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(Français) 2023/10/07 – Lc 1, 26-38

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Luther aurait dit de l’évangile de Jean qu’il est « le plus tendre des évangiles. » Il aurait ajouté : « Je donnerais pour lui tous les autres et la plus grande partie du Nouveau Testament par surcroît. »Un autre théologien allemand tordit le cou à cette affirmation par une réplique laconique et cinglante : « Moi je ne donnerais rien! » Sans entrer dans cette querelle, on pourrait dire que la déclaration de Luther aurait été un peu moins surprenante si elle avait été faite à propos de Luc plutôt que Jean.  Luc, le « scribe de la mansuétude » selon une expression de Dante, est le seul à nous livrer des récit d’une tendresse qui ne cherche pas à se dissimuler, comme celui de « l’annonciation » que nous fêtons aujourd’hui.

« Réjouis-toi, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi. » Ces mots, Luc est le seul des évangélistes à les avoir entendus. Trois évangélistes connaissent le Père et le Fils, mais Luc est le seul à savoir ce que signifie « la Mère de Dieu ». C’est à elle qu’est annoncée la naissance du Fils du Très Haut. C’est à elle que revient la responsabilité de « nommer » l’enfant à venir. Matthieu, qui connaît bien la loi juive, a donné cette responsabilité à Joseph. Chez Luc, l’annonciation ne se produit pas dans un songe, mais dans le cadre d’une vision, d’une « apparition » en plein jour. Curieusement, dans l’histoire du christianisme, on a fait de l’apparition, le mode le plus spectaculaire de la communication entre la Vierge Marie et les humains. Bien des chrétiens ont affirmé que la Vierge Marie leur est apparue : à Lourdes, à Fatima, et en bien d’autres endroits.

L’annonciateur porte un nom : l’ange Gabriel. Et cet envoyé de Dieu n’a rien d’effrayant : il jase avec Marie sur un ton très familier et il fait tout pour la rassurer quand il constate qu’elle est « troublée » : « Sois sans crainte, Marie… » La jeune fille se détend effectivement, et ne se laisse pas déstabiliser par l’énormité de ce que l’ange lui apprend : qu’elle donnera naissance à un fils, qui sera  « grand » et qui régnera sur le trône de David, sans fin… Marie risque une question : « Comment cela se fera-t-il, puisque je suis vierge? »

Quelques versets avant, dans le même chapitre, la même situation se produit quand l’ange  annonce à Zacharie la naissance de Jean-Baptiste. Zacharie réagit à peu près comme Marie, car l’annonce porte là aussi sur une naissance miraculeuse. Zacharie fait remarquer qu’il est vieux et que sa femme est avancée en âge. L’ange se fâche et rend Zacharie muet jusqu’à la naissance de l’enfant promis. C’est plutôt sévère si l’on sait que c’est déjà difficile de garder le silence pendant deux heures quand on a la bouche gelée après une visite chez le dentiste.

Mais Gabriel n’impose aucune punition à Marie. Au contraire, il  répond avec révérence à la question que la jeune fille lui pose. Les commentateurs expliquent ce double standard en affirmant que la question de Zacharie révélait un manque de foi. Ils disent que dans les mêmes circonstances, Abraham, le Père de la foi, n’avait pas douté que la vieille Sara pourrait concevoir et lui donner un fils. Quant à la question de Marie, on dit qu’elle était inspirée, non pas par l’incrédulité, mais plutôt par la foi qui cherche à comprendre.

Ces arguties théologiques n’éclairent pas tout le mystère du comportement de l’ange Gabriel dans ces deux situations. Une explication beaucoup plus simple, plus logique et plus crédible pourrait être celle-ci : Luc donne à l’ange Gabriel préséance sur Zacharie, mais pas sur Marie. Il y a bel et bien une hiérarchie. Gabriel peut rabrouer Zacharie qui est son inférieur, mais il ne peut que répondre respectueusement à la « Mère de Dieu ». La même hiérarchie est également remarquable quant au rang des deux enfants à naître : aucun doute que Jésus est supérieur à Jean-Baptiste. C’est pourquoi, la dernière déclaration de Marie dans ce passage, « Voici la servante du Seigneur » n’est pas à prendre comme une profession d’humilité. C’est plutôt un cri d’allégresse et d’action de grâce, exactement comme dans le Magnificat qui suivra plus loin. Car, être servante du Seigneur, c’est un titre de gloire.

Melchior M’Bonimpa 

 

 

 

(Français) 2023/10/06 – Lc 10, 13-16

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Plusieurs pensent que nos actions demeurent cloisonnées dans le passé et qu’elles passent comme le vent. Nous avons l’impression de répéter chaque jour les mêmes actions, qui ne laisseraient aucune trace. On a souvent répété, pourtant, que nos actes nous suivent. Bien plus ! Ils s’incrustent en nous. Ils ont une pesanteur qui nous accompagne tout au long de notre existence, et surtout dans l’au-delà. Combien de gestes s’insèrent dans nos muscles, conditionnent tous nos mouvements et deviennent des habitudes! De la même manière, et plus profondément encore, nos décisions pèsent sur l’orientation spirituelle de notre personne.

Les apparentes “malédictions” de Jésus paraissent dures et sévères. Pourquoi une dénonciation aussi rude de la part du Christ, qui est venu nous enseigner l’amour de Dieu? Jésus veut nous faire prendre conscience du sérieux et de la pesanteur de nos décisions. En même temps, c’est la valeur de notre personne et de nos actions qu’il met en lumière.

Quand il s’agit de notre libre décision d’accueillir ou de refuser son offre de salut, notre réponse est la plus sérieuse de notre existence, car elle nous oriente vers la mort ou vers la vie. Aussi le jugement de Jésus sur les villes rebelles à son appel est un cri d’amour pour les prévenir de prêter une attention extrême à cette décision de choisir le malheur ou le bonheur éternel.

Après avoir énoncé sa Loi, expression de sa volonté, le Seigneur s’écrie en conclusion du Livre du Deutéronome, qui termine les cinq livres du Pentateuque, la base de l’A.T.:

« Aujourd’hui, je place devant vous la vie et le bonheur d’une part,

la mort et le malheur, d’autre part.

Prêtez donc attention aux commandements que je vous communique aujourd’hui :

Aimer le Seigneur votre Dieu,

suivre le chemin qu’il vous trace,

obéir à ses lois.

Alors vous vivez, vous deviendrez nombreux,

et le Seigneur vous comblera de bienfaits» (Deut 30,15ss)

« Malheur à toi » ou « malheureux es-tu » ?

Les traductions du passage évangélique d’aujourd’hui, qui placent le mot “malheur à toi…” dans la bouche de Jésus, peuvent donner l’impression que le Christ, déçu du refus ou de l’indifférence de ces villes, souhaite leur malheur. Il faut, au contraire, comprendre l’émoi de Jésus comme un avertissement lucide, qui exprime sa tristesse et sa peine. Jésus sait que le refus de ces villes les mène à leur ruine. Nous savons par expérience qu’il faut saisir les occasions favorables qui passent. « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas votre cœur » (Ps 95, 7s). Or ces villes n’ont pas saisi le moment de salut qui passait dans leurs localités. Elles n’ont pas écouté l’appel du Christ à se convertir et à changer de vie.

Libres pour aimer

Le Seigneur aurait pu nous créer avec un programme inscrit en nous, comme chez les animaux, qui nous aurait orienté tout naturellement vers le bien, la vie et le bonheur. Nous n’aurions pas eu le choix d’être heureux ou malheureux. Nous aurions été des robots conditionnés pour être heureux.

Mais Dieu a voulu avoir des partenaires dignes et autonomes, libres d’entrer dans son Alliance d’amour. Dans sa bonté, il a voulu que nous soyons libres de répondre “oui” ou “non” à son offre de vie éternelle, qu’il nous transmet par son Fils incarné dans notre monde.

La liberté appartient à l’essence de la personne humaine, c’est sa dignité. De nombreux pays ont des chartes qui garantissent la liberté et les droits de la personne qui en découlent. C’est la preuve que la liberté est innée en nous, parce que créés à l’image de Dieu, souverainement libre.

Mais la liberté comprend la responsabilité de nos décisions. On parle souvent aujourd’hui de la liberté et de la dignité humaines, mais on insiste très peu sur la responsabilité de chacun de nous. C’est une preuve de maturité d’accepter ses responsabilités, au lieu de les reporter sur les autres, nos parents ou sur la société en général.

« Qui vous écoute m’écoute »

Le Seigneur nous parle presque toujours par des médiateurs. Il est rare que Dieu se révèle directement à la personne qu’il appelle. Pourquoi recourt-il à des intermédiaires ? Tout d’abord parce qu’il veut associer les humains, ses médiateurs, à son projet de salut, d’amour et de vie. Du côté de celui qui reçoit l’appel, Dieu veut solliciter sa foi ; il doit croire que le Seigneur lui parle par des humains et par des signes. Si Dieu parlait directement, il s’imposerait à son interlocuteur. La foi et la confiance disparaîtraient. La foi des premiers disciples consista à discerner le Fils de Dieu dans la signe de l’homme Jésus ?

Pour entendre l’appel de Dieu et lui répondre, il faut avoir un cœur de pauvre. Celui qui se pense parfait, celui qui s’estime riche, comme Capharnaüm prétendant s’élever jusqu’au ciel, celui-là n’entendra jamais la Parole du Seigneur.

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2023/10/05 – Lc 10, 1-12

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Au chapitre précédent, Luc rapporte l’envoi en mission des Douze. (9, 1-6) Pourquoi un autre envoi en mission, qui peut sembler une répétition, même si elle est plus développée que la précédente ?

Remarquons que ce sont des disciples, non les apôtres, que Jésus charge de cette mission. Ils sont soixante-douze, nombre qui signifie l’universalité des nations (d’après l’énumération de Gen 10,2-31). Ils rappellent surtout les soixante-dix anciens que le Seigneur ordonne à Moïse de rassembler (Num11,16), plus deux autres qui n’étaient pas venu à cette assemblée (Num 11,26). “Dieu préleva un peu de l’Esprit qu’il avait donné à Moïse, pour en répandre sur les soixante-dix anciens.” (Num 11,25) Ces soixante-dix ou soixante-douze furent à l’origine du Sanhédrin, l’autorité suprême des Juifs au temps de Jésus. Cette longue tradition, préludant à ce groupe des disciples, montre l’autorité qu’ils reçoivent de Jésus, leur “Seigneur”.

Ces disciples représentent tous les chrétiens de l’avenir, qui recevront eux aussi l’Esprit Saint à la Pentecôte et qui auront la fonction d’évangéliser le monde. (Act 2,1-11) Dieu, dans son amour, veut que tous les peuples et tous les humains soient sauvés.

Luc insiste sur cet universalisme du salut, lui qui est d’origine grecque, donc païenne. Cette mission des soixante-douze disciples annonce le Livre des Actes, le second volet de l’ouvrage de Luc, qui décrira le début de cette évangélisation universelle. Notons que, dans les Actes, les principaux acteurs de l’évangélisation, à part Pierre, ne sont pas les douze apôtres, mais Étienne, Philippe, Barnabé et Paul, qui sont des disciples et qui appartiennent probablement au groupe des Hellénistes.

Continuer la mission de Jésus

Les évangiles de Matthieu (28,16-20), de Luc (24,48s ; Act 1,8) et de Jean (20,21) attestent que c’est le Seigneur ressuscité qui envoie solennellement en mission tous les siens. Ils doivent proclamer la victoire du Ressuscité sur la mort, attester sa vie glorieuse et la transmettre par le rite du baptême à tous ceux et celles qui l’accueilleront dans la foi.

Que signifie alors le présent envoi en mission des apôtres et des disciples ? Les trois évangélistes veulent montrer ainsi que l’évangélisation par les chrétiens de tous les temps s’enracine dans le ministère même de Jésus. C’est la mission du Christ Jésus qui se prolonge dans celle de ses disciples. Ce n’est donc pas une fonction reçue de l’extérieur, même si elle provient du Seigneur ressuscité.

Mission difficile 

À la suite du Christ, ses disciples ont le devoir d’annoncer que le Règne de Dieu est tout proche. La Source de la vie et de la paix vient habiter au milieu de ses fidèles. Cette proclamation est tellement importante qu’on ne peut se laisser distraire et retarder, en particulier par les longues salutations coutumières en Orient. Les disciples vont deux par deux, car il faut deux témoins pour attester la vérité. Ils parcourent “toutes les villes et localités où lui-même (le Christ) devait aller.” Seule la rencontre personnelle avec le Seigneur établit l’union et la communion qui transmet la vie.

L’union au Christ produit la guérison de tout mal, qu’il soit physique ou moral. En communiquant la vie, le Seigneur, par ses disciples, guérit l’humanité croyante de l’esclavage qu’elle s’est infligée par ses péchés d’injustice et d’égoïsme. Dans le Royaume de Dieu, tous les élus resplendissent de liberté, d’amour et de gloire.

Tâche impossible

La moisson représente traditionnellement le rassemblement des justes, qui couronnera l’histoire humaine. Les obstacles à une telle mission sont nombreux et, apparemment, insurmontables. Annoncer au monde entier l’Évangile est une tâche impossible pour le nombre infime des ouvriers. C’est uniquement la prière qui obtiendra de nombreuses vocations, non pas seulement de prêtres, de religieux et de religieuses, mais de tout chrétien qui prend conscience de la mission qu’il a reçue à son baptême et à sa confirmation.

L’accueil réservé à ces missionnaires ne sera pas toujours encourageant. Jésus compare ses disciples à des agneaux qui rencontreront l’hostilité des loups. Pour affronter de tels adversaires, Jésus dépouille ses fidèles de tout secours humain : “Pas d’argent, ni sac, ni sandales.” Réduit à une pauvreté radicale, ces missionnaires ne peuvent qu’espérer le secours de leur Seigneur.

Dans les quelques décennies récentes, notre Église a subi un dépouillement complet. Le Seigneur nous a montré que la richesse et le prestige sont une illusion. Une Église riche, fortement structurée et puissante devient trop sûre d’elle-même et ne convertira jamais le monde. Les nombreuses vocations au sacerdoce et à la vie religieuse ont diminué radicalement. L’autorité ecclésiastique a perdu son prestige dans l’ensemble de la société. Les richesses du clergé et des communautés religieuses s’envolent. Nos sanctuaires, désertés, sont devenus un patrimoine lourd à porter. Le triomphalisme n’a plus de base pour se motiver.

Selon les normes de notre société, qui n’apprécie qu’une efficacité mesurable par des résultats tangibles, notre Église s’orienterait vers une réduction, qui serait proche de sa disparition. Et pourtant ! Ce dépouillement progressif ne serait-il pas un signe des temps pour nous ramener au niveau de pauvreté que le Seigneur a voulue pour ses disciples en mission ?

Conclusion

Deux signes des temps s’imposent à nos communautés chrétiennes : l’appauvrissement de l’Église et la rareté des vocations sacerdotales et religieuses. Tout signe des temps porte l’empreinte de la volonté de Dieu. La pauvreté nous ramène aux normes dictées par le Christ à ses missionnaires. Le succès viendra de Dieu seul.

La rareté des vocations traditionnelles oblige notre Église à délaisser le cléricalisme, qui concentrait toutes ses activités dans les mains des prêtres et des religieux. Le Seigneur veut que chaque chrétien et chaque chrétienne prennent vivement conscience de sa responsabilité personnelle, que chacun et chacune est appelé à œuvrer dans le champ de ce monde, à la moisson de Dieu.

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2023/10/04 – Lc 9, 57-62

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En poursuivant sa route vers Jérusalem, Jésus fait la rencontre d’un homme qui se dit prêt à le suivre partout. Jésus le prévient qu’il n’a pas de demeure fixe nulle part. L’homme n’insiste pas. Jésus en rencontre un autre qu’il appelle à le suivre. L’homme met une condition: il doit d’abord voir aux funérailles de son père. Jésus l’invite à tout laisser mais ne semble pas recevoir de réponse. Un troisième se dit prêt à le suivre après avoir rempli certaines conditions. Jésus répond que pour le suivre il faut être prêt à rompre avec le passé.

Suivre Jésus veut dire évidemment être son disciple. Les gens qui se présentent à Jésus pour le suivre sont donc des candidats à être ses disciples. Le premier a choisi lui-même Jésus comme maître comme faisaient les Juifs qui voulaient étudier un an ou deux avec un rabbin chez qui ils pouvaient recevoir l’hospitalité. La situation de Jésus dans son ministère est fort différente. Il n’a pas un domicile fixe où il pourrait rester ou au moins revenir au terme d’une mission. L’annonce de la venue du Règne de Dieu demande qu’il soit toujours en mouvement pour rejoindre les gens là où ils sont: c’était une différence importante par rapport à Jean Baptiste. Le fait qu’il vient d’être rejeté par un village samaritain montre bien qu’il ne peut pas toujours s’arrêter comme il voudrait. L’avertissement qu’il donne au premier candidat est donc que pour être son disciple et annoncer la Bonne Nouvelle il ne doit pas compter sur ce qui fait ordinairement ses sécurités et c’est l’annonce de la Bonne Nouvelle qui a la priorité.

Pour le second candidat, c’est Jésus qui a pris l’initiative de l’appeler à le suivre. Or, ce candidat, lui, met des conditions: il a un devoir familial à remplir d’abord. Et ce devoir est important même aux yeux de Dieu puisqu’il fait partie de la piété filiale qui est le quatrième commandement du Décalogue.  La réponse de Jésus est tranchante: ce candidat doit laisser à d’autres ce devoir. Ceci nous rappelle l’exemple de Jésus lui-même quand on lui dit:

Ta mère et tes frères veulent te voir. Il répond: Qui est ma mère? Qui sont mes frères?  Montrant ses disciples il dit: Voici ma mère et mes frères.    (Matthieu 12,48-49)

Etre disciple peut signifier qu’il y a une distance à prendre par rapport aux liens familiaux. C’est une question de priorité. Il ne faut donc pas l’interpréter comme une défense ou un interdit de ce qui n’est pas prioritaire. Jésus, lui-même, sur la croix confiera sa mère au disciple qu’il aimait. Et c’est ainsi que les chrétiens comprendront cette parole. Ainsi, Pierre qui remplit sa mission d’abord à Jérusalem, puis à Antioche, puis à Rome, n’a pas laissé son épouse à Capharnaüm: elle l’a accompagné, comme le rappelle saint Paul (1 Cor.9,5).

Le troisième candidat est prêt à suivre Jésus mais il pose, lui aussi, une condition: aller faire ses adieux aux siens. La réponse avec la comparaison de la charrue qui oblige à avancer et ne peut reculer semble indiquer que si l’engagement exige une rupture on ne peut pas revenir sur cette rupture. L’engagement ne se fait pas dans un moment d’enthousiasme passager. Il faut vraiment que l’engagement d’annoncer la Bonne Nouvelle soit mis au centre de toute la vie et même du quotidien.

Jean Gobeil SJ           

(Français) 2023/10/03 – Lc 9, 51-56

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Jésus se met en route vers Jérusalem en sachant que ce serait là qu’il serait enlevé de ce monde. Il prend la route la plus directe entre la Galilée et la Judée, celle qui passe par la Samarie. Un village samaritain refuse de l’accueillir parce qu’on a vu qu’il se dirigeait vers Jérusalem. Jacques et Jean, dans leur indignation demande à Jésus l’autorisation de faire descendre un feu du ciel pour les détruire. Mais Jésus les reprend vivement et le groupe continue vers un autre village.

Les Samaritains avaient eu leur propre temple sur le Mont Garizim jusqu’à la fin du 2e siècle avant Jésus Christ alors qu’il fut détruit pas Jean Hyrcan, roi des Juifs. C’est pour cette raison que les Samaritains ne manquaient pas de faire des représailles contre les Juifs qui allaient vers Jérusalem  à l’occasion des fêtes religieuses comme c’est le cas pour Jésus et ses disciples.

Jacques et Jean réagissent vivement au refus du village. Ils sont des fils de Zébédée et faisaient de la pêche à Capharnaüm. Ils avaient leur barque et étaient dits associés ( Luc 5,7) de Simon Pierre qui lui aussi avait une barque de pêche. Ils devaient donc être dans le commerce du poisson avec Simon Pierre, ce qui pourrait expliquer pourquoi, comme Pierre, ils avaient la repartie facile. En bons commerçants, ils avaient l’habitude de calculer: eux (ou leur mère) demanderont à Jésus, avant les autres disciples, d’occuper les premières places dans le Royaume (Marc 10,35). Ils n’aiment pas la compétition non plus : ils ont voulu empêcher quelqu’un d’expulser des démons en se servant du nom de Jésus, parce qu’il ne suivait pas Jésus avec eux (Luc 9,49), dit Jean.

Dans la liste des disciples de Marc (3,17), Jésus leur a donné un surnom, Boanerges, fils du tonnerre. Il ne s’agit pas d’un nouveau nom permanent comme celui de Pierre pour Simon, mais seulement d’une image qui doit correspondre à un trait des fils de Zébédée. Dans notre texte, ils correspondent bien à cette image: ils offrent de faire tomber le tonnerre sur le village pour le détruise! Et pourtant, Jacques et Jean seront, avec Pierre, des disciples favorisés par Jésus.

Jésus prendra les trois avec lui pour qu’ils soient témoins de la résurrection de la petite fille de Jaïre (Luc 8,40). Ce sont les mêmes qui l’accompagneront pour aller prier sur la montagne où il sera transfiguré. Ils seront donc témoins de la gloire de Jésus (Luc 9,28) ce qui était une révélation qui pouvait les réconforter après la première annonce de la Passion. Mais lors de la seconde annonce, tout comme les autres disciples, ils ne comprennent pas la parole de Jésus et ils craignaient de l’interroger. Ils auront à faire face à la Passion, quand Jésus les prendra pour être témoins de son agonie.

Plus tard, Jacques sera le premier apôtre à subir le martyre à Jérusalem en l’an 44. Mais pour le moment, il lui reste à comprendre que Jésus n’est pas venu pour condamner mais pour sauver et que le salut passe par la croix.

Jean Gobeil SJ 

(Français) 2023/10/02 – Mt 18, 1-5.10

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Les disciples demandent à Jésus qui est le plus grand dans le Royaume des cieux. Jésus met un enfant au milieu d’eux et déclare: « Celui qui se fera petit comme cet enfant, c’est celui-là qui est le plus grand dans le Royaume des cieux. Et celui-là qui accueillera un enfant comme celui-ci en mon nom, c’est moi qu’il accueille ». Suit un avertissement sévère: Gardez-vous de mépriser ces petits, car ils sont importants pour le Père. Jésus prend un exemple de la vie courante. Si quelqu’un a perdu une brebis, il laisse là le troupeau pour aller à sa recherche. Cette brebis perdue devient plus importante que le reste du troupeau et lorsqu’elle est retrouvée elle cause plus de joie que les 99 brebis du troupeau. Jésus fait l’application de cette conduite à celle du Père: il ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu.

Voilà une question des disciples qui est peut-être reliée d’abord à leurs aspirations pour des bonnes places dans le Royaume des cieux qui est encore pour eux sur un modèle bien terrestre. Mais il y a peut-être plus. Ils ont peut-être, comme saint Paul avant sa conversion, l’idée que ce qui est important aux yeux de Dieu c’est ce qu’il faut faire. L’idée que la justice, que ce qui est agréable à Dieu, c’est  une affaire de performance personnelle. La réponse de Jésus semble bien correspondre à cette attitude.

Il met un enfant au milieu d’eux. L’enfant est celui qui n’a aucun droit ni aucun pouvoir. Il n’a aucun statut dans la société. Ceci est vrai non seulement pour la société juive de l’époque mais aussi bien pour la société romaine et la société grecque: puer en latin et pais en grec signifient aussi bien enfant et esclave ou serviteur. La connotation de l’enfant n’est pas l’innocence mais bien l’impuissance. Il n’existe qu’en dépendance. Il est donc, dans notre récit, aux antipodes de ce à quoi rêvent les disciples en entendant parler de Royaume, donc de roi et de pouvoir royal, pouvoir auquel ont accès ceux qui sont proches du roi.

Le plus grand dans le Royaume sera celui qui se fera petit comme cet enfant. Ce mot, petit, évoque immédiatement les thèmes des petits, des humbles, les anawim de Yahvé dans l’Ancien Testament. Déjà, on donnait comme la grande qualité de Moïse, son humilité:

Or, Moïse était un homme très humble, l’homme le plus humble que la terre ait porté. (Nb.12,3)

Ces humbles sont ceux qui ne comptent pas sur leur richesse ou leur pouvoir mais qui savent qu’ils dépendent de Dieu et s’appuient seulement sur leur confiance en Lui.

Sophonie avait prédit qu’une fois purifié, Israël serait un peuple humble et modeste (3,12) au milieu duquel Yahvé serait roi (3,14-18). Zacharie, plus tard, avait vu que le Messie qui venait serait un roi humble, monté sur un âne: il ne vient pas sur un chariot royal mais sur la monture du pauvre (9,9).

Dans le Nouveau Testament, ces petits ou ces humbles, ce sont ceux qui ont une âme de pauvre dont parle la première béatitude et à qui est déjà donné le Royaume des cieux.(Mt.5,1) Ils sont ces petits, qui comme l’enfant, n’ont rien à apporter et tout à recevoir. C’est dans cet esprit que sainte Thérèse de Lisieux disait qu’elle se présentait devant Dieu les mains vides.

Et Jésus déclare aux disciples qu’il est solidaire de ces petits si bien qu’en eux on peut accueillir le Christ lui-même.

Dans l’exemple que Jésus donne d’un homme qui laisse son troupeau pour aller chercher sa brebis perdue, ce qui frappe d’abord c’est la disproportion entre une brebis et les 99 autres. La disproportion devient très importante quand Jésus applique l’exemple du berger au Père qui est dans les cieux. Non seulement ceux qui sont perdus sont importants pour lui mais encore c’est lui qui prend l’initiative d’aller à leur recherche. C’est l’écho d’une parole de Jésus dans l’évangile de Luc:

Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.  (Luc 19,10)

Il y a donc d’abord une perspective universaliste dans ce récit. Tous ceux qui sont perdus sont importants aux yeux de Dieu. Mais cette perspective a des retombées au niveau de la communauté.  Celle-ci ne doit pas exclure personne: elle doit rester ouverte à ceux que Dieu cherchent et veut sauver. Mais il y aussi dans la communauté des petits qui sont plus faibles que le reste du troupeau. Peut-être n’ont-ils pas de statut social comme des richesses ou de l’importance; peut-être aussi n’ont-ils pas beaucoup de connaissance. Saint Paul connaît de ces petits dans ses communautés; c’est pour eux qu’il est prêt à renoncer à des pratiques bien innocentes si elles peuvent les scandaliser ou leur nuire.”C’est mon droit” est une formule magique de nos jours. Mais le droit individuel n’est pas la première préoccupation d’un disciple du Christ. Pour quelqu’un dont l’idéal est de servir, le droit n’a jamais préséance sur les besoins des autres. Matthieu voit certainement cet aspect important pour sa communauté. Il a placé ce récit au milieu d’un ensemble d’instructions de Jésus qui s’adressaient à ses disciples mais visaient en même temps les communautés futures. Elles peuvent certainement nous être utiles encore aujourd’hui.

Jean Gobeil SJ

 

 

 

(Français) 2022/10/01 – Mt 18, 1-5

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Les disciples demandent à Jésus qui est le plus grand dans le Royaume des cieux. Jésus met un enfant au milieu d’eux et déclare: Celui qui se fera petit comme cet enfant, c’est celui-là qui est le plus grand dans Royaume des cieux. Et celui-là qui accueillera un enfant comme celui-ci en mon nom, c’est moi qu’il accueille.

Voilà une question des disciples qui est peut-être reliée d’abord à leurs aspirations pour des bonnes places dans le Royaume des cieux qui est encore pour eux sur un modèle bien terrestre. Mais il y a peut-être plus. Ils ont peut-être comme saint Paul avant sa conversion, l’idée que ce qui est important aux yeux de Dieu c’est ce qu’il faut faire. L’idée que la justice, que ce qui est agréable à Dieu, c’est une affaire de performance personnelle. La réponse de Jésus semble bien correspondre à cette attitude.

Il met un enfant au milieu d’eux. L’enfant est celui qui n’a aucun droit ni aucun pouvoir. Il n’a aucun statut dans la société. Ceci est vrai non seulement pour la société juive de l’époque mais aussi bien pour la société romaine et la société grecque: puer en latin et pais en grec signifient aussi bien enfant et esclave ou serviteur. La connotation de l’enfant n’est pas l’innocence mais bien l’impuissance. Il n’existe qu’en dépendance. Il est donc, dans notre récit, aux antipodes de ce à quoi rêvent les disciples en entendant parler de Royaume, donc de roi et de pouvoir royal, pouvoir auquel ont accès ceux qui sont proches du roi.

Le plus grand dans le Royaume sera celui qui se fera petit comme cet enfant. Ce mot, petit, évoque immédiatement les thème des petits, des humbles, les anawim de Yahvé dans l’Ancien Testament. Déjà, on donnait comme la grande qualité de Moïse, son humilité : Or, Moïse était un homme très humble, l’homme le plus humble que la terre ait porté. (Nb.12,3)

Ces humbles sont ceux qui ne comptent pas sur leur richesse ou leur pouvoir mais qui savent qu’ils dépendent de Dieu et s’appuient seulement sur leur confiance en Lui.

Sophonie avait prédit qu’une fois purifié, Israël serait un peuple humble et modeste (3,12) au milieu duquel Yahvé serait roi (3,14-18). Zacharie, plus tard, avait vu que le Messie qui venait serait un roi humble, monté sur un âne: il ne vient pas sur un chariot royal mais sur la monture du pauvre (9,9).

Dans le Nouveau Testament, ces petits ou ces humbles, ce sont ceux qui ont une âme de pauvre dont parle la première béatitude et à qui est déjà donné le Royaume des cieux (Mt.5,1)
Ils sont ces petits, qui comme l’enfant, n’ont rien à apporter et tout à recevoir. C’est dans cet esprit que sainte Thérèse de Lisieux disait qu’elle se présentait devant Dieu les mains vides.

Et Jésus déclare aux disciples qu’il est solidaire de ces petits si bien qu’en eux on peut accueillir le Christ lui-même.

Jean Gobeil SJ 

(Français) 2022/09/30 – Lc 10, 13-16

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Plusieurs pensent que nos actions demeurent cloisonnées dans le passé et qu’elles passent comme le vent. Nous avons l’impression de répéter chaque jour les mêmes actions, qui ne laisseraient aucune trace. On a souvent répété, pourtant, que nos actes nous suivent. Bien plus ! Ils s’incrustent en nous. Ils ont une pesanteur qui nous accompagne tout au long de notre existence, et surtout dans l’au-delà. Combien de gestes s’insèrent dans nos muscles, conditionnent tous nos mouvements et deviennent des habitudes ! De la même manière, et plus profondément encore, nos décisions pèsent sur l’orientation spirituelle de notre personne.

Les apparentes “malédictions” de Jésus paraissent dures et sévères. Pourquoi une dénonciation aussi rude de la part du Christ, qui est venu nous enseigner l’amour de Dieu? Jésus veut nous faire prendre conscience du sérieux et de la pesanteur de nos décisions. Mais, à l’inverse, c’est la valeur de notre personne et de nos actions qu’il met en lumière.

Quand il s’agit de notre libre décision d’accueillir ou de refuser son offre de salut, notre réponse est la plus sérieuse de notre existence, car elle nous oriente vers la mort ou vers la vie. Aussi le jugement de Jésus sur les villes rebelles à son appel est un cri d’amour pour les prévenir de prêter une attention extrême à cette décision de choisir le malheur ou le bonheur éternel.

Après avoir énoncé sa Loi, expression de sa volonté, le Seigneur s’écrie en conclusion du Livre du Deutéronome, qui termine les cinq livres du Pentateuque, la base de l’A.T.:
« Aujourd’hui, je place devant vous la vie et le bonheur d’une part,
la mort et le malheur, d’autre part. Prêtez donc attention aux commandements que je vous communique aujourd’hui :Aimer le Seigneur votre Dieu, suivre le chemin qu’il vous trace,obéir à ses lois. Alors vous vivez, vous deviendrez nombreux, et le Seigneur vous comblera de bienfaits» (Deut 30,15ss)

« Malheur à toi » ou « malheureux es-tu » ?

Les traductions du passage évangélique d’aujourd’hui, qui placent le mot “malheur à toi…” dans la bouche de Jésus, peuvent donner l’impression que le Christ, déçu du refus ou de l’indifférence de ces villes, souhaite leur malheur. Il faut, au contraire, comprendre l’émoi de Jésus comme un avertissement lucide, qui exprime sa tristesse et sa peine. Jésus sait que le refus de ces villes les mène à leur ruine. Nous savons par expérience qu’il faut saisir les occasions favorables qui passent. “Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas votre coeur” (Ps 95, 7s). Or ces villes n’ont pas saisi le moment de salut qui passait dans leurs localités. Elles n’ont pas écouté l’appel du Christ à se convertir et à changer de vie.

Libres pour aimer

Le Seigneur aurait pu nous créer avec un programme inscrit en nous, comme chez les animaux, qui nous aurait orienté tout naturellement vers le bien, la vie et le bonheur. Nous n’aurions pas eu le choix d’être heureux ou malheureux. Nous aurions été des robots conditionnés pour être heureux.

Mais Dieu a voulu avoir des partenaires dignes et autonomes, libres d’entrer dans son Alliance d’amour. Dans sa bonté, il a voulu que nous soyons libres de répondre “oui” ou “non” à son offre de vie éternelle, qu’il nous transmet par son Fils incarné dans notre monde.

La liberté appartient à l’essence de la personne humaine, c’est sa dignité. De nombreux pays ont des chartes qui garantissent la liberté et les droits de la personne qui en découlent. C’est la preuve que la liberté est innée en nous, parce que créés à l’image de Dieu, souverainement libre.

Mais la liberté comprend la responsabilité de nos décisions. On parle souvent aujourd’hui de la liberté et de la dignité humaines, mais on insiste très peu sur la responsabilité de chacun de nous. C’est une preuve de maturité d’accepter ses responsabilités, au lieu de les reporter sur les autres, nos parents ou sur la société en général.

« Qui vous écoute m’écoute »

Le Seigneur nous parle presque toujours par des médiateurs. Il est rare que Dieu se révèle directement à la personne qu’il appelle. Pourquoi recourt-il à des intermédiaires ? Tout d’abord parce qu’il veut associer les humains, ses médiateurs, à son projet de salut, d’amour et de vie. Du côté de celui qui reçoit l’appel, Dieu veut solliciter sa foi ; il doit croire que le Seigneur lui parle par des humains et par des signes. Si Dieu parlait directement, il s’imposerait à son interlocuteur. La foi et la confiance disparaîtraient. La foi des premiers disciples consista à discerner le Fils de Dieu dans le signe de l’homme Jésus ?

Pour entendre l’appel de Dieu et lui répondre, il faut avoir un cœur de pauvre. Celui qui se pense parfait, celui qui s’estime riche, comme Capharnaüm prétendant s’élever jusqu’au ciel, celui-là n’entendra jamais la Parole du Seigneur.

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2022/09/29 – Jn 1, 47-51

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Les “anges” sont des envoyés en mission par Dieu pour le bien d’une personne ou d’un groupe. Leur nom, qui signifie “messager”, indique leur fonction. Les “archanges” appartiennent à un ordre supérieur. Comme ils sont des médiateurs par qui le Seigneur agit, leur nom et leur personnalité sont inconnus, parce qu’ils ne doivent pas attirer l’attention sur eux-mêmes, au point de nous faire oublier que c’est Dieu qui se révèle et agit par eux. À l’époque de l’Apocalypse, l’auteur réagit contre un culte excessif des anges, que certains voulaient adorer (Apoc 19,10 ; 22,8s). Col 2,18 dénonce également “le culte des anges.” Ils sont des serviteurs, qui manifestent la transcendance du Seigneur et sa présence agissante dans le monde.

Seulement trois archanges sont connus par leur nom, ceux dont nous célébrons la fête aujourd’hui. “Michel” dont le nom signifie “Qui est comme Dieu”, dirige le combat dans le ciel contre les mauvais anges. (Apoc 12,7s ; cf. Dan 10,13 ; 12,1) Le Seigneur envoie “Raphaël”, “Dieu guérit”, pour protéger le jeune Tobie, libérer son épouse, Sara, du démon et guérir Tobit, le père, de sa cécité. (Tobit 3,17 ; 12,6-15). “Gabriel” est “l’homme de Dieu”, qui annonce à Daniel la venue Fils de l’homme et sa victoire sur les persécuteurs du peuple de Dieu (Dan 8,16 ; 9,21). Il annonce également à Zacharie la venue du Précurseur, Jean Baptiste (Lc 1,19), et surtout à la mère de Jésus, Marie, la naissance du Sauveur (Lc 1,26).

Pour la fête d’aujourd’hui, la liturgie présente le passage de Jean 1,47ss, qui fait allusion aux “anges qui montent et descendent au-dessus du Fils de l’homme ». Cette image de l’échelle, sur laquelle circulent les anges, évoque leur mission de médiateurs, qui “montent” présenter à Dieu les prières de la terre et qui “descendent” apporter les secours du Seigneur.

La foi de Nathanaël

Quand son ami, Philippe, lui annonce qu’il a découvert Celui que Moïse et les prophètes ont annoncé, le Messie (Jn 1,45), Nathanaël refuse d’accueillir cette invitation. Le scandale de l’Incarnation l’empêche de croire: “Peut-il sortir quelque chose de bon de Nazareth ?” Un homme qui vient d’un petit village ignoré ne peut être le Messie. Comme tous les Juifs, il attend un Messie fulgurant et glorieux. Nous essayons toujours d’imposer nos projections humaines à la révélation de Dieu. En dépit de ce refus, Philippe persuade son ami de venir vers Jésus. En surmontant son préjugé, Nathanaël franchit un premier pas vers la foi et vers la découverte de la véritable identité de Jésus.

De son côté, Jésus accueille Nathanaël par une preuve de sa connaissance surnaturelle et en lui montrant qu’il le connaît d’une manière profonde. Nathanaël est le véritable représentant d’Israël, non pas comme leur ancêtre Jacob, fourbe et menteur. Face à cette clairvoyance de Jésus, Nathanaël proclame la profession de foi la plus profonde de tous les témoins du Christ dans ce préambule de l’Évangile de Jean (1,19-51). “Rabbi”, (Mon Maître), “tu es le Fils (unique) de Dieu”, le titre central de Jésus, qui sera développé dans tout l’Évangile. “Le Roi d’Israël”, est Celui qui, au nom de Dieu, règnera sur son peuple pour en faire l’unité et lui donner la paix et la vie.

“Tu verras mieux encore”

La foi permettra à Nathanaël d’approfondir toujours plus la personne du Christ et sa mission. À travers Nathanaël, cette promesse s’adresse à tout croyant. Jésus s’adresse d’abord au singulier, à Nathanaël, “Tu verras mieux”, puis c’est au pluriel qu’il formule la déclaration solennelle qui suit “Amen, amen, je vous le dis : vous verrez…”, pour signifier que Nathanaël représente tous les croyants de l’avenir. C’est avec les yeux de la foi que le disciple du Christ découvre et connaît toujours mieux le mystère de Dieu et son projet pour le monde. À Marthe, qui ne voit que le cadavre corrompu de son frère, Jésus lui promet : “Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu.” (Jn 11,40)

La citation implicite de Gen 28,12, “Les anges de Dieu montent et descendent au-dessus du Fils de l’homme” rappelle la promesse du Seigneur à Jacob, au moment où celui-ci se trouve dans la plus grande détresse. En songe, Dieu promet un pays à ce fugitif errant et démuni, qui transmettra la bénédiction de Dieu à toutes les nations, comme son ancêtre Abraham (Gen 12,3) et son père Isaac. (Gen 22,18) Jésus affirme solennellement que, maintenant, cette promesse trouve sa pleine réalisation dans la mission du Christ. “Les anges” apportent le secours de Dieu à l’humanité, mais ils descendent et ils montent non plus sur une échelle, mais sur le Fils de l’homme, le parfait et unique Médiateur entre Dieu et l’humanité. Le Prologue de l’Évangile proclamait déjà cette médiation unique: “Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique nous l’a révélé “. (Jn 1,18)

Jean-Louis D’Aragon SJ

(Français) 2022/09/28 – Lc 9, 57-62

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En poursuivant sa route vers Jérusalem, Jésus fait la rencontre d’un homme qui se dit prêt à le suivre partout. Jésus le prévient qu’il n’a pas de demeure fixe nulle part. L’homme n’insiste pas. Jésus en rencontre un autre qu’il appelle à le suivre. L’homme met une condition: il doit d’abord voir aux funérailles de son père. Jésus l’invite à tout laisser mais ne semble pas recevoir de réponse. Un troisième se dit prêt à le suivre après avoir rempli certaines conditions. Jésus répond que pour le suivre il faut être prêt à rompre avec le passé.

Suivre Jésus veut dire évidemment être son disciple. Les gens qui se présentent à Jésus pour le suivre sont donc des candidats à être ses disciples. Le premier a choisi lui-même Jésus comme maître comme faisaient les Juifs qui voulaient étudier un an ou deux avec un rabbin chez qui ils pouvaient recevoir l’hospitalité. La situation de Jésus dans son ministère est fort différente. Il n’a pas un domicile fixe où il pourrait rester ou au moins revenir au terme d’une mission. L’annonce de la venue du Règne de Dieu demande qu’il soit toujours en mouvement pour rejoindre les gens là où ils sont: c’était une différence importante par rapport à Jean Baptiste. Le fait qu’il vient d’être rejeté par un village samaritain montre bien qu’il ne peut pas toujours s’arrêter comme il voudrait. L’avertissement qu’il donne au premier candidat est donc que pour être son disciple et annoncer la Bonne Nouvelle il ne doit pas compter sur ce qui fait ordinairement ses sécurités et c’est l’annonce de la Bonne Nouvelle qui a la priorité.

Pour le second candidat, c’est Jésus qui a pris l’initiative de l’appeler à le suivre. Or, ce candidat, lui, met des conditions: il a un devoir familial à remplir d’abord. Et ce devoir est important même aux yeux de Dieu puisqu’il fait partie de la piété filiale qui est le quatrième commandement du Décalogue. La réponse de Jésus est tranchante: ce candidat doit laisser à d’autres ce devoir. Ceci nous rappelle l’exemple de Jésus lui-même quand on lui dit: Ta mère et tes frères veulent te voir. Il répond: Qui est ma mère? Qui sont mes frères? Montrant ses disciples il dit: Voici ma mère et mes frères. (Matthieu 12,48-49)

Etre disciple peut signifier qu’il y a une distance à prendre par rapport aux liens familiaux. C’est une question de priorité. Il ne faut donc pas l’interpréter comme une défense ou un interdit de ce qui n’est pas prioritaire. Jésus, lui-même, sur la croix confiera sa mère au disciple qu’il aimait. Et c’est ainsi que les chrétiens comprendront cette parole. Ainsi, Pierre qui remplit sa mission d’abord à Jérusalem, puis à Antioche, puis à Rome, n’a pas laissé son épouse à Capharnaüm: elle l’a accompagné, comme le rappelle saint Paul (1 Cor.9,5).

Le troisième candidat est prêt à suivre Jésus mais il pose, lui aussi, une condition: aller faire ses adieux aux siens. La réponse avec la comparaison de la charrue qui oblige à avancer et ne peut reculer semble indiquer que si l’engagement exige une rupture on ne peut pas revenir sur cette rupture. L’engagement ne se fait pas dans un moment d’enthousiasme passager. Il faut vraiment que l’engagement d’annoncer la Bonne Nouvelle soit mis au centre de toute la vie et même du quotidien.

Jean Gobeil SJ