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(Français) 2023/08/19 – Mt 19, 13-15

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Des gens présentent des enfants à Jésus pour qu’il les bénisse. Les disciples veulent les écarter de Jésus mais celui-ci les reprend en disant: Ne les empêchez pas de venir à moi car le Royaume des cieux est à ceux qui leur ressemblent. Et il leur imposa les mains.

Ce sont évidemment des parents qui voudraient que leurs enfants reçoivent de Jésus une imposition des mains avec une prière. L’imposition des mains est un geste qui est employé dans les guérisons; il sera aussi employé dans une communauté comme geste d’envoi en mission. Enfin il peut accompagner une prière de bénédiction. Nous avons donc ici des gens qui considèrent comme importante la bénédiction de Jésus pour leurs enfants.

Il leur faut pourtant une certaine audace car les enfants n’ont pas de statut social et on ne doit pas les laisser importuner les adultes et encore moins un personnage important. Les parents font donc un geste qui n’est pas socialement correct. Pour protéger le Maître, les disciples s’interposent.

Or c’est une caractéristique de Jésus de ne pas laisser les convenances sociales ou les interdits religieux faire obstacle à sa mission. Il déclarera que cette mission était de venir chercher et sauver ce qui était perdu (Luc 19,10).  C’est à cause de cette recherche qu’il accepte de manger avec des publicains, des collecteurs de taxes pour Rome, ce que ne ferait pas un homme bien. C’est alors qu’il déclare à ceux qui se scandalisent: Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, ce sont les malades.

Mais à plus forte raison accueille-t-il ceux qui le cherchent. Même un homme comme Nicodème qui va le consulter la nuit pour ne pas se compromettre est bien reçu quand même. Zaïre, un chef de collecteurs d’impôt, qui, à cause de sa condition, ne peut pas fendre la foule pour le voir et doit grimpé dans un arbre, se fait interpeller par Jésus: Descends vite, il me faut aujourd’hui demeurer  chez toi.  Et quand un lépreux, qui n’a pas le droit de s’approcher des gens, vient à Jésus, celui-ci lui tend la main et le touche. (Luc 5,13)

Ce n’est donc pas surprenant qu’avec des enfants qui s’approchent pour se faire bénir,  Jésus ne se laissera pas intimider par un : « Ca ne se fait pas! » Marc dira même que la réaction de Jésus à l’intervention des disciples a été de se fâcher et qu’après avoir bénis les enfants, qu’il les embrassa. (Marc 10,13-16)

Jean Gobeil SJ 

(Français) 2023/08/18 – Mt 19, 3-12

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Des pharisiens veulent embarrasser Jésus en lui demandant s’il est permis de renvoyer sa femme pour n’importe quel motif. Jésus attaque l’idée de divorce en citant le texte de la Genèse, l’homme s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un et conclut en disant : Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas.

Les pharisiens répliquent en demandant pourquoi Moïse a-t-il dit de rédiger un acte de divorce avant la séparation. Jésus répond que Moïse a fait cette concession à cause de leur endurcissement. Il ajoute que quiconque renvoie sa femme, sauf en cas d’union illégitime, pour en épouser une autre commet un adultère.

Les disciples déclarent que si c’est ainsi alors il n’y a pas d’intérêt à se marier. Jésus parle alors du célibat et mentionne le cas particulier de ceux qui ne se marient pas à cause du Royaume des cieux.   La remarque finale est une invitation aux disciples à bien comprendre tout cela.

La question des pharisiens ne porte pas sur le divorce, que tous admettent, mais bien sur les motifs qui justifient le divorce ce qui est une question très discutée. Une école admet n’importe quel motif, important ou pas, comme justification du divorce. Tandis qu’une école rigoriste exige des motifs sérieux. C’est donc une bonne question pour embarrasser Jésus.

Mais Jésus attaque directement le divorce qu’ils admettent. L’union de l’homme et de la femme est comme l’unité d’un seul corps et c’est une institution voulue par Dieu. Et une institution humaine, comme le divorce, ne peut abolir l’institution divine. Jésus fait une seule exception, une union illégitime, ce qui semble bien recouvrir les cas de consanguinité que la Loi interdit mais que les païens et en particulier les nobles dans l’empire romain acceptaient sans difficulté. Hérode Antipas, tétrarque de Galilée, avait bien épousé Salomé, la fille de son demi-frère.

La position de Jésus est claire: l’homme n’est pas le maître de la femme et ne peut se comporter en propriétaire alors qu’en Israël seulement l’homme pouvait entreprendre le divorce. L’homme vient donc de perdre un avantage, ce que les disciples remarquent. C’est la transition qui permet à Jésus de parler du célibat qui n’était pas considéré comme normal à moins que ce soit pour une cause physique. Or Jésus considère comme une possibilité de choisir le célibat à cause du Royaume des cieux. C’est d’ailleurs la manière dont Jésus a vécu et le modèle que saint Paul suivra. Jésus ne dit pas que c’est un état de vie supérieur à celui du mariage mais quelqu’un peut comprendre que sa disponibilité pour le Royaume va jusque là.

Celui qui peut comprendre qu’il comprenne.

Jean Gobeil SJ

(Français) 2023/08/17 – Mt 18, 21 – 19, 1

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Pierre demande combien de fois doit-il pardonner à son frère: il suggère sept fois. Jésus répond soixante-dix fois sept fois. Jésus raconte alors la parabole du débiteur à qui un roi  remet une grosse dette et qui lui-même ne peut remettre une petite dette.

Notre texte fait partie d’un ensemble d’instructions pour la communauté: les Douze d’abord, l’Église ensuite. Pierre a donc une question qui intéresse tout le monde. La communauté est un endroit où une offense peut se répéter. Combien de répétitions peut-on tolérer?

Pierre a compris le sermon sur la montagne où Jésus avait prescrit l’amour des ennemis. Alors, pour un frère dans la communauté, il se pense bien généreux de suggérer de pardonner jusqu’à sept fois. C’est un nombre parfait mais c’est quand même un nombre limité. Le nombre que Jésus donne en réponse équivaut à un nombre illimité. On ne peut pas mettre de limite dans le pardon. La parabole que Jésus va employer sert à motiver une telle demande en illustrant sur quoi elle est basée.

Un roi demande d’être remboursé pour une dette énorme: il s’agit de millions. Il faudrait plusieurs vies au débiteur pour faire un tel remboursement. Le débiteur assure quand même qu’il remboursera. Le roi est pris de pitié et au lieu de le faire arrêter il le renvoie en lui remettant sa dette. En sortant du palais, le débiteur pardonné rencontre quelqu’un qui lui doit quelque chose. La disproportion entre les deux dettes est voulue: ce que l’autre lui doit est une bagatelle.

La disproportion est importante parce qu’elle souligne qu’en refusant de remettre la petite dette, le débiteur pardonné montre qu’il oublie et même qu’il méprise le don que le roi lui a fait. Il le tient pour rien. C’est ce qui justifie la colère du roi quand il apprend comment l’autre avait traité celui qui n’avait qu’une toute petite dette.

C’est la situation de tout chrétien. Non seulement il a reçu le pardon illimité de Dieu mais encore il  a reçu les dons de Dieu, le don de l’Esprit, la qualité d’enfant de Dieu et de membre de son Royaume. Il est dans la situation de ce débiteur insolvable. Et la façon de reconnaître ce qu’il a reçu est sa façon de traiter les autres avec qui le Seigneur est solidaire.

Jean Gobeil SJ 

(Français) 2023/08/16 – Mt 18, 15-20

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.Jésus donne des instructions à ses disciples, instructions qui, pour Matthieu, valent pour toute communauté chrétienne. Quand un membre commet un péché, un membre doit l’avertir. S’il n’écoute pas, il faut alors l’avertir à deux ou trois. S’il n’écoute pas, c’est alors la communauté qui doit le reprendre. S’il refuse d’écouter, il doit alors être exclus de la communauté. Le pouvoir de lier et de délier qui avait été donné à Pierre est maintenant donné aux disciples. Si deux se mettent d’accord pour demander quelque chose au Père, ils l’obtiendront.

Quand deux ou trois sont réunis en mon nom je suis au milieu d’eux.

.Le chapitre 18 contient ce qu’on appelle le discours sur l’Église. Il commence par rappeler aux disciples que le plus grand dans le Royaume des cieux est celui qui se fera petit comme un enfant. Et Jésus ajoute qu’accueillir un de ces petits en son nom, c’est l’accueillir lui-même.

Il continue avec la parabole du berger qui abandonne 99 brebis pour cherche la brebis égarée en ajoutant que cette brebis égarée est l’un de ces petits et que le Père ne veut pas qu’un seul soit perdu.

Il est clair avec cette parabole, qu’en parlant des petits, Jésus veut rappeler aux disciples qu’ils ne doivent pas négliger dans la communauté ceux qui sont faibles ou méprisés ou dont la foi n’est pas solide. Il faut même leur porter une attention spéciale. C’est une recommandation qui reste actuelle pour n’importe quelle communauté ecclésiale.

.Mais il y a des membres qui peuvent, par leur conduite ou par les idées qu’ils prônent, perturber la communauté. C’est le cas concret et réaliste qui est visé par cette parole de notre texte : Si ton frère a commis un péché

L’approche doit être délicate. Il ne s’agit pas de condamner mais bien de gagner un frère, c’est-à-dire d’aider un frère en besoin d’assistance.  On évite la publicité et ce n’est qu’en dernier essor qu’on se tourne vers la communauté. Personne ne peut dire que ce qu’un autre fait ne le regarde pas parce que chacun est membre de la communauté et que la communauté est importante comme le montre la déclaration suivante.

Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux.

La foi chrétienne n’est pas une affaire purement individuelle. C’est le sens de la réflexion de saint Augustin:

Unus christianus, nullus christianus.   Si un chrétien est seul, il n’y a plus de chrétien.

Jean Gobeil SJ

(Français) 2023/08/15 – Lc 1, 39-56

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Marie se rend rapidement chez sa cousine Elisabeth qui est enceinte. A son arrivée, celle-ci, sous l’influence de l’Esprit Saint prophétise et son enfant tressaille d’allégresse. Marie prononce son chant d’action de grâce, le Magnificat. Elle reste avec Elisabeth pendant trois mois.

Tout le récit de l’enfance dans Luc reflète le commencement du Règne de Dieu. Avec l’Incarnation de la Parole de Dieu, la présence de l’Esprit se fait sentir et les hymnes de louange et d’action de grâce sont remplis de joie.

Marie n’est pas le centre des récits même si elle est importante. Elle est le premier modèle d’un disciple. C’est son acceptation de la parole de Dieu qui a permis l’Incarnation et c’est ce que souligne Elisabeth:  Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur.   (Luc 1,45)

Ensuite, son voyage rapide pour aller porter la Parole à Elisabeth est l’image du voyage que fera la Parole jusqu’à Rome (livre des Actes) et de la mission de tout vrai disciple. La virginité de Marie, qui est clairement impliquée, n’est pas pour glorifier la mère mais bien pour donner le sens de l’enfant qu’elle porte. Il reste qu’à cause de cela, elle est bénie entre toutes les femmes (Luc 1,42): elle porte la parole par excellence, le Verbe de Dieu.

A la suite de sa réponse de foi, l’Esprit est venu sur elle et l’accompagne. C’est lui qui fait tressaillir l’enfant dans le sein d’Elisabeth et la fait prophétiser: elle proclame que le fils de Marie est le Christ Seigneur celui que le Psaume 110 appelle le descendant de David, Seigneur, et que Jésus citera plus tard (Luc 20,41).

Marie dit le Magnificat, son chant d’action de grâce et de louange. Tout en reconnaissant que Dieu s’est penché sur son humble servante et que pour cette raison elle sera déclarée bienheureuse, son chant est surtout une louange de Dieu, dans des phrases commençant par “Il” et qui sont des réminiscences des louanges de l’Ancien Testament.

Il y a des points communs entre les deux chants de Marie et Élizabeth. Dieu se penche sur les faibles; Dieu élève les humbles. Marie est son humble servante. L’humilité et les humbles sont des thèmes qui passent à travers l’Ancien Testament et le Nouveau.

On peut commencer avec Moïse:

Moïse était l’homme le plus humble que la terre ait porté.     (Nombres 12,3)

Les prophètes parleront d’abord des pauvres, ceux qui n’ont ni richesse ni prestige dans la société et qui savent qu’ils ne peuvent compter que sur Dieu. Puis on parlera des humbles, les pauvres de cœur qui savent qu’ils sont des créatures de Dieu, le Dieu très saint, et qui en attendent le pardon et le salut.

Aux humbles, Dieu donne la sagesse et ils sont ordinairement pourvu de la douceur: ils sont les doux, qui n’ont pas de prétention et n’oppriment personne. On les appelle aussi les humbles de Yahvé parce que Yahvé a de la prédilection pour eux et qu’ils sont prêts à l’accueillir.

Dans Luc, les premiers à recevoir la nouvelle de la naissance de Jésus sont des humbles, les bergers. Ils sont très mal considérés dans la société du temps. A l’annonce de la naissance, ils partent aussitôt pour Bethléem.

Maris se donne comme l’humble servante du Seigneur. C’est une caractéristique de quelqu’un qui a la vraie humilité de reconnaître que ce qu’il a, il l’a reçu.

Jésus dira qu’il est doux et humble de coeur (Mt.11,29), la description des humbles de Yahvé.

Il dira aussi qu’il est venu non pour être servi mais pour servir. Il prendra la position d’un humble serviteur dans la scène du lavement des pieds des disciples.

Jésus parlera de ceux qui l’accueillent en les appelant les tout-petits à qui Dieu a révélé sa sagesse. C’est un terme qui s’applique littéralement à des petits enfants, qui sont des bons exemples dans la société d’alors, de personnes sans droit, sans prestige ni pouvoir propre.

Doux et humble de cœur, pour servir, illustre ce que nous voyons dans la nativité et l’idéal que Jésus a laissé pour ses disciples.

Jean Gobeil SJ

 

 

 

(Français) 2023/08/14 – Mt 17, 22-27

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Pour la deuxième fois, Jésus annonce sa Passion. Les disciples sont tristes. On demande à Pierre si Jésus paye la taxe due au temple. Jésus explique à Pierre qu’il n’est pas obligé de payer cette taxe mais qu’il va la faire payer quand même. Il envoie Pierre prendre un poisson qui va contenir le montant de la taxe pour lui et pour Pierre.

Cette annonce de la Passion attriste profondément les disciples. En tant qu’annonce d’une séparation, alors qu’ils n’ont pas encore la perspective de la Résurrection ceci est normal. Mais il y a une autre raison: la Passion ne fait pas encore partie de leur vision du Messie. Ils ont encore beaucoup de choses à apprendre.

La question de l’impôt au temple qui suit est propre à Matthieu. Tout Juif de sexe masculin devait payer cet impôt même ceux qui vivaient dans l’empire romain. Les Juifs avaient obtenus l’exemption de la taxe au temple de Jupiter à Rome et la permission de payer cette taxe pour le temple de Jérusalem.

La question posée à Pierre est du genre des questions embarrassantes que rencontreront les chrétiens: c’est probablement pour cette raison que Pierre est associé à Jésus dans la réponse.

Jésus fait d’abord reconnaître à Pierre qu’il n’est pas sujet de cette obligation: un roi ne fait pas payer l’impôt à son fils; il est donc lui-même exempt de la taxe au temple de son Père.

Mais négliger de payer cette taxe pourrait être vu comme un geste de mépris pour le temple et être ainsi une cause de scandale, entraîner d’autres à faire de même, être une occasion de chute, dit Jésus.

A cause de cela, Jésus ne va pas se prévaloir de son privilège: il va faire payer pour lui et pour Pierre. En résumé, il n’utilisera pas son privilège pour ne pas scandaliser ceux qui sont faibles.

C’est la leçon importante de ce texte. Pour les auditeurs de Matthieu, le problème n’existe plus. Le temple a été détruit: il n’y a plus de taxe au temple. Mais bien avant l’évangile de Matthieu, saint Paul a été confronté à des problèmes semblables: est-ce que je peux manger de la viande qui est revenue sur le marché après avoir été offerte aux idoles dans les temples?  Il sait, lui, que les idoles ne sont rien et qu’il peut donc manger de cette viande. Mais il ne le fera pas s’il pense que son frère faible, lui, ne le sait pas.

On a tendance à penser qu’un droit est toujours quelque chose de sacré. Alexis Carrel (L’homme, cet inconnu) faisait cette réflexion: “L’homme n’a pas de droits; il n’a que des besoins”. C’est ce que Matthieu appelle les pauvres en esprit. Il faudrait donc ne jamais oublier que les autres aussi ont des besoins.

Jean Gobeil SJ

 

(Français) 2022/08/13 – Mt 19, 13-15

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Des gens présentent des enfants à Jésus pour qu’il les bénisse. Les disciples veulent les écarter de Jésus mais celui-ci les reprend en disant: Ne les empêchez pas de venir à moi car le Royaume des cieux est à ceux qui leur ressemblent. Et il leur imposa les mains.

Ce sont évidemment des parents qui voudraient que leurs enfants reçoivent de Jésus une imposition des mains avec une prière. L’imposition des mains est un geste qui est employé dans les guérisons; il sera aussi employé dans une communauté comme geste d’envoi en mission. Enfin il peut accompagner une prière de bénédiction. Nous avons donc ici des gens qui considèrent comme importante la bénédiction de Jésus pour leurs enfants.

Il leur faut pourtant une certaine audace car les enfants n’ont pas de statut social et on ne doit pas les laisser importuner les adultes et encore moins un personnage important. Les parents font donc un geste qui n’est pas socialement correct. Pour protéger le Maître, les disciples s’interposent.

Or c’est une caractéristique de Jésus de ne pas laisser les convenances sociales ou les interdits religieux faire obstacle à sa mission. Il déclarera que cette mission était de venir chercher et sauver ce qui était perdu (Luc 19,10).  C’est à cause de cette recherche qu’il accepte de manger avec des publicains, des collecteurs de taxes pour Rome, ce que ne ferait pas un homme bien. C’est alors qu’il déclare à ceux qui se scandalisent: Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, ce sont les malades.

Mais à plus forte raison accueille-t-il ceux qui le cherchent. Même un homme comme Nicodème qui va le consulter la nuit pour ne pas se compromettre est bien reçu quand même. Zaïre, un chef de collecteurs d’impôt, qui, à cause de sa condition, ne peut pas fendre la foule pour le voir et doit grimper dans un arbre, se fait interpeller par Jésus: Descends vite, il me faut aujourd’hui demeurer  chez toi.  Et quand un lépreux, qui n’a pas le droit de s’approcher des gens, vient à Jésus, celui-ci lui tend la main et le touche. ( Luc 5,13)

Ce n’est donc pas surprenant qu’avec des enfants qui s’approchent pour se faire bénir,  Jésus ne se laissera pas intimider par un : « Ca ne se fait pas! » Marc dira même que la réaction de Jésus à l’intervention des disciples a été de se fâcher et qu’après avoir bénis les enfants, qu’il les embrassa. (Marc 10,13-16)

Jean Gobeil SJ 

(Français) 2022/08/12 – Mt 19, 3-12

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Des pharisiens veulent embarrasser Jésus en lui demandant s’il est permis de renvoyer sa femme pour n’importe quel motif. Jésus attaque l’idée de divorce en citant le texte de la Genèse,  l’homme s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un et conclut en disant:

Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas.

Les pharisiens répliquent en demandant pourquoi Moïse a-t-il dit de rédiger un acte de divorce avant la séparation. Jésus répond que Moïse a fait cette concession à cause de leur endurcissement. Il ajoute que quiconque renvoie sa femme, sauf en cas d’union illégitime, pour en épouser une autre commet un adultère.

Les disciples déclarent que si c’est ainsi alors il n’y a pas d’intérêt à se marier. Jésus parle alors du célibat et mentionne le cas particulier de ceux qui ne se marient pas à cause du Royaume des cieux.   La remarque finale est une invitation aux disciples à bien comprendre tout cela.

La question des pharisiens ne porte pas sur le divorce, que tous admettent,  mais bien sur les motifs qui justifient le divorce ce qui est une question très discutée. Une école admet n’importe quel motif, important ou pas, comme justification du divorce. Tandis qu’une école rigoriste exige des motifs sérieux. C’est donc une bonne question pour embarrasser Jésus.

Mais Jésus attaque directement le divorce qu’ils admettent. L’union de l’homme et de la femme est comme l’unité d’un seul corps et c’est une institution voulue par Dieu. Et une institution humaine, comme le divorce,  ne peut abolir l’institution divine. Jésus fait une seule exception, une union illégitime, ce qui semble bien recouvrir les cas de consanguinité que la Loi interdit mais que les païens et en particulier les nobles dans l’empire romain acceptaient sans difficulté. Hérode Antipas, tétrarque de Galilée, avait bien épousé Salomé, la fille de son demi-frère.

La position de Jésus est claire: l’homme n’est pas le maître de la femme et ne peut se comporter en propriétaire alors qu’en Israël seulement l’homme pouvait entreprendre le divorce. L’homme  vient donc de perdre un avantage, ce que les disciples remarquent. C’est la transition qui permet à Jésus de parler du célibat qui n’était pas considéré comme normal à moins que ce soit pour une cause physique. Or Jésus considère comme une possibilité de choisir le célibat à cause du Royaume des cieux. C’est d’ailleurs la manière dont Jésus a vécu et le modèle que saint Paul suivra. Jésus ne dit pas que c’est un état de vie supérieur à celui du mariage mais quelqu’un peut comprendre que sa disponibilité pour le Royaume va jusque là.

Celui qui peut comprendre qu’il comprenne.

Jean Gobeil SJ 

(Français) 2022/08/11 – Mt 18, 21 – 19, 1

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Pierre demande combien de fois doit-il pardonner à son frère: il suggère sept fois. Jésus répond soixante-dix fois sept fois. Jésus raconte alors la parabole du débiteur à qui un roi  remet une grosse dette et qui lui-même ne peut remettre une petite dette.

Notre texte fait partie d’un ensemble d’instructions pour la communauté: les Douze d’abord, l’Église ensuite. Pierre a donc une question qui intéresse tout le monde. La communauté est un endroit où une offense peut se répéter. Combien de répétitions peut-on tolérer?

Pierre a compris le sermon sur la montagne où Jésus avait prescrit l’amour des ennemis. Alors, pour un frère dans la communauté, il se pense bien généreux de suggérer de pardonner jusqu’à sept fois. C’est un nombre parfait mais c’est quand même un nombre limité. Le nombre que Jésus donne en réponse équivaut à un nombre illimité. On ne peut pas mettre de limite dans le pardon. La parabole que Jésus va employer sert à motiver une telle demande en illustrant sur quoi elle est basée.

Un roi demande d’être remboursé pour une dette énorme: il s’agit de millions. Il faudrait plusieurs vies au débiteur pour faire un tel remboursement. Le débiteur assure quand même qu’il remboursera. Le roi est pris de pitié et au lieu de le faire arrêter il le renvoie en lui remettant sa dette. En sortant du palais, le débiteur pardonné rencontre quelqu’un qui lui doit quelque chose. La disproportion entre les deux dettes est voulue: ce que l’autre lui doit est une bagatelle.

La disproportion est importante parce qu’elle souligne qu’en refusant de remettre la petite dette, le débiteur pardonné montre qu’il oublie et même qu’il méprise le don que le roi lui a fait. Il le tient pour rien. C’est ce qui justifie la colère du roi quand il apprend comment l’autre avait traité celui qui n’avait qu’une toute petite dette.

C’est la situation de tout chrétien. Non seulement il a reçu le pardon illimité de Dieu mais encore il  a reçu les dons de Dieu, le don de l’Esprit, la qualité d’enfant de Dieu et de membre de son Royaume. Il est dans la situation de ce débiteur insolvable. Et la façon de reconnaître ce qu’il a reçu est sa façon de traiter les autres avec qui le Seigneur est solidaire.

Jean Gobeil SJ

(Français) 2022/08/10 – Jn 12, 24-26

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Avant la Pâque, c’est-à-dire avant la Passion, Jésus prépare ses disciples en leur donnant les sens de sa mort.

 

Ils ont franchi la frontière vers l’au-delà

La mort apparaît comme un scandale, dont on a peur et qui répugne. Nous ressentons tous un désir naturel de vivre en plénitude et indéfiniment. Or la mort vient mettre un terme brutal à cette aspiration, contredisant notre rêve de bonheur, un rêve que le Créateur a mis en nous. C’est Lui également qui nous a créés avec un corps qui grandit, qui s’use et qui, fatalement, va vers la mort. Comment le même Dieu d’amour a-t-il pu insérer en nous ce besoin de vivre sans limite et, en même temps, imposer la limite de la mort à notre corps ? Comment comprendre cette contradiction ?

Si nous regardons autour de nous, nous voyons que tout naît, vit et meurt. Le printemps annonce une nouvelle vie après la mort de l’hiver. De nouvelles fleurs et de nouveaux bourgeons remplacent les feuilles mortes et balayées par le vent à l’automne. En nous-mêmes, dans notre corps, plus de trente millions de cellules meurent chaque jour pour être remplacées par autant de nouvelles unités vivantes. Jésus donne l’exemple du grain de blé, qui meurt et pourrit en terre, pour reparaître sous la forme d’une tige qui porte de nombreuses graines. Ce grain, tombé en terre qui revit dans une gerbe, révèle la fécondité du sacrifice. Jeter du grain en terre pour qu’il pourrisse et meure paraît stupide, mais l’expérience nous montre que la régénération de la vie passe par ce processus déconcertant. Tout autour de nous, nous observons cette loi universelle de mort qui prélude à une nouvelle vie.

Pourquoi le Créateur a-t-il inscrit en nous, et dans la nature qui nous entoure, une telle loi de mort et de vie nouvelle ? Il nous a modelés pour entrer dans une communion d’amour, dans une alliance, avec Lui et avec la nature autour de nous. L’amour nous entraîne dans une sortie de nous-mêmes, hors de notre solitude égoïste et de nos limites, pour vivre dans la Personne aimée, en nous donnant à elle. Dieu a voulu que la nature nous enseigne cette loi de l’amour qui se donne et qu’elle nous accompagne dans cette montée vers le Seigneur. « La création elle-même gémit et souffre, comme une femme qui accouche, » dans ce pèlerinage vers notre Créateur (Rom 8,22).

Ce don par amour, c’est le sacrifice, offrande de notre personne, nous remettant dans une confiance absolue à Celui qui nous a donné la vie. Tout au long de notre existence, de notre pèlerinage, nous exprimons notre confiance par des dons et des sacrifices offerts par amour à Celui qui nous aime. Ces sacrifices se multiplient naturellement quand nous avançons en âge : nous perdons notre mobilité, notre mémoire, notre audition, notre vue,…Ces pertes apparentes nous acheminent et nous préparent au sacrifice suprême, la remise de notre vie entre les mains de Celui qui nous l’a donnée. Ce moment devrait être l’acte le plus sublime de notre amour dans une confiance parfaite au Seigneur. En vieillissant, chacun de nous est comme une montgolfière, dont on largue les amarres et qu’on allège en la délestant des poids et des liens qui la retenaient au sol. Purifiée de tout retour sur elle-même, de tout égoïsme, elle s’élève alors vers le ciel.

Heure difficile !

Il est pénible et même héroïque de tout quitter, et surtout de se quitter soi-même, pour plonger dans ce qui paraît un gouffre noir mystérieux. Jésus a subi, avant nous et pour nous, cette expérience : « Père, délivre-moi de cette heure ! » Au jardin de l’agonie, il s’écriera de la même manière : « Père, si c’est possible, éloigne de moi ce calice. » (Mt 26,39) Mais cette coupe représente le but suprême de sa mission reçue de Dieu. Aussi corrige-t-il sa volonté pour l’accorder à celle de son Père: « Que ta volonté soit faite ! »  De même ici, il s’écrie : « Père, glorifie ton nom !» c’est-à-dire que ta personne se révèle d’une manière éclatante dans mon sacrifice ! Aussi l’Évangile de Jean interprète la Passion du Christ comme un triomphe.

Jésus nous a ouvert le chemin et il nous accompagne dans ce passage vers la patrie, où son Père nous attend. L’amour et la confiance transforment ce sacrifice suprême en une douce dormition. Les premiers chrétiens disaient de leur frère ou de leur sœur qui les avait quittés : « Il ou elle s’est endormie dans le Seigneur », non pas seul, mais uni à son Seigneur.

Conclusion

Dans toute existence humaine, deux moments sont particulièrement pénibles, le début et la fin. Mais chacun de ces moments comprend un sacrifice pour accéder à une nouvelle forme de vie. L’enfant est forcé de quitter le sein de sa mère, qui le réchauffe et le nourrit, pour accéder à une existence autonome. Pour celui et celle qui croit dans l’amour, la fin de notre existence humaine nous ouvre sur la communion intime avec le Seigneur dans l’éblouissement de la vie éternelle.

Jean-Louis D’Aragon SJ