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(Français) 2022/12/24 – Lc 1, 67-79

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Pour nous préparer à la fête de Noël, la liturgie nous présente le père de Jean Baptiste, ébloui devant l’enfant que le Seigneur lui a donné. Ce fils inespéré inonde de joie ses parents, car Dieu l’envoie en qualité de prophète, celui qui préparera la voie au Christ, le Sauveur du monde.

La mère de Jésus avait proclamé son action de grâce, le Magnificat, après avoir entendu la louange d’Élisabeth : ” Bienheureuse toi qui as cru !” (Lc 1, 45). Cette foi de Marie contraste avec le refus de croire qu’opposait Zacharie à l’annonce de l’ange. En ne croyant pas, Zacharie s’est enfermé en lui-même, au lieu de s’ouvrir au Seigneur et à sa promesse. Aussi il devient muet, ne pouvant communiquer, prisonnier de son doute. “Tu n’as pas cru à mes paroles”, lui dit l’ange du Seigneur, “c’est pourquoi tu vas devenir muet” (Lc 1, 20).

Mais le Seigneur miséricordieux réalise toujours sa promesse, c’est-à-dire la naissance de cet enfant, en dépit du doute de son père. Devant cette prévenance de Dieu qui lui pardonne sa faute, Zacharie retrouve l’usage de la parole pour louer le Seigneur, qui vient au secours de son peuple. Cette louange et celle du Magnificat de Marie auréolent la venue de Jean et de Jésus dans un climat d’action de grâce.

La stérilité des parents de Jean et leur âge avancé manifestaient leur impuissance à transmettre la vie. C’est dans cette pauvreté qui causait la “honte” d’Élisabeth (Lc 1,25) que la toute-puissance de Dieu se révèle. La réalisation de la promesse est donc un don gratuit. L’Esprit Saint est la source de ce don, et c’est lui qui inspire tout émerveillement devant les bienfaits de Dieu et tout remerciement qu’on lui adresse.

Le chant de Zacharie loue le Seigneur pour son intervention en faveur du peuple qu’il délivre par le Messie, descendant du roi David. Les prophètes avaient annoncé cette visite libératrice qui révèle sa fidélité à son Alliance. Cette libération procure au peuple la communion à son Seigneur dans son service de la prière et du culte liturgique. Dans la seconde partie de son chant, Zacharie annonce la mission de son fils, qui préparera le peuple à accueillir le Messie, celui qui le sauvera des ténèbres de la mort pour jouir de la lumière de la vie.

Le thème central de l’hymne que prononce Zacharie sous l’inspiration de l’Esprit est la fidélité miséricordieuse du Seigneur à son Alliance, en dépit des doutes et des infidélités de son peuple. Les verbes “il a visité…il a délivré…il a suscité” sont au parfait, qui exprime, en grec, une action passée dont l’effet continue dans le moment présent. Le Seigneur continue encore d’intervenir au temps de Zacharie en “visitant” son peuple. La “visite” est un thème répandu dans la Bible signifiant que Dieu est présent pour sauver son peuple. Après la résurrection du fils de la veuve de Naïm, les témoins du miracle s’écrieront : “Dieu a visité son peuple” (Luc 7,16).

La visite de Dieu s’incarnera, à l’époque de Zacharie, dans la venue du Messie, qui réalisera “la libération de son peuple”.  Cet accomplissement du salut se rattache à une longue série d’annonces prophétiques, depuis longtemps (v.70). La prophétie de Nathan remonte au 11e siècle av.J.C. Les prophètes sont saints, parce que Dieu, le Saint, parle par leur bouche, qu’il agit par eux et habite en eux. Aussi la parole prophétique est efficace, elle suscite toujours un sursaut dans l’histoire.

Le titre “Messie” en hébreu, ou “Christ” en grec, désigne celui qui a reçu l’onction, cette marque signifiante qu’il est le représentant de Dieu, qui l’envoie et le protège. Celui qui était l’Oint du Seigneur selon la tradition d’Israël était le roi, et, plus spécialement David, le plus prestigieux des monarques d’Israël. La promesse du Seigneur, transmise par le prophète Nathan (2 Sam 7, 12ss) garantissait que la dynastie de David serait perpétuelle. Les prophètes avaient régulièrement rappelé cette promesse (Is 11,1ss ; Jér 33, 14ss), pour renouveler l’espérance du peuple.

Le Messie apparaîtra comme un puissant Sauveur (litt. une corne de salut, cet antique symbole de la force du boeuf). La prière du Ps 18, 3s a pu inspirer Zacharie : Le Seigneur est mon libérateur…Je m’abrite en lui, mon rocher, mon bouclier et ma corne de salut…J’invoque le Seigneur et je suis sauvé de mes ennemis. La mère du prophète Samuel, Anne, reprenait déjà la même image, en l’appliquant au médiateur de Dieu, le roi : Le Seigneur donne la force à son roi, il exalte la corne de son Oint (1 Sam 2,10).

La visite de Dieu consiste régulièrement dans la délivrance de l’esclavage imposé par les ennemis. Cette libération dans l’histoire d’Israël est à première vue d’ordre politique. “Nos ennemis”, mentionnés par deux fois ici, selon l’expression traditionnelle (vv. 71 et 74), manifestent que l’espérance juive visait d’abord la libération d’une servitude politique, image d’une libération plus profonde. Mais le Christ Jésus se défendra sans cesse contre une telle dérive politique visant les Romains oppresseurs. Zacharie pressent déjà que cette libération par le Messie atteindra la détresse morale du peuple et de l’humanité, par le pardon des péchés (v.77) et pour diriger nos pas sur le chemin de la paix (v.79).

Cette libération des ennemis, des péchés et de toute forme de mal qui détruit, n’est que la première étape du salut, une condition négative pour que le but positif, essentiel, de la rédemption se réalise. La vie du peuple libéré par le Messie se présente comme un service sacerdotal (Ex 19,6; 1 Pt 2,5), un culte, auréolé par la justice, cet accord avec la volonté divine, et par la sainteté, qui consacre la personne humaine unie dans l’alliance à son Seigneur. Il le servira sans peur, en pleine confiance (vv.74s).

Pour décrire la vocation de son fils, Zacharie associe deux textes prophétiques. Vers la fin de l’exil à Babylone, Isaïe (40,3) exhortait le peuple : “Préparez dans le désert une route pour le Seigneur”, qui vous ramènera dans votre patrie, à Jérusalem. Pour préparer ce retour en grâce. Dieu enverra son ange : “Je vais envoyer…mon messager, pour qu’il déblaie un chemin devant ma face” (Mal 3,1). Zacharie rappelle ainsi les paroles que l’ange lui avait dites dans le temple (1, 16-18).

Cette préparation de la venue du Christ par Jean consistera dans la proclamation du salut tout proche, auquel le peuple adhérera de tout son coeur. La connaissance, cette participation au salut, suppose une première étape, la conversion et le pardon des péchés (v.77). Le pardon de ces offenses à Dieu découle de sa miséricorde, source ultime du salut de l’humanité. Le soleil levant, cette lumière qui vient de l’Orient, symbolise le Messie qui apporte le salut: “Pour vous qui craignez mon Nom, le soleil de justice brillera, avec le salut dans ses rayons” (Mal 3, 20). Zacharie croit fermement que Dieu visitera son peuple par son Messie, mais il ne sait ni le moment, ni le genre de cette visite. Ayant attribué la rémission des péchés au Précurseur, il entrevoit son intervention sous les images de la lumière (Is 9,1) et de la paix (Is 11,1-9) pour réunir l’homme à son Dieu et, par là, établir la paix universelle.

Dieu ne se dément jamais après avoir promis : telle est la conviction ancrée au coeur du croyant ! Cependant il a nettement conscience de s’être blessé à mort en se séparant de Dieu par son péché. Aussi son espérance s’appuie uniquement sur la fidélité de son Seigneur et sur sa miséricorde. Cette conscience de la déchéance de Zacharie dans le péché correspond au sentiment de pauvreté exprimé par Marie dans le Magnificat. Dans son Sermon inaugural (Mt 5, 3; Lc 6,20), Jésus placera cette béatitude au début, en exergue, parce qu’elle est fondamentale.

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2022/12/23 – Lc Lc 1, 57-66

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La naissance de Jean- Baptiste est cause de joie pour la famille et les voisins d’Elisabeth. A la circoncision, Elisabeth et Zacharie, séparément, ont l’inspiration de lui donner le nom de Jean, un nom qui n’appartient pas à la tradition de la famille, pour souligner l’action de Dieu et le présage d’une vocation spéciale. Zacharie retrouve alors la parole et loue le Seigneur. La main du Seigneur était avec Jean et les gens se demandaient quelle serait sa vocation.

Pour Jean, l’évangéliste, Jean-Baptiste est celui qui témoigne. En voyant Jésus il déclare : “Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.”

L’Agneau est une référence à l’agneau pascal, un symbole de libération. Il enlève le péché du monde: c’est une référence à la prédiction d’Isaïe sur le personnage futur du serviteur qui portera ou enlèvera les péchés. Il est donc le Sauveur qui vient libérer.

“Celui qui m’avait envoyé m’avait dit: “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise dans l’Esprit Saint”. Et moi j’ai vu et je témoigne que celui-ci est l’Élu de Dieu.” (1,29.33-34)

Pour les synoptiques, il est le précurseur, celui qui prépare la venue du Messie. Mais pour Luc, c’est à l’intérieur de l’évangile de l’enfance et Jean-Baptiste participe à la présence de l’Esprit Saint et à la joie qui entoure l’Incarnation. Comme pour Jésus, il y a une annonciation par un ange; comme Marie, Zacharie le père a un chant d’action de grâce. Comme pour Jésus, il y a la cérémonie du nom qui est donné.

Tout en respectant le caractère unique de la personne de Jésus, Luc souligne l’importance de la naissance de Jean-Baptiste. Elisabeth est âgée et n’a jamais eu d’enfant: sa grossesse est due à la Providence et la comble de joie. La rencontre de Marie est aussi une rencontre de l’Esprit Saint. Le don du nom de Jean souligne l’importance du rôle que Dieu lui réserve.

Zacharie est un prêtre; à cause de cela, il serait normal que Jean-Baptiste reçoive le même nom que son père ou au moins le nom d’un ancêtre important. Or lorsqu’on demande à Elisabeth, puisque Zacharie est encore muet, quel sera le nom de l’enfant, elle répond sans avoir pu se concerter avec son mari que ce sera Jean. A son tour, Zacharie écrit sur une tablette: son nom est Jean. La raison est que c’est Dieu, par l’intermédiaire de l’ange dans la vision de Zacharie au temple, qui a imposé le nom de Jean. Or quand Dieu donne un nom, comme Jésus le fera pour Simon, c’est pour indiquer une vocation à une mission.

Et cette mission réalisera la promesse que Dieu avait faite par l’intermédiaire du prophète Malachie que nous avons entendue dans la première lecture : Ainsi parle le Seigneur Dieu: Voici que j’envoie mon messager pour qu’il prépare le chemin devant moi.   (Malachie 3,1)

 Jean Gobeil SJ 

(Français) 2022/12/22 – Lc 1, 46-56

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La première lecture parle de Anne, une femme qui était stérile et qui avait déposé son chagrin devant Dieu au sanctuaire de Silo. Le prêtre Eli lui avait alors souhaité: Que le Dieu d’Israël t’accorde ce que tu lui a demandé. Anne avait eu un enfant, Samuel. Elle est revenue au sanctuaire pour offrir cet enfant au service du sanctuaire. Son cantique d’action de grâce suit cette lecture. Marie est venue visiter sa cousine. Après la salutation inspirée d’Élisabeth, Marie, à son tour, chante son action de grâce, le Magnificat.

Il y a des points communs entre les deux chants. Dieu se penche sur les faibles; Dieu élève les humbles. Marie est son humble servante. L’humilité et les humbles sont des thèmes qui passent à travers l’Ancien Testament et le Nouveau.

On peut commencer avec Moïse : Moïse était l’homme le plus humble que la terre ait porté.     (Nombres 12,3)

Les prophètes parleront d’abord des pauvres, ceux qui n’ont ni richesse ni prestige dans la société et qui savent qu’ils ne peuvent compter que sur Dieu. Puis on parlera des humbles, les pauvres de coeur qui savent qu’ils sont des créatures de Dieu, le Dieu très saint, et qui en attendent le pardon et le salut.

Aux humbles, Dieu donne la sagesse et ils sont ordinairement pourvu de la douceur: ils sont les doux, qui n’ont pas de prétention et n’oppriment personne. On les appelle aussi les humbles de Yahvé parce que Yahvé a de la prédilection pour eux et qu’ils sont prêts à l’accueillir.

Dans Luc, les premiers à recevoir la nouvelle de la naissance de Jésus sont des humbles, les bergers. Ils sont très mal considérés dans la société du temps. A l’annonce de la naissance, ils partent aussitôt pour Bethléem.

Marie se donne comme l’humble servante du Seigneur. C’est une caractéristique de quelqu’un qui a la vraie humilité de reconnaître que ce qu’il a, il l’a reçu.

Jésus dira qu’il est doux et humble de coeur (Mt.11,29), la description des humbles de Yahvé.

Il dira aussi qu’il est venu non pour être servi mais pour servir. Il prendra la position d’un humble serviteur dans la scène du lavement des pieds des disciples.

Jésus parlera de ceux qui l’accueillent en les appelant les tout-petits à qui Dieu a révélé sa sagesse. C’est un terme qui s’applique littéralement à des petits enfants, qui sont des bons exemples dans la société d’alors,  de personnes sans droit, sans prestige ni pouvoir propre.

Doux et humble de coeur, pour servir, illustre ce que nous voyons dans la nativité et l’idéal que Jésus a laissé pour ses disciples.

Jean Gobeil SJ 

(Français) 2022/12/21 – Lc 1, 39-45

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Marie se met en route en toute hâte pour aller visiter sa cousine Élisabeth. Arrivée dans la maison de Zacharie, elle salue Élisabeth. Cette salutation fait tressaillir l’enfant que porte celle-ci. L’Esprit remplit Élisabeth qui accueille Marie comme la mère du Seigneur et la déclare bienheureuse parce qu’elle a accueilli les paroles du Seigneur.

Le dernier mot d’Élisabeth sous l’inspiration de l’Esprit est que la grandeur de Marie lui était venue de son accueil de la parole du Seigneur. Or la parole du Seigneur, la parole par excellence, le Verbe de Dieu, elle le porte en elle. Ce voyage chez Élisabeth représente donc la première mission de la Parole. Avec l’arrivée de la Parole, la présence de l’Esprit se manifeste dans Jean Baptiste d’abord puis dans Élisabeth qui est la première à proclamer que Marie est la Mère de Dieu. La scène est donc une anticipation de ce qui viendra par la suite.

Jésus sera la Parole qui, sous la conduite de l’Esprit manifesté depuis le baptême de Jésus proclamera la venue du Règne de Dieu avec des actes de puissance. A la différence de Jean Baptiste qui restait au Jourdain, Jésus ira en mission à travers les villes et villages de Galilée pour finir sa mission à Jérusalem.

Après l’Ascension, la mission des chrétiens est d’être les témoins de cette parole jusqu’aux extrémités de la terre, selon la parole de Jésus à ses disciples (Actes 1,8). Luc, dans le livre des Actes, continue l’évangile pour montrer la réalisation de cette mission. La Bonne Nouvelle, accompagnée des manifestations de l’Esprit, est d’abord annoncée à Jérusalem. Puis elle se propage à travers la Syrie, puis l’Asie mineure, ensuite la Grèce. Quand elle est à Rome avec la présence de Paul, Luc termine le livre des Actes. Avec la présence de la Parole au cœur de l’empire romain, elle est virtuellement présente aux extrémités du monde.

C’est la présence de la Parole dans Marie qui la fait aller en toute hâte vers Élisabeth et commencer ainsi la mission de la Parole. C’est de la présence de cette Bonne Nouvelle que les chrétiens doivent continuer de témoigner.

Jean Gobeil SJ 

(Français) 2022/12/20 – Lc 1, 26-38

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Pourquoi l’annonciation faite à Marie est-elle aussi importante ? C’est que l’incarnation du Fils de Dieu, venant partager complètement notre condition humaine, commence avec ce premier instant de sa conception. Il n’a pas commencé son existence comme un adulte, ni même comme l’enfant de Noël, mais de la manière la plus humble, la plus fragile, dans le sein de la Vierge Marie. Il s’est abaissé à commencer son existence comme nous tous, il a débuté comme un foetus à peine perceptible. Les chrétiens célèbrent ce moment unique dans l’histoire, Dieu qui vient parmi nous, le Sauveur qui se fait l’un des nôtres.

L’incarnation de Dieu constitue le coeur de notre foi chrétienne, qui la distingue des autres religions monothéistes, le Judaïsme et l’Islam. Pour nos frères juifs et musulmans, Dieu est l’être transcendant, le Tout autre, le Tout-Puissant, qui domine et régit l’univers. Il assure l’ordre de l’univers qu’il a créé et il veille sur chacun de nous, mais de haut et de loin. Pour la foi chrétienne, Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne soit pas perdu, mais qu’il ait la vie éternelle (Jean 3, 16). Nous étions perdus dans notre misère, en raison de notre défiance et de notre séparation de Dieu, incapables de nous sauver nous-mêmes. Pour venir à notre secours, le Seigneur n’intervient pas de l’extérieur, de loin, il se compromet personnellement, en s’insérant dans le tissu humain de notre histoire, en vivant jusqu’au bout notre aventure humaine pour lui donner un sens de vie.

Pour annoncer l’intervention centrale de l’histoire humaine, Dieu envoie son messager, qui, cette fois, est identifié par son nom, Gabriel, le héros de Dieu. Pour ne pas attirer indûment l’attention sur le messager, l’ange du Seigneur est très rarement nommé dans la Bible. Son message s’adresse à une jeune femme, ignorée de son milieu, dans une modeste localité et dans une province méprisée. La puissance divine peut se manifester dans une personne pauvre, qui ne peut offrir que l’ouverture de son coeur. Dieu est avec elle, selon la traditionnelle assurance qu’il donne à celui ou à celle qui reçoit une mission impossible à remplir. Le Seigneur est avec toi, il te comble de ses faveurs.

L’irruption de Dieu, du mystère, attire et, en même temps, effraie Marie, qui prend conscience de son indignité et de sa bassesse. C’est la crainte de Dieu, la réaction régulière d’attrait et de recul face à l’au-delà mystérieux; c’est la fascination et, en même temps, le sentiments d’indignité devant la présence divine. Aussi Gabriel rassure Marie, car le Seigneur de la paix ne veut jamais nous effrayer: Sois sans crainte.

La mission de Marie consiste à s’ouvrir au Fils du Très-Haut, pour lui permettre de s’insérer dans le tissu de l’histoire humaine. Les titres de ce fils relèvent du mystère et éblouissent Marie. Elle ne comprend pas ce déroulement de l’avenir que Dieu lui propose par son ange. Il en est toujours ainsi des interpellations du Seigneur. Il ne s’agit pas de comprendre pour accepter, comme si on adhérait à un calcul logique et raisonnable. La seule réponse à Dieu, c’est la foi qui permet de comprendre plus tard le mystère. Marie devient notre modèle par excellence par son accueil simple, mais sans réticence: Fiat, en latin, qu’il en soit ainsi!

La condition essentielle pour accueillir le salut de Dieu, c’est la disponibilité. Dans son amour respectueux, le Seigneur ne s’impose pas et ne nous oblige pas à accepter ses dons. L’annonce de l’ange Gabriel à Marie résume les promesses que Dieu avait proclamées à son peuple par les prophètes. Au nom de notre humanité, la Sainte Vierge a acquiescé au projet de Dieu, même si elle ne comprenait pas ce qu’il lui proposait. Par sa foi, elle faisait confiance au Seigneur. Au contraire d’Ève, qui s’était défiée du Créateur, Marie se confie et se livre totalement au projet mystérieux de Dieu: Que tout se passe pour moi comme tu l’as dit. 

La venue du Fils de Dieu dans notre monde pour nous sauver était devenue possible par ce oui  de Marie. Par son accueil de la Parole, elle s’unit à son Fils, qui avait la mission de rétablir la communion de notre humanité révoltée avec Dieu, son Père.

La question de Marie à l’ange Gabriel ne signifie pas qu’elle doute de la promesse de Dieu. Sa foi n’exclut ni la prudence, ni l’intelligence. Marie ne met pas en doute la promesse de Dieu comme Zacharie, mais elle veut savoir comment se comporter devant cette demande du Seigneur. Dieu, par son ange, lui donne un signe, sans que Marie l’ait demandé : même âgée et stérile, sa cousine Élisabeth attend un enfant, contrairement à tout espoir humain. Dieu nous donne de lui-même des signes pour se révéler et nous faire mieux comprendre le mystère de son projet de salut.

Par suite de son consentement et de son obéissance, Marie pourra offrir au monde son Libérateur, tout en demeurant vierge. Rien n’est impossible à Dieu. Pour celle qui croit et aime, tout devient possible dans un émerveillement sans cesse renouvelé. Marie est une pauvre jeune fille de quatorze ans environ, vierge, et pourtant elle donnera la vie au Sauveur du monde, parce qu’elle est entièrement disponible à l’intervention du Seigneur. Par son accueil, elle contribue au premier instant de notre rédemption. Gabriel lui promet que, grâce à son oui, Dieu instaurera son règne de paix et de joie.

Notre histoire humaine se déroule dans un combat incessant entre le bien et le mal, entre le bonheur et le malheur, entre la vie et la mort. La condition essentielle de notre salut et de notre victoire, c’est de mettre en pratique l’exemple de Marie et son enseignement aux serviteurs de Cana, qui contribuèrent par leur obéissance au miracle du changement de l’eau en vin : Faites tout ce qu’il pourra bien vous dire. (Jn 2,5)

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2022/12/19 – Lc 1, 5-25

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Au temps d’Hérode le Grand, Zacharie, un prêtre de la descendance d’Aaron, remplit son tour de service sacerdotal au temple. Au moment de la prière du soir, il entre dans le Saint, la première partie du temple, pour faire brûler de l’encens. L’ange Gabriel lui apparaît pour lui annoncer qu’il aura un fils qu’il nommera Jean. Sa naissance sera une cause d’allégresse. L’esprit du Seigneur l’accompagnera et il aura la puissance du prophète Élie pour préparer au Seigneur un peuple capable de l’accueillir. A cause de son âge et de la stérilité d’Élisabeth, Zacharie a des doutes. L’ange se nomme et dit qu’il a été envoyé par Dieu pour annoncer-cette-bonne-nouvelle (“évangéliser”). A cause de son doute, Zacharie devra rester muet. Le peuple qui attend dehors comprend que Zacharie a eu une vision. Quelque temps plus tard, Élisabeth devint enceinte. Elle loue le Seigneur pour lui avoir accordé cette grâce.

Parmi les thèmes qui reviennent dans l’évangile de l’enfance, il y a d’abord celui du temple. Il commence ici; il reviendra pour la présentation de Jésus au temple et plus tard pour le recouvrement de Jésus au temple. Le prophète Malachie avait annoncé que le Seigneur viendrait dans son temple à un moment décisif. Ce que tout l’évangile de l’enfance suggère, c’est qu’il y a maintenant une nouvelle présence de Dieu au milieu de son peuple.

Un second thème est celui de la prière qui revient à travers tout l’évangile de Luc. Il est celui qui mentionne le plus souvent la prière de Jésus avant les moments importants. La première parole de l’ange à Zacharie est que sa prière (de demande) a été exaucée. Pendant la vision de Zacharie, toute l’assemblée du peuple est en prière devant le temple. Ceci représente l’attente d’Israël comme pour le vieillard Syméon qui accueille Jésus lors de la Présentation au temple: on le décrit comme celui qui attendait la consolation d’Israël. La vision de Zacharie est donc la réponse à cette prière d’Israël: le Seigneur est venu dans son temple.

Le thème, sans doute le plus évident, est celui de la joie et l’allégresse. Les hymnes de louange et d’action de grâce d’Élisabeth, de Marie, de Zacharie, du vieillard Syméon sont des hymnes de joie devant l’action de Dieu. Ici, l’ange a annoncé l’allégresse et la joie et il a parlé de la bonne nouvelle qu’il apportait en employant le mot évangéliser.

Il faut pas oublier le thème de l’Esprit Saint. Il est le signe de la nouvelle présence de Dieu. Jean Baptiste sera rempli de l’Esprit Saint, dit l’ange. Il deviendra très important dans l’Annonciation à Marie et, de Jean Baptiste,  il se communiquera à sa mère pour son action de grâce.

La présence de Dieu, une nouvelle présence, est accompagnée de son action. C’est lui qui donnera à Zacharie le fils qu’il ne pouvait avoir. C’est pour cette raison que c’est aussi lui qui donne le nom comme il le fera pour le fils de Marie. Ce don et cette bonne nouvelle n’est pas seulement pour Zacharie et pour le peuple d’Israël. C’est la bonne nouvelle que nous recevons, nous aussi: Dieu est venu parmi nous.

Jean Gobeil SJ

 

(Français) 2021/12/25 – Jn 1, 1-18

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En guise de préface à son Évangile, Jean emprunte une hymne chrétienne déjà existante, qu’il complète pour introduire les idées essentielles que son livre développera. La mission du Verbe incarné, selon Jean, consiste dans une descente d’en haut vers le monde des humains, qui sont d’en bas, et dans une remontée auprès de Dieu. Dans son message d’adieu aux siens, Jésus leur résume ces trois étapes de sa mission: Je suis venu du Père et je suis arrivé dans le monde. Maintenant je quitte le monde et je m’en vais auprès du Père. (Jn 16, 28)

Comme le Prologue offre un résumé de l’Évangile, on y retrouve trois parties: 1) Le Verbe préexistant (avant la création) auprès de Dieu (vv. 1-5); 2) Le ministère du Verbe parmi les humains depuis son incarnation, avec un fort accent sur le refus incompréhensible que lui oppose le monde (vv.6-13; 3) La glorification du Verbe, qui comble ceux qui croient, en leur accordant grâce sur grâce (vv. 14-18).

La Parole de Dieu, Personne divine (vv. 1,14), est la Lumière (vv.5,9) et le Fils unique de Dieu (vv.14,18). Il est devenu chair, c’est-à-dire homme limité et faible (v.14). Bien que rejeté par les siens, il accorde à tous ceux qui l’accueillent par la foi le pouvoir de devenir enfants de Dieu, en sorte qu’ils participent à la plénitude de Dieu. Cette grâce provient de l’amour de Dieu, qui surpasse le don de la Loi par Moïse.

La tradition rattachait le début du ministère de Jésus à celui de Jean Baptiste. Aussi l’évangéliste mentionne Jean avant que la lumière vienne dans le monde, affirmant que sa mission consistait à rendre témoignage au Verbe Lumière (vv.6-8). Uni à ceux qui ont vu la gloire du Verbe venu dans la chair, Jean témoigne qu’il existait avant la création (v.15).

Le Verbe et Dieu

Ce prologue commence en précisant la relation qui unit le Verbe à Dieu (vv. 1-2). Dans une relation personnelle avec Dieu, le Verbe vit de Dieu et en Dieu. Le Verbe, sans cesse tourné vers Dieu, s’ouvre complètement à Dieu, qui lui donne tout, en sorte que le Verbe est lui-même Dieu (v.1c). Mais Dieu n’absorbe pas le Verbe, qui conserve son identité distincte de Dieu. L’Évangile reprendra cette relation étroite avec les termes de Père et de Fils. Jésus exprimera avec force son union à Dieu, affirmant que moi et le Père, nous sommes un (10, 30), non pas seulement unis, mais d’une certaine manière une seule réalité. Aussi Jésus peut-il répondre à Philippe qui lui demande de lui montrer le Père: Celui qui m’a vu a vu le Père,…je suis dans le Père et le Père est en moi. (14,9-10)

L’idéal de vie offerte par le Verbe

La condition humaine ne se comprend que dans une vue globale de son histoire, qu’il s’agisse d’une personne ou d’un groupe. Il faut connaître ses racines et le terme vers lequel tend son cheminement. Aussi Jean évoque le début, la création de l’univers, Tout a été fait par lui (v.3), et le but que doit poursuivre le croyant, devenir enfants de Dieu (v.12) et recevoir du Fils glorifié grâce sur grâce (v.16). L’histoire d’un individu ou d’une communauté ne peut avoir de sens que si elle progresse dans une continuité vers un but. Or cette continuité dépend de la fidélité à un projet. Telle est la loi exigée pour se développer. Le progrès, le bonheur et la vie sont à ce prix.

Jean enseigne au croyant à voir avec optimisme l’univers et l’histoire, car tout vient de Dieu, qui agit par son Verbe: Tout a été fait par lui (v.3). Contrairement à ceux qui, à son époque, enseignaient que la chair et la matière étaient mauvaises, Jean affirme à la suite de la première page de la Bible que tout est bon. Aucune chose n’est mauvaise en elle-même. Après avoir mentionné à quatre reprises que ce qu’il avait créé était bon, le récit de la création concluait: Dieu constata que tout ce qu’il avait fait était vraiment une très bonne chose. (Gn 1,31) Aussi le croyant doit avoir le sens de la beauté et s’émerveiller, car pour lui tout est grâce.

Le projet de Dieu pour l’humanité et pour chaque être humain se résume dans le don de la vie et de la lumière: La vie était la lumière des hommes et, en venant dans le monde, elle illumine tout homme. (vv.4.9) L’amour de Dieu se révèle dans cette offre incessante qu’il adresse par son Verbe incarné à toute personne, malgré les refus du monde.

La lumière et le monde

Le Verbe incarné n’était pas une lumière parmi d’autres qui pourraient la corriger ou la compléter. Il est l’unique lumière, l’unique révélation valable pour l’être humain. Celui-ci ne peut se disperser en adhérant à plusieurs sagesses, révélations ou projets, car on devient le Dieu en qui on croit. Adhérer à Dieu et à des idoles, c’est s’écarteler, se diviser et se détruire. La monition du prophète Élie est toujours d’actualité: Quand cesserez-vous de pencher tantôt d’un côté, tantôt de l’autre? Ou bien c’est le Seigneur qui est le vrai Dieu…ou bien c’est Baal. (1 Rois 18,21)

La tentation à laquelle succombe le monde (l’humanité séparée de Dieu) quand le Verbe incarné lui offre la lumière, c’est de refuser de sacrifier son autonomie et sa fausse sécurité (vv.10-11). Le monde craint Dieu et s’en défie, parce que Dieu n’offre pas de garanties tangibles et mesurables que son projet pour la personne humaine est raisonnable. Ceux qui, au contraire, acceptent de se livrer totalement à Dieu présent dans son Verbe constatent que leur personne est entièrement transformée. Dieu en effet leur a permis d’accéder à un nouveau registre d’existence. Il les a engendrés et ils sont devenus ses enfants (vv.12-13).

L’unique Médiateur

L’offre constante du Verbe, la vie et la lumière, trouve son couronnement lorsqu’il assume complètement, dans sa personne, la condition humaine (v.14). L’incarnation véritable du Fils, unissant en lui le divin et l’humain, paraîtra toujours un mystère scandaleux. À l’encontre d’un large groupe de la communauté de Jean, la 1ère épître proclamera sa foi dans cette manifestation inouïe de l’amour de Dieu (1 Jn 4,2-3.14-16). Tout au long de l’histoire de l’Église, plusieurs voudront éliminer en Jésus, soit Dieu, soit l’homme. L’union étroite de Dieu et de l’humanité dans le Christ constitue pourtant le cœur et le trait distinctif de la révélation, dont les conséquences sont essentielles pour la vie chrétienne.

La médiation du Christ (v.18) est absolument nécessaire, car aucun être humain ne peut atteindre par lui-même Dieu, la source unique de toute vie. Quand il a l’illusion de communiquer avec Dieu, il le déforme et le caricature, le réduisant à ses limites humaines, à ses défauts et à ses passions. Aussi la révélation, venant d’en haut vers l’être humain, par amour et gratuitement, est nécessaire pour qu’il dépasse sa condition terrestre et qu’il atteigne un au-delà de lui-même. La veille de sa mort, le Christ résume sa mission dans ce mouvement du haut vers le bas et du bas vers Dieu: Je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde; tandis qu’à présent je quitte le monde et je vais au Père (Jn 16,28).

Cette médiation du Fils de Dieu incarné parmi nous est unique, la seule qui permet d’aller vers le Père. Elle englobe toutes les autres médiations, qui n’ont qu’une valeur relative, dans la mesure où elles préfigurent celle du Christ qui viendra ou qu’elles explicitent celle du Fils, qui contient toute la Parole de Dieu (v.17). C’est par référence à cette révélation unique qu’il faut juger tout message qu’on présente comme provenant de Dieu.

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2021/12/23 – Lc 1, 57-66

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La naissance de Jean- Baptiste est cause de joie pour la famille et les voisins d’Elisabeth. A la circoncision, Elisabeth et Zacharie, séparément, ont l’inspiration de lui donner le nom de Jean, un nom qui n’appartient pas à la tradition de la famille, pour souligner l’action de Dieu et le présage d’une vocation spéciale. Zacharie retrouve alors la parole et loue le Seigneur. La main du Seigneur était avec Jean et les gens se demandaient quelle serait sa vocation.

Pour Jean, l’évangéliste, Jean-Baptiste est celui qui témoigne. En voyant Jésus il déclare : “Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.”

L’Agneau est une référence à l’agneau pascal, un symbole de libération. Il enlève le péché du monde: c’est une référence à la prédiction d’Isaïe sur le personnage futur du serviteur qui portera ou enlèvera les péchés. Il est donc le Sauveur qui vient libérer.

“Celui qui m’avait envoyé m’avait dit: “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise dans l’Esprit Saint”. Et moi j’ai vu et je témoigne que celui-ci est l’Élu de Dieu.” (1,29.33-34)

Pour les synoptiques, il est le précurseur, celui qui prépare la venue du Messie. Mais pour Luc, c’est à l’intérieur de l’évangile de l’enfance et Jean-Baptiste participe à la présence de l’Esprit Saint et à la joie qui entoure l’Incarnation. Comme pour Jésus, il y a une annonciation par un ange; comme Marie, Zacharie le père a un chant d’action de grâce. Comme pour Jésus, il y a la cérémonie du nom qui est donné.

Tout en respectant le caractère unique de la personne de Jésus, Luc souligne l’importance de la naissance de Jean-Baptiste. Elisabeth est âgée et n’a jamais eu d’enfant: sa grossesse est due à la Providence et la comble de joie. La rencontre de Marie est aussi une rencontre de l’Esprit Saint. Le don du nom de Jean souligne l’importance du rôle que Dieu lui réserve.
Zacharie est un prêtre; à cause de cela, il serait normal que Jean-Baptiste reçoive le même nom que son père ou au moins le nom d’un ancêtre important. Or lorsqu’on demande à Elisabeth, puisque Zacharie est encore muet, quel sera le nom de l’enfant, elle répond sans avoir pu se concerter avec son mari que ce sera Jean. A son tour, Zacharie écrit sur une tablette: son nom est Jean. La raison est que c’est Dieu, par l’intermédiaire de l’ange dans la vision de Zacharie au temple, qui a imposé le nom de Jean. Or quand Dieu donne un nom, comme Jésus le fera pour Simon, c’est pour indiquer une vocation à une mission.

Et cette mission réalisera la promesse que Dieu avait faite par l’intermédiaire du prophète Malachie que nous avons entendue dans la première lecture : Ainsi parle le Seigneur Dieu: Voici que j’envoie mon messager pour qu’il prépare le chemin devant moi. (Malachie 3,1)

Jean Gobeil SJ

(Français) 2021/12/22 – Lc 1, 46-56

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La première lecture parle de Anne, une femme qui était stérile et qui avait déposé son chagrin devant Dieu au sanctuaire de Silo. Le prêtre Eli lui avait alors souhaité: Que le Dieu d’Israël t’accorde ce que tu lui a demandé. Anne avait eu un enfant, Samuel. Elle est revenue au sanctuaire pour offrir cet enfant au service du sanctuaire. Son cantique d’action de grâce suit cette lecture. Marie est venue visiter sa cousine. Après la salutation inspirée d’Élisabeth, Marie, à son tour, chante son action de grâce, le Magnificat.

Il y a des points communs entre les deux chants. Dieu se penche sur les faibles; Dieu élève les humbles. Marie est son humble servante. L’humilité et les humbles sont des thèmes qui passent à travers l’Ancien Testament et le Nouveau.

On peut commencer avec Moïse: Moïse était l’homme le plus humble que la terre ait porté. (Nombres 12,3)

Les prophètes parleront d’abord des pauvres, ceux qui n’ont ni richesse ni prestige dans la société et qui savent qu’ils ne peuvent compter que sur Dieu. Puis on parlera des humbles, les pauvres de coeur qui savent qu’ils sont des créatures de Dieu, le Dieu très saint, et qui en attendent le pardon et le salut.

Aux humbles, Dieu donne la sagesse et ils sont ordinairement pourvu de la douceur: ils sont les doux, qui n’ont pas de prétention et n’oppriment personne. On les appelle aussi les humbles de Yahvé parce que Yahvé a de la prédilection pour eux et qu’ils sont prêts à l’accueillir.

Dans Luc, les premiers à recevoir la nouvelle de la naissance de Jésus sont des humbles, les bergers. Ils sont très mal considérés dans la société du temps. A l’annonce de la naissance, ils partent aussitôt pour Bethléem.

Maris se donne comme l’humble servante du Seigneur. C’est une caractéristique de quelqu’un qui a la vraie humilité de reconnaître que ce qu’il a, il l’a reçu.

Jésus dira qu’il est doux et humble de cœur (Mt.11,29), la description des humbles de Yahvé. Il dira aussi qu’il est venu non pour être servi mais pour servir. Il prendra la position d’un humble serviteur dans la scène du lavement des pieds des disciples.

Jésus parlera de ceux qui l’accueillent en les appelant les tout-petits à qui Dieu a révélé sa sagesse. C’est un terme qui s’applique littéralement à des petits enfants, qui sont des bons exemples dans la société d’alors, de personnes sans droit, sans prestige ni pouvoir propre. Doux et humble de cœur, pour servir, illustre ce que nous voyons dans la nativité et l’idéal que Jésus a laissé pour ses disciples.

Jean Gobeil SJ

(Français) 2021/12/21 – Lc 1, 39-45

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Marie se met en route en toute hâte pour aller visiter sa cousine Elisabeth. Arrivée dans la maison de Zacharie elle salue Elisabeth. Cette salutation fait tressaillir l’enfant que porte celle-ci. L’Esprit remplit Elisabeth qui accueille Marie comme la mère du Seigneur et la déclare bienheureuse parce qu’elle a accueilli les paroles du Seigneur. Marie loue alors le Seigneur qui pour sauver a choisi son humble servante.

L’ange a annoncé à Marie l’offre de Dieu: elle serait mère et son fils serait appelé Fils de Dieu et il aurait pour nom Jésus, Dieu-sauve, et la présence de l’Esprit Saint serait sur Marie. Comme signe de ce que pour Dieu rien n’est impossible, l’ange lui révèle que sa cousine, âgée et supposée stérile, aurait un enfant et qu’elle en était à son sixième mois.

L’annonce de l’approche de Dieu qui vient sauver a toujours été une annonce de joie. Le prophète avait dit à Jérusalem : Pousse des cris de joie, fille de Sion… Sois sans crainte. Yahvé, ton Dieu est au milieu de toi (= en ton sein), héros sauveur (= Jésus). (Sophonie 3,14-15) Le premier mot de la salutation de l’ange à Marie avait été : Réjouis-toi, le Seigneur est avec toi.

Cette joie continue dans la scène de la Visitation. Il y a quelque chose de l’allégresse dans le fait que Marie se hâte d’aller vers sa cousine. Le voyage de Nazareth à une certaine montagne de la Judée est quand même un déplacement assez important. Le chant de bénédiction d’Elisabeth est un chant de joie. On pourrait dire la même chose de l’enfant qui tressaille dans son sein.

Comme elle avait été annoncée, la présence de Dieu est accompagnée de la présence de l’Esprit, présence qui a accompagné Marie dans son voyage et qui fait tressaillir l’enfant d’Elisabeth. Marie a apporté cet Esprit avec elle et cet Esprit emplit Elisabeth, non seulement pour lui donner la joie mais aussi pour lui révéler que Marie est la mère du Seigneur. Elisabeth est donc la première à proclamer que Marie est Mère de Dieu, ce qui sera le premier titre que les chrétiens donneront à Marie (Theotokos).

La présence du Dieu Sauveur, la présence de l’Esprit, la présence de la joie sont les raisons qui justifient notre chant aujourd’hui du Gloire à Dieu au plus haut des cieux.