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(Français) 2023/05/27 – Jn 21, 20-25

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Illusion humaine !

La comparaison entre Pierre et le disciple bien-aimé revient de nouveau à propos de leur avenir. Le désir de connaître l’avenir a toujours préoccupé les humains depuis le début de l’histoire. Même le patriarche Joseph, en Égypte, pratiquait la divination avec de l’eau sur laquelle on versait quelques gouttes d’huile. La forme des gouttes d’huile sur l’eau permettait de présager l’avenir (Gen 44,5).

Il est vrai que le disciple bien-aimé ne sera pas martyr à la manière de Jésus et de Pierre, mais il témoignera à sa manière, d’une façon permanente par son Évangile (21, 24). Chacun(e) doit être un témoin du Seigneur Jésus, à sa manière avec ses talents, selon la vocation reçue de Dieu.

L’auteur de ce chapitre, au nom de sa communauté, corrige avec insistance une fausse interprétation d’une parole de Jésus. Plusieurs fidèles entretenaient l’espoir que le Seigneur reviendrait bientôt d’une manière glorieuse et définitive, au moins avant que disparaisse la première génération chrétienne, celle des témoins qui avaient connu Jésus. Ceux-ci en effet établissaient un lien direct et vivant entre les croyants de la fin du 1er siècle et le Christ Jésus. La disparition de celui qu’ils considéraient comme le plus éminent témoin de cette génération perturba, semble-t-il, les membres de l’Église johannique. Cette espérance du retour du Seigneur s’appuyait sur la promesse de Jésus, dans son discours d’adieu : “Après être allé vous préparer une place, je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi” (14, 3). Mais quand reviendra-t-il et de quelle manière ? Jésus ne le précise pas, car l’avenir est objet de foi et de confiance, mais non pas de planification humaine.

Une source inépuisable !

Une nouvelle conclusion de l’Évangile (21, 25) s’inspire de la précédente (20, 30s). Elle y ajoute toutefois l’idée que le mystère du Seigneur Jésus déborde toutes les interprétations, car sa richesse est inépuisable. Tous les ouvrages de la tradition chrétienne développeront et adapteront cette révélation divine que rapportent les évangiles et l’ensemble de la Bible. Mais l’immense et riche tradition à travers les siècles n’ajoute aucun élément strictement nouveau au cœur de la révélation de Dieu, elle a pour fonction d’en développer la richesse et de l’adapter aux nouvelles circonstances de l’histoire. En effet, Dieu le Père a tout donné dans son Fils incarné, dans le mystère de son triomphe de la vie sur la mort.

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2023/05/26 – Jn 21, 15-19

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Le vrai pasteur du Christ

Jésus pose trois fois à Pierre la même question, “M’aimes-tu ?”, qui rappelle le triple reniement, puisque Pierre devient triste à la troisième interrogation de son Seigneur. Pierre rachète sa triple défaillance par sa triple profession d’amour et de fidélité.

Mais l’accent dans ces questions porte surtout sur le lien étroit entre l’autorité conférée à Pierre dans la communauté – « pais mes brebis » – et l’amour du Seigneur – « m’aimes-tu ? ». Jésus reprend l’image séculaire du pasteur, dont l’autorité sur les brebis consiste à les conduire, à les nourrir, à les protéger et à les amener ensemble dans l’unique bercail.

Pour exercer l’autorité, Pierre, qui représente tous ceux qui recevront du Seigneur un mandat d’autorité dans la communauté, doit avoir en lui l’amour du Christ, qui rayonnera sur les brebis. Sans amour, au¬cune auto¬rité, quelle qu’elle soit, ne peut produire des fruits.

Cette autorité ne se limite pas à celle qui se concentre dans un titre, évêque, prêtre, parent,… Elle s’applique à toute personne qui a reçu de Dieu une valeur qu’elle a le devoir de communiquer : la vie biologique et spirituelle, l’éducation,… Nous avons tous reçu de notre Créateur des dons que nous n’avons pas le droit de conserver pour nous-mêmes. Pour les communiquer, il faut avoir en nous l’amour de Dieu. L’efficacité de toute communication se mesure avant tout à l’amour que l’on ressent à l’égard de la personne à qui on s’adresse.

Fidélité à la suite du Christ

Cet amour du Seigneur se manifeste dans la fidélité à suivre le Christ, chacun selon la vocation qu’il a reçue. Celle de Pierre consistera à “étendre les mains” comme son Maître. Les trois expressions, “étendre les mains”, “nouer la ceinture”, “être conduit là où on ne voudrait pas” décrivent la crucifixion. Comme tout chrétien, Pierre rendra vivante en lui la figure du Christ par son “martyre”, son “témoignage”, car tel est le sens du mot “martyre” en grec. Cette prophétie de Jésus est la mention la plus ancienne du martyre de Pierre, probablement à Rome, vers l’année 67.

Le genre d’exécution que subira Pierre sera le même que celui de Jésus. Aussi l’interprétation semblable de cette mort, qui “glorifiera Dieu”, repa¬raît ici pour Pierre, comme pour Jésus, qui avait expliqué que son élévation de terre, sur la croix, procurerait la gloire de son Père.

Comment la mort de Jésus, celle de Pierre et de tout chrétien peut-elle procurer la gloire de Dieu? L’offrande de sa vie à Dieu dans l’abandon confiant de soi-même dans la foi constitue la preuve extrême de l’amour. Cette ouverture du coeur à Dieu lui permet de se rendre présent et d’apparaître dans celui qui lui a tout donné.

La relation d’amour mutuel, devenue parfaite dans le don total, produit l’union intime du Père et du Fils, qui habitent l’un dans l’autre, et qui, de même, vivent dans une habitation mutuelle en chaque croyant.

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2023/05/25 – Jn 17, 20-26

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L’unité des croyants dans le Père et le Fils

Jésus avait déjà demandé l’unité pour ses disciples (17,11). Il insiste maintenant en explicitant le motif de cette supplique : Pour que le monde croie que tu m’as envoyé (v.20); pour que le monde connaisse que tu m’as envoyé (v.23). Le but de l’unité consiste donc de permettre à l’Église de réaliser sa mission : amener le monde à croire que le Père est présent dans le Fils, ce qui est le coeur de la foi.

Et pourquoi le monde croira-t-il ? Parce qu’un groupe aussi uni que la communauté chrétienne ne pourra exister sans l’intervention de Dieu, unique source d’amour, de vie et d’unité. Bien plus, l’union intime entre les chrétiens rendra comme sensible au monde le mystère d’amour et de communion mutuelle du Père et du Fils.

L’unité des croyants est produite par une seule cause : leur amour réciproque, manifes¬tation authentique de la même vie qui les anime. Et cet amour, le seul véritable, ne peut exis¬ter qu’en vertu de l’amour du Christ pour eux, amour qui a pour source ultime l’amour du Père pour son Fils : Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. (15,9)

L’unité chrétienne découle essentiellement de l’adhésion de tous les membres au Christ, de l’insertion de toutes les branches dans la vraie vigne. Les liens qui rattachent les fidèles à leur Seigneur se ramènent aux relations de foi et de connaissance, d’amour et d’obéissance, procurant l’existence mutuelle dans le Père et dans le Fils, en union avec tous les croyants. Cette habitation mutuelle – moi en eux et toi en moi (17,23) – est l’expression la plus profonde du mystère de l’unité.

Unis au Père par le Fils

En conséquence de l’union des croyants dans le Christ et de celle du Fils avec le Père, les fidèles sont unis au Père par la médiation de Jésus. Les relations réciproques exprimant l’unité du Christ et des siens, ainsi que celles du Christ et de son Père se retrouvent entre le Père et les chrétiens. Le Père a discerné les disciples et les a donnés à son Fils. Il les aime comme son Fils : Tu les as aimés comme tu m’as aimé. (17,23) Et cet amour se répand en libéralité : don de l’Esprit, du vrai pain du ciel, de la vie éternelle en son Fils. Enfin le Père demeure d’une manière per¬manente en celui qui aime son Fils (14,23).

Les disciples, de leur côté, entretiennent les mêmes relations à l’égard du Père. Ils le connaissent (14,7), ils l’aiment (1 Jn 4,10.19-21 ; 5,1s) et ils manifestent leur amour dans l’obéissance à ses commandements, en particulier au commandement de croire en son Fils et de s’aimer les uns les autres. Enfin ils demeurent en lui. Nous sommes dans le véritable Dieu en son Fils Jésus Christ. (1 Jn 5,20) Telle est donc la perfection de l’unité : tous les croyants rassemblés par le Christ en lui-même, qui les unit au Père : Moi en eux et toi en moi, pour qu’ils soient parfaitement un. (17,23)

Unis dans la gloire avec leur Seigneur

La prière de Jésus se termine sur une vision de l’au-delà, dans la gloire, dans l’amour et dans l’unité. Parvenus au terme de leur pèlerinage terrestre dans la foi, les disciples jouiront d’une participation définitive à la gloire de la vie divine en vertu de la communion à leur Seigneur.

La réponse du Père à l’ouverture dans l’obéissance de son Fils se manifeste dans le don. Le verbe donner, qui reparaît quinze fois dans cette prière, exprime l’amour effectif du Père pour son Fils et l’amour du Fils pour ses disciples. Le Père a donné à son Fils l’oeuvre à accomplir, c’est-à-dire l’ensemble de l’histoire du salut. Cette oeuvre comprend le nom du Père que Jésus révèle, les paroles du Fils, tous les disciples qui croiront au Christ, la gloire que le Fils recevra et qu’il communiquera à ses disciples.

L’histoire dynamisée par l’amour

Au moment où Jésus prononce cette prière, il se trouve avec ses disciples pour leur léguer son testament. Mais il apparaît également comme ayant déjà quitté le monde: Je ne suis plus dans le monde (17,11). Il est glorifié dans son union à son Père, exalté à sa droite. Lien vivant entre le Père et ses disciples dans le monde, Jésus est le grand prêtre parfait.

À ce tableau de l’au-delà éternel, Jésus rattache l’ensemble de l’histoire : le Père lui a manifesté son amour avant la création du monde. (17,24) L’union de Jésus et de son Père se réalise par l’amour. Or c’est cet amour du Père pour son Fils qui donne la plénitude de sens à toute l’histoire humaine dans laquelle le Verbe s’est incarné. En effet, l’objectif central de cet amour du Père pour le monde est de donner la vie éternelle à tous ceux qui croient en son Fils devenu homme (3,16). Ainsi l’amour du Père se manifeste sans cesse depuis le début de la création jusqu’au terme de l’histoire humaine. L’amour de Dieu enserre donc et anime toute la marche de l’humanité.

Découverte dans l’émerveillement

Cette connaissance du Père par son Fils n’est pas donnée en un instant; une telle ex¬périence se réalise suivant les possibilités humaines, en progrès constant dans le temps. En fait, une telle connaissance ne sera jamais complétée, définitive. Son progrès implique une découverte, un émerveillement et une action de grâce continuelle, qui constitue le bonheur du croyant. Le Seigneur glorifié promet aux siens qu’il leur communiquera cette connaissance sans fin du nom du Père. Il s’est engagé auparavant à leur envoyer le Paraclet, l’Esprit saint, qui leur enseignera toutes choses (14,26) et qui les fera accéder à la vérité tout entière (16,13).

Or le coeur de cette révélation continuelle est l’amour de Dieu pour son Fils à qui les croyants s’identifient. Cet amour du Père vivifiera l’âme de chaque chrétien et sera la force vitale qui régira les rapports entre les croyants et qui réalisera leur unité. C’est seulement à cette condition que le Seigneur Jésus, incarnation de l’amour de Dieu (1 Jn 4,10), sera vivant en eux et parmi eux, dans l’Église.

Conclusion: le chrétien interpellé

Le début de cette prière pourrait donner l’impression que Jésus prie seulement pour lui-même. En effet, il considère d’abord son union intime avec son Père dans une glorifica¬tion mutuelle (17,1-2.4-5). Mais il indique bien vite que cette glorification englobe tous ceux que le Père lui a donnés, afin qu’il leur communique la vie éternelle (17, 2-3).

Sa relation avec le Père d’ailleurs doit servir d’idéal pour les chrétiens dans leur union au Christ. La nature des croyants consiste à reproduire les mêmes caractéristiques qui déterminent l’union du Fils à son Père. C’est pourquoi les chrétiens seront séparés du monde (17, 6.14.16), comme Jésus qui n’appartient pas au monde. (17, 16) Mais ils continueront dans le monde à approfondir leur foi, afin de prolonger dans l’histoire la mission de leur Seigneur (17, 18).

Leur unité engagera le monde à croire au Père présent dans son Fils qu’il a envoyé (17, 21.23). Cette unité sera le résultat de l’amour de Dieu, qui, par le Christ, sera en chacun d’eux et qui rendra possibles leurs relations de mutuelle affection (17, 26). Envoyés par le Fils glorifié, ils seront les témoins de l’amour du Père, qui, seul, peut donner une pleine significa¬tion et une espérance sans limites à l’histoire humaine.

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2023/05/24 – Jn 17, 11b-19

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C’est la deuxième partie de la prière de Jésus pour l’unité. Jésus prie pour ses disciples. Jésus leur a fait le don de la parole du Père. Il demande pour eux la fidélité qui les gardera dans l’unité avec le Père, la même unité que celle qui est entre le Fils et le Père. Il demande finalement au Père de les consacrer dans la vérité, c’est-à-dire de les rendre saints.

La première partie du chapitre 17 qu’on appelle la prière pour l’unité portait surtout sur le mot gloire ou glorification. La “gloire” de Dieu dans l’Ancien Testament est ce qui manifeste quelque chose de la grandeur ou de la présence de Dieu. Le Christ dans cette partie repasse sa vie devant le Père. Il parle d’ailleurs comme si tout était terminé.
Je t’ai glorifié (i.e. manifesté) en faisant connaître ton nom (i.e. la personne du Père).

Pour continuer cette glorification, il demande à Dieu de le glorifier, ce qui sera réalisé lorsque Dieu manifestera sa puissance sur la mort en le ressuscitant. Il sera aussi glorifié par ceux à qui il a fait connaître les paroles du Père et qui l’ont accepté.

La seconde partie de cette prière est ce que nous avons ici. On parle de la sainteté du Père et de la sainteté future des disciples.

Jésus commence par une adresse qu’on ne retrouve pas ailleurs : Père saint.

Dans l’ancien Testament, ce qualificatif est souvent attribué à Dieu sous la forme du Saint d’Israël. Saint veut d’abord dire complètement séparé, complètement différent de la sphère du profane. Parler de la sainteté de Dieu, c’est parler de sa transcendance. Il est le tout-autre et ne peut être confondu avec la création même si elle est très bonne. La meilleure vision et en même temps la meilleure révélation de la sainteté de Dieu se trouve dans la vision d’Isaïe au chapitre 6.

Cette vision survient au moment où Israël regrette la mort du roi Ozias qui a été un bon roi pour Israël. La vision va révéler à Isaïe qui est le vrai roi d’Israël et sera le point de départ de la vocation d’Isaïe dont toute la vie sera mêlée à la politique pour rappeler à Israël que Yahvé est leur roi et qu’il passe avant tout.

L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône grandiose et surélevé. Sa traîne emplissait le sanctuaire. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui, ayant chacun six ailes, deux pour se couvrir la face (par peur de voir Yahvé), deux pour se couvrir les pieds, deux pour voler. Ils se criaient l’un à l’autre ces paroles: Saint, saint, saint (un superlatif) est Yahvé Sabaot (des armées célestes), sa gloire emplit toute la terre.

Les montants des portes vibrèrent au bruit de ces cris et le Temple était plein de fumée (signe de la présence de Yahvé au Sinì et dans la tente de la rencontre).

Alors je dis: Malheur à moi, je suis perdu! Car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au sein d’un peuple aux lèvres impures, et mes yeux ont vu le Roi, Yahvé Sabaot (des armées célestes).

C’est une vision de perfection, de grandeur, de transcendance. Isaïe est conscient d’un autre monde où on n’a pas le droit d’être, d’où la frayeur. Un ange va purifier sa bouche, c’est-à-dire le rendre capable de transmettre les paroles de Dieu.

Alors j’entendis la voix du Seigneur qui disait: Qui enverrai-je? Qui ira pour nous ? Et je dis: Me voici, envoie-moi.

Ce me voici est aussi la réponse d’Abraham, la réponse de Samuel et la réponse de Marie: il représente l’engagement de toute la personne. Isaïe a eu la vision de la sainteté et de la perfection de Dieu mais il a eu aussi la révélation que Dieu veut communiquer sa sainteté. C’est ce qui lui permet de répondre à l’appel de Dieu.

Quand le Christ s’adresse à Dieu en disant Père saint, il emploie deux mots qui représentent des contraires: saint représente la distance infranchissable de la transcendance de Dieu, et Père représente la proximité, l’intimité, l’immanence. Dieu qui est saint veut être notre Père et nous communiquer sa sainteté.

Dieu, qui est saint et à ne pas confondre avec nul autre, veut se communiquer; il veut communiquer sa sainteté à nous aussi.

Jean Gobeil SJ 

(Français) 2023/05/23 – Jn 17, 1-11a

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Devant la perspective de la Passion qui approche Jésus prie le Père. Il demande au Père de glorifier le Fils afin que celui-ci glorifie le Père en donnant la vie éternelle à ceux que le Père lui a donnés. La vie éternelle c’est de connaître le Père et celui qu’il a envoyé.

Jésus a accompli la mission que le Père lui avait confiée et il lui demande maintenant de lui redonner la gloire qu’il avait avant le commencement du monde.

Il a fait connaître le nom du Père aux disciples que ce dernier lui avait donnés et ils ont gardé sa parole. Ils ont reconnu que les paroles de Jésus lui avaient été données par le Père et qu’il était venu du Père, envoyé par lui.

Sa prière est pour ces disciples non pour le monde, ceux qui sont dominés par les forces du mal. Jésus va quitter le monde mais ses disciples sont encore dans le monde. Eux sont à Dieu et Jésus trouve sa gloire en eux.

La prière commence par “Père”, probablement par le terme familier Abba qui sera adopté par les disciples à la suite du Christ. Marc dit que c’est la façon de prier de Jésus au jardin de Gethsemani (Marc 14,36).

La gloire du Père et la gloire du Fils sont intimement reliées. Par la gloire de Dieu on entend, dans l’Ancien Testament, une manifestation de la grandeur de Dieu comme sa puissance ou sa Providence. Le Fils a glorifié le Père d’abord en le faisant connaître : J’ai manifesté ton nom à ceux que tu as tirés du monde pour me les donner. (Jean 17,6)

Le nom, pour les hébreux, c’est la personne. Ce qu’il a révélé de la personne de Dieu c’est cet aspect de Père et de son amour qui est allé jusqu’à donner son Fils. Il l’a aussi fait “connaître” en donnant aux disciples les paroles que le Père lui avait données (Jean 17,8). La vie éternelle c’est qu’ils te connaissent toi le seul et vrai Dieu et celui que tu as envoyé. (Jean 17,5)

Or, connaître pour les hébreux ce n’est pas faire une expérience intellectuelle comme de posséder des informations. C’est faire l’expérience d’une présence. Pour Jésus, faire connaître c’est introduire dans la vie du Père et faire participer à l’intimité de sa vie. C’est cela avoir la Vie éternelle.

Par la Passion où il donne sa vie, Jésus glorifie le Père en montrant jusqu’où va son amour.

La gloire du Père et celle du Fils sont intimement reliées. Mais c’est particulièrement par la Passion et la Résurrection que le Christ retrouve sa gloire qui est d’être auprès du Père. C’est dans le retour au Père, qu’il retrouve toute sa gloire.

Donne-moi la gloire que j’avais auprès de toi avant le commencement du monde. (Jean 17,5)

Jean Gobeil SJ

 

(Français) 2023/05/22 – Jn 16, 29-33

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Tu parles ouvertement, disent les disciples. Tu sais toutes choses. Nous croyons que tu es venu de Dieu. Jésus est ironique: Vous croyez maintenant. Quand viendra l’heure de la Passion vous me laisserez seul mais le Père est avec moi. Cette parole, dit Jésus, est pour que les disciples trouvent la paix en lui et ils en auront besoin dans le monde quand ils rencontreront la détresse. Ils doivent avoir confiance en lui parce qu’il est vainqueur du monde.

Ce texte se situe avant la Passion. Il est tiré du discours d’adieu. Mais il est un encouragement non seulement pour ce qui arrivera pendant la Passion mais aussi pour le temps après l’Ascension, le temps de l’Église.

Jésus vient de terminer un passage en disant que le Père aime les disciples parce qu’ils aiment le Christ et qu’ils croient en lui. Il résume sa personne et sa mission en disant:
Je suis sorti d’auprès du Père et venu dans le monde. De nouveau je quitte le monde et je vais vers le Père. (Jean,16,28)

Les disciples se réjouissent de la façon dont Jésus parle. Il ne parle pas en parabole ou avec des comparaisons. Ce qu’il dit est à prendre à la lettre. C’est clair. Et sur ce, ils font un très bel acte de foi, semblable à celui que Pierre avait fait à la fin discours sur le pain de vie : Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous, nous croyons, et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu. (Jean 6,68-69)

Les disciples disent : Maintenant nous savons que tu sais toutes choses…voilà pourquoi nous croyons que tu es venu de Dieu. ( Jean 16,30)

C’est un acte de foi mais il n’est pas assez profond pour empêcher qu’ils soient dispersés et qu’ils laissent Jésus seul quand viendra l’arrestation. Jésus leur laisse entendre cela. Ils seront dispersés : c’est un euphémisme pour dire qu’ils l’abandonneront et le laisseront seul. Mais Jésus, comme pour éviter que ce soit un blâme, ajoute le correctif important : Pourtant je suis pas seul, puisque le Père est avec moi. (Jean 16,32) En outre, il ne veut pas que cette faiblesse future les écrase et leur fasse perdre la paix : Je vous ai dit cela pour que vous ayez la paix en moi.

Ce langage est particulièrement révélateur et dépasse les disciples de la dernière Cène pour rejoindre les disciples d’après l’Ascension. Pour rejoindre l’Église. Jésus accepte les disciples avec leurs faiblesses, avec leurs hésitations et leur lenteur. Et ceci reste toujours vrai. La foi n’est pas vis-à-vis de soi-même mais bien vis-à-vis du Christ. La foi n’est pas une certitude en notre force et en l’absence de faiblesse. Elle est une certitude en la présence du Christ et dans le fait qu’il continue à être le vainqueur du monde. Le grec littéral de cette phrase est très clair. Jésus dit : Ayez confiance: moi, je suis vainqueur du monde.

Je suis vainqueur : un parfait grec, c’est-à-dire j’ai vaincu et je continue à vaincre…les forces du mal.

Jean Gobeil SJ 

(Français) 2022/06/04 – Jn 21, 20-25

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La comparaison entre Pierre et le disciple bien-aimé revient de nouveau à propos de leur avenir. Le désir de connaître l’avenir a toujours préoccupé les humains depuis le début de l’histoire. Même le patriarche Joseph, en Égypte, pratiquait la divination avec de l’eau sur laquelle on versait quelques gouttes d’huile. La forme des gouttes d’huile sur l’eau permettait de présager l’avenir (Gen 44,5).

Il est vrai que le disciple bien-aimé ne sera pas martyr à la manière de Jésus et de Pierre, mais il témoignera à sa manière, d’une façon permanente par son Évangile (21, 24). Chacun(e) doit être un témoin du Seigneur Jésus, à sa manière avec ses talents, selon la vocation reçue de Dieu.

L’auteur de ce chapitre, au nom de sa communauté, corrige avec insistance une fausse interprétation d’une parole de Jésus. Plusieurs fidèles entretenaient l’espoir que le Seigneur reviendrait bientôt d’une manière glorieuse et définitive, au moins avant que disparaisse la première génération chrétienne, celle des témoins qui avaient connu Jésus. Ceux-ci en effet établissaient un lien direct et vivant entre les croyants de la fin du 1er siècle et le Christ Jésus. La disparition de celui qu’ils considéraient comme le plus éminent témoin de cette génération perturba, semble-t-il, les membres de l’Église johannique. Cette espérance du retour du Seigneur s’appuyait sur la promesse de Jésus, dans son discours d’adieu : “Après être allé vous préparer une place, je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi” (14, 3). Mais quand reviendra-t-il et de quelle manière ? Jésus ne le précise pas, car l’avenir est objet de foi et de confiance, mais non pas de planification humaine.

Une nouvelle conclusion de l’Évangile (21, 25) s’inspire de la précédente (20, 30s). Elle y ajoute toutefois l’idée que le mystère du Seigneur Jésus déborde toutes les interprétations, car sa richesse est inépuisable. Tous les ouvrages de la tradition chrétienne développeront et adapteront cette révélation divine que rapportent les évangiles et l’ensemble de la Bible. Mais l’immense et riche tradition à travers les siècles n’ajoute aucun élément strictement nouveau au cœur de la révélation de Dieu, elle a pour fonction d’en développer la richesse et de l’adapter aux nouvelles circonstances de l’histoire. En effet, Dieu le Père a tout donné dans son Fils incarné, dans le mystère de son triomphe de la vie sur la mort.

Jean-Louis D’Aragon SJ 

(Français) 2022/06/03 – Jn 21, 15-19

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Jésus pose trois fois à Pierre la même question, “M’aimes-tu ?“, qui rappelle le triple reniement, puisque Pierre devient triste à la troisième interrogation de son Seigneur. Pierre rachète sa triple défaillance par sa triple profession d’amour et de fi­délité.

Mais l’ac­cent dans ces questions porte surtout sur le lien étroit entre l’autorité conférée à Pierre dans la communauté – « pais mes brebis » – et l’amour du Seigneur – « m’aimes-tu ? ». Jésus reprend l’image séculaire du pasteur, dont l’autorité sur les brebis consiste à les conduire, à les nourrir, à les protéger et à les amener ensemble dans l’unique bercail.

Pour exercer l’autorité, Pierre, qui représente tous ceux qui recevront du Seigneur un mandat d’autorité dans la communauté, doit avoir en lui l’amour du Christ, qui rayonnera sur les brebis. Sans amour, au­cune auto­rité, quelle qu’elle soit, ne peut produire des fruits.

Cette autorité ne se limite pas à celle qui se concentre dans un titre, évêque, prêtre, parent,… Elle s’applique à toute personne qui a reçu de Dieu une valeur qu’elle a le devoir de communiquer : la vie biologique et spirituelle, l’éducation,… Nous avons tous reçu de notre Créateur des dons que nous n’avons pas le droit de conserver pour nous-mêmes. Pour les communiquer, il faut avoir en nous l’amour de Dieu. L’efficacité de toute communication se mesure avant tout à l’amour que l’on ressent à l’égard de la personne à qui on s’adresse.

Cet amour du Seigneur se manifeste dans la fidélité à suivre le Christ, chacun selon la vocation qu’il a reçue. Celle de Pierre consistera à “étendre les mains” comme son Maître. Les trois expressions, “étendre les mains“, “nouer la ceinture“, “être conduit là où on ne voudrait pas” décrivent la crucifixion. Comme tout chrétien, Pierre rendra vivante en lui la figure du Christ par son “martyre“, son “témoignage“, car tel est le sens du mot “martyre” en grec.  Cette prophétie de Jésus est la mention la plus ancienne du martyre de Pierre, probablement à Rome, vers l’année 67.

Le genre d’exécution que subira Pierre sera le même que celui de Jésus. Aussi l’interprétation semblable de cette mort, qui “glorifiera Dieu“, repa­raît ici pour Pierre, comme pour Jésus, qui avait expliqué que son élévation de terre, sur la croix, procurerait la gloire de son Père.

Comment la mort de Jésus, celle de Pierre et de tout chrétien peut-elle procurer la gloire de Dieu? L’offrande de sa vie à Dieu dans l’abandon confiant de soi-même dans la foi constitue la preuve extrême de l’amour. Cette ouverture du coeur à Dieu lui permet de se rendre présent et d’apparaître dans celui qui lui a tout donné.

La relation d’amour mutuel, devenue parfaite dans le don total, produit l’union intime du Père et du Fils, qui habitent l’un dans l’autre, et qui, de même, vivent dans une habitation mutuelle en chaque croyant.

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2022/06/02 – Jn 17, 20-26

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Jésus avait déjà demandé l’unité pour ses disciples (v.11). Il insiste maintenant en explicitant le motif de cette supplique: Pour que le monde croie que tu m’as envoyé (v.20); pour que le monde connaisse que tu m’as envoyé. (v.23) Le but de l’unité consiste donc de permettre à l’Église de réaliser sa mission: amener le monde à croire que le Père est présent dans le Fils, ce qui est le coeur de la foi.

Et pourquoi le monde croira-t-il? Parce qu’un groupe aussi uni que la communauté chrétienne ne pourra exister sans l’intervention de Dieu, unique source d’amour, de vie et d’unité. Bien plus, l’union intime entre les chrétiens rendra comme sensible au monde le mystère d’amour et de communion mutuelle du Père et du Fils.

L’unité des croyants est produite par une seule cause: leur amour réciproque, manifes­tation authentique de la même vie qui les anime. Et cet amour, le seul véritable, ne peut exis­ter qu’en vertu de l’amour du Christ pour eux, amour qui a pour source ultime l’amour du Père pour son Fils: Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. (15,9)

L’unité chrétienne découle essentiellement de l’adhésion de tous les membres au Christ, de l’insertion de toutes les branches dans la vraie vigne. Les liens qui ratta­chent les fidèles à leur Seigneur se ramènent aux relations de foi et de connaissance, d’amour et d’obéissance, procurant l’existence mutuelle dans le Père et dans le Fils, en union avec tous les croyants. Cette habitation mutuelle – moi en eux et toi en moi  (17,23) – est la suggestion la plus profonde du mystère de l’unité.

En conséquence de l’union des croyants dans le Christ et de celle du Fils avec le Père, les fidèles sont unis au Père. Les relations réciproques exprimant l’unité du Christ et des siens, ainsi que celles du Christ et de son Père se retrouvent entre le Père et les chrétiens. Le Père a discerné les disciples et les a donnés à son Fils. Il les aime comme son Fils: Tu les as aimés comme tu m’as aimé. (17,23) Et cet amour se répand en libéralité: don de l’Esprit, du vrai pain du ciel, de la vie éternelle en son Fils. Enfin le Père demeure d’une manière per­manente en celui qui aime son Fils (14,23).

Les disciples, de leur côté, entretiennent les mêmes relations à l’égard du Père. Ils le connaissent (14,7), ils l’aiment (1 Jn 4,10.19-21; 5,1s) et ils manifestent leur amour dans l’obéissance à ses commandements, en particulier au commandement de croire en son Fils et de s’aimer les uns les autres. Enfin ils demeurent en lui. Nous sommes dans le véritable Dieu en son Fils Jésus Christ. (1 Jn 5,20) Telle est donc la perfection de l’unité: tous les croyants rassemblés par le Christ en lui-même, qui les unit au Père: Moi en eux et toi en moi, pour qu’ils soient parfaitement un. (17,23)

La prière de Jésus se termine sur une vision de l’au-delà, dans la gloire, dans l’amour et dans l’unité. Parvenus au terme de leur pèlerinage terrestre dans la foi, les disciples jouiront d’une participation définitive à la gloire de la vie divine en vertu de la communion à leur Seigneur.

La réponse du Père à l’ouverture dans l’obéissance de son Fils se manifeste dans le don. Le verbe donner, qui reparaît quinze fois dans cette prière, exprime l’amour effectif du Père pour son Fils et l’amour du Fils pour ses disciples. Le Père a donné à son Fils l’oeuvre à accomplir, c’est-à-dire l’ensemble de l’histoire du salut. Cette oeuvre comprend le nom du Père que Jésus révèle, les paroles du Fils, tous les disciples qui croiront au Christ, la gloire que le Fils recevra et qu’il communiquera à ses disciples.

Au moment où Jésus prononce cette prière, il se trouve avec ses disciples pour leur léguer son testament. Mais il apparaît également comme ayant déjà quitté le monde: Je ne suis plus dans le monde. (17,11) Il est glorifié dans son union à son Père, exalté à sa droite. Lien vivant entre le Père et ses disciples dans le monde, Jésus est le grand prêtre parfait.

À ce tableau de l’au-delà éternel, Jésus rattache l’ensemble de l’histoire: le Père lui a manifesté son amour avant la création du monde. (v.24)  L’union de Jésus et de son Père se réalise par l’amour. Or c’est cet amour du Père pour son Fils qui donne la plénitude de sens à toute l’histoire humaine dans laquelle le Verbe s’est incarné. En effet, l’objectif central de cet amour du Père pour le monde est de donner la vie éternelle à tous ceux qui croient en son Fils devenu homme (3,16). Ainsi l’amour du Père se manifeste sans cesse depuis le début de la création jusqu’au terme de l’histoire humaine. L’amour de Dieu enserre donc et anime toute la marche de l’humanité.

Cette connaissance du Père par son Fils n’est pas donnée en un instant; une telle ex­périence se réalise suivant les possibilités humaines, en progrès constant dans le temps. En fait, une telle connaissance ne sera jamais complétée, définitive. Son progrès implique une dé­couverte, un émerveillement et une action de grâce continuelle, qui constitue le bonheur du croyant. Le Seigneur glorifié promet aux siens qu’il leur communiquera cette connaissance sans fin du nom du Père. Il s’est engagé auparavant à leur envoyer le Paraclet, l’Esprit saint, qui leur enseignera toutes choses (14,26) et qui les fera accéder à la vérité tout entière (16,13).

Or le coeur de cette révélation continuelle est l’amour de Dieu pour son Fils à qui les croyants s’identifient. Cet amour du Père vivifiera l’âme de chaque chrétien et sera la force vitale qui régira les rapports entre les croyants et qui réalisera leur unité. C’est seulement à cette condition que le Seigneur Jésus, incarnation de l’amour de Dieu (1 Jn 4,10), sera vivant en eux et parmi eux, dans l’Église.

Le début de cette prière pourrait donner l’impression que Jésus prie seulement pour lui-même. En effet, il considère d’abord son union intime avec son Père dans une glorifica­tion mutuelle (vv.1-2.4-5). Mais il indique bien vite que cette glorification englobe tous ceux que le Père lui a donnés, afin qu’il leur communique la vie éternelle (vv.2-3).

Sa relation avec le Père d’ailleurs doit servir d’idéal pour les chrétiens dans leur union au Christ. La nature des croyants consiste à reproduire les mêmes caractéristiques qui précisent l’union du Fils à son Père. C’est pourquoi les chrétiens seront séparés du monde (vv.6.14.16), comme Jésus qui n’appartient pas au monde. (v.16) Mais ils continueront dans le monde à approfondir leur foi, afin de prolonger dans l’histoire la mission de leur Seigneur (v.18).

Leur unité provoquera le monde à croire au Père présent dans son Fils qu’il a envoyé (vv.21.23). Cette unité sera le résultat de l’amour de Dieu, qui, par le Christ, sera en chacun d’eux et qui rendra possibles leurs relations de mutuelle affection (v.26). Envoyés par le Fils glorifié, ils seront les témoins de l’amour du Père, qui, seul, peut donner une pleine significa­tion et une espérance sans limite à l’histoire humaine.

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2022/06/01 – Jn 17, 11-19

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C’est la deuxième partie de la prière de Jésus pour l’unité. Jésus prie pour ses disciples. Jésus leur a fait le don de la parole du Père. Il demande pour eux la fidélité qui les gardera dans l’unité avec le Père, la même unité que celle qui est entre le Fils et le Père. Il demande finalement au Père de les consacrer dans la vérité, c’est-à-dire de les rendre saints.

La première partie du chapitre 17 qu’on appelle la prière pour l’unité portait surtout sur le mot gloire ou glorification. La “gloire” de Dieu dans l’Ancien Testament est ce qui manifeste quelque chose de la grandeur ou de la présence de Dieu. Le Christ dans cette partie repasse sa vie devant le Père. Il parle d’ailleurs comme si tout était terminé.

Je t’ai glorifié (i.e. manifesté) en faisant connaître ton nom (i.e. la personne du Père).

Pour continuer cette glorification, il demande à Dieu de le glorifier, ce qui sera réalisé lorsque Dieu manifestera sa puissance sur la mort en le ressuscitant. Il sera aussi glorifié par ceux à qui il a fait connaître les paroles du Père et qui l’ont accepté.

La seconde partie de cette prière est ce que nous avons ici. On parle de la sainteté du Père et de la sainteté future des disciples.

Jésus commence par une adresse qu’on ne retrouve pas ailleurs: Père saint.

Dans l’ancien Testament, ce qualificatif est souvent attribué à Dieu sous la forme du Saint d’Israël. Saint veut d’abord dire complètement séparé, complètement différent de la sphère du profane. Parler de la sainteté de Dieu, c’est parler de sa transcendance. Il est le tout-autre et ne peut être confondu avec la création même si elle est très bonne. La meilleure vision et en même temps la meilleure révélation de la sainteté de Dieu se trouve dans la vision d’Isaïe au chapitre 6.

Cette vision survient au moment où Israël regrette la mort du roi Ozias qui a été un bon roi pour Israël. La vision va révéler à Isaïe qui est le vrai roi d’Israël et sera le point de départ de la vocation d’Isaïe dont toute la vie sera mêlée à la politique pour rappeler à Israël que Yahvé est leur roi et qu’il passe avant tout.

L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône grandiose et surélevé. Sa traîne emplissait le sanctuaire. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui, ayant chacun six ailes, deux pour se couvrir la face (par peur de voir Yahvé), deux pour se couvrir les pieds, deux pour voler. Ils se criaient l’un à l’autre ces paroles: Saint, saint, saint (un superlatif) est Yahvé Sabaot (des armées célestes), sa gloire emplit toute la terre.

Les montants des portes vibrèrent au bruit de ces cris et le Temple était plein de fumée (signe de la présence de Yahvé au Sinì et dans la tente de la rencontre).

Alors je dis: Malheur à moi, je suis perdu! Car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au sein d’un peuple aux lèvres impures, et mes yeux ont vu le Roi, Yahvé Sabaot (des armées célestes).

C’est une vision de perfection, de grandeur, de transcendance. Isaïe est conscient d’un autre monde où on n’a pas le droit d’être, d’où la frayeur. Un ange va purifier sa bouche, c’est-à-dire le rendre capable de transmettre les paroles de Dieu.

Alors j’entendis la voix du Seigneur qui disait: Qui enverrai-je? Qui ira pour nous?

Et je dis: Me voici, envoie-moi.

Ce me voici est aussi la réponse d’Abraham, la réponse de Samuel et la réponse de Marie: il représente l’engagement de toute la personne. Isaïe a eu la vision de la sainteté et de la perfection de Dieu mais il a eu aussi la révélation que Dieu veut communiquer sa sainteté. C’est ce qui lui permet de répondre à l’appel de Dieu.

Quand le Christ s’adresse à Dieu en disant Père saint, il emploie deux mots qui représentent des contraires: saint représente la distance infranchissable de la transcendance de Dieu, et Père représente la proximité, l’intimité, l’immanence.

Dieu qui est saint veut être notre Père et nous communiquer sa sainteté.

Dieu, qui est saint et à ne pas confondre avec nul autre, veut se communiquer; il veut communiquer sa sainteté à nous aussi.

Jean Gobeil SJ