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2022/05/28 – Jn 16, 23-28

Dans l’Évangile de Jean, toutes les paroles et tous les signes opérés par Jésus possèdent une double signification, qui provient de la double dimension de sa personne, à la fois humaine et divine. Jésus, Fils de Dieu et Fils de l’homme, a une nature visible, et c’est à travers son humanité que le croyant découvre sa divinité. Tout ce qui provient de Jésus possède donc ces deux dimensions, humaine et divine. Ce sont des signes dont il faut découvrir la face cachée à travers la réalité sensible. Telle est la révélation du Père par l’intermédiaire de son Fils incarné dans notre monde.

Même pour les disciples de Jésus, tout était énigmatique, parce que leur foi n’était pas parfaite et que la lumière de l’Esprit leur manquait. « C’est par ta lumière que nous voyons la lumière », s’écrie le psalmiste. (Ps 36,10) Mais « l’heure vient » où l’Esprit sera la lumière de tous les disciples du Christ: il leur rappellera et leur expliquera tout ce que Jésus a dit et fait. Telle est la richesse et la garantie de la tradition chrétienne, mouvement de vie et de pensée à travers les siècles, dirigée par l’Esprit du Christ Jésus.

Tous les disciples de Jésus comprendront alors que le Christ est si étroitement uni au Père – « Moi et le Père, nous sommes un » (10,30) – que la prière au nom de Jésus est la même que celle qu’ils adressent au Père.

Jésus rappelle le coeur de la foi chrétienne, avec les trois moments de sa carrière (v.28). Il préexistait en Dieu avant la création du monde, « Au commencement était le Verbe ». Il s’est incarné en venant dans le monde « Et le Verbe s’est fait chair ». Il retourne maintenant dans la gloire du Père, « Père, glorifie ton Fils pour que le Fils te glorifie. » (Jn 17,1)

Jean-Louis D’Aragon SJ

2022/05/27 – Jn 16, 20-23

Notre expérience nous montre que la vie est un combat, une lutte entre le bien et le mal. Notre corps est le théâtre d’un affrontement continuel entre des virus qui tentent de nous détruire et notre système immunitaire qui les repousse et nous défend. Ce combat physique manifeste d’une manière sensible une lutte plus profonde en chacun de nous entre notre volonté attirée vers le bien et notre égoïsme qui refuse l’amour, l’ouverture de soi à l’autre. En chacun de nous, nous découvrons un « monstre » et un « ange. qui s’affrontent pour nous attirer dans des directions opposées.

Lorsque ces combats deviennent virulents, ils éclatent comme des crises, des tentations qui nous déchirent, nous tirant vers deux pôles opposés, le malheur et la mort ou le bonheur et la vie. Cet affrontement impose sa violence à chacun de nous, mais encore plus à l’ensemble de l’Église, avant d’atteindre l’apothéose du rassemblement universel dans le Royaume de notre Père.

La joie de la mère qui succède à sa souffrance était une comparaison traditionnelle dans le judaïsme pour évo­quer les derniers temps, l’époque que devait instaurer le Messie. Dans le déroulement de l’histoire du salut – collectif et individuel – la souffrance précède la joie, le don de soi par amour est le prélude nécessaire de l’éblouissement, c’est à travers la croix que le chrétien s’ouvre à la résurrection.

En opposition au monde, dont la joie éphémère et superficielle cache mal son angoisse profonde, la présence glorieuse du Christ communiquera au croyant une joie fondée sur la communion avec Dieu. Mais cette communion à la Source de la vie et du bonheur n’est possible que par la médiation du Christ Jésus. Comblé de cette joie qui élimine tout doute et toute question, le chrétien s’émerveillera que ses prières, adressées à Dieu au nom de Jésus, en communion avec sa volonté, sont toujours exaucées.

Jean-Louis D’Aragon SJ

2022/05/26 – Lc 24, 46-53

Je vous ai formés, c’est l’heure pour moi de retourner vers mon Père et votre Père. Cela pourrait faire penser que Jésus abandonne les siens. À l’Ascension, Jésus demande à ses disciples, être ses témoins, et il leur dit qu’ils ne seront pas seul : « Je vous enverrai l’Esprit et vous serez revêtus d’une puissance d’en haut. » Voilà les apôtres envoyés pour être les témoins du Christ Ressuscité, pleins de l’Esprit Saint. Voilà aussi notre mission.

Depuis le matin de Pâques, Jésus est présent, et visible avec les yeux du cœur. Avec l’Ascension, Jésus, pose un acte de grande confiance envers l’être humain, et lui confie une mission : soyez mes témoins. Mais Jésus ne quitte pas se disciples, il arrive au cœur même de leur vie, au cœur de notre vie. Il est là en nous, comme force et lumière sur notre chemin de vie. Et il accepte nos faiblesses, nos péchés et nos erreurs. Jésus accepte de cheminer avec nous, de nous accompagner dans nos beaux et moins beaux moments de vie. Il marche avec notre rythme de croissance. 

Jésus invite ses apôtres à passer d’apôtres à témoins du Vivant, à ami dans le Seigneur, et le faire découvrir et aimer au cœur de la vie. Être témoin du Christ, c’est laisser passer l’esprit de Jésus, sa manière d’être et de vivre, à travers nos actes de charité et nos paroles : « ce n’est pas moi qui vous parle, c’est le Christ vivant en moi qui vous enseigne, disait Paul. Être disciples, c’est se laisser façonner par l’Amour du Christ, se laisser transfiguré par sa présence et son amour en nous, pour ensuite donner, servir, et ainsi devenir témoin. Le disciple est alors comme un vitrail, transformé par le Vivant, il laisse passer la lumière du Christ sous une multitudes de couleurs.

L’Ascension, que nous fêtons, accomplit le salut de l’homme, par l’accueil trinitaire et crée l’espace intérieur pour l’œuvre de la foi, dans le cœur du disciple-témoin-missionnaire. Car l’Esprit promis n’est pas un simple remplaçant, il est révélateur de l’œuvre de Dieu pour nous, c’est donne de connaître Jésus : « L’Esprit me glorifiera, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. » (Jn) De même, Paul atteste aux Corinthiens, que « nul ne peut dire que Jésus est Seigneur sans l’Esprit saint. » Car seul l’Esprit Saint en s’unissant à notre esprit peut révéler les mystères de la Foi, de l’Espérance et de l’Amour, dans l’unité de la Famille de Dieu. Jésus, en disparaissant de nos yeux, ouvre notre cœur, notre esprit, notre intelligence et notre volonté à l’Esprit Saint pour recevoir le don de la Foi.

P. André Gagnon SJ 

2022/05/25 – Jn 16, 12-15

Avant son départ, le Christ dit qu’il aurait encore beaucoup de choses à leur révéler. Mais il leur faudra l’Esprit Saint pour pouvoir les recevoir. C’est l’Esprit qui les guidera vers la vérité tout entière. C’est lui qui transmet ce qu’il reçoit qui vient du Christ. Le Christ a tout reçu du Père et c’est ce que l’Esprit fera connaître.

On parle du rôle qu’aura l’Esprit dans l’Église quand il aura été donné. En partie, c’est un rôle qu’il remplissait déjà dans l’Ancien Testament, comme on peut le voir au Psaume 25.

Fais-moi connaître, Yahvé, tes voies; enseigne-moi tes sentiers.

Dirige-moi dans ta vérité, enseigne-moi; c’est toi, le Dieu de mon salut.

…(Toi) qui remets dans la voie les égarés.      (Psaume 25,4-5.8)

Il est celui qui montre le chemin, et qui aide à rester sur ce chemin. Il a un rôle de révélateur mais il est aussi celui qui procure la force de vivre cette révélation.

C’est ce qu’amenait à sa pleine réalisation le Christ quand il disait:

Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie.      (Jean 14,6)

Maintenant que le Christ est retourné dans sa gloire et qu’il est invisible pour les disciples c’est l’Esprit qui est donné pour remplir ce rôle dans l’Église. Il est le révélateur, l’Esprit de Vérité qui guide vers la vérité tout entière. Non pas qu’il y ait une nouvelle révélation car Jésus est la révélation définitive. Mais il éclaire la révélation; il fait pénétrer le mystère de Dieu à travers les paroles et les actions du Christ. C’est ce que disait Jésus de l’Esprit de Vérité:

Il enseignera tout et vous rappellera tout ce que j’ai dit.      (Jean 14,26)

L’Esprit n’est pas seulement un révélateur d’une connaissance qui serait abstraite, théorique. Il s’agit d’une connaissance vécue et, dans ce sens, on peut parler de lui comme d’un guide. Ce rôle et cette présence de guide apparaît continuellement dans la description de la vie de l’Église primitive dans le livre des Actes. Les apôtres doivent trouver des solutions et agir dans des situations complètement nouvelles. Philippe qui, guidé par l’Esprit, donne le baptême à l’eunuque de la reine d’Éthiopie, Pierre qui va chez un centurion romain et prend un repas avec des mets pas nécessairement kosher, la création des diacres, l’envoi de Barnabé et Paul en mission dans des territoires païens, l’abolition de la circoncision pour les Grecs convertis. C’est en étant attentif à la présence de l’Esprit qu’on a trouvé les solutions pour permettre à l’Église de continuer l’oeuvre du Christ.

Finalement, c’est l’Esprit qui donne la Vie que le Christ apportait, cette Vie qui fait des disciples des enfants de Dieu et qui nous permet d’appeler Dieu, Père, Abba.  (Galates 4,6-7; Romains 8,15) C’est l’Esprit de Dieu qui habite dans les disciples et qui les fait reproduire l’image de son Fils. (Romains 8,9.29)

Jean Gobeil SJ 

2022/05/24 – Jn 16, 5-11

Jésus parle de son départ et s’étonne que les disciples ne lui demandent pas: Où vas-tu? Mais cette annonce de départ les remplit de tristesse. Pour les consoler il veut leur montrer que ce départ va leur apporter quelque chose d’important. Son absence sera comblée par la venue du Paraclet, le Défenseur qui est l’Esprit Saint, envoyé par lui alors qu’il est dans sa gloire. L’Esprit fera comprendre que le péché c’est de ne pas croire dans le Christ, le Fils envoyé par le Père. Il fera comprendre où est le bon droit en montrant que Jésus est retourné dans la gloire du Père. Il montrera qui est déjà jugé et condamné: le prince de ce monde.

Le sujet de l’étonnement de Jésus sur le manque de questions des disciples nous rappelle que déjà Pierre et Thomas avaient poser des questions sur le but du départ de Jésus (Jean 13,36; 14,5). Ceci montre bien que notre texte représente une autre tradition des événements durant la dernière Cène. Pour les besoins de la communauté de Jean, le récit a été ajouté à l’évangile qui contenait déjà le premier discours d’adieu. Le rédacteur considérait ce récit comme trop important pour oser le corriger ou pour harmoniser les détails qui ne coïncidaient pas avec le premier discours d’adieu.

Ce texte vient donc encourager non seulement les disciples à la Cène mais encore la communauté de Jean en leur rappelant le rôle de l’Esprit Saint.

L’Esprit Saint fera voir aux disciples que le monde, non pas celui que Jésus est venu sauver (Jean 3,16-17) mais celui qui représente des valeurs opposées à celle du Royaume de Dieu, est dans le péché et que son péché suprême a été de mettre à mort le Fils de Dieu. Le péché est donc le refus de croire que Jésus est le Fils de Dieu, envoyé par le Père.

Ensuite c’est l’Esprit qui fera voir que la mort humiliante du Christ n’est pas le résultat de la domination des forces du mal mais que c’est le passage, l’exaltation vers le Père et la victoire de Jésus sur la mort et les forces du mal. C’est ce que le texte appelle montrer le bon droit de Jésus.

La mort du Christ est le passage à sa glorification (Luc 24,26).

Enfin c’est l’Esprit qui fait voir que la condamnation de Jésus est en fait la condamnation du Prince du monde; il peut continuer à agir jusqu’à la fin mais sa défaite est déjà réalisée avec la venue du Royaume de Dieu.

Jean Gobeil SJ 

2022/05/23 – Jn 15, 26 – 16, 4

Le Christ promet que d’auprès du Père il enverra l’Esprit, qui procède du Père. Il témoignera du Christ et les disciples à leur tour auront à témoigner. Il mentionne que sont des disciples ceux qui sont avec lui depuis le commencement. Il les avertit d’avance que ce témoignage pourra leur coûter des persécutions sérieuses. Il n’avait pas besoin de les avertir plus tôt parce qu’il était avec eux. Mais quand il ne sera plus là et que l’heure de la persécution viendra ils se rappelleront que c’était prévu.

La promesse de l’Esprit est la promesse d’un Défenseur (le “Paraclet”) qui viendra les soutenir dans les persécutions. Il viendra aussi rendre témoignage au Christ. C’est un rappel de ce qu’il leur avait promis plus tôt: l’Esprit, envoyé par le Père, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. (Jean 14,26)

C’est le Père qui donne l’Esprit, qui l’envoie en mission. C’est par l’intermédiaire du Fils qu’il le donne. Jésus avait promis plus tôt:

Je prierai le Père et il vous donnera un autre Défenseur pour qu’il soit avec vous à jamais: l’Esprit de vérité.  (Jean 14,16)

L’Esprit vient du Père par l’intermédiaire du Fils. Il est la nouvelle présence de Dieu et de son Règne: c’est pour cela qu’il y a la mention à jamais. Il remplace le Christ visible auprès des fidèles.

Jésus l’appelle l’Esprit de vérité parce qu’il conduit à la vérité tout entière. Il fait comprendre la personnalité mystérieuse du Christ, comment il accomplit les Écritures, le sens de ses paroles et de ses actions qui sont des signes. C’est dans ce sens de révélateur de la vérité qu’il enseignera tout et rappellera tout ce que le Christ a dit. C’est aussi dans ce sens qu’il témoigne.

Avec cette aide de l’Esprit, les disciples seront appelés à témoigner à leur tour en dépit de l’opposition et des persécutions du monde. En passant, Jésus donne une définition des disciples, ceux qui ont été avec lui depuis le début, qui sera reprise par Luc pour les Douze, lorsqu’il s’agira de trouver un remplaçant pour Judas (Actes 1,21) Mais il y en a d’autres qui l’ont suivi depuis la Galilée jusqu’au Calvaire et même jusqu’au tombeau. Elles sont certainement des disciples, elles aussi, puisqu’elles seront les premières à recevoir la mission de témoigner.

Finalement, tous les fidèles ont à témoigner selon les donc ou capacités particulières de chacun qui proviennent d’ailleurs de l’Esprit et de l’amour du Christ.

Il y a diversité de dons spirituels, mais c’est le même Esprit; diversité de ministères, mais c’est le même Seigneur; diversité d’opérations, mais c’est le même Dieu qui opère tout en tous. …Mais, tout cela, c’est l’unique et même Esprit qui l’opère, distribuant ses dons à chacun en particulier comme il l’entend.     (1 Corinthiens 12,4-6.11)

Jean Gobeil SJ

2021/05/15 – Jn 16, 23b-28

À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Oui, je vous le déclare, c’est la vérité : le Père vous donnera tout ce que vous lui demanderez en mon nom. 24 Jusqu’à maintenant, vous n’avez rien demandé en mon nom. Demandez et vous recevrez, et ainsi votre joie sera complète. » 25 « Je vous ai dit tout cela en utilisant des paraboles. L’heure vient où je ne vous parlerai plus ainsi, mais où je vous annoncerai clairement ce qui se rapporte au Père. 26 Ce jour-là, vous adresserez vos demandes au Père en mon nom ; et je ne vous dis pas que je le prierai pour vous, 27 car le Père lui-même vous aime. Il vous aime parce que vous m’aimez et que vous croyez que je suis venu de Dieu. 28 Je suis venu du Père et je suis venu dans le monde. Maintenant je quitte le monde et je retourne auprès du Père. »

Dans l’Évangile de Jean, toutes les paroles et tous les signes opérés par Jésus possèdent une double signification, qui provient de la double dimension de sa personne, à la fois humaine et divine. Jésus, Fils de Dieu et Fils de l’homme, a une nature visible, et c’est à travers son humanité que le croyant découvre sa divinité. Tout ce qui provient de Jésus possède donc ces deux dimensions, humaine et divine. Ce sont des signes dont il faut découvrir la face cachée à travers la réalité sensible. Telle est la révélation du Père par l’intermédiaire de son Fils incarné dans notre monde.

Même pour les disciples de Jésus, tout était énigmatique, parce que leur foi n’était pas parfaite et que la lumière de l’Esprit leur manquait. « C’est par ta lumière que nous voyons la lumière », s’écrie le psalmiste. (Ps 36,10) Mais « l’heure vient » où l’Esprit sera la lumière de tous les disciples du Christ: il leur rappellera et leur expliquera tout ce que Jésus a dit et fait. Telle est la richesse et la garantie de la tradition chrétienne, mouvement de vie et de pensée à travers les siècles, dirigée par l’Esprit du Christ Jésus.

Tous les disciples de Jésus comprendront alors que le Christ est si étroitement uni au Père – « Moi et le Père, nous sommes un » (10,30) – que la prière au nom de Jésus est la même que celle qu’ils adressent au Père.

Jésus rappelle le cœur de la foi chrétienne, avec les trois moments de sa carrière (v.28). Il préexistait en Dieu avant la création du monde, « Au commencement était le Verbe ». Il s’est incarné en venant dans le monde « Et le Verbe s’est fait chair ». Il retourne maintenant dans la gloire du Père, « Père, glorifie ton Fils pour que le Fils te glorifie. » (Jn 17,1)

Jean-Louis D’Aragon SJ

2021/05/14 – Jn 15, 9-17

Le texte fait partie du dernier discours de Jésus à ses disciples. Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. … Demeurez dans mon amour … comme moi … je demeure dans son amour … Mon commandement le voici: Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. … C’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous partiez , que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accordera.

On pourrait dire que le chapitre 15 de l’évangile de Jean parle de la mission de Jésus et l’explique. Il commence par l’allégorie de la vigne. Dans l’Ancient Testament, c’était l’image du peuple d’Israël que Dieu avait créé et protégé comme aurait fait un propriétaire pour sa vigne. Mais les prophètes avaient déclaré que cette vigne n’avait donné aucun fruit: Israël n’avait pas donné la réponse que Dieu attendait de son peuple.

Jésus commence donc par déclarer qu’il est la vraie vigne: c’est lui le véritable Israël qui donne au Père la réponse qu’il attendait. Font partie de cette vigne les sarments, ceux qui sont unis au Christ, ceux qui demeurent en lui. Sans cette union, les sarments sont secs et inutiles; ils sont sans vie et ne portent pas de fruit. Il termine en disant que c’est seulement en portant du fruit qu’on est son disciple.

Il reste à expliquer quelle est cette union au Christ, qu’est-ce que c’est demeurer dans son amour; qu’est-ce que c’est porter du fruit ou garder son commandement.

Il commence par dire : Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Il ne s’agit pas ici d’une simple comparaison. C’est en réalité le fondement, la base de son amour pour ses disciples qu’il indique en disant: Comme le Père m’a aimé. Par lui, c’est l’amour du Père qui rejoint ses disciples. La réalité de cet amour ou de cette communication fait que le Christ peut dire: Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie.

On doit se rappeler de cela quand on regarde la croix. Si on veut rejoindre le réalité de la croix, il faut faire abstraction du caractère pénible et terrible de la mort pour rejoindre le don qui nous est fait. Le don de sa vie comprend le don de l’Esprit: Il remit l’Esprit, dit saint Jean pour parler de la mort du Christ. Et c’est ce don qui fait, dit-il, que nous ne sommes plus ses serviteurs mais des amis. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Je vous appelle mes amis parce que tout ce que j’ai entendu de mon Père je vous l’ai fait connaître.

La réalité de l’amour du Père pour Jésus est le fondement de l’amour du Christ pour ses disciples. On a donc une sorte d’équation: L’amour du Père pour Jésus est le fondement de l’amour du Christ pour ses disciples. Pour être ses disciples, pour porter du fruit, pour observer son commandement, pour demeurer dans son amour, il faut avoir une autre équation symétrique de la première : Comme le Christ nous a aimés, nous aussi, nous devons nous aimer les uns les autres. L’amour du Christ pour nous, doit, si nous voulons demeurer dans son amour, avoir la réponse d’aimer les autres. C’est cela porter du fruit. Et en demeurant dans son amour, nous entrons dans l’amour du Père, mais cela sera l’objet du chapitre 17 de l’évangile, le testament de Jésus ou le discours sur l’unité.

Jean Gobeil SJ

 

 

 

 

 

 

 

2021/05/13 – Mc 16, 15-20 – Ascension du Seigneur

Avant de quitter les disciples, le Christ leur donne la mission d’aller proclamer la Bonne Nouvelle dans le monde entier. Il leur promet que la puissance de Dieu les protégera et fera des signes à travers leurs actions. Après que le Christ soit retourné dans sa gloire auprès du Père, les disciples travaillent à la mission et le Seigneur travaille avec eux.

Le disciple qui a écrit la conclusion de l’évangile de Marc (ce qui est ajouté après Mc.16,8) a utilisé des traditions qu’on retrouve dans les autres évangiles. Le texte aujourd’hui rappelle la finale de Matthieu où Jésus confiait aux disciples la mission d’aller baptiser “toutes les nations”. Mais ce qu’il fait est quand même en continuité avec la pensée de Marc.

L’auditoire de Marc semble bien être une communauté qui a des difficultés et des doutes; elle est peut-être en proie à de la persécution, comme Rome. Marc suggère que les chrétiens de cette communauté ne devraient pas être surpris par les difficultés et les doutes: il leur montre l’exemple des apôtres qui, même s’ils étaient avec le Seigneur, souvent ne comprenaient pas. Plusieurs fois, Jésus leur reprochent de ne pas avoir de foi (dans Matthieu et Luc, Jésus parle plutôt de leur peu de foi). Dans les moments difficiles, ils dorment ou sont absents ou ont peur. Jésus lui-même, dit Marc, à Gethsemani, commença à ressentir effroi et angoisse (Marc 14,33).

La conclusion de l’évangile rappelle donc aux chrétiens qu’en dépit de leurs difficultés et de leurs craintes ils ont la mission de proclamer partout la Bonne Nouvelle. Ils doivent ranimer leur foi et se rappeler que le Seigneur travaillait avec eux.

La foi en la main puissante de Dieu qui agit à travers notre proclamation de la Bonne Nouvelle, si faible soit-elle à nos yeux, nous libère de nos craintes, de nos soucis et de nous-mêmes.

Jean Gobeil SJ

 

 

 

 

2021/05/12 – Jn 16, 12-15

Avant son départ, le Christ dit qu’il aurait encore beaucoup de choses à leur révéler. Mais il leur faudra l’Esprit Saint pour pouvoir les recevoir. C’est l’Esprit qui les guidera vers la vérité tout entière. C’est lui qui transmet ce qu’il reçoit qui vient du Christ. Le Christ a tout reçu du Père et c’est ce que l’Esprit fera connaître.

On parle du rôle qu’aura l’Esprit dans l’Église quand il aura été donné. En partie, c’est un rôle qu’il remplissait déjà dans l’Ancien Testament, comme on peut le voir au Psaume 25.

Fais-moi connaître, Yahvé, tes voies; enseigne-moi tes sentiers.
Dirige-moi dans ta vérité, enseigne-moi; c’est toi, le Dieu de mon salut.
… (Toi) qui remets dans la voie les égarés. (Psaume 25,4-5.8)

Il est celui qui montre le chemin, et qui aide à rester sur ce chemin. Il a un rôle de révélateur mais il est aussi celui qui procure la force de vivre cette révélation.

C’est ce qu’amenait à sa pleine réalisation le Christ quand il disait:
Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. (Jean 14,6)

Maintenant que le Christ est retourné dans sa gloire et qu’il est invisible pour les disciples c’est l’Esprit qui est donné pour remplir ce rôle dans l’Église. Il est le révélateur, l’Esprit de Vérité qui guide vers la vérité tout entière. Non pas qu’il y ait une nouvelle révélation car Jésus est la révélation définitive. Mais il éclaire la révélation; il fait pénétrer le mystère de Dieu à travers les paroles et les actions du Christ. C’est ce que disait Jésus de l’Esprit de Vérité : Il enseignera tout et vous rappellera tout ce que j’ai dit. (Jean 14,26)

L’Esprit n’est pas seulement un révélateur d’une connaissance qui serait abstraite, théorique. Il s’agit d’une connaissance vécue et, dans ce sens, on peut parler de lui comme d’un guide. Ce rôle et cette présence de guide apparaît continuellement dans la description de la vie de l’Église primitive dans le livre des Actes. Les apôtres doivent trouver des solutions et agir dans des situations complètement nouvelles. Philippe qui, guidé par l’Esprit, donne le baptême à l’eunuque de la reine d’Éthiopie, Pierre qui va chez un centurion romain et prend un repas avec des mets pas nécessairement kasher, la création des diacres, l’envoi de Barnabé et Paul en mission dans des territoires païens, l’abolition de la circoncision pour les Grecs convertis. C’est en étant attentif à la présence de l’Esprit qu’on a trouvé les solutions pour permettre à l’Église de continuer l’œuvre du Christ.

Finalement, c’est l’Esprit qui donne la Vie que le Christ apportait, cette Vie qui fait des disciples des enfants de Dieu et qui nous permet d’appeler Dieu, Père, Abba. (Galates 4,6-7; Romains 8,15) C’est l’Esprit de Dieu qui habite dans les disciples et qui les fait reproduire l’image de son Fils. (Romains 8,9.29)

Jean Gobeil SJ