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(Français) 2023/11/04 – Lc 14, 1.7-11

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« Les propos de table » sont un genre dans lequel un sage répond aux questions des convives et donne son avis sur divers sujets. Depuis la Grèce antique, ce genre littéraire s’était répandu chez les philosophes, en particulier dans la société juive à l’époque de Jésus. Issu du monde grec, Luc, particulièrement sensible à ce genre, a colligé les scènes de repas où Jésus dégage d’un fait accidentel un principe pour diriger la conduite humaine.

Dans ces repas, l’ambition des convives se manifestait dans la précipitation des convives pour choisir les meilleures places autour de la table. Avant le banquet, chaque invité s’installait à la place qui, selon lui, convenait à sa dignité, parfois à un niveau plus élevé que celui qu’il méritait, espérant que son hôte n’osera pas le déranger pour lui désigner une place inférieure.

Une stratégie judicieuse

Contrairement à cette manifestation enfantine d’ambition, Jésus conseille aux convives de se comporter avec modestie, en prenant la dernière place. L’hôte qui les invite s’apercevra qu’un de ses invités mérite d’être mieux considéré et d’occuper une place plus élevée. Au lieu d’être confondu à la suite de sa conduite égoïste et ambitieuse, cet humble invité aura la satisfaction de recevoir une attention spéciale de la part de son hôte, qui le conduira à un siège honorable.

L’ambition humaine trouve plusieurs autres manières de se manifester. L’une des plus fréquentes à toute les époques s’étale dans la vantardise. Certaines personnes ne s’intéressent pas à ce que font ou à ce que pensent les autres, mais elles parlent seulement d’elles-mêmes. Elles se complaisent dans leurs réussites, dont elles magnifient souvent les traits pour solliciter l’approbation et l’admiration de leurs auditeurs. Si elles savaient comment ceux-ci les jugent intérieurement. Quand ces vantards ont le dos tourné, les gens se moquent d’eux et de leur fatuité. Ils ont essayé d’occuper les premières places, mais leurs interlocuteurs les relèguent avec les fats.

Le renversement des situations

On pourrait penser que Jésus transmet à ses auditeurs un simple principe social de courtoisie, une manière de se conduire pour être bien considéré et accepté dans une société. Luc cependant introduit l’enseignement de Jésus en lui donnant le titre de « parabole » : « Remarquant que les invités choisissaient les premières places, il leur dit cette parabole. » Jésus ne se limite donc pas à la seule politesse sociale, mais celle-ci évoque pour lui la manière de se conduire dans un ordre supérieur.

La mort marque la frontière entre deux univers, celui de ce monde-ci et celui du Royaume de Dieu. De l’un à l’autre, les valeurs et les situations sont renversées. Ce thème, cher à Luc, se retrouve à quatre reprises dans le 3e Évangile. Au tout début, Marie l’annonce dans son action de grâce :

« Le Seigneur a mis en déroute les hommes au cœur orgueilleux,

il a renversé les rois de leurs trônes

et il a placé les humbles au premier rang.

Il a comblé de biens ceux qui avaient faim,

Et il a renvoyé les riches les mains vides. »  (Lc 1,51-53)

Dans la parabole du riche et du pauvre, Jésus illustre ce thème en décrivant le bonheur de Lazare, après sa mort, dans l’intimité de Dieu, tandis que le riche subit la condamnation et la souffrance. S’adressant au riche, Abraham (c’est-à-dire Dieu) lui dit : « Souviens-toi que tu as reçu beaucoup de biens pendant ta vie, tandis que Lazare a eu beaucoup de malheurs. Maintenant il reçoit ici sa consolation, alors que toi tu souffres. » (Lc 16,25)

Pour enlever leur illusion « ceux qui se croyaient justes aux yeux de Dieu et méprisaient les autres », Jésus leur proposait la parabole qui met en contraste le pharisien et le publicain en prière dans le temple. En conclusion de cette parabole, Jésus répète de nouveau cette même vérité du renversement des situations: « Quiconque s’élève sera abaissé… » (Lc 18,14)

Pourquoi un tel changement de condition? Pourquoi l’orgueilleux se retrouve-t-il au dernier rang, alors que le pauvre est élevé à la première place? C’est que le riche est devenu suffisant, replié et centré sur lui-même, pour découvrir finalement la pauvreté de sa solitude. Le pauvre, au contraire, ne se regarde plus, puisqu’il n’a rien ; il s’ouvre à son Seigneur, qui peut combler son dénuement. C’est pourquoi Jésus déclare que les enfants, les démunis, les marginaux de la société auront les premières places dans le Royaume de son Père.

Jean-Louis D’Aragon SJ 

 

 

(Français) 2023/11/03 – Lc 14, 1-6

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Dans une réunion, nous avons tous tendance de nous joindre à des personnes connues, parents ou amis. Nous préférons converser avec des gens qui partagent nos points de vue, nos idées et même nos préjugés. La conversation est plus facile, sans effort ni discussion. Mais que retire-t-on de telles rencontres ? Aucune idée nouvelle, aucune perspective originale, mais seulement le délassement dans la passivité.

Jésus chez un chef pharisien

Jésus ne craint pas de rencontrer des gens qui ne pensent pas comme lui et qui sont même des adversaires. Il ne veut pas emprunter leurs idées, ni les affronter pour le plaisir de les confondre, mais leur offrir l’Évangile de la liberté. Voulant leur bien, il accepte l’invitation d’un chef pharisien et il a l’audace d’entrer chez lui, sachant bien qu’il sera la cible de tous les assistants, qui chercheront même à le prendre en défaut.

L’enseignement de Jésus se déroule en quatre brefs épisodes, autour d’une table, chez le pharisien qui l’avait invité.  Il participe au repas de fête pour célébrer le sabbat, mais que la Loi entoure de prescriptions contraignantes.

Jésus a conscience d’être l’Envoyé de Dieu pour répandre la vérité qui libère et qui permet de vivre dans la sérénité et la paix. Même si les assistants l’observent et l’épient, le Christ domine la situation, affrontant lucidement le soupçon et la critique.

Jésus guérit

Dieu avait créé le sabbat pour que, une fois par semaine, tous les membres du peuple, libres ou esclaves, jouissent d’un jour de repos et de joie. C’était une loi humanitaire, qui marquait un progrès social que les autres peuples de cette époque ne connaissaient pas. L’observance du sabbat était l’un des signes qui distinguaient le peuple élu de ses voisins.

Mais les traditions des Pharisiens avaient accumulé une série de règlements et d’interdictions qui prévoyaient les moindres détails pour observer rigoureusement le repos du septième jour. Ces restrictions, malheureusement, faussaient l’intention du Créateur. Au lieu d’être un jour de joie pour tous, le sabbat était devenue un jour pénible avec 39 interdictions qu’il fallait observer. En revendiquant la liberté humaine, Jésus veut rendre au sabbat sa signification originelle. Il apporte le bien-être et la joie aux malades le jour du sabbat. Jésus établit le principe fondamental qui doit guider tout le monde : « Le sabbat a été fait pour l’homme (son repos et son bien-être), et non pas l’homme pour le sabbat (pour être soumis aux lois du sabbat). » (Marc 2,27) Pour insister sur la volonté expresse de Jésus, Luc rapporte sept incidents au cours desquels Jésus guérit des malades le jour du sabbat, montrant ainsi que le rétablissement du bien-être corporel est le signe de la paix et de la joie.

Provoqué par l’homme atteint d’hydropisie qu’on a placé devant lui, Jésus répond en interrogeant les pharisiens présents : « Est-il permis de guérir le jour du sabbat ? » Ses interlocuteurs ne répondent rien, car ils se trouvent dans un dilemme. S’ils répondent que cette guérison est interdite, ils manquent de sympathie élémentaire envers le malade. S’ils disent qu’il est permis de guérir ce malade, ils s’opposent à la Loi, qui, selon leur interprétation, interdit cette guérison.

L’esclavage de la Loi

Un enfant ou un animal tombant dans un puits ou dans une citerne ouverte était un accident fréquent dans la Palestine de cette époque. Les docteurs de la Loi avaient envisagé toutes les possibilités de sauver l’enfant ou l’animal, tout en observant la Loi. L’imagination de la casuistique se montrait fertile en stratagèmes. Par exemple, on suggérait de jeter des coussins et des couvertures pour que l’enfant ou l’animal se hisse hors du puits par ses propres moyens. Pour d’autres scribes, plus libéraux, la mort imminente de l’enfant ou de l’animal permettait un travail de sauvetage, qui ne pouvait attendre le lendemain. Mais la guérison d’un malade n’était pas un cas urgent, comme le rappelle à la foule le chef d’une synagogue, qui réagit violemment à la guérison d’une femme courbée depuis dix-huit ans : « Il y a six jours pendant lesquels on doit travailler ; venez donc vous faire guérir ces jours-là et non le jour du sabbat ! » (Lc 13,14)

On pourrait penser que ce chef de synagogue avait raison, si on veut observer la Loi. Une guérison n’est pas un cas urgent. Le malade a souffert probablement pendant plusieurs mois ; il peut donc attendre le lendemain du sabbat, un jour de plus, pour être guéri. Pour Jésus, au contraire, la souffrance est inconciliable avec un jour de joie. Pour correspondre à l’intention de Dieu, il convient d’alléger toute souffrance, sans attendre un jour de plus, même si c’est le jour du sabbat.

Jésus proclame par son action et par son enseignement que le Royaume qu’il instaure a pour but la joie pour toute personne qui l’accueille. La Loi est une lumière pour nous diriger, car elle exprime la volonté de Dieu, qui veut nous indiquer le chemin de la vie et du bonheur. Mais La Loi écrite, extérieure à nous, ne contredit jamais la loi inscrite dans notre cœur par le Créateur, que l’Esprit Saint interprète pour notre conscience. Dieu n’a jamais voulu que sa Loi devienne un esclavage pour ses enfants. Saint Paul le rappelle aux chrétiens de Galatie :« Vous avez été appelés à la liberté…. Ne vous remettez pas sous le joug de l’esclavage. » (Gal 5,1.13)

Jean-Louis D’Aragon SJ 

(Français) 2023/11/02 – Jn 14, 1-6

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Le décès d’un père, d’une mère, d’un ami,… nous blesse au cœur. Tout départ, toute séparation est une tragédie. Les liens d’amour, tissés pendant de longues années semblent coupés. Qu’adviendra-t-il dans les jours, les semaines à venir ? La disparition de la personne aimée, en qui nous avions confiance, laisse un vide qui nous angoisse.

La pensée de la séparation imminente de leur Seigneur jette dans la tristesse et la peur les disciples de Jésus, ainsi que les chrétiens au temps de l’évangéliste. Ils sont perturbés pour le sort de leur Maître et pour leur propre avenir. Jésus les exhorte à bannir cette détresse et cette peur par la foi à sa promesse de les rassembler auprès de lui.

Tous réunis dans la maison du Père

Jésus encadre ses paroles d’encouragement par le même thème, “Que votre coeur ne se trouble pas“, répète-t-il. (vv. 1 et 27) à ses disciples et à tout chrétien, angoissés par le départ et l’absence de leur Maître, en qui ils ont mis toute leur espérance. Ils sont prêts à succomber au doute et même au désespoir. L’unique remède à la tristesse se trouve dans la foi en Dieu et en Jésus. Les disciples doivent croire que le tragique départ de leur Seigneur amènera la glorification, l’apothéose du Christ auprès de son Père. Il deviendra alors la source de leur propre glorification dans la maison du Père.

L’amour de Dieu, le Père, s’étend à tous les croyants rassemblés hors de ce monde mauvais. L’expression “plusieurs demeures” montre l’ampleur de la maison de Dieu, mais non la diversité des degrés dans le bonheur. L’amour infini de Dieu s’étend à toutes ses créatures.

À ses dis­ciples angoissés par son départ, Jésus promet qu’il reviendra les prendre avec lui (v.3). Telle est le sens de la mort chrétienne : la rencontre avec le Christ glorieux, qui nous rassemblera avec tous nos parents et nos amis, cette famille de Dieu, dans la maison de notre Père. De même qu’il part préparer une place aux siens, ainsi Jésus nous assure qu’il reviendra nous prendre avec lui.

Jésus, le chemin vers le Père

Il est impossible, par nous-mêmes, de franchir le chemin qui mène à notre patrie. Thomas a raison, car nous ne connaissons même pas ce bonheur indicible de l’amour et de la vie, “là où Jésus s’en va”. Même en le connaissant, nous n’aurions pas la force d’en parcourir le chemin.

Dans sa réponse à Thomas, Jésus recourt à l’expression caractéristique, “Je suis“, qui révèle les principaux attributs de sa personne. Comment Jésus est-il “le chemin” vers le Père? Parce qu’il est la vérité, c’est-à-dire la révélation du Père, en sorte que les humains, en le connaissant, découvrent le Père en lui. Lorsque les croyants le voient, ils voient le Père. Il est aussi le chemin, parce qu’il est la vie, puisqu’il vit dans le Père et que le Père vit en lui. Il est le Médiateur, le canal, par lequel la vie de Dieu parvient aux chrétiens. Jésus, “le chemin“, désigne donc l’essentiel, que “la vérité” et “la vie” explicitent.

Jésus est “le chemin” qui mène au Père de trois manières.  Il ouvre la voie en passant le premier par le sacrifice volontaire de sa vie pour ressusci­ter dans la gloire. De plus, il accorde la grâce de parcourir le même chemin en donnant aux siens la lumière et la force de l’Esprit. Enfin Jésus incorpore les chrétiens en lui-même pour franchir la route avec nous. Il meurt avec nous et res­suscite avec nous. Cette image traditionnelle du “chemin” rappelle la marche du peuple vers la Terre promise et la progression de notre pèlerinage ici-bas vers la patrie.

Personne ne va au Père sans passer par moi” reprend une affir­mation fondamentale que l’évangéliste avait déjà proclamée (1,18; 3,13). Jésus est donc l’unique Médiateur entre Dieu et l’humanité. En rappelant cette af­firmation de Jésus, Jean pensait aux multiples mouvements religieux de son époque. Il n’y a pas plusieurs voies pour atteindre Dieu. À une époque comme la nôtre, la prétention de Jésus pourra paraître intransigeante, mais c’est l’intransigeance de la vérité, qui est unique.

Jésus ne veut pas que nous soyons bouleversés, ni par les tragédies de notre monde, ni par la perspective de notre mort. Il nous souhaite la paix et la joie, que doit nous procurer notre rencontre avec notre Seigneur. Il suffit de remettre sa vie, dans un sacrifice d’amour et de confiance, entre les mains de notre Père.

Jean-Louis D’Aragon SJ

 

(Français) 2023/11/01 – Mt 5, 1-12

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Les béatitudes sont annoncées aux disciples.

Heureux les pauvres de coeur: le Royaume des cieux est à eux.

Heureux les doux: ils posséderont la terre.

Heureux ceux qui pleurent: ils seront consolés.

Heureux ceux qui ont faim de justice: ils seront rassasiés.

Heureux les miséricordieux: ils obtiendront miséricorde.

Heureux les coeurs purs: ils verront Dieu.

Heureux les artisans de paix: ils seront appelés fils de Dieu.

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice: le Royaume des cieux est à eux.

Heureux ceux qui sont persécutés à cause du Christ: leur récompense sera grande dans les cieux.

Quand les disciples de Jean Baptiste sont venus demander à Jésus s’il était le Messie ou s’il fallait en attendre un autre Jésus a répondu en décrivant son oeuvre à la manière d’Isaïe:

les aveugles voient et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres.   (Matthieu 11,4)

C’était là des oeuvres de libération qui étaient des signes de la libération intérieure qu’apportait la présence du Royaume. C’était souvent complété par des remarques comme: ta foi t’a sauvé ou tes péchés te sont remis,  pour souligner que cette libération était avant tout intérieure.

La liste des béatitudes au début du sermon sur la montagne donne des exemples de ceux qui sont ouverts pour accueillir le Royaume et sa libération. On peut les caractériser par ce que l’Ancien Testament appelait les anawim de Yahvé, les pauvres dans le sens des petits de Yahvé. Ce sont ceux qui connaissent leurs limites et leurs faiblesses et qui savent que par leur propres moyens ils ne peuvent atteindre la libération et que Dieu seul peut combler leur attente. On les appelait aussi des justes comme le vieillard Siméon lors de la présentation de Jésus au temple. On disait de lui qu’il était juste et pieux parce qu’il attendait la consolation d’Israël et que l’Esprit Saint reposait sur lui. Dans le Nouveau Testament, on les appelle les saints, qu’ils soient déjà dans le repos de Dieu ou qu’ils soient encore dans les communautés chrétiennes. Comme dit le Psaume 95, ils ont été créés par Dieu, appelés par Lui et ils ont répondu à son appel. Ils constituent le peuple de Dieu, le peuple de ceux qui ont cherché  la face de Dieu.

La fête de la Toussaint célèbre ceux du peuple de Dieu qui sont déjà dans le repos et la présence du Seigneur, les justes qui ont été rendus parfaits,  mais on célèbre aussi le fait que nous faisons partie du même peuple comme le dit l’épître aux Hébreux:

Vous vous êtes approchés de la montagne de Sion et de la cité du Dieu vivant, de la Jérusalem céleste, et de myriades d’anges, réunion de fête, et de l’assemblée des premiers-nés qui son inscrits dans les cieux, d’un Dieu Juge universel et des esprits des justes qui ont été rendus parfaits.        (Epître aux Hébreux 12,22-23)

Jean Gobeil SJ 

(Français) 2023/10/31 – Lc 13, 18-21

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Deux paraboles pour illustrer un aspect du Royaume de Dieu: la petite graine de moutarde qui pousse pour devenir un arbre dans lequel les oiseaux viennent nicher et un peu de levain qui fait lever une grosse quantité de farine.

La première parabole se retrouve aussi dans les évangiles de Marc et Matthieu; la seconde, dans Matthieu seulement.

Le sens est le même dans les deux paraboles: le Règne de Dieu a un début modeste dans la communauté chrétienne mais c’est le commencement d’un processus qui aura un grand développement. Luc a situé ces deux paraboles après une attaque par les adversaires de Jésus. Elles fournissent donc une réponse et un encouragement aux communautés qui subiraient les mêmes attaques et qui auraient des doutes ou des inquiétudes sur le Royaume de Dieu.

Le caractère humble et caché des débuts est illustré par la petite graine dans la terre et par le levain caché dans la farine. Pour montrer la grandeur du développement, on a exagéré les deux images: une plante potagère qui devient un arbre et une femme qui utilise la recette d’un boulanger, trois mesures de farine, c’est-à-dire 40 litres! Et le levain fait tout lever.

Mais l’image de l’arbre intéresse Luc. Dans Matthieu, à la suite de Marc, les oiseaux viennent se réfugier dans l’arbre. Dans Luc les oiseaux viennent y demeurer: ils y font leur nid. C’est l’image du Royaume qui rassemble tous les peuples et dont la propagation sera décrite par Luc dans le livre des Actes des apôtres.

La figure du levain évoque non seulement la puissance et la force du Royaume mais encore son action cachée: le levain est toujours invisible. Il en de même pour la présence et l’action du Royaume. On peut voir ses effets mais on ne peut pas le mesurer. Une foi humble a toujours son rôle pour accueillir le Royaume de Dieu.

Jean Gobeil SJ

 

 

 

 

 

 

 

 

(Français) 2023/10/30 – Lc 13, 10-17

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Un jour de sabbat, Jésus est en train d’enseigner dans une synagogue. Il voit une femme courbée, ne pouvant se redresser complètement : une maladie attribuée à une action satanique. Le texte précise qu’elle était dans cet état lamentable depuis dix-huit ans. Spontanément, sans qu’elle le lui demande, Jésus la guérit par sa parole performative, « Femme, te voilà libérée de ton infirmité », et par le rite de l’imposition des mains. Le chef de la synagogue désapprouve ce « travail accompli » le jour du sabbat. Jésus riposte en faisant appel à la pratique courante des villageois bien obligés, même le jour du sabbat, de « détacher » leurs bêtes pour les mener à boire. Il pose alors la question : cette « fille d’Abraham » liée par Satan depuis dix-huit ans, fallait-il refuser de la délier le jour du sabbat qui est jour de salut par excellence?

Bien entendu, le chef de la synagogue qui ne s’attendait certainement pas à cet argument n’a pas su que répondre. Peut-être aussi qu’il s’est tu pour ne pas s’attirer l’hostilité de la foule qui approuvait Jésus et « se réjouissait de toutes les merveilles qu’il faisait. » Remarquons que ce légaliste obtus et sans cœur n’était quand même pas totalement isolé, car Jésus ne l’interpelle pas personnellement : il apostrophe un groupe d’« esprits faux » qui, plus loin, sont appelés « adversaires ». Le chef de la synagogue était donc un peu comme le porte parole d’un groupe bien précis que Jésus vilipende collectivement.

À distance, ce groupe nous semble totalement stupide, car le geste de Jésus paraît inattaquable. En fait, l’enjeu n’est peut-être pas « le sabbat ». Si Jésus avait guéri cette femme un autre jour, ses adversaires n’auraient probablement pas applaudi. L’objet de la querelle, c’était tout simplement le pouvoir. Ce que faisait Jésus le rendait populaire auprès des petites gens, mais ses adversaires en devenaient amers car, comparés à lui, « les sondages » les donnaient perdants. Ils contre-attaquaient donc sur le terrain de la loi, mais en faisant cela, ils trichaient en utilisant la loi comme un instrument de vengeance alors que la justice est son but fondamental. Et Jésus a beau jeu de mobiliser contre eux ce détournement éhonté.

Tricher avec la loi n’est pas une habitude caractéristique de la seule époque de Jésus. C’est le sport favori de notre monde contemporain, car ça rapporte. Nous sommes parfois victimes et parfois auteurs ou complices de ce genre de détournement. Nous signons souvent des contrats sans avoir lu des clauses en bas de page et en lettres minuscules qui limitent drastiquement ou annulent carrément les engagements de ceux qui nous vendent leurs marchandises ou leurs services. Nous engageons des avocats futés pour nous éviter d’assumer les conséquences des crimes que nous avons commis. Parfois, c’est l’inverse : des spécialistes du droit sont payés pour établir notre culpabilité alors que nous sommes innocents. Nous mettons nos grandes fortunes dans des paradis fiscaux, privant ainsi nos États de moyens à mettre en œuvre pour le bien-être de nos concitoyens dans le besoin. Nous inventons de nouvelles catégories de prisonniers de guerre, du genre « combattants illégaux », pour nous soustraire aux obligations de la « Convention de Genève » que nous avons pourtant signée.

Qui d’entre nous pourrait jurer de n’avoir jamais cédé au jeu de détourner la loi, la contourner, la dénaturer, l’instrumentaliser en l’interprétant dans le sens de ses intérêts? L’appel à la conversion ne s’adresse donc pas uniquement aux contemporains de Jésus, mais à nous tous qui nous comportons comme eux.

Melchior M’Bonimpa

(Français) 2022/10/29 – Lc 14, 1.7-11

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“Les propos de table” sont un genre bien connu dans lequel un sage répond aux questions des convives et donne son avis sur divers sujets. Depuis la Grèce antique, ce genre littéraire s’était répandu chez les philosophes et aussi dans la société juive à l’époque de Jésus. Issu du monde grec, Luc, particulièrement sensible à ce genre, a colligé les scènes de repas où Jésus dégage d’un fait accidentel un principe pour diriger la conduite humaine.

Dans ces repas, l’ambition des convives se manifestait dans leur précipitation pour choisir les meilleures places autour de la table. Avant le banquet, chaque invité s’installait à la place qui, selon lui, convenait à sa dignité, parfois à un niveau plus élevé que celui qu’il méritait, espérant que son hôte n’osera pas le déranger pour lui désigner une place inférieure.

Contrairement à cette manifestation égoïste d’ambition, Jésus conseille aux convives de se comporter avec modestie, en prenant la dernière place. L’hôte qui les invite s’apercevra qu’un de ses invités mérite d’être mieux considéré et d’occuper une place plus élevée. Au lieu d’être confondu à la suite de sa conduite égoïste et ambitieuse, ce modeste invité aura la satisfaction de recevoir une attention spéciale de la part de son hôte, qui le conduira à un siège honorable.

L’ambition humaine trouve plusieurs autres manières de se manifester. L’une des plus fréquentes à toutes les époques éclate dans la vantardise. Certaines personnes ne s’intéressent pas à ce que font ou à ce que pensent les autres, mais elles parlent seulement d’elles-mêmes. Elles se complaisent dans leurs réussites, dont elles magnifient souvent les traits pour solliciter l’approbation et l’admiration de leurs auditeurs. Si elles savaient comment ceux-ci rient d’eux et les jugent intérieurement ! Quand ces vantards ont le dos tourné, les gens se moquent d’eux et de leur fatuité. Ils ont essayé d’occuper les premières places, mais leurs interlocuteurs les relèguent avec les prétentieux et les vaniteux.

On pourrait penser que Jésus transmet à ses auditeurs un simple principe social de courtoisie, une manière de se conduire pour être bien considéré et accepté dans une société. Luc cependant introduit l’enseignement de Jésus en lui donnant le titre de « parabole » : “Remarquant que les invités choisissaient les premières places, il leur dit cette parabole.” Jésus ne se limite donc pas à la seule politesse sociale, mais celle-ci évoque pour lui la manière de se conduire dans un ordre supérieur.

La mort marque la frontière entre deux univers, celui de ce monde-ci et celui du Royaume de Dieu. De l’un à l’autre, les valeurs et les situations sont renversées. Ce thème, cher à Luc, se retrouve à quatre reprises dans le 3e Évangile. Au tout début, Marie l’annonce dans son action de grâce :

“Le Seigneur a mis en déroute les hommes au cœur orgueilleux,

il a renversé les rois de leurs trônes

et il a placé les humbles au premier rang.

Il a comblé de biens ceux qui avaient faim,

et il a renvoyé les riches les mains vides.”  (Lc 1,51-53)

Dans la parabole du riche et du pauvre, Jésus illustre ce thème en décrivant le bonheur de Lazare, après sa mort, dans l’intimité de Dieu, tandis que le riche subit la condamnation et la souffrance. S’adressant au riche, Abraham (c’est-à-dire Dieu) lui dit : “Souviens-toi que tu as reçu beaucoup de biens pendant ta vie, tandis que Lazare a eu beaucoup de malheurs. Maintenant il reçoit ici sa consolation, alors que toi tu souffres.” (Lc 16,25)

Pour enlever leur illusion à “ceux qui se croyaient justes aux yeux de Dieu et méprisaient les autres”, Jésus leur proposait la parabole qui met en contraste le pharisien et le publicain en prière dans le temple. En conclusion de cette parabole, Jésus répète de nouveau cette même vérité du renversement des situations : “Quiconque s’élève sera abaissé…” (Lc 18,14)

Pourquoi un tel changement de condition ? Pourquoi l’orgueilleux se retrouve-t-il au dernier rang, alors que le pauvre est élevé à la première place ? C’est que le riche est devenu suffisant, replié et centré sur lui-même, pour s’enfermer finalement dans la pauvreté de sa personne. Le pauvre, au contraire, ne se regarde plus, puisqu’il n’a rien ; il s’ouvre à son Seigneur, qui peut combler son dénuement. C’est pourquoi Jésus déclare que les enfants, les démunis, les marginaux de la société auront les premières places dans le Royaume de son Père.

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2022/10/28 – Lc 6, 12-19

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« Dans l’imminence du choix des Douze Apôtres, Luc souligne la durée nocturne de la prière préparatoire de Jésus : « En ces jours-là, Jésus s’en alla dans la montagne pour prier, et il passa la nuit à prier Dieu. Le jour venu, il appela ses disciples, en choisit douze, et leur donna le nom d’Apôtres » (Lc 6, 12-13).

En examinant la prière de Jésus, une question doit naître en nous : et moi, comment je prie ? Comment prions-nous ? Combien de temps je consacre à ma relation avec Dieu ? Eduque-t-on et forme-t-on aujourd’hui suffisamment à la prière ? Et qui peut l’enseigner ? Dans l’exhortation apostolique Verbum Domini, j’ai parlé de l’importance de la lecture en prière de la Sainte Ecriture. En recueillant ce qui était apparu au cours de l’assemblée du synode des évêques, j’ai mis un accent particulier sur la forme spécifique de la lectio divina. Ecouter, méditer, observer le silence devant le Seigneur qui parle est un art, qui s’apprend en le pratiquant avec constance. La prière est assurément un don, qui demande toutefois d’être accueilli ; c’est l’œuvre de Dieu, mais elle exige engagement et continuité de notre part ; surtout, la continuité et la constance sont importantes. L’expérience exemplaire de Jésus montre justement que sa prière, animée par la paternité de Dieu et par la communion de l’Esprit, s’est approfondie en un exercice prolongé et fidèle, jusqu’au Jardin des Oliviers et à la Croix. Aujourd’hui les chrétiens sont appelés à être des témoins de prière, précisément parce que notre monde est souvent fermé à l’horizon divin et à l’espérance qui conduit à la rencontre avec Dieu. Dans l’amitié profonde avec Jésus et en vivant en Lui et avec Lui la relation filiale avec le Père, à travers notre prière fidèle et constante, nous pouvons ouvrir des fenêtres vers le Ciel de Dieu. C’est même en parcourant la voie de la prière, sans considération humaine, que nous pouvons aider les autres à la parcourir : pour la prière chrétienne aussi, il est vrai que c’est en cheminant que s’ouvrent des chemins.

Chers frères et sœurs, éduquons-nous à une relation intense avec Dieu, à une prière qui ne soit pas occasionnelle, mais constante, pleine de confiance, capable d’éclairer notre vie, comme nous l’enseigne Jésus. Et demandons-Lui de pouvoir communiquer aux personnes qui nous sont proches, à ceux que nous rencontrons sur notre route, la joie de la rencontre avec le Seigneur, lumière pour notre existence. »

Benoit XVI

http ://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20111130_fr.html

(Français) 2022/10/27 – Lc 13, 31-35

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 Dès le début de cette longue section de l’Évangile (9,51 – 19,48), Luc nous en livre clairement le thème directeur : Comme s’accomplissaient les jours où Jésus devait être enlevé de ce monde, il prit fermement la route de Jérusalem et envoya des messagers en avant de lui (Lc 9,51). Tout au long de cette longue montée vers Jérusalem, Luc rappellera cette ferme décision de Jésus. Jésus répète avec insistance sa volonté d’accomplir la mission qu’il a reçue de Dieu, la libération de l’humanité par la croix. La préoccupation centrale de Jésus est d’accomplir ce plan de Dieu.  Il entrera à Jérusalem comme le roi acclamé par ses disciples (Lc 19, 37s). Selon la coutume des rois, il envoie des messagers pour annoncer son arrivée.

Avoir peur d’Hérode ?

Quelques pharisiens sympathiques à Jésus le préviennent ici des intentions homicides d’Hérode. Cette sympathie de pharisiens envers Jésus revient à trois reprises, lorsque qu’un pharisien l’invite à partager son repas (7,36 ; 11,37; 14,1). Hérode a déjà fait décapiter Jean le Baptiste. Par la suite, il manifeste une curiosité ambiguë de connaître Jésus, dont il a entendu parler. Tiraillé par la peur et le remords, il craint ce nouveau prophète qui lui rappelle Jean (Lc 9, 7-9). Les pharisiens qui abordent Jésus craignent que celui-ci subisse le même sort que Jean. Ils pensent donc lui donner un sage conseil, en lui suggérant de se cacher.

Jésus compare Hérode à un renard, le considérant comme un personnage fourbe et sournois, qui n’ose pas intervenir directement. Mais ce n’est pas la sagesse humaine des pharisiens qui doit guider Jésus, même si leur avis peut provenir d’une certaine sympathie à son égard. Seule la volonté de Dieu dirige sa mission. Celle-ci a pour seul but de libérer les possédés, esclaves qui ne se possèdent plus eux-mêmes, qui ont perdu leur identité sous l’emprise d’un envahisseur qui les domine (Lc 4,33-37). Pensons aux esclavages d’aujourd’hui, ceux de la boisson, de la drogue, du sexe, … Aujourd’hui, demain et le jour suivant, Jésus libère et guérit. Il insinue de la sorte que sa mission sera de courte durée, moins de trois ans. Il aura alors complété la mission que son Père lui a confiée.

Le plan de Dieu : le salut par la croix

Jésus conclut que cette oeuvre de libération et de guérison le conduira à la croix. Il rappellera le proverbe qu‘aucun prophète n’est bien reçu dans son pays (Lc 4,24). L’histoire juive rapporte le massacre de nombreux prophètes, à l’instigation par exemple de la reine Jézabel dans le Royaume de Samarie (1 Rois 18,4; 19,10.14). Plusieurs envoyés du Seigneur furent exécutés à Jérusalem, tel Urie, qui parla en prophète…par des paroles tout à fait semblables à celles de Jérémie. Ayant appris que le roi voulait le faire périr, Urie se réfugia en Égypte, mais un détachement se rendit dans ce pays pour s’en emparer et le ramener à Jérusalem, où le roi lui-même le tua d’un coup d’épée (Jér 26, 20-24).

Ayant évoqué sa mort à Jérusalem, à la suite de tant de prophètes envoyés par le Seigneur, Jésus montre à quel point il est membre de son peuple, solidaire avec lui, pleurant sur son aveuglement aux appels Dieu. C’est la Sagesse qui le déclare : Je leur enverrai des prophètes et des apôtres ; ils en tueront et en persécuteront, afin qu’il soit demandé compte à cette génération du sang de tous les prophètes qui a été répandu depuis la fondation du monde (Lc 11,49s). Le Seigneur, dans son Fils Jésus, pleure sur le désastre de ceux qui refusent son offre d’alliance.

Refus final ?

Jésus a voulu rassembler en un seul corps les enfants de Dieu dispersés (Jn 11,52). Mais, à cette offre de salut, on a répondu par complot meurtrier. Aussi la conséquence, c’est que votre maison vous est laissée déserte de la présence de Dieu, qui, comme au temps du prophète Ézéchiel, quittera le temple et Jérusalem (Éz 11,23). La peine consistera dans la frustration de la vie et du bonheur que l’alliance de Dieu devait leur procurer. Mais vous ne l’avez pas voulu (Lc 13, 34) : le jugement ne vient pas de Dieu, mais du pécheur qui a préféré les ténèbres à la lumière (Jn 3, 19).

Ce refus, avec sa conséquence terrible, l’absence de Dieu, est-il définitif, sans aucun espoir ? Vous ne me verrez plus (v. 36), déclare le Sauveur envoyé par Dieu. Comme à l’époque d’Ézéchiel, lorsque le Seigneur est revenu dans son temple après l’épreuve terrible de l’Exil à Babylone, de même aujourd’hui l’impossible se réalisera. Lorsque Jésus entrera à Jérusalem, le peuple reprendra l’acclamation du psaume 118, 26: Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient. L’amour du Seigneur est plus fort que les refus de son peuple.

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2022/10/26 – Lc 13, 22-30

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Jésus monte vers Jérusalem en enseignant dans les villes et villages. Quelqu’un lui demande: N’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés? Jésus déclare que la porte est étroite et qu’il faut faire des efforts pour entrer. Il est urgent de faire ces efforts car la porte ne sera pas toujours ouverte. Connaître sans faire d’efforts ne donne pas accès. Et on pourra être remplacé par des gens qui viennent de partout dans l’univers. Des derniers seront des premiers.

Ici commence, dans l’évangile de Luc, la montée de Jésus vers Jérusalem. C’est là que sera le terme et l’accomplissement de sa mission. En chemin, il continue d’enseigner. Dès le début de sa vie publique, l’enseignement avait été un trait marquant pour les foules. Dès le début, les gens étaient frappés de son enseignement, car il enseignait comme ayant autorité (Marc 1,2), et c’était un enseignement nouveau, donné d’autorité (Marc 1,27).

Quelqu’un vient donc lui demander de se prononcer sur une question qui était discutée: le nombre des élus, ceux qui seraient admis au repas dans le Royaume de Dieu (Luc 14,15). Une opinion disait que tous les Israélites auraient part au monde futur tandis qu’une autre soutenait: ceux qui périssent sont plus nombreux que ceux qui sont sauvés.

Au lieu de répondre à la question théorique et discutée du nombre des élus, Jésus parle de comment être sauvé.

La porte étroite où il y a affluence est une image qui indique qu’il faut choisir l’effort au lieu de la facilité: il faut faire quelque chose.

Il ne faut pas attendre: c’est aujourd’hui qu’il faut se presser, comme l’indique l’image de la porte qui ne sera pas toujours ouverte. Cette porte ouverte représente le temps qui est donné à chacun; il faut le prendre. L’évangile de Luc a répété de différentes façons que le Royaume de Dieu n’était pas ailleurs ni dans le futur: il est au milieu de nous et c’est maintenant qu’il faut répondre pour y avoir accès.

Ceux qui, après le temps qui leur était accordé, trouvent la porte fermée et à qui le Christ déclare, Je ne vous connais pas, ce qui signifie vous n’avez pas de part avec moi, sont ceux qui ont vu le Christ. Ils ont entendu ce qu’il disait et ils ont même admiré ses paroles mais ils n’ont rien fait. Ils ont une foi sans les oeuvres, cette foi que l’épître de Jacques appelle une foi morte.

Le passage finit sur une note universaliste: avec les premiers venus, les véritables croyants d’Israël, il y aura les derniers venus, les païens de partout en dehors d’Israël: ils prendront la place de ceux qui ont refusé le Christ ou de ceux qui ont cru en lui mais n’ont produit aucune oeuvre pour le suivre.

Pour éviter qu’on pense que la simple appartenance à un groupe ou à l’autre procure automatiquement l’accès au Royaume ou son exclusion, au lieu de dire, les premiers seront derniers et les derniers seront premiers, il dit: Des derniers qui seront premiers et des premiers qui seront derniers. Il n’y a ni exclusion ni appartenance automatique. C’est l’engagement personnel qui compte.

Jean Gobeil SJ