2021/01/07 – Lc 4, 14-22a

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Après les tentations au désert, Jésus revint en Galilée avec la puissance de l’Esprit. Il enseigne dans les synagogues et sa renommée se répand. Il revient à Nazareth et dans la synagogue le jour du sabbat il fait la lecture d’un texte d’Isaïe où le prophète parle de sa mission d’annoncer une bonne nouvelle, la libération de ceux qui sont pauvres et meurtris, et le temps de la faveur de Dieu. Jésus déclare que cette prophétie s’accomplit aujourd’hui pour les auditeurs. Toute l’assistance était témoin de ce qu’il disait (accueillait) et s’étonnait de ses paroles de grâce.

Comme introduction à la vie publique de Jésus, Luc fait un court résumé. Jésus vient en Galilée, avec la puissance de l’Esprit; il enseigne et sa renommée se répand et tout le monde fait son éloge.

On mentionne au début de la création que l’Esprit, ou le souffle de Dieu, planait sur les eaux. C’est donc une nouvelle création que l’ange annonce à Marie en lui disant: L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te prendra sous son ombre. Dès le début de l’Incarnation, la présence et la puissance de l’Esprit se font sentir: avec la salutation de Marie, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint. Puis, c’est au tour de Zacharie, le père de Jean Baptiste: il fut rempli de l’Esprit Saint et se mit à prophétiser dans son chant d’action de grâce. C’est encore l’Esprit Saint qui lors de la présentation de Jésus au temple pousse le vieillard Siméon au temple pour qu’il le rencontre.

Jean- Baptiste, préparant la venue de Jésus, annonçait que celui qui viendrait baptiserait dans l’Esprit et le feu. Au baptême de Jésus qui est en prière, l’Esprit Saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe, indiquant ainsi sa présence dans la mission de Jésus. L’Esprit manifeste son action en menant Jésus au désert pour affronter les tentations auxquelles Israël avait succombé. Il revient en Galilée, dans notre texte, avec la puissance de l’Esprit.

Tous ces détails sur la présence et l’action de l’Esprit Saint dans l’évangile de Luc sont l’annonce du rôle de l’Esprit dans l’Église primitive comme on le verra dans le livre des Actes des Apôtres. Cette présence réalise des promesses importantes dans l’Ancien Testament.

Le prophète Jérémie avait déclaré que l’alliance ne pouvait plus être renouvelée. Il faudrait que Dieu fasse une nouvelle alliance et qu’il crée des cœurs nouveaux (Jér.31,31; 32,36). Ézéchiel avait ajouté qu’après une purification, c’est l’Esprit qui serait donné dans cette alliance qui serait une alliance de paix, une alliance éternelle (Ez.36,27; 37,27). Pour Joël, c’était la caractéristique du jour de Yahvé, des temps messianiques: l’Esprit serait donné à chacun: Je répandrai mon Esprit sur toute chair. (Jl.3,2)

A Nazareth, Jésus déclare: C’est aujourd’hui que cette parole se réalise.
Cette parole d’Isaïe disait que l’Esprit était sur lui, qu’il était envoyé (Messie) pour apporter la Bonne Nouvelle. Il était celui qui venait libérer. Il était le sauveur. L’Esprit qu’il apportait donnait la liberté des enfants de Dieu.

Jean Gobeil SJ