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(Français) 2023/04/29 – Mt 11, 25-30

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Dans la première partie (11,25-27), le Christ adresse une prière de louange au Père. L’objet de la louange est le bon vouloir du Père, c’est-à-dire son oeuvre et son action. Ce que le Père fait est de révéler aux petits le mystère du Royaume. Le Christ, lui, est le Fils qui seul a la connaissance véritable du Père. C’est par lui seul que se fait le révélation du Père.
La deuxième partie (11,28-30) est une invitation à ceux qui peinent sous le poids du fardeau:
“Venez à moi et je vous procurerai le repos.”

Première partie: Dans cette prière, le Christ révèle son intimité avec le Père.

Le Père.

Le mot Père commence la prière et revient à la fin. C’est probablement le mot Abba, un terme d’intimité qui a frappé les disciples puisque Marc l’emploie dans la prière de l’agonie pour un auditoire qui ne connaît pas l’araméen (Marc 14,36) et, avant lui, Paul l’emploie dans l’épître aux Galates et plus tard dans l’épître aux Romains, comme expression de la relation exceptionnelle que crée l’Esprit dans les disciples. C’est un terme de familiarité et d’intimité que personne, avant Jésus, n’aurait osé employer en s’adressant à Dieu.

Le mystère caché.

Ce qui était caché pour les sages et les savants, les experts comme les scribes et les docteurs de la Loi, a été révélé aux petits, ce qui désigne ordinairement les disciples, à qui Jésus dira:

A vous il a été donné de connaître le mystère du Royaume des cieux. (Matthieu 13,11)

En d’autres mots, les gens simples ont vu en Jésus le révélateur de Dieu. Ils ont été capables de se mettre à l’écoute de sa parole et de reconnaître dans ses gestes la présence de Dieu. C’est cela l’oeuvre du Père, son bon vouloir.

Le révélateur de Dieu.

Nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils. Cette connaissance unique du Père révèle deux choses. Elle révèle d’abord la conscience claire que Jésus avait de sa filiation divine. Relié à cette filiation divine, découle le fait qu’il est le révélateur unique du Père. C’est seulement par lui qu’on a accès au Père.

Deuxième partie.

Le joug de la Loi est une expression connue dans l’Ancien Testament pour exprimer l’obligation de la Loi. La figure n’est pas nécessairement péjorative. Il suffit de relire l’Éloge de la Loi que fait le psaume 119 qui parle des commandements comme d’une source de délices (verset 47), ou comme une expression de l’amour de Dieu:
De ton amour, Yahvé, la terre est pleine,
apprends-moi tes volontés. (verset 64)
ou comme encore d’une expression de la sollicitude de Dieu:
Une lampe sur mes pas, ta parole,
une lumière sur ma route. (verset 105)

Mais quand Jésus parle d’un fardeau qui accable, il vise d’abord le fardeau imposé par les interprétations des Pharisiens qui font de la Loi une question d’exactitude méticuleuse et de comptabilité minutieuse à assurer à tout prix. C’est ce qu’illustreront les épisodes qui suivent notre texte.

Le joug que Jésus offre évoque l’engagement dans la Nouvelle Alliance, l’entrée dans le Royaume. Il n’est pas un joug de domination puisqu’il ajoute:
Car je suis doux et humble de coeur,.
ce qui est la définition des Pauvres ou des Petits de Yahvé dans l’Ancien Testament.

Mais le fardeau peut avoir un sens plus général: le fardeau de la misère humaine. Un peu plus tôt, Matthieu disait de Jésus qui venait de parcourir villes et villages:
A la vue des foules, il en eut pitié, car ces gens étaient las et prostrés comme des brebis qui n’ont pas de pasteur.
(Matthieu 9,36)

Le joug qui est le sien est donc une réponse à cette misère et un appel à venir recevoir la Vie.

Jean Gobeil SJ 

 

 

 

(Français) 2023/04/28 – Jn 6, 52-59

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Les croyants de trois groupes religieux, les juifs, les musulmans et les chrétiens, professent leur foi au Dieu unique. Comment alors les chrétiens sont-ils différents des juifs et des musulmans? Quelle est notre identité, notre visage chrétien, qui nous distingue des deux autres groupes?

Eux croient, comme nous, en un Dieu tout-puissant, qui a créé le monde et qui dirige l’histoire humaine. De leur côté, les chrétiens mettent toute leur confiance dans l’amour de l’unique Dieu, qui « a donné son Fils unique » (Jn 3,16), pour devenir l’un des nôtres, vraiment homme avec ses limites. Il est venu lui-même nous sauver de la mort et nous donner la vie divine. Il s’est abaissé comme un esclave, lavant les pieds de ses disciples, avant d’offrir sa vie sur la croix. Son amour extrême se révèle dans l’eucharistie, où il communique sa vie de Ressuscité sous le signe de la nourriture que nous assimilons.

Déclaration précédente de Jésus

Après avoir multiplié les pains et nourri la foule, Jésus affirme que lui-même est le pain descendu du ciel, envoyé par le Père. Au-delà du pain matériel, la foule est invitée à découvrir le Christ, Fils de Dieu, venu de l’au-delà. Jésus insiste sur cette vérité, car il s’agit du cœur de la foi : voir l’Envoyé du Père dans le signe central de l’histoire humaine, Jésus de Nazareth.
Le pain désigne, au début du discours, la révélation de Jésus, ses actions et ses paroles, c’est-à-dire la mission que le Père lui a donnée pour communiquer la vie au monde. C’est la révélation du salut à laquelle le croyant adhère et qu’il doit assimiler en lui-même.

Nouvelle déclaration : ce pain, « c’est ma chair »

Le verbe manger, répété quatre fois dans cet extrait, exprime à la fois l’insistance sur la nécessité de recevoir le Fils de l’homme et le réalisme de la manducation. Le croyant s’approprie la vie du Christ dans le signe de la nourriture qu’il assimile et qui devient sa propre substance. L’eucharistie, chair et sang, communique au croyant ces deux dons es¬sentiels à son bonheur: la vie éter¬nelle dès ici-bas et l’union à Jésus, le Fils de Dieu incarné et ressuscité.

Le chrétien reçoit dans le moment présent la vie éternelle par son union avec le Ressuscité. Il demeure dans le Père, qui est présent dans son Fils. L’amour nous sort de nous-mêmes pour nous retrouver dans l’Autre, le Christ. Aussi nous invite-t-il à demeurer en lui comme il demeure en nous. La vie qu’il nous donne dans cette communion se développe en vie éternelle, jusque dans l’au-delà de notre existence humaine.

Le défi de la foi

Les auditeurs de Jésus refusent de croire. De même, plusieurs disciples du Christ, des chrétiens au temps de l’évangéliste Jean, refusent de croire dans ce don extrême de l‘amour divin. L’eucharistie est un défi à nos sens de la vue et du goût. Nous savons pourtant que notre vue est limitée et il en est de même pour notre audition. Ces limites devraient nous rendre humbles et nous disposer à croire dans le mystère, qui dépasse les limites de notre intelligence.

La foi est spontanée et facile dans les circonstances ordinaires de notre existence : voyage en train ou en avion, opération chirurgicale, confiance spontanée dans la nourriture qu’on nous présente,… Mais la foi dans ce qui nous dépasse complètement, dans l’au-delà, dans le mystère de Dieu, devient un défi. Pour croire dans l’amour infini du Père, qui se donne dans son Fils unique, il faut aimer. Seul, l’amour peut donner des yeux pour accueillir l’Amour. Telle est la marque distinctive du chrétien, s’écrie Jean : « Nous, nous avons cru dans l’Amour. » (1 Jn 4,16)

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2023/04/27 – Jn 6, 44-51

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Un miracle ou un signe?

Jésus révèle une nouvelle dimension de lui-même, en s’identifiant à ce pain descendu du ciel et en affirmant qu’il comblera la faim et la soif de vie et de bonheur de tous ceux et celles qui croiront en lui. Jésus l’a déjà dit, mais ses interlocuteurs n’ont vu que l’aspect extérieur de l’image du pain, sans pénétrer jusqu’à la vérité que cette image veut signifier. Cette incompréhension correspond à celui qui entend une langue étrangère; pour lui, ce ne sont que des sons dont il ne comprend pas la signification. De même, les auditeurs de Jésus ne comprennent pas et ne croient pas. Dans la multiplication des pains, ils n’ont vu que le prodige, ils se sont arrêtés à l’apparence, à la superficie, sans pénétrer jusqu’à la révélation que le signe contenait.

La manne, la loi et la vie

Dieu donna la manne pour que le peuple vive selon la Loi. La manne et la Loi étaient associées pour être déposées ensemble dans l’Arche d’Alliance. En multi¬pliant les pains au désert, Jésus, nouveau Moïse, donne une nouvelle Loi. Il apporte une nouvelle manne, lui-même, pour accorder la force de vivre comme lui. De même que la manne était considérée par les Juifs comme le signe de la Loi, Jésus, pain descendu du ciel, se présente comme la Révélation définitive, qui donne la vie au monde.

La vue de la foi

Venir vers Jésus est un don de Dieu, qui “attire” le croyant (v.44), mais qui n’enlève aucunement la responsabilité d’une libre décision. La volonté du Père, que Jésus accomplit, c’est de sauver tous ceux et celles qu’il lui donne et qui croient en lui. Croire, c’est “voir le Fils” dans l’homme Jésus de Nazareth. Le croyant découvre dans le signe central, qui est le Christ Jésus, sa communion unique qui l’unit au Père et qui le fait vivre. Par sa foi, le chrétien, de son côté, peut communier au Seigneur ressuscité et accueillir le don de la résurrection et de la vie éternelle. (vv.39-40).

L’incrédulité consiste dans le refus de voir au-delà de l’immédiat. Les Juifs ne voient que l’homme Jésus : “N’est-ce pas Jésus, le fils de Joseph? Ne connaissons-nous pas son père et sa mère” ? » Comment peut-il dire qu’il est descendu du ciel ?

Les prophètes avaient déjà annoncé que Dieu lui-même instruirait son peuple (Jér 31,33; Éz 11,19s; 36,26s). Celui que le Père instruit vient vers son Envoyé, le seul Médiateur, car personne autre que lui a vu Dieu le Père. Seule la grâce du Père permet de découvrir le Fils dans l’homme Jésus.

Jésus, le pain vivant

Jésus répète qu’il est le pain qui donne la vie éternelle à celui qui croit en lui. La manne accordée aux ancêtres n’était qu’une image, qui ne pouvait pas par elle-même donner la vraie vie. Jésus ajoute une précision dans le sens eu-charistique, car le pain qu’il identifiait déjà à sa personne, c’est sa chair, c’est-à-dire lui-même incarné, dans sa dimension phy¬sique. Rebutée par cette dernière déclaration, la foule refuse de croire et de comprendre, “Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ?”

Dans la conclusion de ce passage, Jé¬sus fait allusion à sa mort comme source de vie. “Le pain que je donnerai, c’est ma chair donnée pour que le monde ait la vie.” Telle est la pointe extrême de l’Incarnation: le Fils de Dieu s’est abaissé à notre niveau humain, il livre sa vie et se donne en nourriture. Il y a donc continuité entre l’Incarnation, la mort en croix, la résurrection et le sacrement eucharistique.

Jean-Louis D’Aragon SJ

 

(Français) 2023/04/26 – Jn 6, 35-40

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Le jour suivant la multiplication des pains, la foule rejoint Jésus. Jésus déclare qu’il est le pain de la vie. Il fait disparaître la faim et la soif la plus profonde pour ceux qui, envoyés par le Père, viennent à lui. Jésus, qui fait la volonté du Père, ne veut perdre aucun de ceux-là. Ils voient en Jésus le Fils du Père et ils croient en lui. C’est à eux que Jésus donne le pain, c’est-à-dire la vie éternelle et il les ressuscitera au dernier jour.

La foule qui a été impressionnée par le miracle de la multiplication des pains vient rejoindre Jésus. Mais cette foule ne pense qu’au pain matériel et Jésus leur en fait la remarque. Le pain qu’ils ont mangé n’est qu’un signe d’une nourriture qui donne la vie éternelle. Les gens demandent quelles sont les oeuvres qu’ils doivent accomplir pour avoir cette nourriture. Jésus répond en disant qu’il s’agit d’une seule oeuvre: croire en celui que Dieu leur a envoyé. Mais eux voudraient un autre signe du genre de la manne que Moïse avait obtenue et qui assurait la nourriture quotidienne. Ils ont à l’idée un messie qui assure la prospérité matérielle. Croire en Jésus qui leur parle d’autre chose est une épreuve pour leur foi.

L’approche de Jésus ici, rappelle l’épisode de la Samaritaine venue puiser de l’eau. Au lieu du pain Jésus a parlé de l’eau, une eau qui était un don de Dieu et qui apaiserait la soif la plus profonde. Elle avait demandé alors d’en avoir pour ne plus avoir à venir puiser. A la révélation qu’il était le Messie, et qu’il était lui-même cette eau, elle avait cru et avait été transformée.

C’est à une révélation analogue que correspond le texte d’aujourd’hui. Le pain que Jésus offre donne la vie éternelle et ce pain c’est lui-même : Moi, je suis le pain de la vie. (6,35)
Il ne dit pas le pain de vie mais bien le pain de la vie, une vie bien spécifique. Il s’agit de la vie de Dieu, de sa vie à lui. C’est la vie qu’il veut donner et qu’il donnera à ses disciples quand il dira: Ceci est mon sang.

Ceci est comme le dernier mot de la communication de Dieu. Tout au long du Prologue de l’évangile, Jean emploie le terme le Verbe qui est un équivalent de la Parole. En parlant ainsi du Verbe de Dieu, Jean se trouve à dire que c’est de l’essence de Dieu de communiquer, de communiquer quelque chose de lui-même. Qu’on parle de la parole de Dieu, qu’on parle de la lumière, qu’on parle du pain, qu’on parle de l’amour de Dieu, on parle toujours de quelque chose d’essentiel de Dieu qui est de vouloir communiquer.

Et c’est par le Verbe, la Parole, que commence la création.
Tout fut par lui (le Verbe), et rien de ce qui fut ne fut sans lui. (1,3)
En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes. (1,4)
La Parole, qui est lumière, dans la création qu’elle fait, dit quelque chose de la bonté de Dieu:
Dieu vit tout ce qu’il avait fait: cela était très bon. (Gn.1,31)

Au long de l’histoire d’Israël, cette Parole a été présente dans les prophètes jusqu’au dernier, Jean Baptiste, qui est mentionné dans le Prologue pour dire qu’il n’était pas la lumière mais qui fut “un témoin de la lumière”.

Cette lumière, c’est le Christ; c’est la Parole qui s’est faite chair, qui a pris notre condition humaine. Il dit aujourd’hui: “Je suis le pain de la vie”. (6,35)
Ce que le Christ communique maintenant c’est la vie même de Dieu.

L’image de l’eau qu’il offrait à la Samaritaine et l’image de la lumière évoquent la communication que Dieu offre. L’image du pain, une nourriture qui devient partie de nous-mêmes, dit que Dieu veut vivre en nous-mêmes pour que nous partagions sa vie. La communication divine va jusqu’à la communion qui fait de nous des enfants de Dieu.

Jean Gobeil SJ 

(Français) 2023/04/25 – Mc 16, 15-20

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Avant de quitter ses disciples, le Christ ressuscité leur donne une mission. Ils doivent proclamer la Bonne Nouvelle à toute la création, c’est-à-dire sans limites. Ceux qui croiront et recevront le baptême seront sauvés. La puissance de Dieu les protègera et fera des signes à travers leurs actions de chasser les esprits mauvais, de parler un langage nouveau, d’échapper à des dangers mortels, d’imposer les mains aux malades qui s’en trouveront mieux.

Jean surnommé Marc est cousin de Barnabé, un personnage très apprécié parmi les premiers chrétiens. Sa mère Marie avait une maison à Jérusalem où se réunissaient les premiers chrétiens et où Pierre alla directement après son évasion miraculeuse de prison. Marc était l’auxiliaire de Barnabé et Paul dans la première mission en territoire païen. Marc les accompagna à Chypre mais rendu à Pergé en Asie mineure, il décida de les quitter pour retourner à Jérusalem. Quand Paul parla d’une seconde mission, Barnabé voulut prendre Marc avec eux, ce qui causa une brouille sérieuse entre Paul et Barnabé. Ils se séparèrent donc, chacun menant sa propre mission. Il dut y avoir une réconciliation entre Marc et Paul, puisque Marc est mentionné plusieurs fois dans les épîtres parmi ceux qui envoient des salutations, comme à la fin de l’épître à Philémon. Marc, cousin de Barnabé, est chaleureusement recommandé à la fin de l’épître aux Colossiens. L’auteur de la 2e épître à Timothée lui demande d’emmener Marc qui est précieux pour le ministère. C’est à lui que le troisième évangile est attribué.

L’auditoire de Marc semble bien être une communauté qui a des difficultés et des doutes: elle est peut-être en proie à la persécution, comme à Rome. Marc suggère que les chrétiens de cette communauté ne devraient pas être surpris par les difficultés et les doutes: il leur montre l’exemple des apôtres qui, même s’ils étaient avec le Seigneur, souvent ne comprenaient pas. Plusieurs fois, Jésus leur reproche de ne pas avoir de foi (Matthieu et Luc parleront plutôt de leur peu de foi). Dans les moments difficiles, ils dorment ou sont absents ou ont peur. Jésus lui-même, dit Marc, à Gethsemani, commença à ressentir effroi et angoisse (Marc 14,33).

La conclusion de l’évangile rappelle donc aux chrétiens qu’en dépit de leurs difficultés et de leurs craintes, ils ont la mission de proclamer à toute la création la Bonne Nouvelle (cette note universaliste n’échappe sûrement pas à des chrétiens comme ceux de Rome). Ils doivent ranimer leur foi et se rappeler que le Seigneur travaillait avec eux.

La première lecture aujourd’hui est tirée de la première épître de Pierre et elle accompagne merveilleusement bien l’évangile. Pierre met par écrit pour d’autres églises ce qu’il prêchait de vive voix à la communauté de Rome, qu’il appelle dans l’épître la communauté de Babylone. Il leur recommande: Tenez-vous humblement sous la main puissante de Dieu. L’humilité vient de la foi qui compte sur le travail de Dieu, sur sa main puissante. Si Dieu travaille avec ceux qui proclament la Bonne Nouvelle, le résultat ne dépend pas de leurs faibles moyens: il est l’oeuvre de Dieu.

Pierre ajoute (1 Pierre 5,7): Déchargez-vous sur Dieu de tous vos soucis, puisqu’il s’occupe de vous.

La foi en la main puissante de Dieu qui agit à travers notre proclamation de la Bonne Nouvelle, si faible soit-elle à nos yeux, nous libère de nos craintes, de nos soucis et de nous-mêmes.

Jean Gobeil SJ 

 

(Français) 2023/04/24 – Jn 6, 22-29

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De l’autre côté du lac, Jésus a fait la multiplication des pains pour nourrir la foule. Il s’est éloigné de la foule quand elle se préparait à le faire roi. A la faveur de la nuit, il a marché sur les eaux pour rejoindre les disciples et se révéler à eux. Ils ont fini la traversée à Capharnaüm. Le lendemain, la foule l’a cherché puis l’a rejoint à Capharnaüm. Jésus dit à ceux qui le cherchent qu’ils le font pour la mauvaise raison. Pour le suivre parce qu’il est celui qui est envoyé de Dieu et le connaître véritablement il faut d’abord croire en lui.

Cet épisode est une sorte de transition entre la multiplication des pains, symbole de la vie que Jésus apporte, et le discours sur le pain de vie, le reste du chapitre six, dans lequel Jésus révèle son identité et son véritable rôle.

L’ensemble de ce chapitre peut aussi être vu comme une confrontation entre une croyance populaire en un messie politique, bien terrestre, et la foi en un Messie envoyé par Dieu pour apporter une vie nouvelle. La foule l’a d’abord cherché parce qu’il avait fait des guérisons. La multiplication des pains leur a fait penser au genre de roi qu’ils aimeraient. Ils l’ont cherché et maintenant ils montrent bien qu’ils sont plus intéressés au merveilleux qu’à lui-même, à ce qu’il fait plus qu’à ce qu’il est. Ils veulent savoir comment il a pu se rendre à Capharnaüm sans qu’ils voient comment. Ils soupçonnent une autre action merveilleuse.

Les gens sont toujours fascinés par le merveilleux. La mort accidentelle d’un héros est sans intérêt; mais c’est plus fascinant si on peut imaginer qu’elle est le résultat d’un complot. Dans le monde moderne, avec le développement de la science, les anges ont été remplacés par la croyance dans les extra-terrestres: le désir de merveilleux est très créateur. La foi dans le futur est plus facile s’il y a du merveilleux comme des billets de loterie.

C’est un peu tout cela qui joue dans l’imagination de la foule de Capharnaüm. Un Messie qui est capable de guérir et de nourrir la foule sans qu’il n’y ait rien à débourser devrait être capable de faire disparaître les Romains et de redonner la liberté à Israël.

Dès que Jésus va parler de son pouvoir de donner la vie qui est plus forte que la mort et de sa relation avec Dieu on va demander des preuves, un signe, c’est-à-dire quelque chose de merveilleux dans le ciel pour les éblouir.

Et Jésus n’a pas le choix. Pour qu’il apporte la révélation, il faut que les gens acceptent celui qui l’apporte. Et pour accepter celui qui l’apporte, il faut abandonner les images qu’on s’est fabriquées comme ces images d’un Messie très puissant, très glorieux et très commode. Certains refuseront cette frustration. C’est pourtant ce qui est requis pour accepter l’Autre. Il est plus merveilleux que nos images de merveille.

Jean Gobeil SJ 

 

(Français) 2022/05/07 – Jn 6, 60-69

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Pendant que Jésus révèle progressivement le mystère de sa personne, le nombre de ceux qui croient en lui diminue :

Les Juifs murmurent comme les Hébreux au désert (v. 41; comp. Ex 17, 3).

Les disciples de Jésus, de plus en plus nombreux, se retirent et cessent de                faire route avec lui (v. 66).

Parmi les Douze, l’incroyance s’introduit. Malgré la confession de Pierre, le récit s’achève sur une note pessimiste: C’est Judas, l’un des Douze qui allait le livrer (v. 71)

La lumière provoque la division

L’Incarnation dans sa manifestation la plus humble, l’eucharistie, rebute l’auditoire de Jésus. Il est vrai que le Christ présente cette révélation de son amour pour les siens avec des expressions très réalistes, qu’il répète avec insistance : manger sa chair (répéter 7 fois) et boire son sang (4 fois). Aussi le refus de croire s’étend non plus seulement à des Juifs, mais à beaucoup de ses disciples (par deux fois, vv. 60 et 66), qui délaissent Jésus et l’abandonnent. Si on s’en tient à nos pauvres lumières humaines – la chair et ses limites – on ne voit que les apparences, on ne découvre pas le mystère contenu dans le signe eucharistique. C’est l’Esprit qui fait vivre, car il donne la lumière pour croire et comprendre.

Le Christ montre à quiconque veut devenir son disciple de mesu­rer les exigences de la foi et la place centrale de l’eucharistie dans la vie de l’Église. Quelques années après Jésus, à l’époque de l’évangéliste, plusieurs chrétiens de la communauté de Jean refuseront la réalité de l’Incarnation et de l’eucharistie, comme l’atteste la 1ère Épître de Jean.

Mais le grand défi de la foi consistera dans la croix du Fils de l’homme. Le croyant verra dans ce crucifié le Fils de Dieu, alors qu’il subira l’humiliation propre à un esclave et qu’il sera mis à mort. Pour l’évangéliste Jean, cette élévation en croix de Jésus sera en même temps sa glorification auprès du Père. Pour l’incroyant, la croix sera la preuve que la mission de Jésus fut un échec complet. Pour les autorités juives, Jésus en croix est jugé comme objet de la malédiction divine; Dieu l’a abandonné, montrant par cette condamnation qu’il était un faux prophète, qui se prétendait l’Envoyé de Dieu.

Pierre exprime sa profession de foi au nom de tous les croyants, à la 1ère per­sonne du pluriel: “A qui irions-nous…Nous, nous croyons,…nous savons“. “Le Saint de Dieu” est celui qui possède en propre la sainteté de Dieu, qui est le Tout Autre, distinct de tout le créé.

Mais le récit s’achève sur une note tragique, montrant que la fidélité n’est jamais acquise définitivement, car elle peut bas­culer dans la trahison (v.71).

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2022/05/06 – Jn 6, 52-59

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Les croyants de trois groupes religieux, les juifs, les musulmans et les chrétiens, professent leur foi au Dieu unique. Comment alors les chrétiens sont-ils différents des juifs et des musulmans? Quelle est notre identité, notre visage chrétien, qui nous distingue des deux autres groupes?

Eux croient, comme nous, en un Dieu tout-puissant, qui a créé le monde et qui dirige l’histoire humaine. De leur côté, les chrétiens mettent toute leur confiance dans l’amour de l’unique Dieu, qui « a donné son Fils unique » (Jn 3,16), pour devenir l’un des nôtres, vraiment homme avec ses limites. Il est venu lui-même nous sauver de la mort et nous donner la vie divine. Il s’est abaissé comme un esclave, lavant les pieds de ses disciples, avant d’offrir sa vie sur la croix. Son amour extrême se révèle dans l’eucharistie, où il communique sa vie de Ressuscité sous le signe de la nourriture que nous assimilons.

Après avoir multiplié les pains et nourri la foule, Jésus affirme que lui-même est le pain descendu du ciel, envoyé par le Père. Au-delà du pain matériel, la foule est invitée à découvrir le Christ, Fils de Dieu, venu de l’au-delà. Jésus insiste sur cette vérité, car il s’agit du cœur de la foi : voir l’Envoyé du Père dans le signe central de l’histoire humaine, Jésus de Nazareth.

Le pain désigne, au début du discours, la révélation de Jésus, ses actions et ses paroles, c’est-à-dire la mission que le Père lui a donnée pour communiquer la vie au monde. C’est la révélation du salut à laquelle le croyant adhère et qu’il doit assimiler en lui-même.

Le verbe  manger, répété quatre fois dans cet extrait, exprime à la fois l’insistance sur la nécessité de recevoir le Fils de l’homme et le réalisme de la manducation. Le croyant s’approprie la vie du Christ dans le signe de la nourriture qu’il assimile et qui devient sa propre substance.  L’eucharistie, chair et sang, communique au croyant ces deux dons es­sentiels à son bonheur: la vie éter­nelle dès ici-bas et l’union à Jésus, le Fils de Dieu incarné et ressuscité.

Le chrétien reçoit dans le moment présent la vie éternelle par son union avec le Ressuscité. Il demeure dans le Père, qui est présent dans son Fils. L’amour nous sort de nous-mêmes pour nous retrouver dans l’Autre, le Christ. Aussi nous invite-t-il à demeurer en lui comme il demeure en nous. La vie qu’il nous donne dans cette communion se développe en vie éternelle, jusque dans l’au-delà de notre existence humaine.

Les auditeurs de Jésus refusent de croire. De même, plusieurs disciples du Christ, des chrétiens au temps de l’évangéliste Jean, refusent de croire dans ce don extrême de l‘amour divin. L’eucharistie est un défi à nos sens de la vue et du goût. Nous savons pourtant que notre vue est limitée et il en est de même pour notre audition. Ces limites devraient nous rendre humbles et nous disposer à croire dans le mystère, qui dépasse les limites de notre intelligence.

La foi est spontanée et facile dans les circonstances ordinaires de notre existence : voyage en train ou en avion, opération chirurgicale, confiance spontanée dans la nourriture qu’on nous présente,… Mais la foi dans ce qui nous dépasse complètement, dans l’au-delà, dans le mystère de Dieu, devient un défi. Pour croire dans l’amour infini du Père, qui se donne dans son Fils unique, il faut aimer. Seul, l’amour peut donner des yeux pour accueillir l’Amour. Telle est la marque distinctive du chrétien, s’écrie Jean : « Nous, nous avons cru dans l’Amour. » (1 Jn 4,16)

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2022/05/05 – Jn 6, 44-51

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Jésus révèle une nouvelle dimension de lui-même, en s’identifiant à ce pain descendu du ciel et en affirmant qu’il comblera la faim et la soif de vie et de bonheur de tous ceux et celles qui croiront en lui. Jésus l’a déjà dit, mais ses interlocuteurs n’ont vu que l’aspect extérieur de l’image du pain, sans pénétrer jusqu’à la vérité que cette image veut signifier. Cette incompréhension correspond à celui qui entend une langue étrangère; pour lui, ce ne sont que des sons dont il ne comprend pas la signification. De même, les auditeurs de Jésus ne comprennent pas et ne croient pas. Dans la multiplication des pains, ils n’ont vu que le prodige, ils se sont arrêtés à l’apparence, à la superficie, sans pénétrer jusqu’à la révélation que le signe contenait.

Dieu donna la manne pour que le peuple vive selon la Loi. La manne et la Loi étaient associées pour être déposées ensemble dans l’Arche d’Alliance. En multi­pliant les pains au désert, Jésus, nouveau Moïse, donne une nouvelle Loi. Il apporte une nouvelle manne, lui-même, pour accorder la force de vivre comme lui. De même que la manne était considérée par les Juifs comme le signe de la Loi, Jésus, pain descendu du ciel, se présente comme la Révélation définitive, qui donne la vie au monde.

Venir vers Jésus est un don de Dieu, qui “attire” le croyant (v.44), mais qui n’enlève aucunement la responsabilité d’une libre décision. La volonté du Père, que Jésus accomplit, c’est de sauver tous ceux et celles qu’il lui donne et qui croient en lui. Croire, c’est “voir le Fils” dans l’homme Jésus de Nazareth. Le croyant découvre dans le signe central, qui est le Christ Jésus, sa communion unique qui l’unit au Père et qui le fait vivre. Par sa foi, le chrétien, de son côté, peut communier au  Seigneur ressuscité et accueillir le don de la résurrection et de la vie éternelle. (vv.39-40).

L’incrédulité consiste dans le refus de voir au-delà de l’immédiat. Les Juifs ne voient que l’homme Jésus : “N’est-ce pas Jésus, le fils de Joseph? Ne connaissons-nous pas son père et sa mère” ? » Comment peut-il dire qu’il est descendu du ciel ?

 Les prophètes avaient déjà annoncé que Dieu lui-même instruirait son peuple (Jér 31,33; Éz 11,19s; 36,26s). Celui que le Père instruit vient vers son Envoyé, le seul Médiateur, car personne autre que lui a vu Dieu le Père. Seule la grâce du Père permet de découvrir le Fils dans l’homme Jésus.

Jésus répète qu’il est le pain qui donne la vie éternelle à celui qui croit en lui. La manne accordée aux ancêtres n’était qu’une image, qui ne pouvait pas par elle-même donner la vraie vie. Jésus ajoute une précision dans le sens eu­charistique, car le pain qu’il identifiait déjà à sa personne, c’est sa chair, c’est-à-dire lui-même incarné, dans sa dimension phy­sique. Rebutée par cette dernière déclaration, la foule refuse de croire et de comprendre, “Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ?

Dans la conclusion de ce passage, Jé­sus fait allusion à sa mort comme source de vie. “Le pain que je donnerai, c’est ma chair donnée pour que le monde ait la vie.” Telle est la pointe extrême de l’Incarnation: le Fils de Dieu s’est abaissé à notre niveau humain, il livre sa vie et se donne en nourriture.  Il y a donc continuité entre l’Incarnation, la mort en croix, la résurrection et le sacrement eucharistique.

Jean-Louis D’Aragon SJ 

 

 

 

(Français) 2022/05/04 – Jn 6, 35-40

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Le jour suivant la multiplication des pains, la foule rejoint Jésus. Jésus déclare qu’il est le pain de la vie. Il fait disparaître la faim et la soif la plus profonde pour ceux qui, envoyés par le Père, viennent à lui. Jésus, qui fait la volonté du Père, ne veut perdre aucun de ceux-là. Ils voient en Jésus le Fils du Père et ils croient en lui. C’est à eux que Jésus donne le pain, c’est-à-dire la vie éternelle et il les ressuscitera au dernier jour.

La foule qui a été impressionnée par le miracle de la multiplication des pains vient rejoindre Jésus. Mais cette foule ne pense qu’au pain matériel et Jésus leur en fait la remarque. Le pain qu’ils ont mangé n’est qu’un signe d’une nourriture qui donne la vie éternelle. Les gens demandent quelles sont les oeuvres qu’ils doivent accomplir pour avoir cette nourriture. Jésus répond en disant qu’il s’agit d’une seule oeuvre: croire en celui que Dieu leur a envoyé. Mais eux voudraient un autre signe du genre de la manne que Moïse avait obtenue et qui assurait la nourriture quotidienne. Ils ont à l’idée un messie qui assure la prospérité matérielle. Croire en Jésus qui leur parle d’autre chose est une épreuve pour leur foi.

L’approche de Jésus ici, rappelle l’épisode de la Samaritaine venue puiser de l’eau. Au lieu du pain Jésus a parlé de l’eau, une eau qui était un don de Dieu et qui apaiserait la soif la plus profonde. Elle avait demandé alors d’en avoir pour ne plus avoir à venir puiser. A la révélation qu’il était le Messie, et qu’il était lui-même cette eau, elle avait cru et avait été transformée.

C’est à une révélation analogue que correspond le texte d’aujourd’hui. Le pain que Jésus offre donne la vie éternelle et ce pain c’est lui-même:

Moi, je suis le pain de la vie.     (6,35)

Il ne dit pas le pain de vie mais bien le pain de la vie, une vie bien spécifique. Il s’agit de la vie de Dieu, de sa vie à lui. C’est la vie qu’il veut donner et qu’il donnera à ses disciples quand il dira: Ceci est mon sang.

Ceci est comme le dernier mot de la communication de Dieu.

Tout au long du Prologue de l’évangile, Jean emploie le terme le Verbe qui est un équivalent de la Parole. En parlant ainsi du Verbe de Dieu, Jean se trouve à dire que c’est de l’essence de Dieu de communiquer, de communiquer quelque chose de lui-même. Qu’on parle de la parole de Dieu, qu’on parle de la lumière, qu’on parle du pain, qu’on parle de l’amour de Dieu, on parle toujours de quelque chose d’essentiel de Dieu qui est de vouloir communiquer.

Et c’est par le Verbe, la Parole, que commence la création.

 Tout fut par lui (le Verbe), et rien de ce qui fut ne fut sans lui.   (1,3)

En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes. (1,4)

La Parole, qui est lumière, dans la création qu’elle fait, dit quelque chose de la bonté de Dieu:

Dieu vit tout ce qu’il avait fait: cela était très bon.  (Gn.1,31)

Au long de l’histoire d’Israël, cette Parole a été présente dans les prophètes jusqu’au dernier, Jean Baptiste, qui est mentionné dans le Prologue pour dire qu’il n’était pas la lumière mais qui fut “un témoin de la lumière”.

Cette lumière, c’est le Christ; c’est la Parole qui s’est faite chair, qui a pris notre condition humaine.  Il dit aujourd’hui: “Je suis le pain de la vie”. (6,35)

Ce que le Christ communique maintenant c’est la vie même de Dieu.

L’image de l’eau qu’il offrait à la Samaritaine et l’image de la lumière évoquent la communication que Dieu offre. L’image du pain, une nourriture qui devient partie de nous-mêmes, dit que Dieu veut vivre en nous-mêmes pour que nous partagions sa vie. La communication divine va jusqu’à la communion qui fait de nous des enfants de Dieu.

Jean Gobeil SJ