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2023/08/26 – Mt 23, 1-12

Jésus s’adresse à la foule et à ses disciples. Les scribes et les Pharisiens, en tant qu’occupant la chaire de Moïse, c’est-à-dire en tant que transmettant les paroles de Dieu, doivent être écoutés. Il faut observez ce qu’ils disent mais non pas ce qu’ils font. En outre, leurs interprétations des paroles de Dieu ne sont que de pesants fardeaux qu’ils imposent aux gens et qui servent à assurer leur autorité. Leurs pratiques de piété sont faites pour être vus et ils tiennent aux titres et aux places honorifiques. Suit un enseignement qui n’est pas pour la foule mais pour les disciples. Ils ne doivent pas se faire donner des titres d’honneur comme Rabbi, Père (Abba), Maître. Les fonctions qu’ils occupent doivent être des services et non des postes d’honneur.

Les scribes et les Pharisiens sont nommés ensemble parce qu’ils sont ordinairement des adversaires de Jésus. Les scribes sont ceux des Pharisiens qui sont considérés comme des experts des Ecritures, c’est-à-dire la Loi et les Prophètes. Ainsi, en transmettant les paroles de Moïse ils transmettent la Parole de Dieu: c’est cela occuper la chaire de Moïse. Jésus respecte cette Parole. Il recommande donc d’écouter et d’observer ce que disent les scribes.

Mais il ne faut pas prendre comme modèles à imiter  leur manière de faire. Il avait déjà attaqué leurs interprétations de la Loi qui leur servaient à éviter d’observer des commandements importants (15,5).

Il ajoute ici que ces interprétations qu’ils imposent aux gens servent à assurer leur autorité. Pour cultiver cette autorité, ils ont des pratiques ostentatoires de piété: de gros phylactères et des longues franges à leur manteau. Les phylactères sont des étuis contenant un texte de la Loi qu’on portait sur le front et sur le bras au moment de la prière (Deutéronome 6,8). Les franges, nouées d’une façon spéciale, représentaient les Lois et identifiaient le porteur comme observateur de la Loi et membre du peuple de Dieu (Nombres 15,38). Ils réclamaient des places d’honneur et des salutations spéciales.

Le sermon sur la montagne avait déjà dit que les pratiques de piété, pour être authentiques, devaient être faites pour Dieu et non pour la galerie.

Il y a une rupture au verset 8: Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi… Le Vous représente les disciples et non plus la foule. Matthieu a senti le besoin de faire un rappel à sa communauté. Il a donc pris des paroles de Jésus qui étaient dans un autre contexte pour les grouper ici. Ce qui est visé ce sont des titres honorifiques: Rabbi, Père, Maître. On doit éviter les titres honorifiques. Les seuls titres justifiables dans les communautés chrétiennes primitives seront de titres de fonction: Episcope (surveillant), anciens (presbytres), diacres et diaconesses, comme plus tard lecteur, portier. Ces titres de fonction représentent des services. Le service est la seule chose qu’un chrétien doit chercher, c’est ce que rappelle le titre du pape qui fait précéder sa signature de deux lettres: ss c’est-à-dire Serviteur des serviteurs (Servus servorum). Jésus termine en rappelant : Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.

Jean Gobeil SJ 

 

 

 

 

 

2023/08/25 – Mt 22, 34-40

Après la défaite des Sadducéens par Jésus, des Pharisiens se réunissent pour lui tendre un piège (le même mot que pour Satan dans les trois tentations au désert). Ils lui posent une question qui était d’ailleurs très discutée parmi les docteurs de la Loi: quel est le plus grand commandement? Jésus répond en citant le Deutéronome: Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit. C’est le premier commandement, mais il ajoute que le second lui est semblable et il cite le livre du Lévitique: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Jésus conclut: À ces deux commandements se rattachent la Loi et les Prophètes.

Matthieu a groupé plusieurs controverses supposées se dérouler dans le temple. Les disciples des Pharisiens et des Hérodiens ont commencé avec une question sur l’impôt à César. Ensuite des Sadducéens essaient de tourner en ridicule la résurrection des morts que les pharisiens admettent comme Jésus. La réponse de Jésus provoque l’admiration de la foule. Les pharisiens se réunissent alors en groupe et envoie un des leurs poser une question sur un sujet très discuté: quel est le plus grand commandement?

Moïse, au Sinaï, a reçu de Dieu les dix commandements. Mais depuis ce temps-là, les Pharisiens ont appliqué ces commandements à tous les détails de la vie courante et ils ont même compté les commandements: au lieu de dix, ils arrivent à un total de 613, dont 365 négatifs, ce qu’on ne doit pas faire, et 248 positifs, ce qu’on doit faire. C’était donc un bon sujet de discussion: lequel est le premier ou le plus grand commandement.

L’interlocuteur de Jésus l’appelle Maître, c’est-à-dire celui qui enseigne. C’est poli mais c’est en même temps une sorte de défi. C’est comme dire: Toi qui enseignes, qu’est-ce que tu réponds à cette question?

Jésus répond avec une citation du Deutéronome (6,4), citation qui encore aujourd’hui fait partie de la prière que les Juifs récitent matin et soir et dans les occasions de danger.

Ecoute, Israël. Le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur (du plus profond de toi-même), de toute ton âme (de toutes tes énergies), de tout ton esprit (de toutes tes pensées).

Dieu veut non seulement de l’obéissance aux commandements mais encore une réponse d’amour, et les prophètes comme les Psaumes ont parlé de la tendresse de Dieu.

Jésus ne cite donc pas quelque chose de nouveau. Ce qui est original, c’est de lier un deuxième commandement au premier et de les considérer comme inséparables. Il cite le Lévitique (19,8) : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

C’est comme s’il avait réuni Osée, le premier commandement de l’amour de Dieu, à Amos, la justice envers le prochain sans laquelle on ne peut avoir de rapport avec Dieu.

Matthieu ne dit pas comment les Pharisiens ont réagi mais on ne voit pas comment ils n’auraient pas pu être d’accord.

Jean Gobeil SJ

 

 

2023/08/24 – Jn 1, 45-51

Les « anges » sont des envoyés en mission par Dieu pour le bien d’une personne ou d’un groupe. Leur nom, qui signifie « messager », indique leur fonction. Les « archanges » appartiennent à un ordre supérieur. Comme ils sont des médiateurs par qui le Seigneur agit, leur nom et leur personnalité sont inconnus, parce qu’ils ne doivent pas attirer l’attention sur eux-mêmes, au point de nous faire oublier que c’est Dieu qui se révèle et agit par eux. À l’époque de l’Apocalypse, l’auteur réagit contre un culte excessif des anges, que certains voulaient adorer (Apoc 19,10 ; 22,8s). Col 2,18 dénonce également « le culte des anges. » Ils sont des serviteurs, qui manifestent la transcendance du Seigneur et sa présence agissante dans le monde.

Seulement trois archanges sont connus par leur nom, ceux dont nous célébrons la fête aujourd’hui. « Michel » dont le nom signifie « Qui est comme Dieu », dirige le combat dans le ciel contre les mauvais anges. (Apoc 12,7s ; cf. Dan 10,13 ; 12,1) Le Seigneur envoie « Raphaël », « Dieu guérit », pour protéger le jeune Tobie, libérer son épouse, Sara, du démon et guérir Tobit, le père, de sa cécité. (Tobit 3,17 ; 12,6-15). « Gabriel » est « l’homme de Dieu », qui annonce à Daniel la venue Fils de l’homme et sa victoire sur les persécuteurs du peuple de Dieu (Dan 8,16 ; 9,21). Il annonce également à Zacharie la venue du Précurseur, Jean Baptiste (Lc 1,19), et surtout à la mère de Jésus, Marie, la naissance du Sauveur (Lc 1,26).

Pour la fête d’aujourd’hui, la liturgie présente le passage de Jean 1,47ss, qui fait allusion aux « anges qui montent et descendent au-dessus du Fils de l’homme ». Cette image de l’échelle, sur laquelle circulent les anges, évoque leur mission de médiateurs, qui « montent » présenter à Dieu les prières de la terre et qui « descendent » apporter les secours du Seigneur.

La foi de Nathanaël

Quand son ami, Philippe, lui annonce qu’il a découvert Celui que Moïse et les prophètes ont annoncé, le Messie (Jn 1,45), Nathanaël refuse d’accueillir cette invitation. Le scandale de l’Incarnation l’empêche de croire: « Peut-il sortir quelque chose de bon de Nazareth ? » Un homme qui vient d’un petit village ignoré ne peut être le Messie. Comme tous les Juifs, il attend un Messie fulgurant et glorieux. Nous essayons toujours d’imposer nos projections humaines à la révélation de Dieu. En dépit de ce refus, Philippe persuade son ami de venir vers Jésus. En surmontant son préjugé, Nathanaël franchit un premier pas vers la foi et vers la découverte de la véritable identité de Jésus.

De son côté, Jésus accueille Nathanaël par une preuve de sa connaissance surnaturelle et en lui montrant qu’il le connaît d’une manière profonde. Nathanaël est le véritable représentant d’Israël, non pas comme leur ancêtre Jacob, fourbe et menteur. Face à cette clairvoyance de Jésus, Nathanaël proclame la profession de foi la plus profonde de tous les témoins du Christ dans ce préambule de l’Évangile de Jean (1,19-51). « Rabbi », (Mon Maître),  « tu es le Fils (unique) de Dieu », le titre central de Jésus, qui sera développé dans tout l’Évangile. « Le Roi d’Israël », est Celui qui, au nom de Dieu, règnera sur son peuple pour en faire l’unité et lui donner la paix et la vie.

« Tu verras mieux encore »

La foi permettra à Nathanaël d’approfondir toujours plus la personne du Christ et sa mission. À travers Nathanaël, cette promesse s’adresse à tout croyant. Jésus s’adresse d’abord au singulier, à Nathanaël, « Tu verras mieux », puis c’est au pluriel qu’il formule la déclaration solennelle qui suit « Amen, amen, je vous le dis : vous verrez… », pour signifier que Nathanaël représente tous les croyants de l’avenir. C’est avec les yeux de la foi que le disciple du Christ découvre et connaît toujours mieux le mystère de Dieu et son projet pour le monde. À Marthe, qui ne voit que le cadavre corrompu de son frère, Jésus lui promet : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » (Jn 11,40)

La citation implicite de Gen 28,12, « Les anges de Dieu montent et descendent au-dessus du Fils de l’homme » rappelle la promesse du Seigneur à Jacob, au moment où celui-ci se trouve dans la plus grande détresse. En songe, Dieu promet un pays à ce fugitif errant et démuni, qui transmettra la bénédiction de Dieu à toutes les nations, comme son ancêtre Abraham (Gen 12,3) et son père Isaac. (Gen 22,18) Jésus affirme solennellement que, maintenant, cette promesse trouve sa pleine réalisation dans la mission du Christ. « Les anges » apportent le secours de Dieu à l’humanité, mais ils descendent et ils montent non plus sur une échelle, mais sur le Fils de l’homme, le parfait et unique Médiateur entre Dieu et l’humanité. Le Prologue de l’Évangile proclamait déjà cette médiation unique: « Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique nous l’a révélé « . (Jn 1,18)

Jean-Louis D’Aragon SJ

2023/08/23 – Mt 20, 1-16

Jésus dit aux disciples que le Royaume des cieux est comme la parabole suivante. Le maître d’une vigne embauche des ouvriers le matin et se met d’accord pour le salaire d’un denier. Il en embauche d’autres à neuf heures, puis à cinq heures pour le même salaire. Le soir venu, il fait payer les salaires en commençant par les derniers qui reçoivent un denier; ensuite de même pour les ouvriers du milieu du jour. Quand les ouvriers du matin reçoivent le même salaire, ils récriminent contre le maître de la vigne. Celui-ci leur dit qu’ils ont reçu ce qui était convenu et qu’ils ne doivent pas voir d’un mauvais oeil sa générosité. Jésus conclut en disant que c’est ainsi que les derniers seront premiers et les premiers derniers.

La communauté pour laquelle Matthieu écrit est composée en majorité de judéo-chrétiens. Il y avait le danger de la jalousie vis-à-vis des pécheurs et des païens convertis comme le montre Luc dans la parabole de l’enfant prodigue où le frère aîné est jaloux de la fête donnée pour le retour de son frère. Dans la parabole ici, les judéo-chrétiens pouvaient se reconnaître dans les ouvriers qui ont travaillé toute la journée et voir les païens et les pécheurs dans ceux qui n’ont travaillé qu’une heure.

La conclusion de la parabole montre bien d’abord que la générosité de Dieu est pour tous et qu’elle n’est pas basée sur ce que les hommes peuvent fournir. La justice humaine a été satisfaite puisque le salaire est en conformité avec le contrat initial. Mais comme Dieu l’a souvent répété dans l’Ancien Testament, la justice de Dieu n’est pas celle des hommes. On le voit, par exemple, dans la conclusion du livre de Jonas, qui montre que la compassion et la miséricorde font partie de la justice de Dieu.

Mais la première chose à retenir pour les auditeurs de Matthieu est que la générosité de Dieu pour les ouvriers de la dernière heure n’enlève rien aux ouvriers de la première heure. Et la seconde chose est que les ouvriers de la première heure, recevant le même montant, sont eux aussi l’objet de la générosité de Dieu, ce qui est exactement ce que le père de l’enfant prodigue disait au frère aîné.

Jean Gobeil SJ

 

 

 

 

 

2023/08/22 – Lc 1, 26-38

Alors qu’Elisabeth est enceinte et rendu à son sixième mois, l’ange Gabriel est envoyé par Dieu à une jeune fille de Nazareth, du nom de Marie, promise en mariage à un descendant de David, du nom de Joseph. L’ange lui dit:

Réjouis-toi, toi qui as-été-et-continues-d’être comblée de grâce, le Seigneur est avec toi.

Marie se demandait ce que signifiait cette salutation. L’ange lui annonce qu’elle aura un fils, que son nom sera Jésus. Il sera appelé Fils du Très-Haut et son Règne n’aura pas de fin. Marie demande comment cela se fera. L’ange lui annonce que ce sera l’Esprit Saint qui viendra sur elle et que la puissance du Très-Haut sera sa protection. Celui qui naîtra sera saint et sera appelé Fils de Dieu. Pour donner un signe de ce que pour Dieu rien n’est impossible, il lui annonce qu’Élisabeth qui était stérile va avoir un enfant. Marie répond: Voici la servante du Seigneur.
Après l’annonciation à Zacharie du fils qu’il aurait, nous avons une seconde annonciation par le même ange Gabriel, envoyé par Dieu. Il s’agit de la réalisation de la Bonne Nouvelle.
La salutation de l’ange est Réjouis-toi. Dans une manifestation de Dieu, c’est le premier sens du verbe: une invitation à la joie ou à l’allégresse comme dans le prophète Sophonie à propos de la venue de Dieu:
Réjouis toi fortement, fille de Sion!… Yahvé est roi
(en ton sein). Ton Dieu est au milieu de toi, Héros Sauveur (Jésus = Yahvé-Sauve).     (Sophonie 3,14-17)
Le rappel que Marie a été comblée dans le passé et jusqu’à maintenant de la faveur de Dieu indique qu’elle fait partie d’une préparation et d’un plan de Dieu.
Le Seigneur est avec toi, dit l’ange. C’est la phrase que Dieu choisit ordinairement pour rassurer celui à qui il va confier une mission qui, elle, n’est pas rassurante..
C’est pour cela qu’elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. Qu’est-ce que Dieu voulait ?
L’ange commence par la rassurer et ensuite lui annonce qu’elle aura un fils qu’elle devra appeler Jésus, ce qui signifie Yahvé-Sauve. Il sera appelé Fils du Très-Haut. Il occupera le trône de David  et son règne n’aura pas de fin.
Marie pose alors une question. A la différence de Zacharie, elle ne doute pas mais veut savoir ce qu’elle doit faire pour cela. Elle n’est pas de la descendance de David comme Joseph. Et elle ne cohabite pas encore avec Joseph.
C’est la puissance de Dieu qui lui donnera ce fils et la présence de l’Esprit Saint. Il sera appelé Fils de Dieu. Et l’ange lui donne comme signe de la puissance de Dieu la grossesse d’Élisabeth. Il termine avec une phrase qui a déjà été employée par un ange. L’ange qui annonçait à Abraham qu’il aurait un fils n’avait pas été trop charmé par la réaction de Sarah qui avait le fou rire dans la tente. Il avait alors déclaré: Il n’y a rien de trop merveilleux pour Dieu.
Gabriel dit : Rien n’est impossible à Dieu.
Marie répond humblement : Voici la servante du Seigneur.

Jean Gobeil SJ 

 

2023/08/21 – Mt 19, 16-22

Un jeune homme demande à Jésus qu’est-ce qu’il doit faire pour avoir la vie éternelle. Jésus répond, un peu sèchement, en rappelant que cette question ne doit pas oublier qu’il s’agit de répondre à un Dieu qui est bon. Ce que Dieu demande d’abord c’est l’observance des commandements. Il lui rappelle les commandements vis-à-vis du prochain, en concluant: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Le jeune homme dit avoir observé tout cela depuis son enfance. Il demande qu’est-ce qui lui manque encore. Jésus lui répond: Si tu veux être parfait, sépare-toi de tes richesses et suis-moi. Et le jeune homme s’en alla tout triste car il avait de grands biens.

Un jeune homme riche vient voir Jésus. Il faisait peut-être comme on faisait à l’époque. L’historien juif de la génération suivante, Flavius Josèphe rapporte que dans sa jeunesse il fit des séjours auprès de maîtres, rabbins ou philosophes. C’est peut-être ce que veut faire ce jeune homme.

Jésus commence donc par lui rappeler qu’il ne s’agit pas de quelque chose mais de quelqu’un: il s’agit d’une relation avec Dieu. Jésus commence par ce que Dieu demande: les commandements. Il lui rappelle les commandements touchant à la conduite vis-à-vis du prochain et termine avec l’amour du prochain, tel que stipulé dans le Lévitique (19,18).

Le jeune dit avoir observé tout cela et il semble bien sincère. Ce qui suit n’est plus de l’ordre des commandements. C’est une offre que Jésus lui fait. Si tu veux être parfait….

Mais Jésus a employé le même mot, dans le sermon sur la montagne, pour dire que ses disciples doivent être parfaits comme leur Père céleste. C’est bien une invitation à être son disciple: Suis-moi

Mais pour être son disciple, il faut qu’il se libère de ses richesses. Le jeune homme n’est pas capable d’abandonner ce qui fait sa sécurité. Il ne donne pas de fausse raison. Il s’en va triste.

Les disciples ne peuvent oublier l’aide au prochain mais ici, il semble que le point précis est la disponibilité. Après tout, Pierre n’a pas vendu sa maison avant de suivre Jésus. On voit dans le livre des Actes, Barnabé faire exactement cela et venir déposer l’argent aux pieds des apôtres. Mais cela semble exceptionnel. Marie, la mère de Marc, cousin de Barnabé et très probablement l’auteur d’un évangile, n’avait pas vendu sa maison: c’est là que se réunissait l’église pour prier quand Pierre était en prison. (Actes 12,12). Mais il est également clair dans l’église primitive que les chrétiens gardaient leurs biens disponibles pour aider ceux qui étaient dans le besoin.

Mais pour être disponible, il faut être capable de se libérer…

Jean Gobeil SJ

2022/08/20 – Mt 23, 1-12

Jésus s’adresse à la foule et à ses disciples. Les scribes et les Pharisiens, en tant qu’occupant la chaire de Moïse, c’est-à-dire en tant que transmettant les paroles de Dieu, doivent être écoutés. Il faut observer ce qu’ils disent mais non pas ce qu’ils font. En outre, leurs interprétations des paroles de Dieu ne sont que de pesants fardeaux qu’ils imposent aux gens et qui servent à assurer leur autorité. Leurs pratiques de piété sont faites pour être vus et ils tiennent aux titres et aux places honorifiques. Suit un enseignement qui n’est pas pour la foule mais pour les disciples. Ils ne doivent pas se faire donner des titres d’honneur comme Rabbi, Père (Abba), Maître. Les fonctions qu’ils occupent doivent être des services et non des postes d’honneur.

Les scribes et les Pharisiens sont nommés ensemble parce qu’ils sont ordinairement des adversaires de Jésus. Les scribes sont ceux des Pharisiens qui sont considérés comme des experts des Écritures, c’est-à-dire la Loi et les Prophètes. Ainsi, en transmettant les paroles de Moïse ils transmettent la Parole de Dieu: c’est cela occuper la chaire de Moïse. Jésus respecte cette Parole. Il recommande donc d’écouter et d’observer ce que disent les scribes.

Mais il ne faut pas prendre comme modèles à imiter leur manière de faire. Il avait déjà attaqué leurs interprétations de la Loi qui leur servaient à éviter d’observer des commandements importants (15,5). Il ajoute ici que ces interprétations qu’ils imposent aux gens servent à assurer leur autorité. Pour cultiver cette autorité, ils ont des pratiques ostentatoires de piété: de gros phylactères et des longues franges à leur manteau. Les phylactères sont des étuis contenant un texte de la Loi qu’on portait sur le front et sur le bras au moment de la prière (Deutéronome 6,8). Les franges, nouées d’une façon spéciale, représentaient les Lois et identifiaient le porteur comme observateur de la Loi et membre du peuple de Dieu (Nombres 15,38). Ils réclamaient des places d’honneur et des salutations spéciales. Le sermon sur la montagne avait déjà dit que les pratiques de piété, pour être authentiques, devaient être faites pour Dieu et non pour la galerie.

Il y a une rupture au verset 8: Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi  ... Le Vous représente les disciples et non plus la foule. Matthieu a senti le besoin de faire un rappel à sa communauté. Il a donc pris des paroles de Jésus qui étaient dans un autre contexte pour les grouper ici. Ce qui est visé ce sont des titres honorifiques: Rabbi, Père, Maître. On doit éviter les titres honorifiques. Les seuls titres justifiables dans les communautés chrétiennes primitives seront de titres de fonction: Épiscope (surveillant), anciens (presbytres), diacres et diaconesse, comme plus tard lecteur, portier. Ces titres de fonction représentent des services. Le service est la seule chose qu’un chrétien doit chercher, c’est ce que rappelle le titre du pape qui fait précéder sa signature de deux lettres: ss c’est-à-dire Serviteur des serviteurs (Servus servorum). Jésus termine en rappelant : Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.

Jean Gobeil SJ

 

 

 

 

2022/08/19 – Mt 22, 34-40

Après la défaite des Sadducéens par Jésus, des Pharisiens se réunissent pour lui tendre un piège (le même mot que pour Satan dans les trois tentations au désert). Ils lui posent une question qui était d’ailleurs très discutée parmi les docteurs de la Loi: quel est le plus grand commandement? Jésus répond en citant le Deutéronome: Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit. C’est le premier commandement, mais il ajoute que le second lui est semblable et il cite le livre du Lévitique: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Jésus conclut: À ces deux commandements se rattachent la Loi et les Prophètes.

Matthieu a groupé plusieurs controverses supposées se dérouler dans le temple. Les disciples des Pharisiens et des Hérodiens ont commencé avec une question sur l’impôt à César. Ensuite des Sadducéens essaient de tourner en ridicule la résurrection des morts que les pharisiens admettent comme Jésus. La réponse de Jésus provoque l’admiration de la foule. Les pharisiens se réunissent alors en groupe et envoie un des leurs poser une question sur un sujet très discuté: quel est le plus grand commandement ?

Moïse, au Sinaï, a reçu de Dieu les dix commandements. Mais depuis ce temps-là, les Pharisiens ont appliqué ces commandements à tous les détails de la vie courante et ils ont même compté les commandements: au lieu de dix, ils arrivent à un total de 613, dont 365 négatifs, ce qu’on ne doit pas faire, et 248 positifs, ce qu’on doit faire. C’était donc un bon sujet de discussion: lequel est le premier ou le plus grand commandement.

L’interlocuteur de Jésus l’appelle Maître, c’est-à-dire celui qui enseigne. C’est poli mais c’est en même temps une sorte de défi. C’est comme dire: Toi qui enseignes, qu’est-ce que tu réponds à cette question ?

Jésus répond avec une citation du Deutéronome (6,4), citation qui encore aujourd’hui fait partie de la prière que les Juifs récitent matin et soir et dans les occasions de danger.

Ecoute, Israël. Le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur (du plus profond de toi-même), de toute ton âme (de toutes tes énergies), de tout ton esprit (de toutes tes pensées).

Dieu veut non seulement de l’obéissance aux commandements mais encore une réponse d’amour, et les prophètes comme les Psaumes ont parlé de la tendresse de Dieu.

Jésus ne cite donc pas quelque chose de nouveau. Ce qui est original, c’est de lier un deuxième commandement au premier et de les considérer comme inséparables. Il cite le Lévitique (19,8) : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

C’est comme s’il avait réuni Osée, le premier commandement de l’amour de Dieu, à Amos, la justice envers le prochain sans laquelle on ne peut avoir de rapport avec Dieu.

Matthieu ne dit pas comment les Pharisiens ont réagi mais on ne voit pas comment ils n’auraient pas pu être d’accord.

 Jean Gobeil SJ

 

 

2022/08/18 – Mt 22, 1-14

Jésus annonce une parabole sur le Royaume des cieux. Un roi envoie des serviteurs pour inviter des gens aux noces de son fils. Certains préfèrent s’en aller à leur champ ou à leur commerce, d’autres maltraitent et même tuent les serviteurs du roi. Le roi en colère envoya ses troupes tuer les meurtriers et brûler leur ville. Le roi envoie ensuite des serviteurs sur les chemins pour rassembler ceux qu’ils verraient, les bons comme les mauvais, et remplir la salle de noce. Le roi découvre un convive qui n’a pas le vêtement de noce; il le fait jeter dehors. La conclusion: une multitude est appelée mais les élus sont peu nombreux.

L’évangile présente une journée de prédication de Jésus au temple. Dans une série de trois paraboles, Jésus illustre le refus d’Israël à l’invitation de Dieu. La première décrivait des enfants (les Juifs) qui refusaient de participer à un jeu de funérailles (le message de Jean Baptiste) et qui refusaient aussi de jouer dans une célébration joyeuse (le Message de Jésus). La seconde était celle des vignerons chargés d’une vigne (les autorités d’Israël) qui refusaient ou maltraitaient les envoyés (les prophètes) du maître de la vigne (Dieu) et qui finissaient par tuer le fils du maître de la vigne (Jésus). Le maître remplacera ces vignerons par d’autres (les païens et les pécheurs).

La troisième est celle que nous avons aujourd’hui. Elle aussi est remplie de traits allégoriques. Le roi qui envoie des serviteurs est Dieu. Les serviteurs sont les prophètes mais aussi les apôtres à cause de la mention des noces.

Les noces étaient une figure déjà employée par Osée pour illustrer la relation que Dieu voulait avoir avec son peuple : Je te fiancerai à moi pour toujours; je te fiancerai dans la justice et dans le droit, dans la tendresse et la miséricorde; je te fiancerai à moi dans la fidélité, et tu connaîtras Yahvé.  (Osée 2,21-22)

La félicité messianique sera illustrée par la joie des noces et Jésus, lui-même, se présentera comme l’époux en disant que les disciples ne peuvent mener le deuil, c’est-à-dire jeûner, quand l’époux (lui-même) est présent parmi eux  (Matthieu 9,15). La mention des noces du fils indique donc que le temps de cette première partie du texte est le temps historique, le temps vécu par les apôtres. C’est le temps du rejet des envoyés de Dieu, de Jésus et de ses disciples.

La mention que le roi enverra des serviteurs brûler la ville évoque la destruction de Jérusalem en l’an 70 que le rédacteur de l’évangile a connue.

Le roi envoie chercher en dehors de la ville, sur les routes (en dehors de la Palestine), les bons et les méchants pour qu’ils viennent au banquet. C’est une référence aux païens et aux pécheurs qui sont maintenant appelés à faire partie du Royaume, un rappel que Matthieu sent le besoin de faire pour sa communauté.

La partie qui suit est une seconde parabole. Le temps n’est plus le même. C’est le temps du banquet céleste et le temps du jugement dernier. Quelqu’un a accepté l’invitation au banquet céleste mais il n’a pas la tenue convenable. Il est donc exclus de ce banquet. Ce personnage représente quelqu’un qui a accepté le Christ mais n’a jamais produit aucune oeuvre de justice.

C’est donc un rappel à la communauté de Matthieu et à la nôtre que la foi sans les oeuvres n’est pas suffisante.

La conclusion sur le grand nombre d’invités et le petit nombre d’élus, venant après l’exclusion de l’invité qui n’avait pas le vêtement de noce, est peut-être apportée pour les chrétiens: ils sont des invités qui ont accepté l’invitation: il ne faut pas qu’ils se considèrent des élus et qu’ils oublient les fruits qu’ils doivent produire.

Jean Gobeil SJ

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2022/08/17 – Mt 20, 1-16

Jésus dit aux disciples que le Royaume des cieux est comme la parabole suivante. Le maître d’une vigne embauche des ouvriers le matin et se met d’accord pour le salaire d’un denier. Il en embauche d’autres à neuf heures, puis à cinq heures pour le même salaire. Le soir venu, il fait payer les salaires en commençant par les derniers qui reçoivent un denier; ensuite de même pour les ouvriers du milieu du jour. Quand les ouvriers du matin reçoivent le même salaire, ils récriminent contre le maître de la vigne. Celui-ci leur dit qu’ils ont reçu ce qui était convenu et qu’ils ne doivent pas voir d’un mauvais oeil sa générosité. Jésus conclut en disant que c’est ainsi que les derniers seront premiers et les premiers derniers.

La communauté pour laquelle Matthieu écrit est composée en majorité de judéo-chrétiens. Il y avait le danger de la jalousie vis-à-vis des pécheurs et des païens convertis comme le montre Luc dans la parabole de l’enfant prodigue où le frère aîné est jaloux de la fête donnée pour le retour de son frère. Dans la parabole ici, les judéo-chrétiens pouvaient se reconnaître dans les ouvriers qui ont travaillé toute la journée et voir les païens et les pécheurs dans ceux qui n’ont travaillé qu’une heure.

La conclusion de la parabole montre bien d’abord que la générosité de Dieu est pour tous et qu’elle n’est pas basée sur ce que les hommes peuvent fournir. La justice humaine a été satisfaite puisque le salaire est en conformité avec le contrat initial. Mais comme Dieu l’a souvent répété dans l’Ancien Testament, la justice de Dieu n’est pas celle des hommes. On le voit, par exemple, dans la conclusion du livre de Jonas, qui montre que la compassion et la miséricorde font partie de la justice de Dieu.

Mais la première chose à retenir pour les auditeurs de Matthieu est que la générosité de Dieu pour les ouvriers de la dernière heure n’enlève rien aux ouvriers de la première heure. Et la seconde chose est que les ouvriers de la première heure, recevant le même montant, sont eux aussi l’objet de la générosité de Dieu, ce qui est exactement ce que le père de l’enfant prodigue disait au frère aîné.

Jean Gobeil SJ