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Les centurions constituaient le coeur d’une légion romaine. Au temps de Jésus, les Romains, ces étrangers païens, occupaient le pays et suscitaient la haine des Juifs. Les évangiles au contraire présentent les centurions sous un jour favorable. Rappelons-nous celui, qui, devant Jésus mourant en croix, donne la réponse à la question que les gens se posaient tout au long de l’Évangile de Marc, “Qui est donc cet homme ?” Le centurion de garde s’écrie à la mort du Christ : “En vérité, cet homme était Fils de Dieu.” (Mc 15, 39) Cet officier et celui dont il est question aujourd’hui préfiguraient les païens qui, en grand nombre, entrèrent par la suite dans l’Église.
Selon la loi ancienne, un maître avait tous les droits sur son esclave et aucun devoir envers lui. Celui-ci était sa chose, comme un animal, qui lui appartenait. Aussi la générosité du centurion qui aborde Jésus et la peine qu’il ressent à cause de la paralysie dont souffre son esclave – il est au lit et souffre terriblement – contrastent avec la dureté des maîtres de cette époque, et surtout avec la rudesse des officiers romains.
Non seulement ce capitaine de l’armée se montre sensible et solidaire d’un pauvre, son esclave, mais il a une foi admirable en Jésus. Dans un premier moment, il expose seulement le mal dont souffre son esclave ; il demande discrètement à Jésus de le soulager et, peut-être, de le guérir. En réponse au centurion, Jésus, comprenant le but de sa démarche, lui déclare qu’il ira le guérir. Exaucé par cette déclaration, cet homme n’a plus rien à ajouter.
Et pourtant…il sait que Jésus ne peut entrer dans une maison païenne sans encourir une impureté légale, dont il devra se purifier pendant une semaine. Il a conscience que le peuple le considère comme un pestiféré, dont le contact est contagieux. En dépit de sa force militaire et de la peur qu’il inspire, il éprouve un sentiment d’indignité, Je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. Pour lui, Jésus possède un pouvoir qui dépasse celui qu’il exerce sur ses soldats et ses esclaves, mais dont l’efficacité est du même genre. Le Christ peut commander à la paralysie comme lui, l’officier et le maître, à ses soldats ou à ses esclaves. Selon la crédulité de cette époque, il fallait toucher un malade pour le guérir. Mais la foi de ce païen va plus loin que cette crédulité magique, car il croit que la seule parole de Jésus produit l’effet désiré, même s’il ne voit pas ou ne touche pas l’esclave paralysé.
À l’opposé, le refus du peuple élu
Une telle foi chez un païen suscite l’admiration de Jésus. Les seuls moments où les évangélistes signalent l’admiration de Jésus, c’est lorsqu’il découvre la foi de son interlocuteur. “Comme ta foi est grande !” (Mt 15, 28), répondra-t-il à la femme cananéenne, une autre païenne. Ici, il s’adresse à la foule et il introduit son admiration par la formule solennelle : “Amen, je vous le déclare”.
Jésus compare cette foi à l’incompréhension et au refus que son peuple lui a opposés, ce peuple héritier des ancêtres, Abraham, Isaac et Jacob. Dieu avait promis à ce peuple, qu’il avait choisi, la participation au banquet céleste. Mais, pour entrer dans le Royaume de la vie et du bonheur, il fallait s’ouvrir par la foi à l’invitation de Dieu proclamée par son Fils. Aussi Jésus, tout attristé, constate avec douleur : “Les héritiers du Royaume seront jetés dehors.”
En refusant l’invitation, ce sont les héritiers qui ont choisi les ténèbres de l’extérieur. Mais ce n’est pas Dieu ou Jésus qui condamne, car il dira clairement : “Moi (et le Père en lui), je ne juge personne” (Jn 8,15). En quoi donc consistent le jugement et la condamnation ? “La lumière (le Christ) est venu dans le monde et les humains ont préféré les ténèbres à la lumière” (Jean 3,19). Celui qui refuse de croire et d’accueillir la lumière et la vie se condamne lui-même. La peine du condamné vient de la frustration d’un bien nécessaire à son bonheur, dont il s’est privé librement.
Maintenant la fièvre et d’autres maladies
Après avoir guéri de la lèpre, de la paralysie, Jésus réconforte la belle-mère de Pierre, qui souffre d’un autre mal, la fièvre. La communication avec la malade s’établit, cette fois, par le toucher ; la guérison est instantanée : “Il lui prit la main, et la fièvre la quitta.” La suite peut surprendre : “Elle se leva et elle les servait.” Pour l’évangéliste, ce service montre que la guérison est parfaite et qu’un don reçu gratuitement ne peut être conservé égoïstement pour soi-même, mais il doit se traduire en service pour le bien du prochain.
La réputation de Jésus se répand dans le peuple, qui lui amène de nombreux possédés, qui ne sont plus libres, parce qu’ils sont habités et dominés comme des esclaves. Cette domination, qui détruit la liberté et qui empêche de se posséder soi-même, est une tragédie qui sévit à toutes les époques. C’est “par sa parole”, semblable à la parole créatrice de Dieu (Gen 1,3.6…), que Jésus les guérit. L’évangéliste voit dans ces guérisons la figure du Serviteur souffrant Isaïe 53,4), qui a pris sur lui nos faiblesses et nos maladies. Matthieu annonce ainsi que Jésus en croix prendra sur lui toute la misère du monde.
P. Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2023/06/30 – Mt 8, 1-4

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Après son long message inaugural, dans lequel il annonçait le bonheur, la joie et la vie (Mt, chap. 5, 6 et 7), Jésus montre maintenant par des guérisons que le royaume de Dieu est proche. Une série de dix signes (chap. 8 et 9) attestent que le Seigneur intervient pour sauver les humains : “Ta foi t’a sauvé” (Luc 7,50). L’attitude requise : avoir confiance et accueillir la miséricorde du Dieu vivant, qui ressuscite et rénove le monde.
“Une foule de gens” (Mt 7,28s) suivent Jésus, impressionnés par son enseignement proclamé d’autorité. Mais leur enthousiasme est superficiel, il n’a pas de profondeur. Aussi leur admiration n’aura qu’un moment.
Un mort vivant
À l’époque de Jésus, la lèpre était la plus terrible des maladies. Elle réduisait le malade à l’état d’une épave hideuse, dont l’apparence devenait répugnante. Peu à peu, des ulcères couvraient entièrement le lépreux, qui perdait toute sensibilité et l’usage de ses membres. Selon le genre de lèpre, le malade pouvait souffrir durant une vingtaine d’années avant de mourir. Durant toutes ces années, il survivait à l’état de mort vivant.
La condition physique du lépreux était terrible, mais la réprobation morale était pire, car la société réprouvait son impureté morale et elle lui imposait l’isolement, à l’écart des villes et des villages. Une fois que le prêtre avait constaté la lèpre, il bannissait le malade, qui vivait dans la solitude. “Il faut que l’homme atteint de la lèpre porte des vêtements déchirés, ne se coiffe pas et se couvre le bas du visage. Il doit crier : ‘Impur ! Impur !’ Il est impur aussi longtemps qu’il est atteint de son mal ; c’est pourquoi il doit avoir sa demeure à l’écart des autres gens, en dehors du camp” (Lév 13,45s).
Le mot “impur” signifie bien la dépravation morale du lépreux ; la répugnance de son physique manifestait ses péchés. Comme cette époque ne distinguait pas l’âme du corps et que l’on considérait la personne humaine comme un tout unifié, l’état physique révélait le moral. D’où la réprobation populaire repoussait un lépreux, plus que la crainte de la contagion. C’est pourquoi ce n’était pas le médecin qui prononçait un verdict sur le lépreux, mais le prêtre.
Audace du lépreux et de Jésus
Ce personnage répugnant s’approche de Jésus, contrairement à la défense que la loi lui imposait. Il croit que celui qui peut le guérir est là, tout proche. La guérison est à sa portée. Entre la prescription de la loi, d’un côté, et le salut en Jésus, de l’autre, sa confiance au Seigneur lui indique le choix de la vie. Sa condition de marginal et de reclus le rend humble, “Il se met à genoux devant Jésus”. Il n’ose pas demander directement “guéris-moi”, mais il implore discrètement, “Maître, si tu le veux.” Il est le modèle de nos demandes au Seigneur, qui devraient toujours être au conditionnel “Si c’est votre sainte volonté.” Notre prière a toujours pour but ultime de conformer notre volonté à celle de Dieu, dans la foi qu’il veut notre bonheur mieux que nous.
De son côté, Jésus n’hésite pas à enfreindre la loi, qui défendait d’approcher et surtout de toucher un lépreux. La condition de péché se transmettait à celui qui touchait un lépreux ou même un mort. Celui qui commettait cette faute devait se purifier pendant une semaine. Par compassion, Jésus partage la condition d’impureté légale du lépreux en le touchant. La bonté l’emporte sur le légalisme.
En accord avec la demande d’être purifié, Jésus déclara avec une autorité souveraine : “Je le veux, sois pur.” Cette volonté de salut se réalise à l’instant, “L’homme fut purifié de sa lèpre.” Jésus se conforme cependant à la loi, qui exige la déclaration du prêtre pour que le lépreux guéri puisse reprendre une vie normale au milieu des siens. De plus, il doit offrir un sacrifice pour remercier Dieu de sa guérison. Le Livre du Lévitique (14, 1-32) décrit en détail cette cérémonie de la réintégration du lépreux purifié.
La lèpre n’est pas un phénomène isolé, mais elle atteint toute la personne qui souffre de cette infection. Le physique ne peut être séparé de l’intérieur, du coeur, car on ne distingue une partie de l’autre dans l’être humain, qui forme un tout uni. La dimension morale éclipse alors l’aspect physique, qui n’est qu’une manifestation extérieure de l’intérieur de l’homme. Aussi les guérisons de Jésus ne concernent pas seulement un membre de l’infirme, mais elles signifient le salut complet de la personne, sa restauration et sa résurrection.
On pourrait penser qu’un tel récit se limite à une époque lointaine, puisque la lèpre n’existe plus de nos jours, sauf dans quelques contrées en voie de développement. Mais c’est oublier que la lèpre est une forme particulière du mal qui dégrade la personne humaine. Le mal peut prendre, malheureusement, de multiples autres formes : l’alcoolisme, la drogue … Il serait injuste d’assimiler ces esclavages, comme autrefois, au péché et à la séparation de Dieu, la source de la vie. Mais tout le monde constate que ces malheurs avilissent l’être humain, le détruisent et le mènent à la mort. Comme pour le lépreux, la guérison est possible pour tous, à toutes les époques. Le Seigneur a transmis à ses disciples son pouvoir de libération : “Guérissez les malades de cette ville” Luc 10,9). À travers les soixante-douze disciples, le Ressuscité ordonne à tous les siens et à son Église d’être ses instruments de guérison : “Ils poseront leurs mains sur les malades et ceux-ci seront guéris” (Marc 16, 18).

P. Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2023/06/29 – Mt 16, 13-19

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Dans le territoire païen de Césarée de Philippe, Jésus demande à ses disciples: Pour vous, qui suis-je? Pierre répond en son nom et au nom des Douze: Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. Jésus déclare que cette profession de foi lui vient du Père et qu’il sera le roc sur lequel l’Église sera bâtie. Il aura le pouvoir de lier et de délier, c’est-à-dire de défendre ou de permettre.
La chaire représente l’endroit d’où se fait l’enseignement religieux. Avec l’établissement de Pierre à Rome, l’église de Rome devient la chaire de l’enseignement apostolique et le symbole de l’unité de l’Église. On se rappelle qu’un jour, la chaire de Jésus a été un banc où Jésus s’était assis dans la barque de Pierre pour prêcher à la foule (Luc 5). Quand Jésus a fini de parler, il dit à Pierre de s’éloigner du rivage et de jeter les filets à l’eau. C’est la pêche miraculeuse où Pierre prend conscience de la puissance du Christ et de son indignité: Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. Le Christ le rassure: Sois sans crainte. Et il lui révèle sa vocation: Désormais ce sont des hommes que tu prendras-vivants.
Après le discours sur le pain de vie, beaucoup des disciples de Jésus le quittent. Jésus demande aux Douze: Voulez-vous partir, vous aussi? C’est Pierre qui répond au nom des Douze et qui fait une belle profession de foi: Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle. … Tu es le Saint de Dieu. (Jean 6,67-69)
La profession de foi de Pierre à Césarée de Philippe est importante dans le déroulement des synoptiques. Après les opinions des gens qui restent incertaines, on a une affirmation claire que Jésus est le Messie et Jésus accepte cette identification. Mais pour Pierre, elle n’est pas encore complète, puisqu’elle ne comprend pas la Passion. Cela fera qu’après avoir eu le courage d’aller dans la cour du grand prêtre après l’arrestation de Jésus, il le reniera à cause d’une servante.
En dépit de cela, Jésus confirmera son poste à la tête de son troupeau en lui disant : Paix mes agneaux…. Paix mes brebis…. (Jean 21,15-17)
On voit, dans le livre des Actes, que ce choix a été respecté dans l’église primitive et il continue de l’être dans la célébration de la fête d’aujourd’hui.
P. Jean Gobeil SJ

(Français) 2023/06/28 – Mt 7, 15-20

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Ce passage, toujours dans la conclusion du sermon sur la montagne, est un avertissement à la communauté: il faut se défier des pseudo-prophètes. Ils peuvent bien paraître, déguisés en brebis, mais ils sont en réalité des loups voraces. Leur titre et leur apparence ne sont pas une garantie. Le meilleur critère pour reconnaître ce qu’ils sont vraiment est de voir si leurs actes, leurs fruits, et leur conduite sont en accord avec l’enseignement du Christ. Tout arbre bon donne de beaux fruits.
Le prophète Joël avait prédit qu’avec la venue du Messie et l’ère nouvelle l’Esprit Saint serait répandu dans tous les fidèles : Je répandrai mon Esprit sur toute chair. Vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens auront de songes, vos jeunes gens des visions.
Dans l’évangile de l’enfance de Luc, on voit qu’avec la présence du Verbe la présence de l’Esprit Saint se manifeste dans Marie, dans Élisabeth, au temple dans le vieillard Siméon et la prophétesse Anne. Dans les Actes des apôtres qui décrivent les débuts de l’Église, cette présence se manifeste lors de la Pentecôte où Pierre déclare que la prophétie de Joël est maintenant réalisée. Cette présence continue de se manifester après la Pentecôte de diverses façons. Ce sont les dons ou grâces données aux individus pour servir la communauté. Parmi ces dons, il y a celui de parler sous l’inspiration de l’Esprit Saint: le don de prophétie. Il peut être occasionnel comme après le baptême où souvent le nouveau baptisé est dit “prophétiser”. Occasionnellement, prophétiser implique une prédiction dont l’annonce demande une démarche de la communauté: à Antioche, un prophète annonce une famine et la communauté doit préparer de l’aide pour l’église de Jérusalem (Actes 11,28). Mais une prophétie n’est pas nécessairement une prédiction de l’avenir. Paul décrit l’action de prophétiser comme une action d’édifier, exhorter, réconforter (1 Corinthiens 14,3).
Ceux qui avaient ce charisme ou ce don qui évidemment était très important pour la communauté étaient considérés comme des prophètes de façon permanente pour les distinguer des autres services comme celui des docteurs (ceux qui enseignaient) ou des prédicateurs comme Apollos qui était un très bon prédicateur, pourtant n’est pas appelé un prophète.
Paul appréciait le rôle des prophètes dans la communauté; il recommande aux Thessaloniciens de ne pas déprécier les dons de prophétie (1 Thessaloniciens,5,19-21) mais d’utiliser quand même le discernement qui est aussi un don de l’Esprit. Le même discernement est suggéré aux prophètes de Corinthe (1 Corinthiens 14,29-32). Ceci vaut à l’intérieur d’une communauté. Les difficultés commenceront plus tard quand des gens venus de l’extérieur de la communauté se présenteront en se prétendant prophètes. Le prophétisme pouvait exercer de l’attrait sur des gens qui avaient le goût du prestige, du pouvoir ou du profit. Dès les débuts, Simon le magicien avait essayé d’obtenir le don de prophétie en offrant de l’argent à Pierre.
C’est donc une invitation au discernement qui est spécialement faite à la communauté à laquelle s’adresse Matthieu. Mais il reste que le discernement est toujours un don de l’Esprit et il doit encore être exercé sérieusement.
P. Jean Gobeil SJ

(Français) 2023/06/27 – Mt 7, 6.12-14

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Le texte contient trois prescriptions: d’abord de ne pas donner aux chiens ou aux cochons ce qui est sacré; la seconde commande de faire pour les hommes tout ce qu’on voudrait qu’ils fassent pour soi et la troisième, de choisir la porte étroite qui conduit à la vie alors que la porte large conduit à la perdition.
La première recommandation est probablement à comprendre dans un contexte de persécution comme celui où Jésus dit qu’on doit être comme des brebis au milieu des loups et se montrer rusés comme des serpents et candides comme des colombes (Mt.10,16). Il ne faut pas proposer une doctrine précieuse comme le contenu du sermon sur la montagne à des gens incapables de la recevoir et qui pourraient en abuser (Cf. Note BJ). Il ne faut pas risquer la profanation des choses saintes.
Avec la seconde recommandation, qui est en fait un commandement et qu’on appelle la Règle d’Or, on entre dans la conclusion du sermon sur la montagne. La règle d’or existait déjà dans une version négative comme on la retrouve dans saint Paul (Rom.13,10) : La charité ne fait point de tort au prochain. La charité est donc la Loi dans sa plénitude.
Un rabbin célèbre (Hillel) avait dit un peu avant Jésus : “Ce qui te déplaît, ne le fais pas à autrui: voilà toute la Loi! Tout le reste n’est que commentaire.”
Mais Jésus en disant de faire pour les autres ce qu’on voudrait qu’on fasse pour soi présente quelque chose de beaucoup plus exigeant que simplement de ne pas faire de tort. En outre, il y a de l’insistance: Faites tout ce que vous voudriez qu’on fasse pour vous. Enfin, en disant pour les hommes (au lieu de pour vos frères), le commandement a une portée qui dépasse les limites de la communauté: il n’y a pas de frontière pour l’identité du prochain. Jésus conclut la règle d’or en disant : voilà ce que dit toute l’Écriture: la Loi et les Prophètes.
Au début du sermon sur la montagne Jésus avait déclaré: N’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes; je ne suis pas venu abolir mais accomplir.
Ainsi il conclut avec la règle d’or comme si c’était un résumé de l’accomplissement qu’il apportait à l’Ancien Testament.
La troisième recommandation au terme du sermon sur la montagne vient rappeler qu’il y a un choix à faire. Si on accepte d’être membre du Royaume et de mettre en pratique l’esprit du sermon sur la montagne, on ne choisit pas la facilité, la porte large mais on prend la porte étroite, on accepte les difficultés et les efforts: c’est la porte étroite qui mène à la vie.
Dans l’Ancien Testament, au lieu de parler de porte on employait l’image du chemin: le chemin des justes et le chemin des méchants comme dans le Psaume 1. Ou bien, comme dans le Deutéronome, on parlait des deux voies : Je te propose aujourd’hui vie et bonheur, mort et malheur. … Je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez, aimant Yahvé ton Dieu, écoutant sa voix, t’attachant à lui; car là est ta vie.

P. Jean Gobeil SJ

(Français) 2023/06/26 – Mt 7, 1-5

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Dans le sermon sur la montagne, Jésus déclare: Ne jugez pas pour ne pas être jugés. Le jugement que vous portez contre les autres, sera portée aussi contre vous; la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. Avant de vouloir corriger les autres il faut d’abord trouver ce qu’il faut corriger en soi.

Il est peut-être utile de nous situer. Le sermon a commencé par les béatitudes qui déclaraient que les valeurs du Royaume pouvaient sembler paradoxales aux yeux du monde. Ensuite, il y eut l’avertissement que la justice du Royaume ne venait pas abolir la Loi révélée à travers l’histoire d’Israël mais qu’elle venait la compléter. On peut considérer cette partie comme une introduction.

Ensuite, ce qu’on pourrait appeler le corps du sermon présente 8 antithèses: Vous avez entendu…. Et bien moi je vous dis… Dans cette partie, des exemples sont donnés pour montrer que la justice du Royaume, c’est-à-dire la fidélité à la volonté de Dieu, va plus loin que ce que la Loi demandait.  Cette partie se termine par la prescription de l’amour des ennemis basé sur le fait que ceux qui appartiennent au Royaume savent qu’ils sont des enfants de Dieu et doivent se comporter comme Lui.

La partie suivante traite de la prière et de la sincérité qu’elle doit avoir pour être authentique. C’est là que Jésus donne l’exemple du Notre Père, nous associant à sa propre prière.

Nous arrivons à la troisième partie qui traite des attitudes de base à avoir pour faire partie de la communauté dans le Royaume. Il faut se rappeler qu’on ne peut servir Dieu et l’argent. Il faut se rappeler aussi que les préoccupations matérielles ne doivent pas bloquer tout notre horizon. Et nous arrivons à cette recommandation de ne pas juger.

Ceci vise surtout une communauté. La tentation est facile pour des gens qui ont un grand idéal de vouloir forcer les autres à se conformer à leur façon de voir. Cela peut prendre la forme de critiques, de dénonciations ou même aller jusqu’à des condamnations. On peut empoisonner une atmosphère au nom de la vertu! Jésus déclare que le jugement, il faut se l’appliquer avant de l’appliquer aux autres et qu’il faut travailler à se corriger avant de vouloir corriger les autres. La sévérité, c’est à soi-même qu’il faut l’appliquer. C’est un problème qui a dû se présenter dans les communautés chrétiennes puisque l’épître de saint Jacques en parle en attaquant vigoureusement la prétention à juger les autres: c’est elle qui entraîne la médisance, dit-il (Jacques, 4,11-12). Il n’y a qu’un juge: c’est Dieu. Et toi, dit-il, qui es-tu pour juger le prochain? En d’autres mots, tu te prends pour un autre!

Dieu seul est juge parce que Dieu seul est le législateur. Lui seul sait parfaitement ce qu’il y a dans ce qu’il demande. Et lui seul connaît le fond de notre coeur.

P. Jean Gobeil SJ

(Français) 2021/06/26 – Mt 8, 5-17

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Les centurions constituaient le cœur d’une légion romaine. Au temps de Jésus, les Romains, ces étrangers païens, occupaient le pays et suscitaient la haine des Juifs. Les évangiles au contraire présentent les centurions sous un jour favorable. Rappelons-nous celui, qui, devant Jésus mourant en croix, donne la réponse à la question que les gens se posaient tout au long de l’Évangile de Marc, “Qui est donc cet homme?” Le centurion de garde s’écrie à la mort du Christ: “En vérité, cet homme était Fils de Dieu.” (Mc 15, 39) Cet officier et celui dont il est question aujourd’hui préfiguraient les païens qui, en grand nombre, entrèrent par la suite dans l’Église.

Selon la loi ancienne, un maître avait tous les droits sur son esclave et aucun devoir envers lui. Celui-ci était sa chose, comme un animal, qui lui appartenait. Aussi la générosité du centurion qui aborde Jésus et la peine qu’il ressent à cause de la paralysie dont souffre son esclave – il est au lit et souffre terriblement – contrastent avec la dureté des maîtres de cette époque, et surtout avec la rudesse des officiers romains.

Non seulement ce capitaine de l’armée se montre sensible et solidaire d’un pauvre, son esclave, mais il a une foi admirable en Jésus. Dans un premier moment, il expose seulement le mal dont souffre son esclave; il demande discrètement à Jésus de le soulager et, peut-être, de le guérir. En réponse au centurion, Jésus, comprenant le but de sa démarche, lui déclare qu’il ira le guérir. Exaucé par cette déclaration, cet homme n’a plus rien à ajouter.

Et pourtant…il sait que Jésus ne peut entrer dans une maison païenne sans encourir une impureté légale, dont il devra se purifier pendant une semaine. Il a conscience que le peuple le considère comme un pestiféré, dont le contact est contagieux. En dépit de sa force militaire et de la peur qu’il inspire, il éprouve un sentiment d’indignité, Je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. Pour lui, Jésus possède un pouvoir qui dépasse celui qu’il exerce sur ses soldats et ses esclaves, mais dont l’efficacité est du même genre. Le Christ peut commander à la paralysie comme lui, l’officier et le maître, à ses soldats ou à ses esclaves. Selon la crédulité de cette époque, il fallait toucher un malade pour le guérir. Mais la foi de ce païen va plus loin que cette crédulité magique, car il croit que la seule parole de Jésus produit l’effet désiré, même s’il ne voit pas ou ne touche pas l’esclave paralysé.

Une telle foi chez un païen suscite l’admiration de Jésus. Les seuls moment où les évangélistes signalent l’admiration de Jésus, c’est lorsqu’il découvre la foi de son interlocuteur. “Comme ta foi est grande!” (Mt 15, 28), répondra-t-il à la femme cananéenne, une autre païenne. Ici, il s’adresse à la foule et il introduit son admiration par la formule solennelle: “Amen, je vous le déclare”.
Jésus compare cette foi à l’incompréhension et au refus que son peuple lui a opposés, ce peuple héritier des ancêtres, Abraham, Isaac et Jacob. Dieu avait promis à ce peuple, qu’il avait choisi, la participation au banquet céleste. Mais, pour entrer dans le Royaume de la vie et du bonheur, il fallait s’ouvrir par la foi à l’invitation de Dieu proclamée par son Fils. Aussi Jésus, tout attristé, constate avec douleur: “Les héritiers du Royaume seront jetés dehors.”

En refusant l’invitation, ce sont les héritiers qui ont choisi les ténèbres de l’extérieur. Mais ce n’est pas Dieu ou Jésus qui condamne, car il dira clairement: “Moi (et le Père en lui), je ne juge personne” (Jn 8,15). En quoi donc consistent le jugement et la condamnation? “La lumière (le Christ) est venu dans le monde et les humains ont préféré les ténèbres à la lumière” (Jean 3,19). Celui qui refuse de croire et d’accueillir la lumière et la vie se condamne lui-même. La peine du condamné vient de la frustration d’un bien nécessaire à son bonheur, dont il s’est privé librement.
Maintenant la fièvre et d’autres maladies

Après avoir guéri de la lèpre, de la paralysie, Jésus réconforte la belle-mère de Pierre, qui souffre d’un autre mal, la fièvre. La communication avec la malade s’établit, cette fois, par le toucher; la guérison est instantanée: “Il lui prit la main, et la fièvre la quitta.” La suite peut surprendre: “Elle se leva et elle les servait.” Pour l’évangéliste, ce service montre que la guérison est parfaite et qu’un don reçu gratuitement ne peut être conservé égoïstement pour soi-même, mais il doit se traduire en service pour le bien du prochain.

La réputation de Jésus se répand dans le peuple, qui lui amène de nombreux possédés, qui ne sont plus libres, parce qu’ils sont habités et dominés comme des esclaves. Cette domination, qui détruit la liberté et qui empêche de se posséder soi-même, est une tragédie qui sévit à toutes les époques. C’est “par sa parole”, semblable à la parole créatrice de Dieu (Gen 1,3.6…), que Jésus les guérit. L’évangéliste voit dans ces guérisons la figure du Serviteur souffrant Isaïe 53,4), qui a pris sur lui nos faiblesses et nos maladies. Matthieu annonce ainsi que Jésus en croix prendra sur lui toute la misère du monde.

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2021/06/25 – Mt 8, 1-4

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Après son long message inaugural, dans lequel il annonçait le bonheur, la joie et la vie (Mt, chap. 5, 6 et 7), Jésus montre maintenant par des guérisons que le royaume de Dieu est proche. Une série de dix signes (chap. 8 et 9) attestent que le Seigneur intervient pour sauver les humains: “Ta foi t’a sauvé” (Luc 7,50). L’attitude requise : avoir confiance et accueillir la miséricorde du Dieu vivant, qui ressuscite et rénove le monde. “Une foule de gens” (Mt 7,28s) suivent Jésus, impressionnés par son enseignement proclamé d’autorité. Mais leur enthousiasme est superficiel, il n’a pas de profondeur. Aussi leur admiration n’aura qu’un moment.

À l’époque de Jésus, la lèpre était la plus terrible des maladies. Elle réduisait le malade à l’état d’une épave hideuse, dont l’apparence devenait répugnante. Peu à peu, des ulcères couvraient entièrement le lépreux, qui perdait toute sensibilité et l’usage de ses membres. Selon le genre de lèpre, le malade pouvait souffrir durant une vingtaine d’années avant de mourir. Durant toutes ces années, il survivait à l’état de mort vivant.

La condition physique du lépreux était terrible, mais la réprobation morale était pire, car la société réprouvait son impureté morale et elle lui imposait l’isolement, à l’écart des villes et des villages. Une fois que le prêtre avait constaté la lèpre, il bannissait le malade, qui vivait dans la solitude. “Il faut que l’homme atteint de la lèpre porte des vêtements déchirés, ne se coiffe pas et se couvre le bas du visage. Il doit crier: ‘Impur! Impur!’ Il est impur aussi longtemps qu’il est atteint de son mal; c’est pourquoi il doit avoir sa demeure à l’écart des autres gens, en dehors du camp” (Lév 13,45s).

Le mot “impur” signifie bien la dépravation morale du lépreux; la répugnance de son physique manifestait ses péchés. Comme cette époque ne distinguait pas l’âme du corps et que l’on considérait la personne humaine comme un tout unifié, l’état physique révélait le moral. D’où la réprobation populaire repoussait un lépreux, plus que la crainte de la contagion. C’est pourquoi ce n’était pas le médecin qui prononçait un verdict sur le lépreux, mais le prêtre.

Ce personnage répugnant s’approche de Jésus, contrairement à la défense que la loi lui imposait. Il croit que celui qui peut le guérir est là, tout proche. La guérison est à sa portée. Entre la prescription de la loi, d’un côté, et le salut en Jésus, de l’autre, sa confiance au Seigneur lui indique le choix de la vie. Sa condition de marginal et de reclus le rend humble, “Il se met à genoux devant Jésus”. Il n’ose pas demander directement “guéris-moi”, mais il implore discrètement, “Maître, si tu le veux.” Il est le modèle de nos demandes au Seigneur, qui devraient toujours être au conditionnel “Si c’est votre sainte volonté.” Notre prière a toujours pour but ultime de conformer notre volonté à celle de Dieu, dans la foi qu’il veut notre bonheur mieux que nous.

De son côté, Jésus n’hésite pas à enfreindre la loi, qui défendait d’approcher et surtout de toucher un lépreux. La condition de péché se transmettait à celui qui touchait un lépreux ou même un mort. Celui qui commettait cette faute devait se purifier pendant une semaine. Par compassion, Jésus partage la condition d’impureté légale du lépreux en le touchant. La bonté l’emporte sur le légalisme.

En accord avec la demande d’être purifié, Jésus déclara avec une autorité souveraine: “Je le veux, sois pur.” Cette volonté de salut se réalise à l’instant, “L’homme fut purifié de sa lèpre.” Jésus se conforme cependant à la loi, qui exige la déclaration du prêtre pour que le lépreux guéri puisse reprendre une vie normale au milieu des siens. De plus, il doit offrir un sacrifice pour remercier Dieu de sa guérison. Le Livre du Lévitique (14, 1-32) décrit en détail cette cérémonie de la réintégration du lépreux purifié.

La lèpre n’est pas un phénomène isolé, mais elle atteint toute la personne qui souffre de cette infection. Le physique ne peut être séparé de l’intérieur, du cœur, car on ne distingue une partie de l’autre dans l’être humain, qui forme un tout uni. La dimension morale éclipse alors l’aspect physique, qui n’est qu’une manifestation extérieure de l’intérieur de l’homme. Aussi les guérisons de Jésus ne concernent pas seulement un membre de l’infirme, mais elles signifient le salut complet de la personne, sa restauration et sa résurrection.

On pourrait penser qu’un tel récit se limite à une époque lointaine, puisque la lèpre n’existe plus de nos jours, sauf dans quelques contrées en voie de développement. Mais c’est oublier que la lèpre est une forme particulière du mal qui dégrade la personne humaine. Le mal peut prendre, malheureusement, de multiples autres formes: l’alcoolisme, la drogue, le sida,… Il serait injuste d’assimiler ces esclavages, comme autrefois, au péché et à la séparation de Dieu, la source de la vie. Mais tout le monde constate que ces malheurs avilissent l’être humain, le détruisent et le mènent à la mort. Comme pour le lépreux, la guérison est possible pour tous, à toutes les époques. Le Seigneur a transmis à ses disciples son pouvoir de libération: “Guérissez les malades de cette ville” Luc 10,9). À travers les soixante-douze disciples, le Ressuscité ordonne à tous les siens et à son Église d’être ses instruments de guérison: “Ils poseront leurs mains sur les malades et ceux-ci seront guéris” (Marc 16, 18).

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2021/06/24 – Lc 1, 57-66.80

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La naissance de Jean-Baptiste est cause de joie pour la famille et les voisins d’Elisabeth. A la circoncision, Elisabeth et Zacharie, séparément, ont l’inspiration de lui donner le nom de Jean, un nom qui n’appartient pas à la tradition de la famille, pour souligner l’action de Dieu et le présage d’une vocation spéciale. Zacharie retrouve alors la parole et loue le Seigneur. La main du Seigneur était avec Jean et les gens se demandaient quelle serait sa vocation.

Pour Jean, l’évangéliste, Jean-Baptiste est celui qui témoigne. En voyant Jésus il déclare: “Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.” L’Agneau est une référence à l’agneau pascal, un symbole de libération. Il enlève le péché du monde: c’est une référence à la prédiction d’Isaïe sur le personnage futur du serviteur qui portera ou enlèvera les péchés. Il est donc le Sauveur qui vient libérer. “Celui qui m’avait envoyé m’avait dit: “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise dans l’Esprit Saint”. Et moi j’ai vu et je témoigne que celui-ci est l’Elu de Dieu.” (1,29.33-34)

Pour les synoptiques, il est le précurseur, celui qui prépare la venue du Messie. Mais pour Luc, c’est à l’intérieur de l’évangile de l’enfance et Jean-Baptiste participe à la présence de l’Esprit Saint et à la joie qui entoure l’Incarnation. Comme pour Jésus, il y a une annonciation par un ange; comme Marie, Zacharie le père a un chant d’action de grâce. Comme pour Jésus, il y a la cérémonie du nom qui est donné.

Tout en respectant le caractère unique de la personne de Jésus, Luc souligne l’importance de la naissance de Jean-Baptiste. Elisabeth est âgée et n’a jamais eu d’enfant: sa grossesse est due à la Providence et la comble de joie. La rencontre de Marie est aussi une rencontre de l’Esprit Saint. Le don du nom de Jean souligne l’importance du rôle que Dieu lui réserve.

Zacharie est un prêtre; à cause de cela, il serait normal que Jean-Baptiste reçoive le même nom que son père ou au moins le nom d’un ancêtre important. Or lorsqu’on demande à Elisabeth, puisque Zacharie est encore muet, quel sera le nom de l’enfant, elle répond sans avoir pu se concerter avec son mari que ce sera Jean. A son tour, Zacharie écrit sur une tablette: son nom est Jean. La raison est que c’est Dieu, par l’intermédiaire de l’ange dans la vision de Zacharie au temple, qui a imposé le nom de Jean. Or quand Dieu donne un nom, comme Jésus le fera pour Simon, c’est pour indiquer une vocation à une mission.

L’antienne d’ouverture de la messe rappelait les deux aspects de la mission de Jean-Baptiste: l’aspect de l’évangile de Jean, Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la lumière ; l’aspect de la version de Luc : pour préparer au Seigneur un peuple capable de l’accueillir. Luc ne fera que mentionner la mort de Jean-Baptiste mais Marc et Matthieu expliqueront que c’est à cause de sa fidélité à sa mission qu’il sera mis à mort. Il y a un type d’icône qui représente le Christ glorieux avec de chaque côté de lui et tournés vers lui, Marie d’un côté et Jean-Baptiste de l’autre. On appelle cette icône, la déèsis, la supplication ou la prière. Marie et Jean-Baptiste continuent à jouer un rôle important qui est de prier pour l’Église. Avec Marie et Jean-Baptiste, nous pouvons refaire la demande de l’oraison : Seigneur, accorde à ton Église le don de la joie spirituelle, et guide l’esprit de tous les croyants dans la voie du salut et de la paix.

Jean Gobeil SJ

 

(Français) 2021/06/23 – Mt 7, 15-20

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Ce passage, toujours dans la conclusion du sermon sur la montagne, est un avertissement à la communauté: il faut se défier des pseudo-prophètes. Ils peuvent bien paraître, déguisés en brebis, mais ils sont en réalité des loups voraces. Leur titre et leur apparence ne sont pas une garantie. Le meilleur critère pour reconnaître ce qu’ils sont vraiment est de voir si leurs actes, leurs fruits, et leur conduite sont en accord avec l’enseignement du Christ. Tout arbre bon donne de beaux fruits.

Le prophète Joël avait prédit qu’avec la venue du Messie et l’ère nouvelle l’Esprit Saint serait répandu dans tous les fidèles :  Je répandrai mon Esprit sur toute chair. Vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens auront de songes, vos jeunes gens des visions. (Joël 3,1)

Dans l’évangile de l’enfance de Luc, on voit qu’avec la présence du Verbe la présence de l’Esprit Saint se manifeste dans Marie, dans Élisabeth, au temple dans le vieillard Siméon et la prophétesse Anne. Dans les Actes des apôtres qui décrivent les débuts de l’Église, cette présence se manifeste lors de la Pentecôte où Pierre déclare que la prophétie de Joël est maintenant réalisée. Cette présence continue de se manifester après la Pentecôte de diverses façons. Ce sont les dons ou grâces données aux individus pour servir la communauté. Parmi ces dons, il y a celui de parler sous l’inspiration de l’Esprit Saint: le don de prophétie. Il peut être occasionnel comme après le baptême où souvent le nouveau baptisé est dit “prophétiser”. Occasionnellement, prophétiser implique une prédiction dont l’annonce demande une démarche de la communauté: à Antioche, un prophète annonce une famine et la communauté doit préparer de l’aide pour l’église de Jérusalem (Actes 11,28). Mais une prophétie n’est pas nécessairement une prédiction de l’avenir. Paul décrit l’action de prophétiser comme une action d’ édifier, exhorter, réconforter (1 Corinthiens 14,3).
Ceux qui avaient ce charisme ou ce don qui évidemment était très important pour la communauté étaient considérés comme des prophètes de façon permanente pour les distinguer des autres services comme celui des docteurs (ceux qui enseignaient) ou des prédicateurs comme Apollos qui était un très bon prédicateur mais pourtant n’est pas appelé un prophète.

Paul appréciait le rôle des prophètes dans la communauté; il recommande aux Thessaloniciens de ne pas déprécier les dons de prophétie (1 Thessaloniciens,5,19-21) mais d’utiliser quand même le discernement qui est aussi un don de l’Esprit. Le même discernement est suggéré aux prophètes de Corinthe (1 Corinthiens 14,29-32). Ceci vaut à l’intérieur d’une communauté. Les difficultés commenceront plus tard quand des gens venus de l’extérieur de la communauté se présenteront en se prétendant prophètes. Le prophétisme pouvait exercer de l’attrait sur des gens qui avaient le goût du prestige, du pouvoir ou du profit. Dès les débuts, Simon le magicien avait essayé d’obtenir le don de prophétie en offrant de l’argent à Pierre (Actes 8).

C’est donc une invitation au discernement qui est spécialement faite à la communauté à laquelle s’adresse Matthieu. Mais il reste que le discernement est toujours un don de l’Esprit et il doit encore être exercé sérieusement.

Jean Gobeil SJ