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2023/01/28 – Mc 4, 35-41

Un correspondant de Californie me demandait récemment si la présente crise économique annonçait la fin du monde. Pour les spécialistes de la finance en effet, cette crise peut leur paraître la fin de leur monde. Lorsque leur bulle de la spéculation s’évapore, tout semble s’évanouir dans l’espace. Notre sécurité dépend évidemment de la valeur à laquelle on a rattaché sa personne. Or tout est relatif dans notre monde, un coup de vent peut tout balayer. Se raccrocher par la foi à l’Absolu est l’unique moyen d’assurer son avenir et sa sécurité.

La tempête apaisée par le Christ est un événement, qui a toutefois une signification symbolique au-delà de la réalité immédiate. Jésus avait enseigné toute la journée la foule qui l’écoutait sur le rivage. « Le soir de ce même jour », il invite ses disciples à « passer de l’autre côté du lac. » Ce passage vers l’autre rive n’est pas simplement un trait anecdotique, il peut signifier le passage du disciple vers l’au-delà de son existence terrestre. Des obstacles et des épreuves, symbolisés par la tempête sur le lac, rendent ce voyage  pénible et périlleux. Le vent s’engouffre subitement dans le couloir au nord du Lac de Galilée, où des vagues violentes peuvent atteindre six mètres de hauteur.

Lorsque cet ouragan s’élève, que les vagues se jettent dans la barque qui se remplit d’eau, les disciples sont effarés devant la perspective d’une mort imminente. Démunis en face des forces de la nature, ils ne voient aucun moyen de salut. Ils sont atterrés, car ils ne comptent que sur eux-mêmes. Jésus leur reprochera de ne pas avoir la foi, la confiance en sa présence, même s’il dort. Déjà auparavant, la même tentation tourmentera le fidèle des psaumes qui accuse le Seigneur d’être silencieux, de dormir : « Réveille-toi, Seigneur ! pourquoi restes-tu inactif ? (Ps 44, 24) Si on avait la foi, on aurait confiance en sa protection en vertu de sa seule présence, même s’il semble absent ou ne pas répondre.

Jésus nous donnera l’exemple parfait de cette confiance au dernier moment de sa mission, lorsqu’il remettra sa personne entre les mains de Dieu: « Père, je remets mon esprit entre tes mains » (Lc 23, 46). Cloué à la croix, Jésus est devenu le plus pauvre, complètement démuni, mais il se livre totalement à Dieu, apparemment absent. Endormi dans la barque qui menace de sombrer, Jésus dort, remettant sa personne entre les mains de Dieu. À son réveil, ressuscité par Dieu présent en lui, il a le pouvoir de commander aux forces du mal et de dominer les démons, que représentent les vagues rugissantes du lac.

L’existence humaine se déroule dans un combat incessant entre les forces de la vie et les puissances de la mort, en nous-mêmes et autour de nous. À certains moments, les épreuves nous amènent presque à l’anéantissement, à la mort. Nous nous sentons démunis, incapables de faire face à des défis qui nous paraissent démesurés, qui vont nous écraser. Si nous fixons notre regard seulement sur nous-mêmes, sur nos limites, l’angoisse s’empare de nous. Devant un cancer généralisé, que pouvons-nous faire? Regarder plus haut et au-delà de nos possibilités humaines.

Il faut se rappeler sans cesse que la peur surgit en nous dans la mesure où nous manquons de foi. Au général Abner, demeuré fidèle au Dieu d’Israël, mais apeuré par les menaces de la reine impie Athalie, le grand prêtre lui répond fermement: « Je crains Dieu, cher Abner, et n’ai point d’autre crainte » (Jean Racine, Athalie, 1er acte). La foi bannit toute peur !

Jean-Louis D’Aragon SJ   

 

2023/01/27 – Mc 4, 26-34

Dès notre naissance, nous sommes en nous-mêmes le théâtre d’un combat entre le bien et le mal, entre les virus qui nous attaquent et notre système immunitaire. Au niveau moral, des tentations nous sollicitent auxquelles nous résistons de notre mieux. Autour de nous, la haine et la violence livrent un combat de destruction contre les forces de stabilité et de paix. Une sorte de guerre universelle sévit partout, entre la haine et l’amour, entre la mort et la vie.

Face à de nombreuses critiques contre la foi chrétienne, nous sommes parfois découragés dans la crainte d’être submergés. Comment répandre la Bonne Nouvelle « jusqu’au bout du monde » (Actes 1,8), comme le Seigneur ressuscité nous l’a commandé? Les disciples de Jésus et les premiers chrétiens subissaient la même tentation du découragement. Ils étaient peu nombreux. noyés et méprisés, sans prestige dans la masse du monde perverti de l’époque.

Mystère de la vie

Pour contrer cette tentation de découragement, Jésus présente aux siens deux paraboles qui illustrent la puissance invisible de la croissance et de la vie. Du grain jeté sur la terre ne semble donner aucune garantie d’avenir. Ce geste peut même paraître stupide. Si nous n’avions jamais vécu l’expérience du grain qui, de lui-même, pousse, mûrit et devient une gerbe, nous penserions que ce geste de semer est insignifiant. La preuve, c’est que les premiers humains n’ont découvert qu’après des siècles ce mystère de l’agriculture, qu’il fallait semer pour récolter. Le grain pousse de lui-même, jour et nuit, sans intervention humaine. Nous ne pouvons qu’admirer ce mystère de la croissance, mais sans l’accélérer. Un brin d’herbe qui apparaît dans une fissure du trottoir révèle la puissance de la vie qui surgit partout, même là où le béton s’y oppose et semble la comprimer. La patience et l’espérance débouchent sur la moisson.

Nous avons souvent l’illusion enfantine que des interventions extérieures, des actes de puissance pourraient écraser le mal, pour permettre au bien de fleurir. Dieu tout-puissant pourrait transformer le monde en un instant. Mais un tel rêve « enfantin » n’atteindrait que l’extérieur de la réalité, tandis que le Créateur intervient discrètement, en profondeur. La puissance de la vie qu’il suscite est invisible, mais rien ne lui résiste.

 Comprendre les paraboles

Tout l’enseignement de Jésus est une parabole pour la foule, avec une face visible et une autre, invisible, qui lui correspond. Pour comprendre, il faut être au diapason du Christ, sur la bonne longueur d’ondes, avoir de l’empathie. Sans cette ouverture à une parole nouvelle, tout devient énigmatique. Quand une personne nous est antipathique, nous ne voyons que ses défauts. Il faut l’aimer pour la comprendre et l’apprécier. Il en est de même pour le message du Christ, surtout lorsqu’il nous déconcerte. Au-delà de l’apparence, celui qui croit découvre la vérité, la lumière, qui projette ses rayons sur le chemin de la vie et du bonheur. C’est la pédagogie qu’emploie Jésus pour instruire ses disciples, qui finiront par comprendre.

L’Évangile est une puissance de lumière et de vie, qui peut transformer le monde. Mais ce n’est pas une force fulgurante qui bouscule, qui détruit tout pour recréer en un clin d’oeil. Pour un effet durable, il faut l’enracinement dans le coeur des humains. C’est par la patience et la persévérance que le grain de blé parvient à produire une gerbe.

Les combats sanguinaires entre les gladiateurs, qui devaient s’entretuer pour le plaisir sadique des spectateurs, ont continué à Rome, même après le christianisme. Mais un ermite, scandalisé par ces spectacles, décida d’intervenir. Lui seul contre une populace de milliers de spectateurs, quelle témérité! Télémacus se rendit à Rome, entra dans le Colisée où se déroulaient des combats et s’interposa entre les gladiateurs. La foule, furieuse et frustrée de son spectacle, réclama et obtint sa mort. On aurait pu penser que cet ermite avait sacrifié inutilement sa vie. Mais sa dénonciation courageuse de cette barbarie sadique suscita la réflexion du peuple, qui prit conscience de sa culpabilité. Ce fut la fin de ces ignobles spectacles. L’intervention non violente d’un seul eut finalement raison de la passion sanguinaire des foules.

Jean-Louis D’Aragon SJ

2023/01/26 – Lc 10-1-9

Le Seigneur en choisit soixante-douze parmi ses disciples et les envoie deux par deux dans les endroits où il doit aller lui-même. Il leur demande de prier d’abord le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson, ensuite de n’emporter rien avec eux comme sécurité: ils doivent faire confiance en la Providence. Ils doivent offrir la paix à la maison qui veut les recevoir et accepter ce qu’on leur offre à manger. Ils doivent aussi se contenter de la maison qui les a reçus. Ils doivent annoncer que le Règne de Dieu est proche et ils ont le pouvoir comme Jésus de faire des guérisons.

Les Douze avaient reçu la mission d’aller annoncer la venue du Règne de Dieu. Ils avaient même reçu les mêmes pouvoirs que Jésus. Comme 72 est le chiffre de toutes les nations dans la Bible, la même mission est maintenant confiée aux disciples en général. Ils devront être les témoins devant toutes les nations de la réalisation des Ecritures dans la personne du Christ, comme cela sera confirmé à la fin de l’évangile de Luc (24, 47-48).

Mais en même temps, notre texte souligne que c’est Dieu qui est réellement à l’oeuvre. C’est lui qui envoie les ouvriers. C’est sur lui que doivent compter ceux qui sont envoyés. Mais, et c’est là le paradoxe qu’on retrouve à travers toute la Bible, Dieu a besoin des hommes, comme disait le titre d’un ancien film. Abraham n’aurait pas eu d’alliance ni de descendant s’il n’avait pas donné sa réponse à Dieu. Et Dieu avait besoin de la réponse de Marie pour l’Incarnation de son Fils. C’est Dieu qui sauvait Israël en se servant des Juges et pourtant il avait besoin de leur réponse d’abord. La réponse de ceux que Dieu choisit pour être ses prophètes est particulièrement importante dans les récits de leur vocation.

Timothée et Tite, des disciples de Paul appelés à travailler dans des communautés chrétiennes naissantes alors qu’on n’avait pas de modèle tout fait qu’on pouvait suivre, devaient se reconnaître parmi ces 72.

Ignace de Loyola certainement se reconnaissait dans ce modèle, lui qui disait qu’il fallait tout faire comme si le succès dépendait de nous mais, une fois qu’on avait tout fait, il fallait se rappeler que c’est Dieu qui fait tout.

Jean Gobeil SJ 

2023/01/25 – Mc 16, 15-18

Conversion de saint Paul         

Après la résurrection, Jésus donne aux Onze leur mission. Ils doivent proclamer la Bonne Nouvelle sans limites. Ceux qui croiront et recevront le baptême seront sauvés. Ceux qui croiront feront des signes en son nom: chasser les esprits mauvais, parler un langage nouveau, échapper à des dangers mortels, imposer les mains aux malades qui s’en trouveront mieux..

Dans la première lecture, Paul relate le récit de sa conversion. Il rapporte les paroles d’Ananie après qu’il lui ait fait retrouver la vue : le Dieu de nos pères t’a destiné à connaître sa volonté, à voir celui qui est le Juste et à entendre  la parole qui sort de sa bouche. Car tu seras pour lui, devant tous les hommes, le témoin de ce que tu as vu et entendu. (Actes 22,14-15)

La mission de Paul est donc de s’adresser à tous les hommes. C’est cet aspect universaliste de son oeuvre qui l’a fait surnommer l’Apôtre des Gentils, aspect que l’on retrouve dans la conclusion de l’évangile de Marc: les apôtres doivent proclamer la Bonne Nouvelle sans limites. Comme Marc parle seulement de la vie publique de Jésus et surtout de ses actions, concrètement c’est toujours d’Israël qu’il s’agit. Luc avait profité de l’évangile de l’enfance, avec l’annonce des anges aux bergers et les paroles du vieillard Syméon au temple, pour indiquer que la personne du Christ dépassait Israël. De même, Matthieu, avec la visite des mages, laissait entendre que la réponse des non-juifs serait supérieure à celle des autorités religieuses et politiques d’Israël.

Marc a quand même deux récits qui montrent que ceux qui sont en dehors d’Israël ne sont pas exclus.  Il y a d’abord la guérison par Jésus de la fille d’une Syrophénicienne, c’est-à-dire d’une non-juive vivant dans le Liban actuel. Matthieu empruntera ce récit à Marc. Il y a ensuite la guérison d’un possédé dans le territoire de la Décapole, où l’élevage des porcs montre bien qu’on est en territoire non-juif. Or l’homme qui est guéri voulait suivre Jésus mais celui-ci lui confia plutôt la mission de témoigner parmi les siens de ce que Jésus avait fait. Ce récit est emprunté et par Matthieu et par Luc.

Mais dans les dernières paroles de Jésus que nous avons ici, les Onze ont reçu la mission de proclamer la Bonne Nouvelle sans limites. C’est leur mission et c’est ainsi qu’ils sont envoyés (apôtres).

Quand les communautés chrétiennes choisiront des gens pour les envoyer en mission, ils les appelleront apôtres. C’est ainsi que Barnabé et Paul, choisis par l’église d’Antioche et envoyés dans une première mission, sont appelés apôtres. Et Paul, à son tour, considérera que tout chrétien a reçu des apôtres la mission de témoigner selon la part que l’Esprit lui a donnée.

Jean Gobeil SJ 

2023/01/24 – Mc 3, 31-35

Jésus est dans une maison où il y a beaucoup de monde. Sa mère et ses frères arrivent mais ils doivent rester dehors à cause de tous les gens assis autour de lui. Ils le font donc demander. On dit à Jésus: Ta mère et tes frères te cherchent. Jésus pose la question: Qui est ma mère? Qui sont mes frères? Il regarde autour de lui et dit: Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma soeur, ma mère.

Cette façon vague de Marc de parler de la famille de Jésus sans nommer personne peut représenter la parenté de Jésus en général. Il en a été question un peu plus tôt. Juste avant l’épisode précédent des scribes qui attribuaient les pouvoirs de Jésus à Satan et qui étaient ainsi en opposition à la mission de Jésus, les siens avaient été mentionnés comme étant eux aussi en opposition à cette mission. Ils disaient de Jésus qu’il était-hors-de-lui-même, ce qui peut avoir voulu dire qu’il avait perdu la tête. Après tout, on devait savoir dans la famille que Jean Baptiste avait été arrêté et que ce n’était pas le temps d’attirer l’attention. Ils veulent se-saisir-de lui: c’est le même mot qui est employé pour les soldats qui vont arrêter Jésus au jardin des Oliviers (14,44.46). Il n’y a donc aucun doute que ce groupe, lui aussi, est en opposition à la mission de Jésus.

Ils sont maintenant arrivés à la maison où se trouve Jésus. Ils ne peuvent entrer à cause de tous ceux qui sont déjà là. Marc précise leur position qui est importante: ils sont assis en cercle autour de Jésus. Ce n’est pas la cohue d’une foule. C’est la position de ceux qui sont là pour écouter un rabbin, pour se faire instruire comme des disciples. Ce sera la position de Marie, la soeur de Lazare, qui écoutait la parole de Jésus, assise aux pieds du Seigneur  (Luc 10,39) .

On transmet la demande à Jésus: Ta mère et tes frères sont là dehors qui te cherchent. Jésus pose la question: Qui est ma mère? qui sont mes frères ?

Et regardant-autour: Jésus a cette façon spéciale de regarder avant de faire une déclaration importante. Il regarde ceux qui sont assis comme des disciples comme s’il les regardait un par un. Et c’est alors qu’il leur déclare: Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu

Sa vraie famille sont ceux qui écoutent la volonté de Dieu en l’écoutant. Il prend certainement une distance vis-à-vis de la parenté charnelle: cela ressemble même à une rupture avec ceux qui rejettent sa mission. Il rappelle où est la priorité. Ce rappel est important pour les auditeurs de Marc, les chrétiens de Rome, soumis à une persécution: leur appartenance à la communauté chrétienne les oblige parfois à une semblable rupture avec les liens du sang. C’est cette communauté qui est la vraie famille dont les membres s’appellent frères et soeurs.

Jean Gobeil SJ

2023/01/23 – Mc 3, 22-30

Il y a de ces jours où tout va mal et qu’on se sent lâché même par ceux dont le soutien devrait nous être acquis. L’évangile d’aujourd’hui relate l’un de ces jours dans la vie de Jésus. Les gens de sa « maison », de sa parenté, cherchent à « s’emparer de lui », l’estimant fou. Ce n’est probablement pas par amour qu’ils veulent le neutraliser : ils ont envie de se protéger en lui imposant le silence parce qu’il les met en danger par ses propos et ses gestes qui attirent des foules et provoquent la controverse.

Mais ils ne parviennent pas à leurs fins, car ils le trouvent en plein débat avec des gens très importants venus de la capitale: des scribes descendus de Jérusalem! Il ne s’agit pas d’une discussion tranquille et civilisée. Jésus est en train de se faire carrément insulter. On peut imaginer les scribes circulant dans la foule, faisant tout leur possible pour miner la crédibilité de Jésus en chuchotant à tous ceux qui veulent les entendre : « Il a Béelzéboul en lui »; « C’est par le chef des démons qu’il chasse les démons. » De nos jours, pour plus d’efficacité, ils distribueraient des tracts sur papier ou sur internet.

Jésus se rend compte qu’on est en train de le poignarder dans le dos. Il décide de faire face en interpellant ses détracteurs qui ne se savent pas déjà démasqués.  Il les fait venir et leur dit : « Comment Satan peut-il expulser Satan?… Si Satan s’est dressé contre lui-même et s’il est divisé, il ne peut pas tenir, c’en est fini de lui. » Très drôle : le génie des « paraboles » recourt maintenant à la logique pure et dure et mobilise le principe de la non-contradiction contre ses adversaires.

Dans la version de Matthieu du même épisode, Jésus recourt en plus à un argument « ad hominem » qui met en cause la cohérence des scribes dans leurs vies et dans leurs relations. En effet, ils ont des disciples qui font exactement la même chose que Jésus : ils soulagent des personnes tourmentées par des esprits mauvais. Ils s’acquittent de la même mission consolatrice que Jésus dans la situation limite que vivent les Juifs dont la nation est menacée de suppression. La menace n’était pas une lubie : elle s’est effectivement concrétisée. Mais avant, le cul-de-sac historique ou l’avenir bouché détraquait la santé mentale des compatriotes du guérisseur de Nazareth. Et Jésus n’était pas le seul thaumaturge ou exorciste qui tentait de réconforter les siens.

Chez Matthieu, Jésus pose donc aux scribes cette question : « Si c’est par Béelzéboul que moi, je chasse les démons, vos disciples, par qui les chassent-ils? » En fait, Jésus reconnaît indirectement que leurs disciples exerçant le ministère de la guérison annoncent à leur manière la venue du royaume. Et il met en garde les scribes aveuglés par la mauvaise foi : « Vos disciples seront eux-mêmes vos juges. »

N’en déplaise à Ivan qui, dans Les frères Karamazov, prétend que la souffrance infligée aux enfants n’est pas pardonnable, Jésus déclare que tout sera pardonné, y compris son assassinat par ceux qui ne savaient pas ce qu’ils faisaient. Seul le « blasphème contre l’Esprit Saint » restera à jamais sans pardon. Et ce blasphème n’est rien d’autre que l’impénitence absolue qui rend impossible le pardon. Dieu fasse que le groupe des blasphémateurs contre l’Esprit Saint soit pour toujours un ensemble vide!

Melchior M’Bonimpa

2022/01/29 – Mc 4, 35-41

Un correspondant de Californie me demandait récemment si la présente crise économique annonçait la fin du monde. Pour les spécialistes de la finance en effet, cette crise peut leur paraître la fin de leur monde. Lorsque leur bulle de la spéculation s’évapore, tout semble s’évanouir dans l’espace. Notre sécurité dépend évidemment de la valeur à laquelle on a rattaché sa personne. Or tout est relatif dans notre monde, un coup de vent peut tout balayer. Se raccrocher par la foi à l’Absolu est l’unique moyen d’assurer son avenir et sa sécurité.

La tempête apaisée par le Christ est un événement, qui a toutefois une signification symbolique au-delà de la réalité immédiate. Jésus avait enseigné toute la journée la foule qui l’écoutait sur le rivage. « Le soir de ce même jour », il invite ses disciples à « passer de l’autre côté du lac. » Ce passage vers l’autre rive n’est pas simplement un trait anecdotique, il peut signifier le passage du disciple vers l’au-delà de son existence terrestre. Des obstacles et des épreuves, symbolisés par la tempête sur le lac, rendent ce voyage pénible et périlleux. Le vent s’engouffre subitement dans le couloir au nord du Lac de Galilée, où des vagues violentes peuvent atteindre six mètres de hauteur.

Lorsque cet ouragan s’élève, que les vagues se jettent dans la barque qui se remplit d’eau, les disciples sont effarés devant la perspective d’une mort imminente. Démunis en face des forces de la nature, ils ne voient aucun moyen de salut. Ils sont atterrés, car ils ne comptent que sur eux-mêmes. Jésus leur reprochera de ne pas avoir la foi, la confiance en sa présence, même s’il dort. Déjà auparavant, la même tentation tourmentera le fidèle des psaumes qui accuse le Seigneur d’être silencieux, de dormir : « Réveille-toi, Seigneur ! pourquoi restes-tu inactif ? (Ps 44, 24) Si on avait la foi, on aurait confiance en sa protection en vertu de sa seule présence, même s’il semble absent ou ne pas répondre.

Jésus nous donnera l’exemple parfait de cette confiance au dernier moment de sa mission, lorsqu’il remettra sa personne entre les mains de Dieu: « Père, je remets mon esprit entre tes mains » (Lc 23, 46). Cloué à la croix, Jésus est devenu le plus pauvre, complètement démuni, mais il se livre totalement à Dieu, apparemment absent. Endormi dans la barque qui menace de sombrer, Jésus dort, remettant sa personne entre les mains de Dieu. À son réveil, ressuscité par Dieu présent en lui, il a le pouvoir de commander aux forces du mal et de dominer les démons, que représentent les vagues rugissantes du lac.

Conclusion

L’existence humaine se déroule dans un combat incessant entre les forces de la vie et les puissances de la mort, en nous-mêmes et autour de nous. À certains moments, les épreuves nous amènent presque à l’anéantissement, à la mort. Nous nous sentons démunis, incapables de faire face à des défis qui nous paraissent démesurés, qui vont nous écraser. Si nous fixons notre regard seulement sur nous-mêmes, sur nos limites, l’angoisse s’empare de nous. Devant un cancer généralisé, que pouvons-nous faire? Regarder plus haut et au-delà de nos possibilités humaines.
Il faut se rappeler sans cesse que la peur surgit en nous dans la mesure où nous manquons de foi. Au général Abner, demeuré fidèle au Dieu d’Israël, mais apeuré par les menaces de la reine impie Athalie, le grand prêtre lui répond fermement: « Je crains Dieu, cher Abner, et n’ai point d’autre crainte » (Jean Racine, Athalie, 1er acte). La foi bannit toute peur !

Jean-Louis D’Aragon SJ

 

2022/01/28 – Mc 4, 26-34

Dès notre naissance, nous sommes en nous-mêmes le théâtre d’un combat entre le bien et le mal, entre les virus qui nous attaquent et notre système immunitaire. Au niveau moral, des tentations nous sollicitent auxquelles nous résistons de notre mieux. Autour de nous, la haine et la violence livrent un combat de destruction contre les forces de stabilité et de paix. Une sorte de guerre universelle sévit partout, entre la haine et l’amour, entre la mort et la vie.

Face à de nombreuses critiques contre la foi chrétienne, nous sommes parfois découragés dans la crainte d’être submergés. Comment répandre la Bonne Nouvelle « jusqu’au bout du monde » (Actes 1,8), comme le Seigneur ressuscité nous l’a commandé? Les disciples de Jésus et les premiers chrétiens subissaient la même tentation de découragement. Ils étaient peu nombreux. noyés dans la masse du monde perverti de l’époque, méprisés et sans prestige.

Mystère de la vie

Pour contrer cette tentation de découragement, Jésus présente aux siens deux paraboles qui illustrent la puissance invisible de la croissance. Du grain jeté sur la terre ne semble donner aucune garantie d’avenir. Ce geste peut même paraître stupide. Si nous n’avions jamais vécu l’expérience du grain qui, de lui-même, pousse, mûrit et devient une gerbe, nous penserions que ce geste de semer est insignifiant. La preuve, c’est que les premiers humains n’ont découvert qu’après des siècles ce mystère de l’agriculture, qu’il fallait semer pour récolter. Le grain pousse de lui-même, jour et nuit, sans intervention humaine. Nous ne pouvons qu’admirer ce mystère de la croissance, mais sans l’accélérer. Un brin d’herbe qui apparaît dans une fissure du trottoir révèle la puissance de la vie qui surgit partout, même là où le béton s’y oppose et semble la comprimer. La patience et l’espérance débouchent sur la moisson.

Nous avons souvent l’illusion enfantine que des interventions extérieures, des actes de puissance pourraient écraser le mal, pour permettre au bien de fleurir. Dieu est tout-puissant et pourrait transformer le monde en un instant. Mais un tel rêve « enfantin » n’atteindrait que l’extérieur de la réalité, tandis que le Créateur intervient discrètement, en profondeur. La puissance de la vie qu’il suscite est invisible, mais rien ne lui résiste.

Comprendre les paraboles

Tout l’enseignement de Jésus est une parabole pour la foule, avec une face visible et une autre, invisible, qui lui correspond. Pour comprendre, il faut être au diapason du Christ, sur la bonne longueur d’ondes, avoir de l’empathie. Sans cette ouverture à une parole nouvelle, tout devient énigmatique. Quand une personne nous est antipathique, nous ne voyons que ses défauts. Il faut l’aimer pour la comprendre et l’apprécier. Il en est de même pour le message du Christ, surtout lorsqu’il nous déconcerte. Au-delà de l’apparence, celui qui croit découvre la vérité, la lumière, qui projette ses rayons sur le chemin de la vie et du bonheur. C’est la pédagogie qu’emploie Jésus pour instruire ses disciples, qui finiront par comprendre.

Conclusion

L’Évangile est une puissance de lumière et de vie, qui peut transformer le monde. Mais ce n’est pas une force fulgurante qui bouscule, qui détruit tout pour recréer en un clin d’oeil. Pour un effet durable, il faut l’enracinement dans le coeur des humains. C’est par la patience et la persévérance que le grain de blé parvient à produire une gerbe.

Les combats sanguinaires entre les gladiateurs, qui devaient s’entretuer pour le plaisir sadique des spectateurs, ont continué à Rome, même après le christianisme. Mais un ermite, scandalisé par ces spectacles, décida d’intervenir. Lui seul contre une populace, quelle témérité! Télémacus se rendit à Rome, entra dans le Colisée où se déroulaient des combats et s’interposa entre les gladiateurs. La foule, furieuse, réclama et obtint sa mort. On aurait pu penser que cet ermite avait sacrifié inutilement sa vie. Mais sa dénonciation courageuse de cette barbarie sadique suscita la réflexion du peuple, qui prit conscience de sa culpabilité. Ce fut la fin de ces ignobles spectacles. L’intervention non violente d’un seul eut finalement raison de la passion sanguinaire des foules.

Jean-Louis D’Aragon SJ

2022/01/27 – Mc 4, 21-25

Jésus nous propose dans ce passage trois conseils qui s’apparentent à la tradition sapientiale. À toutes les époques et dans tous les pays, des sages ont exprimé des principes de vie dont l’expérience a prouvé la valeur. Jésus déclare ici que la lumière, par nature, brille pour tous, que rien ne peut demeurer secret et, enfin, cette loi universelle que celui qui possède par exemple de l’argent accumule des profits, à l’encontre du pauvre qui n’a rien et qui glisse dans la misère.

Affirmer sa foi devant le monde

Celui qui est différent semble défier les gens, parce qu’il est difficile d’accepter la différence. Elle dérange et met en question. La réaction est facilement négative face à celui qui parle une langue inconnue et dont les habitudes de vie nous sont étrangères. La société force inconsciemment les humains à se conformer aux mêmes normes d’habillement, de coutumes… À l’adolescence, les jeunes, en recherche d’identité, se révoltent parfois contre ces règles qui briment leur liberté, mais ils finissent par plier sous la pression sociale.

S’il est difficile de résister à cette pression dans des domaines superficiels, il faut une conviction profonde pour affirmer et manifester sa foi à l’encontre d’un monde qui ne croit pas. La foi engage ce qui est le plus profond en soi-même, le coeur qui caractérise notre identité. Même si le monde autour de nous ne manifeste pas d’hostilité ou de violence envers les croyants, il se montre souvent sceptique et moqueur. Aussi nombre de chrétiens sont gênés d’exprimer leur foi, ils craignent même d’être remarqués.

Or la foi est la lumière qui ne peut être dissimulée. Il serait stupide d’allumer une lampe pour la cacher, car un tel geste serait contre la nature de la lumière. Lorsqu’un chrétien camoufle sa foi, il refuse d’affirmer ce qu’il est, il se divise entre sa foi refoulée dans son intérieur et sa conduite extérieure. Comme toute division, cette contradiction entre son cœur et son attitude extérieure conduit progressivement à la ruine, à la mort.

Impossibilité du secret

Cultiver le secret est toujours une tentation. Nous avons souvent peur de nous regarder, nous essayons de nous voiler les yeux pour ne pas voir en nous-mêmes. Quel est celui qui aime faire son examen de conscience ? Nous craignons de découvrir des coins désagréables dans notre subconscient.

Si on se défie de soi-même, qu’en est-il de notre ouverture aux autres ? Quand la défiance devient une forme régulière de défense, toute véritable amitié s’avère impossible. On s’isole, replié sur soi-même, dans la pauvreté de sa solitude. Au contraire, les personnes franches, ouvertes, suscitent l’amitié autour d’elles. Même si leur franchise verse parfois dans la brutalité, on les estime parce qu’elles ne cachent rien, elles sont, comme on dit, « d’une seule pièce ».

Il est donc dans notre nature de ne rien cacher. C’est même un soulagement d’avouer une mauvaise action, fût-ce un crime. Ouvrir sa conscience à Dieu s’inscrit donc dans une exigence de notre être. Cette ouverture produit une libération, car on n’est plus seul à porter le poids de sa conscience. D’ailleurs serait-il possible de tenir secret quelque chose dans un repli de sa conscience face au Souverain Juge ?

Une loi universelle

Celui/celle qui possède un talent peut en acquérir d’autres, mais celui/celle qui n’a rien est condamné à subir sa solitude et sa misère. L’expérience nous montre que les riches qui disposent de capitaux accumulent des profits, souvent même d’une manière scandaleuse. Dans tous les domaines de la science, en médecine par exemple, les découvertes du passé permettent de progresser plus rapidement en une année que pendant un siècle auparavant.

Jésus applique cette norme générale à l’audition de sa parole. Celui/celle qui se montre disposé à l’écouter, qui a le désir de l’entendre et de comprendre, a la consolation d’accueillir sa parole dans une terre qui produira des fruits. Sa parole, comme la vie qu’elle proclame, n’a pas de limites, c’est nous qui n’en recueillons qu’une parcelle.

Sous-jacente à la pensée de Jésus se trouve une règle fondamentale de la condition humaine: aucune personne ne peut demeurer stable, immobile, sans avancer ou reculer. La stabilité, pour ne pas dire l’immobilité, est impossible chez l’être humain soumis au temps et à l’évolution. Celui/celle qui, par souci de sécurité ou par paresse, refuse de progresser, est condamné à reculer.

Notre foi se rattache à notre vie et à la loi du temps qui la conditionne. Si nous entretenons l’illusion d’une foi acquise définitivement, sans des défis, des doutes, des tentations et de la recherche, nous nous condamnons à la sclérose, à la sécheresse et…à une mort lente. Notre nature humaine, telle que voulue par le Créateur, nous stimule à chercher, pour découvrir et nous émerveiller dans l’action de grâce.

Jean-Louis D’Aragon SJ

2022/01/26 – Lc 10, 1-9

Avons-nous ici une simple répétition de ce qui précède immédiatement à 9,1-6, où Luc rapporte l’envoi en mission des douze apôtres? Pourquoi un autre envoi en mission, même si celle-ci est plus développée que la précédente ?

Remarquons tout d’abord que ce sont ici des disciples, non les apôtres, que Jésus charge de cette mission. Ils sont soixante-douze, nombre qui signifie l’universalité des nations (d’après l’énumération de Gen 10,2-31). Les disciples représentent tous les chrétiens de l’avenir, qui recevront eux aussi la fonction d’évangéliser le monde. Dieu, dans son amour, veut que tous les peuples et tous les humains soient sauvés. Luc insiste sur cet universalisme du salut, lui qui est d’origine grecque, donc païenne. Cette mission des 70 (ou 72) disciples annonce le Livre des Actes, le second volet de l’ouvrage de Luc, qui décrira le début de cette évangélisation universelle. Notons que, dans les Actes, les principaux acteurs de l’évangélisation, à part Pierre, ne sont pas les douze apôtres, mais Étienne, Philippe, Barnabé et Paul, qui sont des disciples et qui appartiennent probablement au groupe des Hellénistes.

Ce nombre rappelle également les 70 anciens (72, avec les deux qui reçurent l’Esprit, même s’ils n’assistèrent pas à l’assemblée dans la tente de la rencontre), que Moïse, sur l’ordre de Dieu, choisit comme ses assistants et qui reçurent l’Esprit du Seigneur pour remplir leur fonction (Ex 24,1ss; Nomb 11,24-30). Ce groupe de 70 anciens préluda au Sanhédrin qui, présidé par le grand prêtre, régissait Israël depuis le retour de l’Exil jusqu’au temps de Jésus.

Continuer la mission de Jésus

Les évangiles de Matthieu (28,16-20), de Luc (24,48s ; comp. Act 1,8) et de Jean (20,21) attestent que c’est le Seigneur ressuscité qui envoie solennellement en mission tous les siens. Ils doivent proclamer la victoire du Ressuscité sur la mort, sa vie glorieuse et la transmettre par le rite du baptême à tous ceux et celles qui l’accueilleront dans la foi.

Que signifie alors le présent envoi en mission des disciples, précédé par celui des apôtres? Les trois évangélistes veulent montrer ainsi que l’évangélisation par les chrétiens de tous les temps s’enracine dans le ministère même de Jésus. C’est la mission du Christ Jésus qui se prolonge dans celle de ses disciples. Ce n’est donc pas une fonction reçue de l’extérieur, même si elle provient du Seigneur ressuscité.

Mission difficile

À la suite du Christ, ses disciples ont le devoir d’annoncer que le Règne de Dieu est tout proche. La Source de la vie et de la paix vient habiter au milieu de ses fidèles. Cette proclamation est tellement importante qu’on ne peut se laisser distraire et retarder, en particulier par les longues salutations coutumières en Orient. Les disciples vont deux par deux, car il faut deux témoins pour attester la vérité. Ils parcourent « toutes les villes et localités où lui-même (le Christ) devait aller. » Seule la rencontre personnelle avec le Seigneur établit l’union et la communion qui transmet la vie.
Le préalable à l’union au Christ est la guérison de tout mal, qu’il soit physique ou moral. En communiquant la vie, le Seigneur, par ses disciples, guérit l’humanité croyante de l’esclavage qu’elle s’est infligée par ses péchés d’injustice et d’égoïsme. Dans le Royaume de Dieu, tous les élus resplendissent de liberté, d’amour et de gloire.

Tâche impossible

La moisson représente traditionnellement le rassemblement des justes, qui couronnera l’histoire humaine. Les obstacles à une telle mission sont nombreux et, apparemment, insurmontables. Annoncer au monde entier l’Évangile est une tâche impossible pour le nombre infime des ouvriers. C’est uniquement la prière qui obtiendra de nombreuses vocations, non pas seulement de prêtres, de religieux et de religieuses, mais de tout chrétien qui prend conscience de la mission qu’il a reçue à son baptême et à sa confirmation.

L’accueil réservé à ces missionnaires ne sera pas toujours encourageant. Jésus compare ses disciples à des agneaux qui rencontreront l’hostilité des loups. Pour affronter de tels adversaires, Jésus dépouille ses fidèles de tout secours humain : « Pas d’argent, ni sac, ni sandales. » Réduit à une pauvreté radicale, ces missionnaires ne peuvent qu’espérer et compter sur le secours de leur Seigneur.

Dans les quelques décennies récentes, notre Église a subi un dépouillement complet. Le Seigneur nous a montré que la richesse et le prestige sont une illusion. Une Église riche, fortement structurée et puissante ne convertira jamais le monde. Les nombreuses vocations au sacerdoce et à la vie religieuse ont diminué radicalement. L’autorité ecclésiastique a perdu son prestige dans l’ensemble de la société. Les richesses du clergé et des communautés religieuses se dissipent. Nos sanctuaires, désertés, sont devenus un patrimoine lourd à porter. Le triomphalisme n’a plus de base pour se motiver.

Selon les normes de notre société, qui n’apprécie qu’une efficacité mesurable par des résultats tangibles, notre Église s’orienterait vers une pauvreté, qui serait proche de sa disparition. Et pourtant ! Ce dépouillement progressif ne serait-il pas un signe des temps pour nous ramener à l’état de dépouillement que le Seigneur a voulu pour ses disciples en mission ?

Conclusion

Deux signes des temps s’imposent à nous : l’appauvrissement de l’Église et la rareté des vocations sacerdotales et religieuses. Tout signe des temps porte l’empreinte de la volonté de Dieu. La pauvreté nous ramène aux normes dictées par le Christ à ses missionnaires. Le succès viendra de Dieu seul.

La rareté des vocations traditionnelles oblige notre Église à délaisser le cléricalisme, qui concentrait toutes ses activités dans les mains des prêtres et des religieux. Le Seigneur veut que chaque chrétien et chaque chrétienne prenne vivement conscience de sa responsabilité personnelle, que chacun et chacune est appelé à œuvrer dans le champ de ce monde, à la moisson de Dieu.

Jean-Louis D’Aragon SJ