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2023/01/07 – Jn 2, 1-11

Il faut nous habituer à la manière d’écrire de Saint Jean. Saint Jean, il faut le lire entre les lignes. C’est entre les lignes qu’il dit les choses importantes. Pour Jean, ce premier signe, comme il dit, de Jésus à Cana est très important : il évoque à lui tout seul le grand mystère du projet de Dieu sur l’humanité, mystère de Création, mystère d’Alliance, mystère de Noces.
Le prologue de Jean est une grande méditation sur ce mystère du projet de Dieu sur l’humanité. Le récit des noces de Cana est exactement la même méditation. Ces deux textes nous introduisent au mystère du projet de Dieu sur nous et en nous.
Entre le Prologue et les Noces de Cana, il y a 7 jours. C’est ce qu’on appelle la « semaine inaugurale » de la vie publique de Jésus.
1. Elle commence auprès de Jean-Baptiste au bord du Jourdain où des Pharisiens sont venus l’interroger sur sa mission ; et déjà Jean-Baptiste annonçait la venue de Jésus ; 1er jour !
2. Le lendemain, Jean-Baptiste a la joie de voir Jésus lui-même venir vers lui et il reconnaît en lui « le Fils de Dieu, celui qui baptise dans l’Esprit Saint » (Jn 1,33-34) ; 2e jour!
3. Le lendemain encore, nouvelle rencontre au bord de l’eau : cette fois, ce sont deux disciples de Jean-Baptiste qui se détachent de son groupe pour suivre Jésus et celui-ci les invite à passer la soirée auprès de lui ; 3e jour !
4. Le jour suivant, Jésus part en Galilée accompagné déjà de quelques disciples. 4e, 5e 6e jour !
5. Et c’est en Galilée, trois jours plus tard, qu’a lieu le miracle de Cana : Jean commence son récit des noces de Cana en disant « le troisième jour, il y eut un mariage à Cana en Galilée » ; 7e jour !
Le « septième jour », Dieu avait achevé l’œuvre qu’il avait faite. Dit la Genèse. Le septième jour renvoie toujours à l’achèvement de la Création. Comme le mot « commencement ». St Jean utilise ce mot ici à la fin de son récit des noces de Cana : « Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. » Dans le Prologue, Jean affirmait « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. C’est par lui que tout est venu à l’existence et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. » Nous voici dans le cadre des sept jours de la Création.
Les noces de Cana, un septième jour, se fait l’écho de la Création du monde. À Cana, Jésus ne se contente pas de multiplier le vin, il crée une vie nouvelle ; comme au commencement de toutes choses, le Verbe était tourné vers Dieu pour créer le monde, à Cana une nouvelle étape s’inaugure, c’est le commencement de la création nouvelle, avec le Christ. Et il s’agit d’une noce !
On peut faire un autre parallèle avec le 7e jour. Au sixième jour, Dieu avait achevé son œuvre par la création du couple humain à son image ; au septième jour de la nouvelle création, Jésus participe à un repas de noces. C’est une manière de dire que le projet créateur de Dieu est un projet d’alliance, un projet de noce. C’est pour cette raison que nous avons lu en 1er lecture d’Isaïe dans lequel Dieu disait à son peuple : « Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu » ; Le parallèle ici à faire, le miracle de Cana est la réalisation de la promesse de Dieu : c’est la fête des noces de Dieu avec l’humanité qui débute là. C’est pour cela que le mot « Heure » chez Jean est si important : il s’agit de l’Heure où le projet de Dieu a été définitivement accompli en Jésus-Christ. C’est bien à cela que Jésus pense quand il dit à Marie : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Jésus si situe au-delà du problème matériel du manque de vin, Jésus ne perd pas de vue sa mission qui est d’accomplir les noces de Dieu avec l’humanité.
Je retiens trois leçons de ce texte. Et c’est Marie qui nous les donne :
1. La première leçon c’est l’attention. Faire attention aux autres. Marie fait attention à tous les détails. Elle ne fait pas les choses à la place des autres, ce n’est pas elle qui change l’eau en vin. Mais, elle averti son fils qui fait le reste. Elle, elle se retire et garde tous ces événements dans son cœur ;
2. Deuxième leçon : sa mère dit à ceux qui servaient, « tout ce qu’il vous dira faites-le ». Si dernièrement au baptême du Christ la voix du Père depuis la nuée nous disait : « c’est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toute ma joie, écoutez-le ». Aujourd’hui, c’est Marie qui nous montre vers qui nous devons nous tourner quand nous avons des soucis, elle nous indique que c’est vers Jésus-Christ que nous devons aller s’il nous manque quelque chose ;
3. La troisième leçon de ce Dimanche, c’est que chacun de nous à son rôle dans la vie et en fait personne ne fait pas ombrage à l’autre. Selon le principe de subsidiarité, chacun devrait être à sa place et faire ce qu’il a à faire sans être une entorse à l’épanouissement de l’autre; Marie constate le manque, le dit à Jésus, et Jésus dit aux servants remplissez d’eau les jarres. Vous voyez que c’est ainsi que la société est organisée. Cela nous permet de constater qu’on a besoin les uns des autres.
La dernière leçon c’est que Jésus nous donne toujours ce qui y a de bon et de meilleur pour nous.
Il garde toujours le bon et nous le donne toujours. Jésus nous donne en tout temps ce qui est bon, parce que nous sommes ses enfants bien-aimés.
Demandons la grâce de savoir, nous-aussi donner toujours le meilleur de ce que nous sommes et de ce que nous avons aux autres qui sont dans le besoin. Demandons-lui de savoir, partout où l’on se trouve, être des artisans de paix et de joie.
Laissons-nous habiter par son Esprit Saint pour faire le bien en tout temps, pour notre Salut et la plus grande gloire de Dieu.

P. André SJ

2023/01/06 – Lc 3, 23-38

Jésus revient en Judée. Il baptise au Jourdain. Les disciples de Jean ont une discussion à propos des bains de purification et vont trouver Jean. Ils lui rapportent que Jésus baptise et que tous vont à lui. Jean rend son dernier témoignage. Il rappelle qu’il a dit qu’il n’était pas le Messie. Il est celui qui a été envoyé avant lui. Il est donc normal que Jean Baptiste diminue alors que lui grandit et il s’en réjouit.

La chronologie de l’évangile de Jean n’est pas rigoureuse. Plutôt qu’un déroulement de la vie de Jésus il veut présenter des moments qui sont significatifs. Il a commencé cette présentation par la venue de Jean Baptiste pour témoigner de la venue puis de la présence du Messie. C’est à cause de ce témoignage que certains de ses disciples se sont mis à la suite de Jésus pour devenir ses disciples. Jésus doit être retourné à Nazareth puisqu’il va au mariage de Cana, un village voisin. On le retrouve ensuite à Jérusalem pour la Pâque (la première) où il fait la purification du temple. C’est à la suite de cela, probablement encore à Jérusalem, qu’un pharisien notable va le voir la nuit. Comme Nicodème mentionne les signes que Jésus fait (un mot que Jean emploie au lieu de miracles), cela signifie qu’il a commencé à en faire que nous ignorons. Il doit ensuite être retourné en Galilée puisque notre texte le présente comme venant en Judée. Plus précisément, il revient au Jourdain où Jean continue de baptiser. Jésus séjourna avec des disciples et baptise lui aussi à un autre endroit que celui de Jean Baptiste que Jean indique avec précision.

Cette partie de l’évangile laisse l’impression que Jésus a commencé par une période reliée à Jean Baptiste et à son activité au Jourdain avant de devenir un prophète itinérant comme le synoptiques le présentent.

Le baptême de Jésus, comme celui de Jean Baptiste, n’est pas encore le baptême dans l’Esprit: ce n’est qu’après la résurrection que commence ce baptême. Les Juifs pratiquaient des bains de purification par immersion dans des bains profonds, les « mikvé ». De même, la secte des Esséniens dans le monastère de Qumran devaient se purifier souvent. Avec Jean Baptiste, la différence est que son baptême n’est donné qu’une fois et qu’il est plutôt le symbole d’une conversion en préparation de la venue du Règne de Dieu au lieu d’une purification rituelle. On comprend que des Pharisiens ou des prêtres pouvaient poser des questions et discuter la légitimité de l’action de Jean Baptiste.

Mais l’incident et l’inquiétude des disciples devant le succès de Jésus ne sont qu’une occasion pour Jean Baptiste de donner son ultime témoignage. Au début du texte, la mention que Jean Baptiste n’avait pas encore été arrêté résonne comme une menace. Ce sera la fin de sa mission et Marc dit que c’est après son arrestation que Jésus commence le ministère qui lui est propre, la proclamation de la Bonne Nouvelle. (Marc 1,14) Pour Jean Baptiste, le succès de Jésus, même s’il annonce la fin de sa mission, est une cause de joie: ce qu’il avait annoncé et voulu préparer commence à se réaliser. Jésus dira de Jean Baptiste qu’il a rendu témoignage à la vérité et qu’il a été la lampe qui brûle et qui luit.

Jean Gobeil SJ

2023/01/05 – Jn 1, 43-51

Jésus, sur les bords du Jourdain, après avoir accueilli ses premiers disciples, est sur son départ pour la Galilée. Il rencontre Philippe et l’appelle. Philippe se fait l’intermédiaire pour faire venir Nathanaël à Jésus. Jésus montre à Nathanaël qu’il le connaît profondément. Celui-ci reconnaît en Jésus le Fils de Dieu et le Roi d’Israël. Jésus promet à ses disciples qu’ils verront le Ciel communiquer avec lui-même, le Fils de l’homme.

Jésus a commencé par rester près du Jourdain. Lui, ou ses disciples, pratiquaient un baptême de pénitence comme celui de Jean (Jean 4,1). Marc dit que c’est après l’arrestation de Jean Baptiste que Jésus a quitté le Jourdain pour aller en Galilée (Marc 1,14). Ce départ marque une certaine rupture avec Jean Baptiste. Ce dernier restait au Jourdain: il attendait que les gens viennent à lui. Jésus va faire l’inverse: il va aller vers les gens dans les villes et villages de Galilée. C’est pourquoi il pourra dire que le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu (Luc 19,10). Comme on peut le voir dans cette dernière citation, il y aussi une rupture avec la prédication de Jean Baptiste qui annonçait la venue d’un Messie qui jugerait et condamnerait. C’est pour cette raison que Jean Baptiste, dans sa prison, enverra certains de ses disciples lui demander s’il est bien celui qu’on attendait. Jésus répondra en citant ses oeuvres de libération qui correspondent à la prophétie d’Isaïe au sujet du Messie.

Pour le moment, Jésus choisit deux autres disciples provenant encore de l’entourage de Jean-Baptiste: Philippe et Nathanaël (probablement le Barthélemy des listes des Douze). Nathanaël est un sceptique.

Mais quand Jésus lui dit qu’il l’a vu quand il était assis sous un figuier, il est convaincu que Jésus le connaît profondément. Les rabbins employaient cette expression pour dire méditer sur l’Écriture. Nathanaël se rend compte que Jésus sait ce qu’il cherchait. Il fait alors une profession de foi très belle et même trop belle pour un disciple qui commence. On sait par les autres évangiles que les disciples on mis du temps à accepter tout le mystère de Jésus. C’est pour cette raison que pour être un disciple, on ne mentionne pas seulement “suivre Jésus” mais on ajoute “demeurer en lui”.  Non seulement il dit que Jésus est le Fils de Dieu mais encore il le dit le Roi d’Israël, ce qui est bien différent du titre politique de Roi des Juifs.

Cette façon de parler de Jésus avec l’éclairage de la résurrection comme Fils de Dieu, non pas seulement comme saint mais comme partageant la nature divine, d’Agneau de Dieu comme le serviteur qui a pris sur lui les péchés des hommes pour les libérer, de Roi d’Israël en tant que Roi du peuple de la nouvelle alliance, sont des actes de foi faits par les chrétiens. Et c’est ce qu’on appelle une haute christologie. C’est pour cela que l’auteur du quatrième évangile a été très tôt surnommé, le Théologien (Theologos).

Jean Gobeil SJ

 

 

2023/01/04 – Jn 1, 35-42

Jean Baptiste rend témoignage devant deux disciples en disant: Voici l’Agneau de Dieu. Les deux disciples suivent Jésus qui finit par leur demander: Que cherchez-vous? Ils répondent: Rabbi, où demeures-tu? Jésus leur dit: Venez et vous verrez. Ils restèrent près de lui. C’était vers 4 heures. André, l’un des deux disciples alla dire à son frère Simon: Nous avons trouvé le Messie. Jésus en le voyant lui dit: Tu es Simon, fils de Jean. Tu t’appelleras Képhas (Pierre).

Les premiers disciples de Jésus étaient des disciples de Jean-Baptiste ou au moins de son entourage.

C’est Jean Baptiste, lui-même, qui en dirige deux vers Jésus en disant: Voici l’Agneau de Dieu. L’un est André et l’autre n’est pas nommé. Ils se mettent à suivre Jésus qui se retourne et leur demande:  Que cherchez-vous?

Il y a un procédé qui revient souvent dans l’évangile de Jean. C’est celui d’utiliser des mots à double sens: un sens matériel et un sens spirituel, comme, par exemple “naître” qui peut parler de la vie humaine et en même temps parler de la Vie divine.

Ici, dans ce Que cherchez-vous, il y a un sens général, ordinaire mais il peut y avoir en outre une question sur son identité, sa mission ou sa doctrine: Qui cherchez-vous en me suivant? Qu’est-ce que vous attendez de moi? La réponse des disciples, Où demeures-tu ? prend alors le sens de Qui es-tu? Nous voulons te connaître. La réponse de Jésus est nettement un double sens: un sens matériel, Venez et vous verrez; et un sens spirituel très important. “Venez”, c’est-à-dire mettez-vous d’abord à ma suite, soyez mes disciples; “Et vous verrez”, c’est-à-dire alors vous me connaîtrez.

C’est la démarche fondamentale d’un disciple: il doit commencer par se mettre à la suite du Christ, par vivre avec lui. C’est seulement ainsi qu’on peut le connaître. La foi n’est donc pas d’abord l’acceptation d’une doctrine ou d’une série de propositions mais bien l’acceptation de quelqu’un. Ce sera l’approche des apôtres dans leurs premiers discours après la résurrection: ils ne commencent pas par donner les détails d’une doctrine. Ils invitent à croire en Celui qu’ils proclament. C’est ainsi que commence la Vie avec lui et qu’il se laisse découvrir.

Le rôle des intermédiaires est important. C’est Jean Baptiste qui a annoncé le Messie à ses deux disciples. André, à son tour, va l’annoncer à son frère Simon. Mais quand Simon vient à Jésus, celui-ci lui donne un nouveau nom: Pierre. Donner le nom montrait l’action de Dieu dans le cas des noms de Jésus et de Jean Baptiste, révélés par l’ange. Changer le nom indique une nouvelle mission ou un nouveau rôle. Ici, Simon reçoit l’investiture d’une position d’autorité. Il sera le porte-parole des Douze (Jean 6,67) puis, après la résurrection, il sera établi le pasteur du troupeau (Jean 21).

Il reste le compagnon d’André, le disciple qui n’est pas nommé et que l’auteur de l’évangile a voulu garder mystérieux. Sans faire de suppositions, le lecteur ne peut s’empêcher de penser que c’est lui qui a remarqué l’heure précise de la rencontre avec Jésus et qu’il doit être très proche de ce Jean à qui l’évangile est attribué.

Jean Gobeil SJ

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2023/01/03 – Jn 1, 29-34

Jean Baptiste voit Jésus venir à lui et déclare que c’est lui qui est envoyé par Dieu pour enlever le péché du monde. Jean lui rend alors ce témoignage: il a vu l’Esprit venir sur lui. Il lui avait été révélé que c’était le signe que c’était lui qui baptisait dans l’Esprit Saint. Il donne le témoignage que c’est lui le Fils de Dieu.

Jean Baptiste a rendu témoignage devant des autorités religieuses soupçonneuses sinon hostiles. Il a refusé de s’identifier avec les figures qui annonçaient le Messie ou avec le Messie lui-même. Le rôle qu’il accepte est celui d’un serviteur qui annonce et prépare la venue du Seigneur.

Maintenant, il rend témoignage devant ses propres disciples. En faisant cela, il accepte de les diriger vers celui qui vient et d’éventuellement de les perdre. En dépit de son prestige auprès des foules, il est vraiment celui qui veut être l’humble serviteur du plus grand que lui.

A ses disciples, en voyant venir Jésus, Jean Baptiste déclare: Voici l’Agneau de Dieu. Dans le contexte d’Israël, l’agneau est d’abord l’agneau pascal. Il rappelle l’agneau qu’on a immolé et mangé en Égypte sur l’ordre de Dieu. C’est le sang de cet agneau sur les portes des maisons d’Israël qui les a protégés de l’épidémie qui frappait l’Égypte. C’est cette protection qui a permis le départ, la libération d’Égypte et l’Alliance du Sinaï. Dans l’évangile de Jean, Jésus meurt au moment où on immole les agneaux pour la fête de Pâques. Jésus est la libération, la nouvelle Pâques.

Jean Baptiste dit qu’il a eu une vision où l’Esprit descendait sur Jésus sous forme d’une colombe. L’image de la colombe et celle de l’Agneau qu’il utilisera plus loin sont des images qui évoque la douceur et qui coïncident avec la parole du Christ qui invite à venir à lui parce qu’il est doux et humble de cœur (Mt.11,29). Pourtant, l’Esprit, le Souffle de Dieu, même s’il peut être délicat, représente la puissance de l’action de Dieu. Et l’Agneau, dans la vision de l’Apocalypse, parce qu’il est passée à travers l’immolation est devenu une figure de puissance pour libérer les captifs des pouvoirs du mal. On a donc ce contraste de la puissance de Dieu qui se manifeste dans l’humilité et la douceur de son Fils.

En commençant par cette vision de l’Esprit descendant sur Jésus, Jean Baptiste reconnaît en lui celui qui apporte les temps messianiques, le temps de la nouvelle alliance. Dans Ézéchiel, Dieu avait dit en parlant d’une nouvelle alliance: Je mettrai mon Esprit en eux. Et plus tard, le prophète Joël avait vu la présence de l’Esprit dans chacun comme la caractéristique des temps nouveaux. Jésus est ainsi révélé comme celui qu’on attendait et qui est envoyé par Dieu. Il est celui qui va donner l’Esprit en baptisant dans l’Esprit.

Le sommet de son témoignage est : C’est lui le Fils de Dieu. Cette profession de foi ne prendra toute sa force qu’avec la résurrection du Christ. A ses disciples, en voyant venir Jésus, Jean Baptiste déclare: Voici l’Agneau de Dieu.

Jean Gobeil SJ

2023/01/02 – Jn 1, 19-28

Après le prologue de l’évangile qui donnait le sens global de la personne du Christ dans le plan divin, l’évangéliste commence l’annonce de la vie publique de Jésus par le témoignage de Jean Baptiste. Des Juifs, c’est-à-dire des autorités religieuses, viennent demander à Jean Baptiste qui il est et pourquoi il pratique ce rite spécial d’un baptême. Jean déclare qu’il n’est pas le Messie attendu, ni le prophète Elie qui était supposé revenir précéder le Messie, ni le prophète comme Moïse que ce dernier avait promis. Il dit qu’il vient annoncer la présence d’un plus grand que lui et que son baptême n’est qu’un signe de préparation et d’accueil pour celui qui va venir.  L’endroit où se tient Jean Baptiste et où les gens vont le trouver est sur le bord gauche du Jourdain et s’appelle Béthanie, à ne pas confondre avec l’autre Béthanie près de Jérusalem où vivait Lazare et ses soeurs.

Le Prologue de l’évangile avait dit que Jean Baptiste n’était pas la lumière mais qu’il était celui qui rendait témoignage à la lumière. C’est par le témoignage de Jean Baptiste que commence la vie publique de Jésus.

Et ce témoignage ressemble déjà à celui qui est fait dans un procès. La mention des Juifs reviendra dans l’évangile pour signifier ceux, parmi la population juive, qui refusent d’accueillir Jésus. On va préciser qu’il s’agit ici des autorités du temple, les prêtres et les lévites, et des autorités en matière d’interprétation de la Loi, les Pharisiens. Ils ne viennent certainement pas pour se faire baptiser.  Ils viennent demander à Jean Baptiste de se justifier: qui est-il et quel est son rôle.

Comme dans le Prologue, Jean Baptiste commence par dire ce qu’il n’est pas. Il n’est pas le Christ, c’est-à-dire le Messie attendu. Il n’était pas non plus Élie que Dieu, croyait-on, avait gardé vivant pour la mission d’annoncer un jour la venue de Dieu. Il n’était pas celui qu’avait promis Moïse:  Yahvé ton Dieu suscitera pour toi, du milieu de toi, parmi tes frères, un prophète comme moi que vous écouterez.  (Deutéronome 18,14)

Il déclare qu’il n’est qu’une voix qui avertit qu’il faut préparer par sa conduite la venue du Seigneur, comme avait prédit Isaïe. Son baptême n’est qu’un signe de préparation. Devant celui qui vient, il n’est qu’un très humble serviteur.

Jésus dira plus tard que c’est Jean Baptiste qui a rempli le rôle qu’on attribuait à Élie et il ajoutera qu’il était même plus qu’un prophète. Dans sa première prédication, Pierre dira que Jésus était ce prophète annoncé par Moïse: il avait apporté la dernière révélation. Mais il devra ajouter qu’en plus d’apporter la révélation, il avait apporté la transformation en donnant le pain de vie.

Jean Gobeil SJ