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2023/05/06 – Jn 14, 7-14

Jésus vient de déclarer qu’il est le chemin, l’unique voie pour atteindre Dieu, la source de la vie éternelle. La condition, c’est de connaître Jésus et, par lui, de connaître le Père.
« Connaître » ne signifie pas dans l’Évangile la simple connaissance hu¬maine d’un fait ou d’une personne, mais la relation personnelle de la per¬sonne humaine à Dieu (v.7). Par la connaissance du Père, qu’ils connaissent par Jésus, les disciples sont établis à l’égard du Père dans une relation simi¬laire à celle qui unit Jésus à son Père: relation d’amour, d’obéis¬sance et d’habitation mutuelle. Aussi la vie éternelle consiste dans la connais¬sance du Père par le Christ (17,3).

La demande de Philippe, « Montre-nous le Père » exprime l’aspiration universelle de voir Dieu, la source de tout bien. L’union du Fils à son Père est si parfaite, que Jésus peut reprocher à Philippe de ne pas le connaître, s’il n’a pas vu Dieu en lui (v.9). La demande de Philippe supposait que l’homme peut voir directement Dieu, alors que c’est uniquement par la médiation de Jésus qu’il devient possible de communiquer avec le Père. L’aspiration reli¬gieuse de l’humanité peut se réaliser depuis que le Fils de Dieu s’est incarné: dans ses actions, ses paroles et sa personne, Jésus révèle Dieu (1,18).

Union parfaite du Père et du Fils

Jésus parle et agit au nom de son Père, en sorte que ses paroles et ses oeuvres ne sont pas les siennes, mais celles du Père. Le développement de cette pensée conclut le ministère public de Jésus : « Je n’ai pas parlé de ma propre initiative, mais le Père qui m’a envoyé m’a ordonné lui-même ce que je devais dire et enseigner » (12,49s). Le Christ carac¬térise l’ensemble de son ministère comme l’exacte correspondance au « com¬mandement » qu’il a reçu de son Père. La répétition de ce mot souligne l’obéissance de Jésus, lien qui le rattache à son Père et qui, comme la « nourriture », entretient sa vie (4,34).

Si on refuse de se laisser convaincre par les affirmations de Jésus, on doit croire au moins en raison des oeuvres que le Père accomplit par lui. Cette foi qui a besoin d’être suscitée par les oeuvres et les signes n’est pas la meilleure, car « si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croi¬rez donc jamais. » (4,48).

Prolonger la mission de Jésus

Avec son retour au Père, le ministère de Jésus ici-bas prend fin. Par son Incarnation, il a assumé par amour les limites humaines. Mais il continue sa mission par et dans ses disciples, qui feront « les oeuvres que je fais. » (v.12)

Non seulement ces oeuvres des chrétiens seront celles de Jésus, mais elles seront plus grandes que les siennes. Comment comprendre une assertion aussi déconcertante? Les « oeuvres » des chrétiens prolongeront l’oeuvre même du Christ agissant dans son Église, mais elles ne seront plus limitées par le temps et l’espace comme celles de Jésus durant son ministère. Aussi les chrétiens amèneront plus de personnes à croire que Jésus lui-même. Le contraste entre les oeuvres de Jésus et celles « plus grandes » de ses disciples porte donc sur le nombre des convertis. Jésus a déjà annoncé cette mission de ses disciples et son succès (4,35-38). La pêche miraculeuse, accordée par le Ressuscité, en sera le symbole (21,1-14).

La montée de Jésus vers le Père produira l’efficacité missionnaire des disciples. L’oeuvre de Jésus était nécessairement incomplète avant cette consommation de son ministère. Lorsque le Père glorifie son Fils, il « remet tout entre ses mains » (13,3). Jésus glorifié peut donner l’Esprit à ses disciples et il peut accomplir ainsi par eux des « oeuvres plus grandes » qu’avant sa glorification.

Prier en son nom

Lorsque le chrétien invoque la personne de Jésus, en union avec lui, il demande en son « nom » (vv.13s). Cette prière n’est pas magique, comme si le disciple pouvait, selon sa fantaisie, amener son Seigneur à abaisser et réduire sa vo¬lonté à la sienne. Le lien avec le v.12 montre que l’objet de cette prière concerne l’activité du chrétien, en tant que celle-ci prolonge l’oeuvre du Christ et qu’elle en dépend (1 Jn 5,14: demander « selon sa volonté »).

La prière chrétienne est donc toujours exaucée, puisqu’elle est faite en union avec la volonté de Dieu. La répétition et la persévérance dans la prière n’ont pas pour but de changer la volonté de Dieu, mais de parvenir à conformer la nôtre à celle de notre Seigneur. De même, Jésus affirme que le Père l’exauce toujours (11,41s), parce qu’il fait toujours ce qui plaît à son Père (8,29). Le Christ lui-même exaucera cette prière du chrétien, car le Père, présent dans son Fils, agit par lui (15,16; 16,23). C’est ainsi que le Père sera glorifié dans le Fils et dans ses disciples, en qui il se montrera.

Jean-Louis D’Aragon SJ

2023/05/05 – Jn 14, 1-6

Le décès d’un père, d’une mère, d’un ami,… nous blesse au cœur. Tout départ, toute séparation est une tragédie. Les liens d’amour, tissés pendant de longues années semblent coupés. Qu’adviendra-t-il dans les jours, les semaines à venir ? La disparition de la personne aimée, en qui nous avions confiance, laisse un vide qui nous angoisse.

La pensée de la séparation imminente de leur Seigneur jette dans la tristesse et la peur les disciples de Jésus, ainsi que les chrétiens au temps de l’évangéliste. Ils sont perturbés pour le sort de leur Maître et pour leur propre avenir. Jésus les exhorte à bannir cette détresse et cette peur par la foi à sa promesse de les rassembler auprès de lui.
Tous réunis dans la maison du Père

Jésus encadre ses paroles d’encouragement par le même thème, « Que votre coeur ne se trouble pas », répète-t-il. (vv. 1 et 27) à ses disciples et à tout chrétien, angoissés par le départ et l’absence de leur Maître, en qui ils ont mis toute leur espérance. Ils sont prêts à succomber au doute et même au désespoir. L’unique remède à la tristesse se trouve dans la foi en Dieu et en Jésus. Les disciples doivent croire que le tragique départ de leur Seigneur amènera la glorification, l’apothéose du Christ auprès de son Père. Il deviendra alors la source de leur propre glorification dans la maison du Père.

L’amour de Dieu, le Père, s’étend à tous les croyants rassemblés hors de ce monde mauvais. L’expression « plusieurs demeures » montre l’ampleur de la maison de Dieu, mais non la diversité des degrés dans le bonheur. L’amour infini de Dieu s’étend à toutes ses créatures.

À ses dis¬ciples angoissés par son départ, Jésus promet qu’il reviendra les prendre avec lui (v.3). Telle est le sens de la mort chrétienne : la rencontre avec le Christ glorieux, qui nous rassemblera avec tous nos parents et nos amis, cette famille de Dieu, dans la maison de notre Père. De même qu’il part préparer une place aux siens, ainsi Jésus nous assure qu’il reviendra nous prendre avec lui.

Jésus, le chemin vers le Père

Il est impossible, par nous-mêmes, de franchir le chemin qui mène à notre patrie. Thomas a raison, car nous ne connaissons même pas ce bonheur indicible de l’amour et de la vie, « là où Jésus s’en va ». Même en le connaissant, nous n’aurions pas la force d’en parcourir le chemin.

Dans sa réponse à Thomas, Jésus recourt à l’expression caractéristique, « Je suis », qui révèle les principaux attributs de sa personne. Comment Jésus est-il « le chemin » vers le Père? Parce qu’il est la vérité, c’est-à-dire la révélation du Père, en sorte que les humains, en le connaissant, découvrent le Père en lui. Lorsque les croyants le voient, ils voient le Père. Il est aussi le chemin, parce qu’il est la vie, puisqu’il vit dans le Père et que le Père vit en lui. Il est le Médiateur, le canal, par lequel la vie de Dieu parvient aux chrétiens. Jésus, « le chemin », désigne donc l’essentiel, que « la vérité » et « la vie » explicitent.

Jésus est « le chemin » qui mène au Père de trois manières. Il ouvre la voie en passant le premier par le sacrifice volontaire de sa vie pour ressusci¬ter dans la gloire. De plus, il accorde la grâce de parcourir le même chemin en donnant aux siens la lumière et la force de l’Esprit. Enfin Jésus incorpore les chrétiens en lui-même pour franchir la route avec nous. Il meurt avec nous et res¬suscite avec nous. Cette image traditionnelle du « chemin » rappelle la marche du peuple vers la Terre promise et la progression de notre pèlerinage ici-bas vers la patrie.

« Personne ne va au Père sans passer par moi » reprend une affir¬mation fondamentale que l’évangéliste avait déjà proclamée (1,18; 3,13). Jésus est donc l’unique Médiateur entre Dieu et l’humanité. En rappelant cette af-firmation de Jésus, Jean pensait aux multiples mouvements religieux de son époque. Il n’y a pas plusieurs voies pour atteindre Dieu. À une époque comme la nôtre, la prétention de Jésus pourra paraître intransigeante, mais c’est l’intransigeance de la vérité, qui est unique.

Conclusion

Jésus ne veut pas que nous soyons bouleversés, ni par les tragédies de notre monde, ni par la perspective de notre mort. Il nous souhaite la paix et la joie, que doit nous procurer notre rencontre avec notre Seigneur. Il suffit de remettre sa vie, dans un sacrifice d’amour et de confiance, entre les mains de notre Père.

Jean-Louis D’Aragon SJ

2023/05/04 – Jn 13, 16-20

L’humiliation du lavement des pieds des disciples par Jésus exprimait dans un geste symbolique le sacrifice de la croix. Jésus explicite maintenant la manière d’agir des chrétiens à la suite du geste posé par leur « Maître » (celui qui enseigne) « et Seigneur  » (celui qui commande).

La vocation de servir

Dans les trois évangiles précédents (Mc 10,32-45; Mt 20,17-28; Lc 22,25-29), Jésus enseignait qu’il était le Serviteur et que son disciple devait servir de la même manière que son Seigneur. Ce service volontaire découlait du sacri¬fice de Jésus.

« Comme » ne signifie pas seulement que le service des chrétiens imi¬tera celui de Jésus. Ils doivent servir comme le Christ Jésus, parce qu’ils ont accepté, par la foi et le baptême, la vie du Crucifié. Le geste de Jésus devient en eux un ferment d’amour qui s’épanouit dans le service.

Les vv. 16 et 20 signalent deux autres motifs d’imiter et de suivre Jésus dans la voie du service. L’esclave partage la destinée de son Maître, parce qu’il a voulu librement se livrer à lui et lui appartenir. L’envoyé représente et prolonge celui qui l’envoie. En lui, apparaît la figure de son Maître. À son serviteur qui pratique à sa suite ce qu’il enseigne, le Seigneur Jésus promet le vrai bonheur. (v.17).

La trahison assumée dans le sacrifice

En citant le Ps 41,10, Jésus associe Judas à cet ami intime de David, qui commet un acte subit de traîtrise et de violence contre son hôte, dont il partage la table. L’image est celle de la ruade subite du cheval ou de l’âne. Cette trahison marquera le début de la Passion, « l’heure » de la glorification du Christ. L’amour du Fils pour son Père se manifestera parfaitement dans le don de sa personne. Lorsque « l’heure » sera accomplie, les disciples seront en mesure de croire que Dieu, le Seigneur, est parfaitement présent en Jésus, qui peut affirmer lui aussi « Je Suis ».

Jean-Louis D’Aragon SJ

2023/05/03 – Jn 14, 6-14

Jésus vient de déclarer qu’il est le chemin, l’unique voie pour atteindre Dieu, la source de la vie éternelle. La condition, c’est de connaître Jésus et, par lui, de connaître le Père.
« Connaître » ne signifie pas dans l’Évangile la simple connaissance hu¬maine d’un fait ou d’une personne, mais la relation personnelle de la per¬sonne humaine à Dieu (v.7). Par la connaissance du Père, qu’ils connaissent par Jésus, les disciples sont établis à l’égard du Père dans une relation simi¬laire à celle qui unit Jésus à son Père: relation d’amour, d’obéis¬sance et d’habitation mutuelle. Aussi la vie éternelle consiste dans la connais¬sance du Père par le Christ (17,3).

La demande de Philippe, « Montre-nous le Père » exprime l’aspiration universelle de voir Dieu, la source de tout bien. L’union du Fils à son Père est si parfaite, que Jésus peut reprocher à Philippe de ne pas le connaître, s’il n’a pas vu Dieu en lui (v.9). La demande de Philippe supposait que l’homme peut voir directement Dieu, alors que c’est uniquement par la médiation de Jésus qu’il devient possible de communiquer avec le Père. L’aspiration reli¬gieuse de l’humanité peut se réaliser depuis que le Fils de Dieu s’est incarné: dans ses actions, ses paroles et sa personne, Jésus révèle Dieu (1,18).

Union parfaite du Père et du Fils

Jésus parle et agit au nom de son Père, en sorte que ses paroles et ses oeuvres ne sont pas les siennes, mais celles du Père. Le développement de cette pensée conclut le ministère public de Jésus : « Je n’ai pas parlé de ma propre initiative, mais le Père qui m’a envoyé m’a ordonné lui-même ce que je devais dire et enseigner » (12,49s). Le Christ carac¬térise l’ensemble de son ministère comme l’exacte correspondance au « com¬mandement » qu’il a reçu de son Père. La répétition de ce mot souligne l’obéissance de Jésus, lien qui le rattache à son Père et qui, comme la « nourriture », entretient sa vie (4,34).

Si on refuse de se laisser convaincre par les affirmations de Jésus, on doit croire au moins en raison des oeuvres que le Père accomplit par lui. Cette foi qui a besoin d’être suscitée par les oeuvres et les signes n’est pas la meilleure, car « si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croi¬rez donc jamais. » (4,48).

Prolonger la mission de Jésus

Avec son retour au Père, le ministère de Jésus ici-bas prend fin. Par son Incarnation, il a assumé par amour les limites humaines. Mais il continue sa mission par et dans ses disciples, qui feront « les oeuvres que je fais. » (v.12)

Non seulement ces oeuvres des chrétiens seront celles de Jésus, mais elles seront plus grandes que les siennes. Comment comprendre une assertion aussi déconcertante? Les « oeuvres » des chrétiens prolongeront l’oeuvre même du Christ agissant dans son Église, mais elles ne seront plus limitées par le temps et l’espace comme celles de Jésus durant son ministère. Aussi les chrétiens amèneront plus de personnes à croire que Jésus lui-même. Le contraste entre les oeuvres de Jésus et celles « plus grandes » de ses disciples porte donc sur le nombre des convertis. Jésus a déjà annoncé cette mission de ses disciples et son succès (4,35-38). La pêche miraculeuse, accordée par le Ressuscité, en sera le symbole (21,1-14).

La montée de Jésus vers le Père produira l’efficacité missionnaire des disciples. L’oeuvre de Jésus était nécessairement incomplète avant cette consommation de son ministère. Lorsque le Père glorifie son Fils, il « remet tout entre ses mains » (13,3). Jésus glorifié peut donner l’Esprit à ses disciples et il peut accomplir ainsi par eux des « oeuvres plus grandes » qu’avant sa glorification.

Prier en son nom

Lorsque le chrétien invoque la personne de Jésus, en union avec lui, il demande en son « nom » (vv.13s). Cette prière n’est pas magique, comme si le disciple pouvait, selon sa fantaisie, amener son Seigneur à abaisser et réduire sa vo¬lonté à la sienne. Le lien avec le v.12 montre que l’objet de cette prière concerne l’activité du chrétien, en tant que celle-ci prolonge l’oeuvre du Christ et qu’elle en dépend (1 Jn 5,14: demander « selon sa volonté »).

La prière chrétienne est donc toujours exaucée, puisqu’elle est faite en union avec la volonté de Dieu. La répétition et la persévérance dans la prière n’ont pas pour but de changer la volonté de Dieu, mais de parvenir à conformer la nôtre à celle de notre Seigneur. De même, Jésus affirme que le Père l’exauce toujours (11,41s), parce qu’il fait toujours ce qui plaît à son Père (8,29). Le Christ lui-même exaucera cette prière du chrétien, car le Père, présent dans son Fils, agit par lui (15,16; 16,23). C’est ainsi que le Père sera glorifié dans le Fils et dans ses disciples, en qui il se montrera.

Jean-Louis D’Aragon SJ

2023/05/02 – Jn 10, 22-30

Jésus est à Jérusalem pour la fête anniversaire de la Dédicace du temple qui rappelle la purification du temple par Judas Maccabée après la profanation faite par Antiochus Epiphane. On mentionne la colonnade de Salomon qui était un portique le long du mur sud de l’esplanade du temple où enseignaient et discutaient les docteurs de la Loi. Les Juifs somment Jésus de dire s’il est le Messie comme le fera le grand prêtre à son procès. Jésus répond: Je vous l’ai dit et vous ne croyez pas. S’ils étaient comme les brebis de son troupeau, ils écouteraient sa voix et auraient la vie éternelle. Personne ne pourrait les séparer de lui parce que c’est le Père qui les lui a confiées. Le Père et moi, nous sommes Un, déclare Jésus.

A la question, Es-tu le Messie, Jésus répond indirectement: Je vous l’ai dit. Jésus se défie du titre qui a souvent des connotations politiques. Ce que Jésus a dit, il l’a dit à travers ses oeuvres. Mais pour entendre ou voir ce que reflètent ces oeuvres il faut la foi en lui. C’est pour cela qu’il ajoute: Je vous l’ai dit et vous ne croyez pas. Même avec les disciples de Jean Baptiste qu’il a envoyé demander, Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre, Jésus donne comme réponse des exemples de ses oeuvres. Pourtant Jean Baptiste n’avait pas en tête un Messie politique. Ce n’est qu’avec la Samaritaine qui était venue puiser de l’eau qu’il répond directement à ce qu’elle attend. Elle parle du Messie qui doit venir, qu’on appelle Christ, et qui expliquera tout. Jésus lui dit: Je le suis, moi qui te parle. La conversation qu’elle avait eue avec Jésus l’avait préparée: elle était prête à croire en lui. Elle ne cherchait plus de l’eau matérielle: elle l’avait oubliée. En fait, elle oublie même sa cruche pour aller annoncer aux gens du village celui qu’elle a rencontré.

Sans la foi on ne peut entendre ce que Jésus dit. Et c’est par la foi qu’on fait partie de son troupeau. Jésus ajoute que ceux qui font partie de son troupeau, rien ne peut les séparer de lui. On pense à la phrase de saint Paul: Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ? (Romains 8,35)
Et c’est cette union au Christ qui implique union avec le Père et amène la déclaration finale: Moi et le Père sommes Un.

Les Juifs voudront le lapider en disant à Jésus qu’il blasphème: parce que n’étant qu’un homme, tu te fais Dieu. La foi chrétienne est juste l’inverse: le Verbe s’est fait chair. Dieu s’est fait homme.

Jean Gobeil SJ 

2023/05/01 – Jn 10, 11-18

Le pasteur et le mercenaire

La différence centrale entre les deux, c’est que le pasteur, animé par l’amour, se dévoue pour ses brebis, au péril de sa vie, tandis que le mercenaire (les Pharisiens) ne remplit sa fonction que pour son intérêt personnel. C’est la différence radicale entre l’amour, qui s’étend jusqu’au don total de soi-même, en opposition à l’égoïsme possessif, qui essaie de dominer et de posséder tout ce qu’il touche.

Entre Jésus et les chrétiens s’établit une connaissance réciproque, qui reproduit la connaissance intime entre Jésus et son Père. Cette connaissance n’équivaut pas simplement à un savoir, mais à une ouverture entière à l’autre, que l’on connaît et à qui on se donne. Aussi Jésus exprime-t-il son union mystérieuse entre lui et son Père par leur connaissance mutuelle : « Je connais le Père et le Père me connaît. » C’est l’amour qui donne l’intensité à cette connaissance mutuelle.

La préoccupation de Jésus pour ses brebis déborde les limites d’Israël, car il veut donner la vie à tous les humains. (v.16) Des Juifs croyants et des païens convertis, Jésus formera un seul troupeau, uni par la foi à l’unique pasteur.

L’amour du Père et de Jésus

L’amour du Père pour son Fils, Jésus, se prolonge dans l’amour du Christ pour ses brebis. Comment l’offrande de sa vie par son Fils peut-il susciter l’amour de son Père? Considérée d’un point de vue humain, en dehors du réseau d’amour en Dieu, ce don de sa vie peut paraître du masochisme de la part du Fils et du sadisme de la part du Père. Dans un séminaire interdisciplinaire, un intervenant, après avoir entendu cette affirmation que le sacrifice de Jésus était la source de notre libération, me lança avec émotivité cette objection: « Mais c’est du sadisme! » C’est vrai du point de vue d’une psychologie purement humaine qui ne parvient pas à découvrir l’amour dans un si grand mystère.

Seul, celui qui croit à l’amour mutuel et infini du Fils pour le Père peut réussir à soupçonner et à comprendre le mystère de ce don total. Jésus, le Fils, rassemblant toute l’humanité en lui-même la réunit à Dieu, son Père, dans cette offrande empreinte de confiance. Le péché radical de l’homme, par lequel il détruisit son union à Dieu fut la défiance. Cette rupture de la confiance, l’homme l’étendit ensuite à ses semblables. Combien de fois ai-je entendu quelqu’un s’écrier: « Moi, je ne fais confiance à personne, » c’est-à-dire je détruis toute relation avec les autres.

Confiance et liberté dans le sacrifice

Jésus donne sa vie, se livre totalement à Dieu. Il exprime par ce don de lui-même sa confiance et son obéissance au Père, qui accueille ce sacrifice pour rétablir la communion de l’humanité avec lui, la source unique de la vie. Mais, pour être un sacrifice authentique, il doit être libre, inspiré par l’amour. Autrement, il ne vaut rien: « Je pourrais livrer mon corps aux flammes. si je n’ai pas l’amour, cela ne sert à rien » (1 Cor 13,3).

Jésus insiste sur cette liberté de son amour dans le don de lui-même: « Je donne ma vie pour la reprendre ensuite. » L’amour mutuel du Père et du Fils est tellement intense, que Jésus peut affirmer en même temps qu’il donne sa vie et qu’il a le pouvoir de la rependre. Pourtant il ajoute que « c’est le commandement que j’ai reçu de mon Père. » Jésus est libre dans son obéissance, elle ne lui est pas imposée, parce qu’il l’imprègne de son amour. Une obéissance imposée serait un travesti, qui pervertit la disponibilité confiante à Dieu.
Partout ailleurs, on attribue la résurrection au Père. Nous avons ici le seul passage où c’est Jésus, le Fils, qui se ressuscite lui-même, affirmant ainsi que le Père et le Fils sont un dans leur agir, dans la création de l’univers, dans l’histoire humaine et dans la résurrection: « Tout ce que le Père fait, le Fils le fait également » (Jn 5,19).

Jean-Louis D’Aragon SJ

2022/05/14 – Jn 15, 9-17

Tous les commandements se résument dans celui de l’amour mutuel entre les disciples de Jésus (v.12). Le commandement qui permet de demeu­rer dans l’amour du Christ est précisément celui de l’amour. L’amour est le lien vital à l’intérieur de l’union entre le Père, le Fils et les disciples. Il faut permettre au Christ d’aimer en nous et par nous, lui, le bon Pasteur, qui donne sa vie pour ses brebis (10,11; 1 Jn 3,16).

Accepter par amour ce que Jésus commande ne rend pas esclave, mais, au contraire, fait participer à la liberté souveraine de Dieu. Celui qui est en­tièrement disponible, obéissant, connaît la vérité qui vient de Dieu par l’in­termédiaire de Jésus et cette vérité le libère de l’esclavage du péché et de la mort. Obéir consiste à participer à la souveraine liberté de Dieu.

C’est à la suite d’un don gratuit, d’un choix bienveillant, que le chré­tien devient l’ami de Jésus (v.16). Ce choix vise l’épanouissement du chré­tien, qui produit des fruits parce qu’il est uni au Christ et qu’il aime ses frères et ses sœurs. Cette vie dans le Christ est, de sa nature, conquérante; elle doit s’étendre à la mission des disciples.

« Aime et fais ce que tu veux. » (Saint Augustin)

Après l’allégorie de la vigne, Jésus traite maintenant des rapports d’amour à l’intérieur de la communauté chrétienne. L’amour est le principe de la relation entre le Père et le Fils. C’est le même amour qui a suscité l’existence de l’Église. Cet amour prend son origine dans le Père, qui le communique, par la médiation de son Fils, à tous ceux et celles qui croient dans son Envoyé.

L’authenticité de cet amour se manifeste dans l’obéis­sance, qui suppose la confiance totale envers celui qu’on aime.  Celui qui obéit renonce à sa volonté propre, à ses désirs et à ses inclinations, pour se conformer au commandement, à l’ordre de celui qui le dirige. Il y a toujours une humiliation dans l’obéissance, parce qu’on accepte que sa liberté soit brimée. L’obéissance, comme le renoncement et l’abnégation, désigne quelque chose de négatif, en quelque sorte un acte inhumain, s’il n’est pas animé par l’amour, le don de soi. Aussi l’obéissance est l’expression concrète de l’amour.

Dans sa relation au Père, Jésus est le modèle de l’union que les chré­tiens doivent avoir avec lui, l’Envoyé de Dieu. Bien plus, c’est dans l’amour obéissant de Jésus au Père que les disciples puisent la force exaltante de vivre cet idéal. De cette union du Fils au Père par l’amour qui se révèle dans son obéissance, découle la joie de Jésus, l’épanouissement de tout son être. En prolongeant cet amour de service, les chrétiens feront l’expérience de la même joie.

Ce passage de Jean est un rappel de l’unique commandement, l’amour mutuel (v.17), qui forme une transition avec ce qui suit. L’amour qui règne à l’intérieur de la communauté chrétienne s’oppose à la haine qui sévit à l’extérieur, dans le monde.

Jean-Louis D’Aragon SJ

2022/05/13 – Jn 14, 1-6

Le texte que nous avons aujourd’hui est le commencement des discours d’adieux. Jésus va passer de son existence terrestre à son existence céleste. Il annonce son départ et dit aux disciples qu’ils ne peuvent le suivre maintenant. Mais il vient de leur annoncer :  ils doivent maintenant faire quelque chose qu’il appelle un commandement nouveau.(Jn.13,34)

Nous connaissons déjà, par les évangiles de Matthieu, Marc et Luc le commandement de l’amour du prochain. Le prochain c’est n’importe qui. Ce peut même être un ennemi. Mais Jésus parle maintenant de l’amour ‘’les uns pour les autres’’, c’est-à-dire l’amour à l’intérieur de la communauté. Il sera un signe de celui qui est absent maintenant. Ce sera le devoir de la communauté de montrer la présence de l’amour du Christ.

Pour le moment, les disciples sont frappés de l’annonce de son absence et il doit les aider à retrouver leur paix intérieure. ‘’Ne soyez donc pas bouleversés.’’ On perd ordinairement la paix parce qu’on regarde mal ou qu’on regarde uniquement un aspect. Jésus leur demande donc d’avoir la foi en lui. Il ne les oublie pas : il va leur préparer une place.

Il fait ensuite une promesse : ‘’Je reviendrai vous prendre.’’ L’attente de cette réalisation se retrouve en de nombreux endroits des premiers écrits chrétiens.

Ce sera le retour glorieux du Christ qui fera participer à sa gloire les disciples fidèles.

Il conclut en déclarant que pour atteindre le Père, Jésus est le Chemin, la Vérité et la Vie. Il est le Chemin : pour atteindre le Père il faut le suivre. Il est la Vérité : il vient révéler que Dieu est comme un Père, qu’il a donné son Fils et qu’il est proche. Il est la Vie. Très tôt il a déclaré qu’il était venue sauver et non pas détruire et qu’il apportait une vie nouvelle en ‘’surabondance’’ (Jn.10,10).

Jean Gobeil SJ

2022/05/12 – Jn 13, 16-20

L’humiliation du lavement des pieds des disciples par Jésus exprimait dans un geste symbolique le sacrifice de la croix. Jésus explicite maintenant la manière d’agir des chrétiens à la suite du geste posé par leur « Maître » (celui qui enseigne) « et Seigneur  » (celui qui commande).

Dans les trois évangiles précédents (Mc 10,32-45; Mt 20,17-28; Lc 22,25-29), Jésus enseignait qu’il était le Serviteur et que son disciple devait servir de la même manière que son Seigneur. Ce service volontaire découlait du sacri­fice de Jésus.

« Comme » ne signifie pas seulement que le service des chrétiens imi­tera celui de Jésus. Ils doivent servir comme le Christ Jésus, parce qu’ils ont accepté, par la foi et le baptême, la vie du Crucifié. Le geste de Jésus devient en eux un ferment d’amour qui s’épanouit dans le service.

Les vv. 16 et 20 signalent deux autres motifs d’imiter et de suivre Jésus dans la voie du service. L’esclave partage la destinée de son Maître, parce qu’il a voulu librement se livrer à lui et lui appartenir. L’envoyé représente et prolonge celui qui l’envoie. En lui, apparaît la figure de son Maître. À son serviteur qui pratique à sa suite ce qu’il enseigne, le Seigneur Jésus promet le vrai bonheur. (v.17).

En citant le Ps 41,10, Jésus associe Judas à cet ami intime de David, qui commet un acte subit de traîtrise et de violence contre son hôte, dont il partage la table. L’image est celle de la ruade subite du cheval ou de l’âne. Cette trahison marquera le début de la Passion, « l’heure » de la glorification du Christ. L’amour du Fils pour son Père se manifestera parfaitement dans le don de sa personne. Lorsque « l’heure » sera accomplie, les disciples seront en mesure de croire que Dieu, le Seigneur, est parfaitement présent en Jésus, qui peut affirmer lui aussi « Je Suis« .

 Jean-Louis D’Aragon SJ 

 

 

2022/05/11 – Jn 12, 44-50

Jésus fait une dernière proclamation en public. Il déclare que croire en lui c’est croire en celui qui l’a envoyé et le voir, c’est voir celui qui l’a envoyé.  Il dit qu’il est la lumière venu dans le monde, non pas pour juger le monde mais pour le sauver. Mais rejeter ses paroles, c’est avoir son propre juge dans ses paroles. Ces paroles viennent du Père; elles transmettent les paroles du Père.

C’est la fin de ce qui s’adresse à un public en général. Ce qui va suivre sera la dernière cène avec les disciples. Le texte est introduit par la mention que Jésus disait et qu’il criait, sans doute pour indiquer que c’est une proclamation finale qui est une sorte de résumé de ce qu’il a déjà dit et qui représente le coeur de son message.

Jésus a déjà déclaré, dans le milieu de l’évangile:

Je suis la lumière du monde.

Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres mais aura la lumière de la vie.  (Jean 8,12)

La lumière est une comparaison qui est importante parce qu’elle recouvre différents aspects de l’identité du Christ.

Dès le début de l’évangile, il avait déclaré à Nicodème, pour indiquer une position différente de celle de Jean Baptiste, que le Messie n’était pas venu pour juger le monde:

Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde mais pour que le monde soit sauvé par lui.    (Jean 3,17)

Et en parlant de son rôle comme pasteur, il a dit ce qu’il voulait pour son troupeau:

Moi je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait surabondante.     (Jean 10,10)

Cette vie qu’il appelle parfois divine a une qualité proprement divine. Elle est parfois comparée à l’eau; elle est nourrie par la parole. Elle est victorieuse de la mort. Elle est déjà donnée à ceux qui accueillent la parole du Christ et sera pleinement manifestée lors de la glorification. C’est le don par excellence qu’il est venu apporter à l’humanité.

La lumière parle de l’identité de Jésus. En dissipant les ténèbres elle évoque la Révélation qui apporte les paroles du Père. Moi et le Père, nous  sommes Un, avait dit Jésus au grand scandale des Juifs (Jean 10,30). Qui m’a vu a vu le Père, dira-t-il à Philippe (Jean 14, 9). Et les paroles qu’il dit, il les a reçues du Père.

En l’accueillant, on accueille le Père et sa présence. On accueille sa Parole, le Verbe, et on reçoit sa Vie.

Jean Gobeil SJ