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(Français) 2021/08/31 – Lc 4, 31-37

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Après avoir été rejeté de Nazareth, Jésus descend à Capharnaüm sur le bord du lac de Tibériade. Il enseignait le jour du sabbat et la foule était frappée de son autorité. Dans la synagogue, un homme, possédé d’un esprit impur, l’apostrophe en l’appelant le Saint de Dieu. Jésus menace l’esprit mauvais et lui dit de se taire et de sortir de lui. L’homme tombe à terre mais il est libéré. La frayeur, c’est-à-dire la stupeur devant une manifestation du divin, saisit la foule devant son autorité et sa puissance sur les esprits impurs. La renommée de Jésus se répand dans la région.

Pour comprendre ce que Luc voit dans ce récit, il faut le relier à ce qui précède et en particulier à un thème important dans Luc: la présence de l’Esprit Saint.

Dans les deux premiers chapitres de l’évangile, qu’on appelle l’évangile de l’enfance, Luc a souligné la présence de l’Esprit montrant ainsi que les temps messianiques étaient commencés. Les prophètes avaient annoncé en effet que la présence de l’Esprit Saint serait un signe des temps messianiques et, dans ces premières pages de l’évangile, l’Esprit Saint est fort occupé.

Dans l’annonce à Zacharie, l’ange dit que son fils sera rempli de l’Esprit Saint dès le sein de sa mère. L’ange Gabriel dit à Marie que l’Esprit Saint viendra sur elle. A la Visitation, dès qu’Élisabeth entend la salutation de Marie, elle fut remplie de l’Esprit Saint. A la circoncision de Jean Baptiste, son père fut rempli de l’Esprit Saint et prononça alors son hymne du Benedictus. Lors de la présentation de Jésus au Temple, le vieillard Syméon sur qui reposait l’Esprit Saint vient au Temple poussé par l’Esprit et rencontre les parents de Jésus qui apportaient l’enfant.

La vie publique de Jésus commence avec Jean Baptiste qui, en faisant son ministère, annonce que celui qui viendra après lui baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Quand Jésus est baptisé au Jourdain, l’Esprit Saint descendit sur lui. Jésus revient du Jourdain, rempli de l’Esprit Saint et il est conduit par lui au désert où il est tenté par Satan.

Jésus retourne en Galilée avec la puissance de l’Esprit, dit Luc (4,14). On peut donc, avec Luc, voir dans ce qui suit des manifestations de la présence de l’Esprit. Il y a d’abord l’enseignement : Il enseignait dans leurs synagogues glorifiées par tous. (Luc,4,15)

L’admiration et la louange de la foule reviendront au moins six fois dans Luc. Reliée à la puissance de l’Esprit, on peut aussi voir la mention de la foule qui est frappée par son autorité, comme au début de notre texte aujourd’hui. Même à Nazareth d’où il a été rejeté hier, la première réaction avait été de l’admiration devant les paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche. Ici, avec un exorcisme, il s’agit d’une action au lieu d’un enseignement.

Les actions de Jésus qui guérissent et libèrent avec puissance sont l’œuvre de l’Esprit qui l’habite. La foule voit cette puissance et dit : Il commande avec autorité et puissance aux esprits impurs et ils sortent. Le lecteur, lui, qui sait ce qui a précédé, voit aussi que c’est la présence et la puissance de l’Esprit qui est à l’œuvre dans le Christ, le Messie.

Jean Gobeil SJ

 

 

(Français) 2021/08/30 – Lc 4, 16-30

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Jésus se trouve chez lui, à Nazareth. Le jour du sabbat, il entre dans la synagogue et veut faire la lecture des Écritures. On lui présente le livre d’Isaïe et il trouve un passage qui décrit sa mission prophétique. Il explique : « Cette parole de l’Écriture que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. » Ceux qui l’écoutent se demandent : « N’est-ce pas le fils de Joseph ?» Voyant leur manque de foi, Jésus leur déclare que la bonne nouvelle ainsi rejetée ira aux étrangers. Piqués au vif par cette provocation, ils cherchent à le faire mourir, mais il leur échappe.

Une comparaison de ce passage avec les variantes des deux autres synoptiques montre que la version de Luc est trois fois plus longue. Ici, la dramatisation est beaucoup plus élaborée que chez Marc et Matthieu. Il y a une réelle mise en scène : Jésus se lève, lit, commente la lecture, se heurte à la réticence de l’assemblée, se met en colère et provoque une riposte agressive des siens. En examinant ce que le texte de Luc ajoute à ceux des deux autres évangélistes, on découvre le message qu’il veut transmettre et qui lui est propre. Chez Luc, Jésus prend l’initiative de faire la lecture de l’Écriture. On lui donne le livre d’Isaïe où il trouve un passage qui définit sa mission et précise les bénéficiaires privilégiés de celle-ci: les pauvres, les prisonniers, les aveugles, les opprimés. Trois chapitres plus loin, on retrouve une énumération plus longue des destinataires de la bonne nouvelle : « Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres… » (Lc 7, 23).

Dans l’évangile d’aujourd’hui, l’innovation de Luc par rapport à ce que contient le récit du même épisode chez Marc et Matthieu se trouve ensuite dans les exemples dont Jésus se sert pour rappeler que déjà, dans l’ancienne alliance, Israël n’a pas eu le monopole de l’affection de Dieu. Alors que sévissait une longue famine, il y avait beaucoup de veuves en Israël, mais Élie fut envoyé dans le pays de Sidon, à une veuve de Sarepta. Alors qu’il y avait beaucoup de lépreux en Israël, Élisée ne purifia que Naaman le Syrien. On dirait qu’il y a ici un clin d’œil à l’actualité, aux peuples qui s’affrontent encore dans cette région du monde : une Libanaise et un Syrien ont bénéficié de faveurs que n’ont pas eues les ressortissants du peuple choisi! Mais retournons au temps de Luc: dans ce texte, l’intention évidente de l’évangéliste est de mettre « les siens », c’est-à-dire les païens, sur la liste des destinataires prioritaires du salut. La miséricorde de Dieu ne va donc pas seulement à la rencontre de la misère des déshérités d’Israël, mais aussi aux « nations » qu’une religion tribale rejetait dans les ténèbres extérieures. Comme chez Paul avant lui, il y a dans l’évangile de Luc une formidable relativisation de la notion de « peuple élu » : en Jésus-Christ, l’humanité entière peut accéder au salut. Même de nos jours, cette exigence d’inclusion ou d’universalité n’est pas caduque.

Melchior M’Bonimpa