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(Français) 2021/12/14 -Mt 21, 28-32

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Les deux fils de cette parabole se ressemblent du fait qu’ils sont tous les deux divisés en eux-mêmes: ils agissent en contradiction avec leur réponse qu’ils ont adressée à leur père. Le premier refuse d’obéir, mais, par la suite, il fait ce que son père lui a demandé. Le second fils acquiesce poliment, mais il ne fait rien. Une telle division destructrice sévit trop souvent à l’intérieur de tous les humain, esclaves de leur égoïsme et de leur péché.

Le premier fils s’oppose à la volonté de son père, mais, après avoir souffert de cette division, il refait son unité en conformant son action au désir de son père.

Le second fils voit bien ce qui est le meilleur, il le dit en acquiesçant au désir de son père, mais son inaction contredit ensuite l’idéal qu’il a entrevu.

Quelle est la signification de cette allégorie?

Le propriétaire de la vigne représente le Seigneur. Le premier fils, qui refuse d’obéir, ce sont, à l’époque de Jésus, les publicains et les prostituées, Au temps de l’Église, ce fils rebelle est la figure des païens qui, après avoir violé les exigences inscrites par leur Créateur dans leur nature, se convertissent et entrent dans la Communauté chrétienne. Après avoir erré loin de leur Seigneur, ils ont entendu finalement l’appel de changer de vie et de croire à la Bonne Nouvelle. Travailler à la vigne symbolise donc l’obéissance à la volonté de Dieu.

Le second fils qui dit “Oui”, mais qui ne va pas travailler, est l’image des chefs des prêtres et des anciens, qui, malgré leur profession apparente d’obéissance à la volonté de Dieu, rejettent l’appel de Jean Baptiste et de Jésus de se convertir. Jean a “vécu selon la justice”, en plein accord avec la volonté de Dieu; sa vie garantissait l’authenticité de son message. Il parlait au nom de Dieu, mais il dérangeait. Prolongeant l’appel de Jean, la proclamation de Jésus bouleversait l’ordre établi. Les chefs ont non seulement refusé son appel à la conversion, mais ils l’ont violemment condamné à la croix.

Les adolescents ont la tentation de se révolter contre tout commandement, qu’il vienne de leurs parents, de leur professeur, de l’autorité civile ou de l’Église. Ils soupçonnent dans tout ordre une atteinte à leur liberté et à leur personnalité. Même parvenus à l’âge adulte, nous résistons secrètement à toute loi. Nous obéissons souvent après plusieurs refus. Obéir est difficile pour les descendants d’Adam, qui ont cultivé le doute et la défiance.

Il est facile de dire extérieurement “Oui” à Dieu, tout en lui disant “Non” dans la réalité. Il est facile d’offrir une messe pour les âmes du purgatoire, tout en refusant de changer de vie en obéissant aux commandements de Dieu et de l’Église.

Les deux fils sont une source de peine pour leur père. Chez aucun des deux n’existe une parfaite harmonie entre leur parole et leur conduite. Mais, au-delà de la parabole, se profile la présence d’un troisième fils, celui qui propose la parabole, Jésus. Son attitude est complètement différente de celle des deux fils: “Le Fils de Dieu, Jésus Christ, que j’ai prêché chez vous, n’a pas été “Oui” et “Non”, il n’a été que “Oui”. (2 Cor 1,19) Toute sa vie se résume dans cette prière à Gethsémani: “Père, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux.” (Mc 14,36). Nous serons vraiment ses disciples lorsque tout en nous sera “Oui” à Dieu.

Le Livre des Actes nomme souvent la foi chrétienne “La Voie”. Ce n’est pas seulement une doctrine, une philosophie,.. La réflexion, les pensées et les projets généreux sont sans valeur sans nos actions et notre pratique. “Je crois, mais je ne pratique pas”, manifeste une foi sans consistance, une division intime dans sa personne. Un verre d’eau donné au nom du Christ vaut mille fois plus que les plus belles réflexions et que les plus brillants discours.

Plusieurs semblent avoir dit “Non” à Dieu, alors qu’ils travaillent en fait dans la vigne du Seigneur. Ils semblent nier Dieu, parce qu’on leur a présenté une fausse image de Dieu, une caricature déformante. Ils obéissent à la volonté du Seigneur quand ils se dévouent pour les démunis, comme médecins sans frontières,… Le Juge suprême, au dernier jour, les reconnaîtra comme les siens, même s’ils ne savaient pas que c’était Lui qu’ils secouraient (Mt 25, 34).

“Les publicains et les prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu”. Une telle déclaration à la face des leaders du peuple juif a dû scandaliser. Si Jésus reprenait cette affirmation à propos des itinérants, des prisonniers,…de notre milieu, qu’en dirions-nous?

Les publicains et les prostituées ne peuvent s’illusionner sur leur situation devant Dieu. Ils ne peuvent se cacher, comme les pharisiens, sous une obéissance extérieure. Ils sont conscients que leur “Non” est “Non”, un clair rejet de la volonté de Dieu. Cette absence d’illusion peut conduire vers le désespoir, qui, cependant, rend possible une prise de conscience, un cri d’appel, un retour vers le Père du prodigue. Mais le “Oui” apparent des justes, des pharisiens, peut rassurer et faire disparaître le besoin de conversion.

Nos refus accumulés dans le passé ne sont jamais irréversibles. Il dépend de nous de les annuler par un “Oui” du fond du coeur. Pour celui qui parvient à comprendre que Dieu est son Père, rien n’est impossible.

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2020/12/19 – Luc 1, 5-25

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2020/12/19 – Luc 1, 5-25

Au temps d’Hérode le Grand, Zacharie, un prêtre de la descendance d’Aaron, remplit son tour de service sacerdotal au temple. Au moment de la prière du soir, il entre dans le Saint, la première partie du temple, pour faire brûler de l’encens. L’ange Gabriel lui apparaît pour lui annoncer qu’il aura un fils qu’il nommera Jean. Sa naissance sera une cause d’allégresse. L’esprit du Seigneur l’accompagnera et il aura la puissance du prophète Élie pour préparer au Seigneur un peuple capable de l’accueillir. A cause de son âge et de la stérilité d’Élisabeth, Zacharie a des doutes. L’ange se nomme et dit qu’il a été envoyé par Dieu pour annoncer-cette-bonne-nouvelle (“évangéliser”). A cause de son doute, Zacharie devra rester muet. Le peuple qui attend dehors comprend que Zacharie a eu une vision. Quelque temps plus tard, Élisabeth devint enceinte. Elle loue le Seigneur pour lui avoir accordé cette grâce.

Parmi les thèmes qui reviennent dans l’évangile de l’enfance, il y a d’abord celui du temple. Il commence ici; il reviendra pour la présentation de Jésus au temple et plus tard pour le recouvrement de Jésus au temple. Le prophète Malachie avait annoncé que le Seigneur viendrait dans son temple à un moment décisif. Ce que tout l’évangile de l’enfance suggère, c’est qu’il y a maintenant une nouvelle présence de Dieu au milieu de son peuple.

Un second thème est celui de la prière qui revient à travers tout l’évangile de Luc. Il est celui qui mentionne le plus souvent la prière de Jésus avant les moments importants. La première parole de l’ange à Zacharie est que sa prière (de demande) a été exaucée. Pendant la vision de Zacharie, toute l’assemblée du peuple est en prière devant le temple. Ceci représente l’attente d’Israël comme pour le vieillard Syméon qui accueille Jésus lors de la Présentation au temple: on le décrit comme celui qui attendait la consolation d’Israël. La vision de Zacharie est donc la réponse à cette prière d’Israël: le Seigneur est venu dans son temple.

Le thème, sans doute le plus évident, est celui de la joie et l’allégresse. Les hymnes de louange et d’action de grâce d’Élisabeth, de Marie, de Zacharie, du vieillard Syméon sont des hymnes de joie devant l’action de Dieu. Ici, l’ange a annoncé l’allégresse et la joie et il a parlé de la bonne nouvelle qu’il apportait en employant le mot évangéliser.

Il ne faut pas oublier le thème de l’Esprit Saint. Il est le signe de la nouvelle présence de Dieu. Jean Baptiste sera rempli de l’Esprit Saint, dit l’ange. Il deviendra très important dans l’Annonciation à Marie et, de Jean Baptiste, il se communiquera à sa mère pour son action de grâce.

La présence de Dieu, une nouvelle présence, est accompagnée de son action. C’est lui qui donnera à Zacharie le fils qu’il ne pouvait avoir. C’est pour cette raison que c’est aussi lui qui donne le nom comme il le fera pour le fils de Marie. Ce don et cette bonne nouvelle n’est pas seulement pour Zacharie et pour le peuple d’Israël. C’est la bonne nouvelle que nous recevons, nous aussi: Dieu est venu parmi nous.

Jean Gobeil SJ

(Français) 2020/12/18 – Matthieu 1, 18-24

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2020/12/18 – Matthieu 1, 18-24

Voici dans quelles circonstances Jésus-Christ est né. Marie, sa mère, était fiancée à Joseph ; mais, avant qu’ils aient vécu ensemble, elle se trouva enceinte par l’action du Saint-Esprit. 19 Joseph, son fiancé, était un homme droit et ne voulait pas la dénoncer publiquement ; il décida de rompre secrètement ses fiançailles. 20 Comme il y pensait, un ange du Seigneur lui apparut dans un rêve et lui dit : « Joseph, descendant de David, ne crains pas d’épouser Marie, car c’est par l’action du Saint-Esprit qu’elle attend un enfant. 21 Elle mettra au monde un fils, que tu appelleras Jésus, car il sauvera son peuple de ses péchés. » 22 Tout cela arriva afin que se réalise ce que le Seigneur avait dit par le prophète : 23 «La vierge sera enceinte et mettra au monde un fils, qu’on appellera Emmanuel.» Ce nom signifie « Dieu est avec nous ».

Dans le film « Jésus de Nazareth », du cinéaste Zeffirelli, Marie rapporte à Joseph l’intervention de l’Esprit de Dieu pour expliquer sa grossesse. Joseph croit le récit de Marie et il lui fait confiance, mais il ajoute : « Qui croira une telle histoire ? »

De nombreux rationalistes par la suite se sont écriés : « Qui peut croire une telle histoire ? » Même des croyants, comme ce pasteur suisse, avouent souffrir d’une division en eux-mêmes : ils veulent croire en la conception virginale, mais, en même temps, leur raison leur dit qu’un tel miracle se situe au-delà de toute logique.

« Mes pensées ne sont pas vos pensées et mes voies ne sont pas vos voies », avait déjà prévenu le Seigneur. (És 55,8) Dieu nous déconcerte toujours. Ses pensées et ses projets dépassent sans cesse les limites de notre sagesse humaine. Quand l’action du Seigneur nous déconcerte, nous devons l’accueillir comme un mystère, que notre foi nous permettra un jour de comprendre.

Attente humaine – projet divin

À l’époque de Marie et de Joseph, les Juifs espéraient de tout cœur la venue du Sauveur, l’Envoyé suprême de Dieu, qui donnerait un sens à toute l’histoire humaine. Ils pensaient que le Messie apparaîtrait d’une manière mystérieuse et fulgurante, pour les libérer de tous leurs ennemis, en particulier des Romains qui dominaient le peuple élu. Comme nous tous, les Juifs transposaient en Dieu leurs rêves bien humains. Aussi, ils n’attendaient pas leur Sauveur dans la personne d’un enfant, fragile et pauvre, naissant comme tous les hommes.

Matthieu commence son Évangile par la généalogie de Jésus, pour montrer comment le Christ est vraiment l’un des nôtres, inséré dans la lignée de ses ancêtres. Selon le plan de Dieu, il s’est abaissé à notre niveau, s’incarnant pleinement dans notre monde, assumant toute la condition humaine, sauf le péché, qui n’appartient pas à notre nature telle que voulue par le Créateur. C’est l’amour infini de Dieu qui s’est révélé dans son Fils venu partager notre misère humaine.

Il est entré dans le monde sans aucun éclat extérieur, mais d’une manière mystérieuse, sans père humain. De même, il quittera notre monde par une intervention spéciale de Dieu, sans aucun témoin au moment de sa résurrection. Son entrée et sa sortie de notre monde seront de l’ordre du mystère, parce qu’elles proviennent de Dieu, le Mystère par excellence.

Il est « Dieu avec nous »

Certains peuples ont utilisé ce titre du Messie pour inclure Dieu dans leur armée et leur guerre, pour l’accaparer et le réduire à leur image. L’homme a toujours cédé à cette tentation de se représenter Dieu à son image, de la réduire à son niveau, au contraire du projet du Créateur, qui voulait le hausser et l’associer à son œuvre d’amour.

L’évangéliste Matthieu dégage la signification de cet événement en affirmant que la prophétie de l’Emmanuel se réalise en Jésus. Le contexte historique d’Isaïe 7,14 est celui du désespoir du roi Achaz et du peuple de Jérusalem, qui se voient menacés par les armées de Damas et de Samarie, par les araméens de Syrie et par leurs frères du Royaume du nord. Mais le prophète, au nom du Seigneur, annonce que la jeune épouse du roi Achaz aura un fils, auquel on donnera le nom significatif d’Emmanuel, « Dieu avec nous ». La dynastie royale se perpétuera et Jérusalem sera sauvé de ces dangereux envahisseurs. Le désespoir du roi et de son peuple représente la détresse de notre humanité, dont la mort paraît la seule issue. Seule l’intervention de Dieu par son Fils peut libérer le monde de la perdition et du désastre de la mort.

L’accueil de Joseph

L’évangéliste Matthieu insiste sur la réaction de Joseph face à la condition de sa fiancée. C’est dans un rêve que la conduite à tenir lui est indiquée. Le songe, ce phénomène mystérieux pour les anciens, était considéré comme un moyen que Dieu utilisait pour révéler sa volonté. Le songe agit sur un homme complètement passif, qui accueille le projet que le Seigneur veut accomplir par lui. C’est ainsi que Joseph, droit et juste, discerne la présence du sacré dans sa fiancée enceinte.

Rempli de respect envers cette intervention de Dieu en Marie, il estime humblement qu’il doit se retirer à l’écart, en dehors de cette réalisation divine. Mais Dieu lui-même lui attribue une fonction dans l’Incarnation de son Fils, en insérant Jésus dans la lignée d’Abraham et de David. Héritier de tous ces ancêtres du peuple élu, le Christ réalisera la promesse de salut que les prophètes ont proclamée au nom du Seigneur. Par son obéissance silencieuse et par sa disponibilité inspirée par la foi, Joseph permet au Seigneur d’accomplir la Bonne Nouvelle, son plan de vie et de bonheur pour l’humanité.

Conclusion

Dieu présente aux chrétiens le signe mystérieux de la conception virginale pour montrer à notre monde qu’il ne peut se donner par lui-même un sauveur. C’est l’Esprit de Dieu qui nous donne le Sauveur, par pure grâce, manifestation suprême de l’amour du Seigneur. Il nous offre tout, gratuitement, dans son Fils unique. En Lui, il est l’Emmanuel, il habite avec nous, sur notre terre, il nous montre son visage.

Jésus n’a pas de père humain, il a un seul Père, qui l’a engendré de toute éternité. Légalement, il est le fils de Joseph, mais Jésus vit toujours dans l’intimité de Dieu, son Père.

Jean-Louis D’Aragon SJ

 

(Français) 2020/12/17 – Matthieu 1, 1-17

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2020/12/17 – Matthieu 1, 1-17

L’évangile commence par la généalogie de Jésus divisée en trois sections. La première section comprend 14 générations d’Abraham à David; la seconde a aussi 14 générations de David à l’exil; la troisième, du retour de l’exil jusqu’à Jésus, a aussi 14 générations. Ainsi, Jésus est l’aboutissement de l’histoire de la promesse qui a commencé avec Abraham.

Cette généalogie est importante pour Matthieu. Elle a un rôle à jouer. On aurait pu comprendre qu’il soit important de montrer le lien entre Jésus et David pour justifier son titre de Messie. Mais en allant jusqu’à Abraham, Matthieu veut faire autre chose.

Abraham est le commencement de l’histoire d’Israël. C’est à lui que Dieu a promis qu’il aurait une descendance et que cette descendance deviendrait une bénédiction pour tous les clans de la terre. (Gen.12,3) La généalogie représente donc l’histoire de la réalisation de cette promesse. C’est l’histoire du plan de Dieu. Les chiffres sur lesquels insiste Matthieu ont pour but de montrer que ce n’est pas un déroulement par hasard mais bien le plan voulu par Dieu. Jésus fait partie de ce plan: il en est le couronnement. C’est pour revenir sur ce plan de Dieu que Matthieu sera l’évangéliste qui fait le plus de citations de la Bible (41) et pour montrer ainsi que Jésus réalise ce qui avait été annoncé ou préparé. Jésus dira au début du Sermon sur la montagne: Je ne suis pas venu abolir (la Loi ou les Prophètes) mais accomplir. (Mt.5,17)

Dans cette lignée, il y a un fait insolite qui est là pour souligner l’action de Dieu à travers des situations très “irrégulières”. La descendance est ordinairement établie par la lignée masculine. Or, à quatre reprises Matthieu mentionne des femmes. Thamar et Ruth ont contribué à assurer la descendance à leur mari décédé en s’unissant à un parent selon la loi du lévirat. Rahab était une prostituée de Jéricho qui protégea les espions de Josué. En reconnaissance de cela, elle et sa maison fut épargnée quand Jéricho fut détruite. Bethsabée, la mère de Salomon, avait été l’épouse d’Ourias le Hittite dont David avait été la cause de sa mort. Matthieu fait comme les commentateurs juifs qui considéraient ces femmes comme des saintes parce que Dieu les avait choisies pour continuer la descendance d’Abraham et de David. Mais Matthieu se trouve à souligner autre chose en les nommant. L’auditoire de Matthieu sont des juifs convertis. Et il semble bien que Matthieu voulait leur rappeler l’importance des non-juifs aux yeux de Dieu. Ces femmes importantes pour la succession d’Abraham ou de David sont des étrangères: Thamar et Rahab sont des Cananéennes; Bethsabée est probablement Hittite comme son premier époux et Ruth est non seulement Moabite, Moab est un ennemi important d’Israël, mais Jessé qui est né d’elle fut le père de David! Ces détails de la généalogie de Matthieu ne pouvaient échapper à des oreilles juives.
Matthieu sentira le besoin de rappeler à sa communauté la nécessité de voir plus loin que le cadre d’Israël. Les premiers à reconnaître la royauté de Jésus à Bethleem sont des étrangers: des Mages.
Au sujet du centurion à Capharnaüm, qui est probablement un syrien mais sûrement pas un juif puisqu’il est à la solde d’Hérode Antipas, Jésus déclare:
En vérité, je vous le dis, chez personne je n’ai trouvé une telle foi en Israël. (Matthieu 8,10)

Mais en même temps, Matthieu encourage sa communauté à avoir un grand respect pour ce que représente le judaïsme. Il a cette phrase de Jésus:
Car je vous le dis, en vérité: avant que ne passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur l’i, ne passera de la Loi, que tout ne soit réalisé. (Matthieu5,18)
Jésus vient réaliser et couronner l’histoire que Dieu a commencée avec Abraham, une histoire que la généalogie de Jésus vient rappeler.

Jean Gobeil SJ

(Français) 2020/12/16 – Luc 7, 18b-23

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2020/12/16 – Luc 7, 18b-23

Jean Baptiste, qui est prisonnier, envoie deux disciples demander à Jésus: Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre? Pour illustrer sa réponse, et, en même temps illustrer que la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres, Jésus délivre des possédés et fait des guérisons. Puis il leur dit: Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu. Suit une liste d’exemples de libérations qu’Isaïe promettait pour la venue de celui qui devait venir. Jésus conclut avec un avertissement: Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi.

Cet avertissement de la fin souligne qu’il y avait une difficulté à la base de la démarche des disciples de Jean Baptiste. Jésus ne correspondait pas parfaitement à l’image du Messie que la prédication de Jean Baptiste suggérait. Jean avait parlé de la venue d’un jugement et de la menace d’une condamnation. Ce serait le moment de la séparation des bons et des mauvais. Les images qu’il employait étaient celle du vannage de la récolte où la paille est séparée du bon grain et jetée au feu ou encore celle de la hache qui abattrait l’arbre qui ne portait pas de fruit. La seule façon de se protéger de cette condamnation était de se préparer par la pénitence et le signe d’un baptême. L’image du Messie ne pouvait être que celle d’un juge puissant et impitoyable. Ce serait le temps de la grande alarme et non de la bonne nouvelle.

Jésus leur répond de la même façon qu’il fera avec les disciples d’Emmaüs, des disciples découragés par la mort du Christ: il leur fait écouter les paroles d’Isaïe, la parole de Dieu. Ses paroles ici sont des échos d’Isaïe dans ce qu’on appelle le livre de la consolation. Nous l’avons entendu aujourd’hui dans la première lecture parler d’un Dieu qui est créateur, qui crée un monde pour la vie, une terre pour qu’elle soit habitée; un Dieu qui est juste et sauveur qui émet une parole de salut même pour ceux qui s’étaient dressés contre lui et qui reviennent couverts de honte.
C’est un texte semblable, un texte de délivrance et de salut, que Jésus a choisi dans Isaïe pour sa première prédication à Nazareth:
L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour apporter la bonne nouvelle aux pauvres; il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vie, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur. (Luc 4,18-19)

C’est la sorte de Messie que Jésus est: il apporte la bonne nouvelle aux pauvres.
Il apporte une bonne nouvelle, que Dieu vient rencontrer pour sauver. Mais ceux qui sont les mieux préparés pour l’accueillir sont ceux que la Bible appelle les pauvres ou les petits, les anawim. Ils sont ceux qui qui ne peuvent compter ni sur leur richesses ou leur talent, ou leur puissance ou leur statut social. Ils sont limités et ils le savent. Ils ne peuvent compter que sur Dieu. Ils sont ouverts à la bonne nouvelle de la venue de Dieu.

C’est précisément ce à quoi l’Avent nous prépare.

Jean Gobeil SJ

(Français) 2020/12/15 – Matthieu 21, 28-32

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2020/12/15 – Matthieu 21, 28-32

Les deux fils de cette parabole se ressemblent du fait qu’ils sont tous les deux divisés en eux-mêmes: ils agissent en contradiction avec leur réponse qu’ils ont adressée à leur père. Le premier refuse d’obéir, mais, par la suite, il fait ce que son père lui a demandé. Le second fils acquiesce poliment, mais il ne fait rien. Une telle division destructrice sévit trop souvent à l’intérieur de tous les humain, esclaves de leur égoïsme et de leur péché.

Le premier fils s’oppose à la volonté de son père, mais, après avoir souffert de cette division, il refait son unité en conformant son action au désir de son père. Le second fils voit bien ce qui est le meilleur, il le dit en acquiesçant au désir de son père, mais son inaction contredit ensuite l’idéal qu’il a entrevu.

Quelle est la signification de cette allégorie?

Le propriétaire de la vigne représente le Seigneur. Le premier fils, qui refuse d’obéir, ce sont, à l’époque de Jésus, les publicains et les prostituées, Au temps de l’Église, ce fils rebelle est la figure des païens qui, après avoir violé les exigences inscrites par leur Créateur dans leur nature, se convertissent et entrent dans la Communauté chrétienne. Après avoir erré loin de leur Seigneur, ils ont entendu finalement l’appel de changer de vie et de croire à la Bonne Nouvelle. Travailler à la vigne symbolise donc l’obéissance à la volonté de Dieu.
Le se¬cond fils qui dit “Oui”, mais qui ne va pas travailler, est l’image des chefs des prêtres et des anciens, qui, malgré leur profession apparente d’obéissance à la volonté de Dieu, rejettent l’appel de Jean Baptiste et de Jésus de se convertir. Jean a “vécu selon la justice”, en plein accord avec la volonté de Dieu; sa vie garantissait l’authenticité de son message. Il parlait au nom de Dieu, mais il dérangeait. Prolongeant l’appel de Jean, la proclamation de Jésus bouleversait l’ordre établi. Les chefs ont non seulement refusé son appel à la conversion, mais ils l’ont violemment condamné à la croix.

Les adolescents ont la tentation de se révolter contre tout commandement, qu’il vienne de leurs parents, de leur professeur, de l’autorité civile ou de l’Église. Ils soupçonnent dans tout ordre une atteinte à leur liberté et à leur personnalité. Même parvenus à l’âge adulte, nous résistons secrètement à toute loi. Nous obéissons souvent après plusieurs refus. Obéir est difficile pour les descendants d’Adam, qui ont cultivé le doute et la défiance.

Il est facile de dire extérieurement “Oui” à Dieu, tout en lui disant “Non” dans la réalité. Il est facile d’offrir une messe pour les âmes du purgatoire, tout en refusant de changer de vie en obéissant aux commandements de Dieu et de l’Église.

Les deux fils sont une source de peine pour leur père. Chez aucun des deux n’existe une parfaite harmonie entre leur parole et leur conduite. Mais, au-delà de la parabole, se profile la présence d’un troisième fils, celui qui propose la parabole, Jésus. Son attitude est complètement différente de celle des deux fils: “Le Fils de Dieu, Jésus Christ, que j’ai prêché chez vous, n’a pas été “Oui” et “Non”, il n’a été que “Oui”. (2 Cor 1,19) Toute sa vie se résume dans cette prière à Gethsémani: “Père, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux.” (Mc 14,36). Nous serons vraiment ses disciples lorsque tout en nous sera “Oui” à Dieu.

Le Livre des Actes nomme souvent la foi chrétienne “La Voie”. Ce n’est pas seulement une doctrine, une philosophie,.. La réflexion, les pensées et les projets généreux sont sans valeur sans nos actions et notre pratique. “Je crois, mais je ne pratique pas”, manifeste une foi sans consistance, une division intime dans sa personne. Un verre d’eau donné au nom du Christ vaut mille fois plus que les plus belles réflexions et que les plus brillants discours.

Plusieurs semblent avoir dit “Non” à Dieu, alors qu’ils travaillent en fait dans la vigne du Seigneur. Ils semblent nier Dieu, parce qu’on leur a présenté une fausse image de Dieu, une caricature déformante. Ils obéissent à la volonté du Seigneur quand ils se dévouent pour les démunis, comme médecins sans frontières,… Le Juge suprême, au dernier jour, les reconnaîtra comme les siens, même s’ils ne savaient pas que c’était Lui qu’ils secouraient (Mt 25, 34).

“Les publicains et les prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu”. Une telle déclaration à la face des leaders du peuple juif a dû scandaliser. Si Jésus reprenait cette affirmation à propos des itinérants, des prisonniers,…de notre milieu, qu’en dirions-nous?
Les publicains et les prostituées ne peuvent s’illusionner sur leur situation devant Dieu. Ils ne peuvent se cacher, comme les pharisiens, sous une obéissance extérieure. Ils sont conscients que leur “Non” est “Non”, un clair rejet de la volonté de Dieu. Cette absence d’illusion peut conduire vers le désespoir, qui, cependant, rend possible une prise de conscience, un cri d’appel, un retour vers le Père du prodigue. Mais le “Oui” apparent des justes, des pharisiens, peut rassurer et faire disparaître le besoin de conversion.

Nos refus accumulés dans le passé ne sont jamais irréversibles. Il dépend de nous de les annuler par un “Oui” du fond du cœur. Pour celui qui parvient à comprendre que Dieu est son Père, rien n’est impossible.

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2020/12/14 – Matthieu 21,23-27

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2020/12/14 – Matthieu 21,23-27

Jésus est entré dans le temple et il enseigne. Des chefs des prêtres et des anciens viennent l’interpeller et lui demander quelle autorité lui permet de faire ce qu’il fait et quelle sorte d’autorité il a. Jésus leur demande de dire quelle était l’autorité de Jean Baptiste: l’autorité lui venait-elle de Dieu ou des hommes? Les prêtres et les anciens refusent de se compromettre: ils ne peuvent pas dire de Dieu puisqu’ils n’ont pas reconnu la mission de Jean-Baptiste et la peur de la foule les empêche de dire que sa mission était purement humaine. Ils répondent: Nous ne le savons pas. Jésus déclare alors: Moi, non plus, je ne vous dis pas par quelle autorité je fais cela.

L’entrée triomphale de Jésus dans Jérusalem provoque la surprise dans Jérusalem.: Toute la ville fut agitée.(Mt.21,10) On demande: qui est-ce ? Les foules, celles qui accompagnaient Jésus, répondent: C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée. Et Jésus agit immédiatement en prophète. Il fait la purification du temple en chassant les vendeurs ce qui rappelle la prophétie de Zacharie, parlant du Jour final de la venue de Yahvé: Il n’y aura plus de marchand dans la maison de Yahvé Sabaot. (14,21)

. Des aveugles et des boiteux s’approchent de lui et il les guérit. Des enfants acclament Jésus: Hosanna au fils de David. C’est une acclamation messianique. Les grands prêtres et les scribes sont indignés et ils protestent auprès de Jésus. Jésus leur répond en citant le Psaume 8,3: Yahvé lui-même a mis la louange dans la bouche des petits.

Jésus passe la nuit à Béthanie, en dehors de Jérusalem. Il revient le lendemain au temple où il enseigne. Les grands prêtres reviennent et avec eux des Anciens, c’est-à-dire des notables dont certains font partie de la cour suprême, le Sanhédrin. Ils veulent savoir d’où lui vient son autorité et quelle sorte d’autorité il a. Ils ne viennent pas pour l’écouter ni pour reconnaître les signes qu’il fait. Ils font ce qu’ils ont fait pour Jean Baptiste. Les foules acceptaient Jean Baptiste. Eux n’acceptent pas de concurrence: ils ont le monopole de la parole. Et ici, sur le territoire du temple, ils sont encore plus agressifs: c’est leur domaine et aussi une grosse source de revenus. C’est pour cette raison d’ailleurs que grands prêtres et anciens ont toujours pactisé avec les autorités hérodiennes ou romaines. Cela reviendra au procès religieux de Jésus où on essaiera de le faire condamner pour de prétendues attaques contre le temple.

La venue de Jésus à Jérusalem est l’occasion de son témoignage final. Il fait une entrée comme un Messie mais comme un Messie humble: il n’est pas un Messie guerrier ou un roi qui vient pour dominer. Des gens savent quand même le reconnaître comme le fils de David qu’ils attendaient et des enfants l’acclament même dans le temple. Jésus veut donc rendre un témoignage final sur la sorte de Messie qu’il est. Il est le prophète, l’envoyé qui vient purifier le temple pour la venue de Dieu dont parlait Malachie:
Voici que je vais envoyer mon messager pour qu’il fraie un chemin devant moi. Et soudain il entrera dans son sanctuaire, le Seigneur que vous cherchez; et l’Ange de l’alliance (le Christ) que vous désirez, le voici qui vient! dit Yahvé Sabaot . (Mal.3,1) Les miracles qu’il fait sont des signes qu’avec lui le Règne de Dieu est arrivé et l’enseignement qu’il donne est celui du Prophète par excellence qui apporte la Parole de Dieu et sa présence. C’est le Messie qu’il est. C’est ce que les autorités refuseront et rejetteront.

Jean Gobeil SJ