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(Français) 2202/12/02 – Mt 9, 27-31

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Deux aveugles suivent Jésus en criant: Aie pitié de nous, fils de David. Ils le rejoignent quand il entre dans la maison. Jésus leur demande s’ils croient qu’il peut faire cela. Ils répondent oui. Jésus leur touche les yeux en disant: Que tout se fasse selon votre foi. Ils sont guéris. Jésus leur donne la consigne du silence.

Le titre, Fils de David, employé par les deux aveugles, est un titre chargé de toute l’espérance d’Israël. L’importance de ce titre remonte à la promesse du prophète Nathan à David qu’il y aurait une dynastie après lui. La promesse laissait entrevoir que dans cette dynastie il y aurait un descendant privilégié en qui Dieu se complairait.   (2 Samuel, 7)

Lorsque Achaz, un descendant de David, est menacé d’être détrôné par des rois voisins, le prophète Isaïe le réconforte en lui annonçant la naissance d’un enfant ce qui est un signe de la protection de Dieu sur la dynastie de David. C’est pour cette raison qu’Isaïe donne à l’enfant le nom d’Emmanuel qui signifie Dieu-avec-nous: il apporte le salut à son peuple. (Is.7, 14)

Isaïe le compare à une grande lumière pour le peuple qui marchait dans les ténèbres (9,1). Dieu lui donnera le pouvoir et il sera un Conseiller-merveilleux et un Prince-de-paix: il apportera le salut à son peuple (9,5). Isaïe parle aussi d’un personnage dans le futur, un rejeton de Jessé, le père de David, qui recevra l’Esprit de Yahvé avec tous ses dons (11,2).

Quelques années après Isaïe, le prophète Michée parle de la naissance d’un roi-messie à Bethléem, lieu d’origine de David: Bethléem: c’est de toi que naîtra celui qui doit régner sur Israël. (5,1)

Il réunira Israël, le peuple de Dieu et le conduira avec la puissance de Yahvé comme un pasteur mène son troupeau.

C’est là l’esquisse du futur Messie (“consacré – par – l’onction”). Il sera choisi et consacré par Dieu. Il recevra l’Esprit de Yahvé. Il sera de la lignée de David et réalisera la promesse que Dieu lui avait faite. Il régnera sur le peuple de Dieu qu’il aura réuni. Il apportera le salut, c’est-à-dire une libération.

C’est une libération, une guérison dont les deux aveugles ont besoin. En invoquant Jésus comme fils de David ils ont la foi qu’il peut répondre à l’attente d’Israël. Et Jésus leur rend la vue. Pour lui, cette libération de la cécité est une image de la libération qu’il apporte et qui va plus loin que la guérison  corporelle. C’est pour cette raison qu’il leur donne la consigne du silence: il ne veut pas qu’on le prenne seulement pour un guérisseur matériel comme il ne veut pas non plus qu’on le prenne pour un libérateur politique. L’attente d’Israël était réelle mais les formes concrètes de cette attente étaient bien variées au temps de Jésus et elles risquaient souvent de déformer sa mission.

Fils de David, aie pitié de nous. C’est, par le rappel de David, un appel à la fidélité de Dieu. Mais c’est aussi un appel à sa compassion et Jésus n’est pas indifférent aux infirmités et aux maladies qui privent les gens de leur liberté. C’est ce que montre son geste de compassion: il leur toucha les yeux.

Jean Gobeil SJ

 

 

(Français) 2022/12/01 – Mt 7, 21.24-27

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Je crois, mais je ne pratique pas.” Combien de fois a-t-on entendu cette formule pour décrire sa condition spirituelle. Croire peut être rassurant, mais on ne fait aucun effort pour exprimer sa relation à Dieu. Pourquoi consacrer un peu de temps à la prière ou pour se joindre à une communauté qui célèbre l’eucharistie? Pourquoi perdre son temps dans une rencontre avec le Seigneur, qu’on soit seul ou avec un groupe? Un recensement nous révèle que la majorité de nos concitoyens se déclarent chrétiens, mais que très peu fréquentent une église sauf, à Noël et à Pâques?

Jésus a développé dans trois longs chapitres la charte de la vie chrétienne. Le “Sermon sur la montagne” suscite l’admiration d’un grand nombre, mais suffit-il de l’admirer ou même d’en parler? Pour conclure tout son enseignement, Jésus affirme, dans deux images opposées, que sa parole exige de s’épanouir dans une conduite humaine qui la rende vivante et visible.

Chacun et chacune d’entre nous ressentons des émotions et des sentiments, nous réfléchissons, nous parvenons à des convictions que nous exprimons par la parole. Mais une telle démarche n’engage pas notre personne, ce n’est que de la théorie. Aussi longtemps que nos belles idées ne suscitent pas nos actions, ne dirigent pas notre agir et n’imprègnent pas notre personne, elles ne sont que du vent qui passe et qui disparaît au loin. Si on ne s’engage, nous vivons dans l’illusion.

Tout en nous s’ordonne à l’action et produit des fruits dans notre conduite. Celui qui ne se soucie pas d’agir, celui qui ne veut pas faire l’effort de rendre concrète sa foi, celui qui emprisonne en lui-même ses fragiles convictions, celui qui n’ose pas se compromettre, est comparable à un handicapé qui n’a plus de mains, ni de pieds. Il ressent, il désire, mais il ne fait rien. Il demeure impuissant. Ses pensées généreuses, son idéal de bonheur lui donnent l’illusion d’être en sécurité, en accord avec son Seigneur.

Si on ne pratique pas, on accepte par le fait même d’être inutile, on glisse lentement vers la stérilité et la désespérance. Combien de retraités sans occupation, sans motif de vivre, se sentent inutiles, dévalorisés à leurs propres yeux, et qui descendent vers la dépression! Au contraire, des bénévoles, qui rendent service gratuitement, se sentent vivants et épanouis après une action généreuse.

Toute parole et toute action pour notre voisin nous sort de nous-mêmes, nous permet d’entrer en communication avec les autres et avec Dieu. Autrement, nous demeurons seuls, enfermés dans la pauvreté de notre solitude. Jésus nous enseigne que la vraie recette du bonheur, c’est l’ouverture aux autres, donner de son temps pour rendre son prochain heureux. Il est étonnant qu’on trouve le bonheur en le donnant aux autres. On découvre alors que notre maison repose sur le roc.

Jean-Louis D’Aragon S.J.

(Français) 2022/11/30 – Mt 4, 18-22

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Comme Jésus marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets: c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit:    “Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes.” Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.   Plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans leur barque avec leur père, en train de préparer leurs filets. Il les appela. Aussitôt, laissant leur barque et leur père, ils le suivirent.

Nous célébrons aujourd’hui la mémoire d’un apôtre, l’un des Douze qui rappellent et continuent le même peuple élu par Dieu, peuple descendant des douze patriarches et constitué par douze tribus. Ce groupe des Douze, que le Christ a choisi pour être ses témoins oculaires privilégiés, sont au point de départ de la tradition chrétienne.

André, associé à son frère Simon, surnommé Pierre par Jésus, devint le premier disciple de Jésus (Jn 1,40). La tradition chrétienne l’a vénéré, en particulier l’Église de Constantinople et l’Église d’Écosse, qui l’ont choisi comme leur patron.

Le Seigneur, dans l’histoire ancienne, a fait toujours les premiers pas pour instaurer un dialogue avec celui qu’il a choisi. Comme il est l’Amour, il interpelle et fait le premier geste, prenant  le risque d’essuyer un refus. Présent dans son Fils Jésus, Dieu manifeste toujours le même amour qui prévient et qui se compromet. En appelant des disciples, Dieu nous invite à réaliser des rêves qui dépassent tous nos petits projets, limités, mais qui ne visent que l’immédiat.

L’appel de Jésus à deux groupes de frères se répète dans deux scènes parallèles, avec la même invitation et la même réponse. Suivre le Christ comprend d’abord une conversion, le renoncement à tout le passé. Dans le cas des deux groupes de frères, ceux-ci quittent immédiatement leur métier et, dans le second exemple, il laisse même leur père. Ce qu’ils quittent n’est nullement mauvais, mais ce passé n’entre plus dans la vocation qu’ils reçoivent. Pour devenir disciple du Christ, il faut marcher dans ses pas, délaissant tout ce qui se trouve en arrière ou en marge de cette voie vers l’avenir.

C’est le sacrifice que le disciple consent par amour du Seigneur, croyant que Dieu lui rendra au centuple ce qu’il a abandonné: “Je vous ferai pêcheurs d’hommes.” Le Christ les prend avec leur expérience de pêcheurs, mais il élève leur identité à un niveau complètement supérieur. Dieu ne détruit nullement l’identité, le caractère, qu’il nous a donné, mais il le transfigure dans un registre jusque-là inconnu. Jésus ne fait pas simplement un jeu de mots, mais il exprime cette vérité que son appel modifiera totalement l’avenir de ses disciples, tout en conservant leur personnalité avec ses traits distinctifs.

L’appel du Seigneur s’adresse à toute personne, qu’il a créée pour devenir son témoin dans l’histoire humaine. Tout être humain, créé par Dieu, entend son appel, il reçoit une vocation, celle du don de soi-même. Chaque personne n’est pas un numéro dans une série, mais il est un être unique, dont l’identité constitue sa richesse. En l’appelant, le Seigneur ne détruit rien en lui, au contraire. Il l’appelle à suivre son Fils dans une voie supérieure, qui comblera son désir de vie sans limites.

 Jean-Louis D’Aragon S.J.

 

(Français) 2022/11/29 – Lc 10, 21-24

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Dans la joie, et sous l’action de l’Esprit Saint, le Christ fait une prière de louange au Père pour sa révélation aux tout-petits. Dans sa bonté, le Père a tout confié au Fils qui est le seul à pouvoir révéler le Père. Ensuite il déclare bienheureux les disciples qui peuvent voir et entendre ce que les prophètes voulaient voir et entendre.

Le contexte prépare cette prière de Jésus. Soixante-douze disciples ont été envoyés en mission par Jésus pour ceux qui sont prêts à accueillir la paix qu’ils offrent. La paix représente tous les biens qu’apporte le salut. Les envoyés doivent annoncer que le Règne de Dieu s’approche et Jésus leur a donné les mêmes pouvoirs que lui-même pour faire des guérisons, ce qui inclut des exorcismes. Les disciples reviennent tout joyeux et disent:  Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom

Jésus leur dit qu’il a vu Satan tomber du ciel devant les pouvoirs de ses envoyés. Le fait que les disciples exercent ces pouvoirs montre que l’empire des forces du mal s’effondre devant le Règne de Dieu. C’est de là que vient la joie du Christ et sous l’action de l’Esprit Saint il adresse sa prière de louange au Père. Les mentions de l’Esprit Saint et de la joie sont deux thèmes qui revenaient au cours de l’évangile de l’enfance pour manifester la présence du Règne de Dieu.

La prière commence par le vocable Père qui va revenir une seconde fois. Ce sera de la même façon que jésus adressera sa prière à Gethsémani dans Marc. Cette appellation traduit le lien personnel et unique qu’il y a entre lui et le Père de même que la connaissance qu’il en a et qui le fait l’unique médiateur de la révélation du Père, le Seigneur du ciel et de la terre.  C’est au début du chapitre suivant que Jésus révélera aux disciples la prière du Notre Père leur communiquant ainsi sa relation de Fils.

L’objet de la louange de cette prière est que Dieu se révèle non pas aux sages, c’est-à-dire aux scribes et aux experts de l’Ecriture qui refusent de reconnaître le Messie, mais aux tout-petits. Le mot signifie des petits enfants, ceux qui, à l’époque, n’ont aucun droit ni aucune reconnaissance dans la société. Il s’agit des simples, des humbles qui, eux, sont prêts à recevoir la bienveillance gratuite de Dieu. La prière se termine en louant la bonté de Dieu.

Ce qui suit est adressé aux disciples pour rappeler que c’est lui qui a la connaissance unique du Père et qu’il est donc le seul à être en mesure de communiquer cette connaissance. C’est comme le résumé et d’ailleurs l’essentiel de la personne de Jésus: il est celui qui vient révéler et communiquer la relation que Dieu veut avoir avec les disciples de Jésus, celle d’un Père.

Jean Gobeil SJ 

(Français) 2022/11/28 – Mt 8, 5-11

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Les centurions constituaient le coeur d’une légion romaine. Au temps de Jésus, les Romains, ces étrangers païens, occupaient le pays et suscitaient la haine des Juifs. Les évangiles au contraire présentent les centurions sous un jour favorable. Rappelons-nous celui, qui, devant Jésus mourant en croix, donne la réponse à la question que les gens se posaient tout au long de l’Évangile de Marc, “Qui est donc cet homme?” Le centurion de garde s’écrie à la mort du Christ: “En vérité, cet homme était Fils de Dieu.” (Mc 15, 39) Cet officier et celui dont il est question aujourd’hui préfiguraient les païens qui, en grand nombre, entrèrent par la suite dans l’Église.
Selon la loi ancienne, un maître avait tous les droits sur son esclave et aucun devoir envers lui. L’esclave était sa chose, comme un animal, et il lui appartenait. Aussi la générosité du centurion qui aborde Jésus et la peine qu’il ressent à cause de la paralysie dont souffre son esclave – il est au lit et souffre terriblement – contrastent avec la dureté des maîtres de cette époque, et surtout avec la rudesse des officiers romains.
Non seulement ce capitaine de l’armée se montre sensible et solidaire d’un pauvre, son esclave, mais il a une foi admirable en Jésus. Dans un premier moment, il expose seulement le mal dont souffre son esclave; il demande discrètement à Jésus de le soulager et, peut-être, de le guérir. En réponse au centurion, Jésus, comprenant le but de sa démarche, lui déclare qu’il ira le guérir. Exaucé par cette déclaration, cet homme n’a plus rien à ajouter.
Et pourtant il sait que Jésus ne peut entrer dans une maison païenne sans encourir une impureté légale, dont il devra se purifier pendant une semaine. Il a conscience que le peuple le considère comme un pestiféré, dont le contact est contagieux. En dépit de sa force militaire et de la peur qu’il inspire, il éprouve un sentiment d’indignité, Je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. Pour lui, Jésus possède un pouvoir qui dépasse celui qu’il exerce sur ses soldats et ses esclaves, mais dont l’efficacité est du même genre. Le Christ peut commander à la paralysie comme lui, l’officier et le maître, à ses soldats ou à ses esclaves. Selon la crédulité de cette époque, il fallait toucher un malade pour le guérir. Mais la foi de ce païen va plus loin que cette crédulité magique, car il croit que la seule parole de Jésus produit l’effet désiré, même s’il ne voit pas ou ne touche pas l’esclave paralysé.
Une telle foi chez un païen suscite l’admiration de Jésus. Les seuls moment où les évangélistes signalent l’admiration de Jésus, c’est lorsqu’il découvre la foi de son interlocuteur. “Comme ta foi est grande!” (Mt 15, 28), répondra-t-il à la femme cananéenne, une autre païenne. Ici, il s’adresse à la foule et il introduit son admiration par la formule solennelle: “Amen, je vous le déclare”.
Jésus compare cette foi à l’incompréhension et au refus que son peuple lui a opposés, ce peuple héritier des ancêtres, Abraham, Isaac et Jacob. Dieu avait promis à ce peuple, qu’il avait choisi, la participation au banquet céleste. Mais, pour entrer dans le Royaume de la vie et du bonheur, il fallait s’ouvrir par la foi à l’invitation de Dieu proclamée par son Fils. Aussi Jésus, tout attristé, constate avec douleur: “Les héritiers du Royaume seront jetés dehors.”
En refusant l’invitation, les héritiers ont malheureusement choisi les ténèbres de l’extérieur. Mais ce n’est pas Dieu ou Jésus qui condamne, car il dira clairement: “Moi (et le Père en lui), je ne juge personne” (Jn 8,15). En quoi donc consistent le jugement et la condamnation? “La lumière (le Christ) est venu dans le monde et les humains ont préféré les ténèbres à la lumière” (Jean 3,19). Celui qui refuse de croire et d’accueillir la lumière et la vie se condamne lui-même. La peine du condamné vient de la frustration d’un bien nécessaire à son bonheur, dont il s’est privé librement.
Après avoir guéri un lépreux et un paralytique, Jésus soulage la belle-mère de Pierre, qui souffre d’un autre mal, la fièvre. La communication avec la malade s’établit, cette fois, par le toucher. La guérison est instantanée: “Il lui prit la main, et la fièvre la quitta.” La suite peut surprendre: “Elle se leva et elle les servait.” Pour l’évangéliste, ce service montre que la guérison est parfaite et qu’un don reçu gratuitement ne peut être conservé égoïstement pour soi-même, mais il doit se traduire en service pour le bien du prochain.
La réputation de Jésus se répand dans le peuple, qui lui amène de nombreux possédés, qui ne sont plus libres, parce qu’ils sont habités et dominés comme des esclaves. Cette domination, qui détruit la liberté et qui empêche de se posséder soi-même, est une tragédie qui sévit à toutes les époques. C’est “par sa parole”, semblable à la parole créatrice de Dieu (Gen 1,3.6…), que Jésus les guérit. L’évangéliste voit dans le Christ guérisseur la figure du Serviteur souffrant (Isaïe 53,4), qui, non seulement redonne la santé, mais qui, par amour, a pris sur lui nos faiblesses et nos maladies. Matthieu annonce ainsi que Jésus en croix prendra sur lui toute la misère du monde.

Jean-Louis D’Aragon SJ