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2023/07/29 – Lc 10, 38-42

Une femme nommée Marthe reçoit Jésus dans sa maison. Pendant qu’elle s’occupait du service, Marie, sa sœur, écoutait les paroles de Jésus, assise aux pieds du Seigneur. Marthe se plaint que sa sœur ne l’aide pas. Mais Jésus déclare que Marie a choisi la meilleure part et qu’elle ne lui sera pas enlevée.

Le texte commence par dire en passant que Jésus était en route avec ses disciples. Il arrive dans un village où il reçoit l’hospitalité de deux sœurs. C’est bien différent du village samaritain qui avait refusé de le recevoir au début du chapitre mais il semble qu’il y avait bien des gens qui étaient prêts à lui offrir l’hospitalité. Il y en a sur qui Jésus savait qu’il pouvait compter comme cet hôte inconnu à qui il demanda l’usage d’une pièce à l’étage pour célébrer la Pâque à Jérusalem, alors que la ville à ce moment déborde de visiteurs.

Marthe est la maîtresse de maison et elle s’affaire à remplir ce rôle qui est tout à fait normal. Elle se plaint de ce que sa sœur, elle, tient un rôle qui n’est pas normal du tout pour une femme. Elle est assise aux pieds de Jésus et écoute ses paroles: elle est dans la position d’un disciple qui écoute les instructions de son maître. Or les avis des rabbins sont catégoriques: il ne faut pas enseigner la Loi à une femme. Non seulement Jésus parle pour elle mais encore il ne veut pas qu’on la dérange.

En brisant cet interdit, Jésus montre que la condition de disciple n’est pas réservée à des hommes. C’est une leçon qui n’a pas été perdue pour les communautés chrétiennes. Mais il y a plus que cela.

On a mentionné au début du chapitre, que le grand commandement était l’amour de Dieu et l’amour du prochain. A la suite de cela, pour donner une illustration de l’amour du prochain, Jésus a donné l’exemple du bon Samaritain, pourtant un ennemi des Juifs, qui venait en aide à quelqu’un de blessé.

Après l’amour du prochain, l’évangéliste revient à l’amour de Dieu qui a son illustration dans la scène que nous avons.  L’écoute de la Parole est une forme de l’amour de Dieu et l’amour de Dieu est le premier commandement. Cette écoute est une forme de l’amour parce que dans la Parole il y a une présence de Dieu. C’est pour cela que, dans la première apparition de Jésus ressuscité aux disciples, la première chose que Jésus fait après s’être fait reconnaître fut :

 Alors, il leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des Écritures.   (Luc 24,45)

Pour Luc, Marie est donc un modèle parfait de disciple.

Pour les disciples, dans le passage qui suit, Jésus donnera une autre forme de l’amour de Dieu: il leur enseignera le Notre Père.

Jean Gobeil SJ

2023/07/28 – Mt 13, 18-23

Jésus explique aux disciples la parabole de la semence qu’il a donnée auparavant à la foule. La semence c’est la Parole de Dieu. L’homme qui ne la comprend pas est comme le terrain au bord du chemin qui se fait piétiner. Le sol rocailleux où il n’y a pas de racines représente l’homme qui accueille la Parole mais n’a pas la fidélité pour durer. Le terrain avec des ronces représente l’homme qui a trop de soucis dans le monde ou trop d’attrait pour la richesse: la Parole se fait étouffer. La bonne terre représente l’homme qui entend la Parole et la comprend et qui donne du fruit à différent pourcentage de rendement selon ses capacités.

Une parabole, ordinairement, a une pointe, c’est–à-dire qu’il n’y a qu’un trait significatif; tout le reste de la parabole est là simplement pour préparer ce point et n’a pas de sens spécial. Ici, nous avons plusieurs éléments significatifs: c’est plutôt une allégorie.

La beauté de la comparaison de la Parole de Dieu à une semence est de souligner le fait que la Parole de Dieu donne la Vie et qu’elle peut avoir une croissance dans celui qui la reçoit. C’est pour cette raison que les paraboles sont toujours actuelles: elles possèdent toujours une possibilité d’inspiration et de révélation.

En relisant cette parabole, chacun peut se demander s’il n’a pas en lui-même quelque chose de ces différents terrains: quelques roches et quelques fardoches de trop! Il peut aussi se demander s’il produit du fruit en proportion avec ce qu’il reçoit. Enfin, il peut toujours se demander s’il est conscient et s’il a le respect convenable pour cette Vie qui est offerte à travers la Parole de Dieu.

Jean Gobeil SJ

2023/07/27 – Mt 13, 10-17

L’évangile reprend le texte d’hier en le remettant dans tout son contexte. Il commence par dire aux disciples qu’il leur est donné de connaître les mystères du Royaume. Ainsi, eux qui possèdent, en recevant les paraboles reçoivent encore plus: ils sont dans l’abondance. Mais pour ceux qui n’acceptent pas d’être interpellés par la parabole, ils sont des perdants: ils seront encore plus pauvres à la suite de leur refus. C’est ainsi que la prophétie d’Isaïe se réalise. Ils écoutent et ne comprennent pas; ils regardent et ne voient pas. Mais la raison est qu’ils se sont bouchés les yeux et les oreilles pour que leur cœur ne comprenne pas et ne soit pas obligé de se convertir. S’ils avaient atteint ce point de la conversion, Dieu était prêt à les guérir. Pour les disciples, puisqu’ils ont suivi Jésus, ils n’ont pas le cœur alourdi; la conséquence est qu’ils voient et entendent ce que les prophètes et les justes de l’Ancien Testament avaient désiré voir et entendre.

La difficulté de cette explication des paraboles est la même que pour l’explication du texte d’Isaïe.

Elle provient de l’ambiguïté en hébreu entre la fin, le but poursuivi en faisant une action et d’autre part une conséquence de cette action. Ainsi, Dieu, en envoyant Isaïe faire une proclamation, n’a pas pour but que les gens durcissent leur cœur et se bouchent les yeux, Il a pour but qu’ils acceptent de voir, se convertissent pour que Dieu puisse les guérir, comme l’indique la fin du texte. Mais la conséquence que Dieu prévoit est qu’ils refuseront de voir, au moins pour la majorité d’Israël. Il y aura, bien sûr, des exceptions comme les disciples d’Isaïe qui ont recueilli ces paroles et nous les ont transmises.

De même pour les paraboles adressées à la foule. Le but de la parabole est qu’une parole de Dieu soit reçue par ceux qui l’acceptent. Mais une conséquence est que pour ceux qui refusent d’être concernés ils se retrouveront encore plus pauvres. On comprend pourquoi. Concrètement, les paraboles de Jésus   sont des invitations à pénétrer dans la connaissance du Royaume de Dieu; elles sont une invitation à y participer davantage. On comprend que ceux qui refusent vont se retrouver plus loin du Royaume: ils ont durci les obstacles.

Les paraboles gardent leur importance actuelle. Elles sont encore des invitations à pénétrer davantage dans les mystères du Royaume et à se laisser transformer par cette parole de Dieu.

Jean Gobeil SJ

2023/07/26 – Mt 13, 1-9

Jésus est auprès du lac. Une foule se rassemble pour l’écouter ce qui l’oblige à monter dans une barque pour leur parler. Il s’assit: c’est la position du maître qui enseigne. Sa coutume est de parler à la foule en paraboles. Il commence par la parabole du semeur. Les grains qui tombent le long de la route sont mangées par les oiseaux. Ceux qui tombent sur un sol pierreux sont brûles par le soleil parce qu’ils n’ont pas de racines. D’autres tombent dans les ronces et sont étouffés quand ils poussent. Ceux qui sont tombés dans de la bonne terre donnent du fruit à 100, ou 60 ou 30 pour un.

La parabole est un récit en image qui permet de caractériser une situation sans la dire explicitement. Et l’aspect un peu mystérieux est ce qui interpelle délicatement l’auditeur et lui fait se demander où il se situe dans cette situation ou bien à quoi s’applique cette parabole.

Mais pour avoir accès au sens de la parabole, l’auditeur doit se sentir concerné; il doit accepter d’être interpellé sinon elle demeure une énigme. Pour comprendre la parabole, il faut être ouvert et disponible. C’est différent pour les disciples. Ils se sont déjà engagés à la suite de Jésus. Ils peuvent comprendre, dans le sens d’accepter, car la parabole n’est pas simplement un message codé qu’il s’agit de traduire en une connaissance précise comme une pièce d’information. Elle peut toujours être approfondie et continue à nous questionner.

Jésus est le semeur et les grains sont la Parole du Royaume comme il l’expliquera plus tard à ses disciples. Les différentes difficultés représentent les divers types d’auditeurs.

Pour nous aussi, les paraboles sont là pour nous faire pénétrer plus loin dans les mystères du Royaume à condition d’accepter de reconnaître ce qui dans notre sol pourrait nuire à la croissance de cette Parole.

 

Jean Gobeil SJ

2023/07/25 – Mt 20, 38-42

La mère de Jacques et Jean demande à Jésus que ses fils siègent l’un à sa droite et l’autre à sa gauche dans son Royaume. Jésus s’adresse aux deux apôtres et leur demandent s’ils savent ce qu’ils demandent et s’ils sont prêts à boire à sa coupe. Ils affirment pouvoir le faire. Jésus confirme qu’ils auront à le faire mais la récompense, c’est au Père à la donner.

Les onze sont indignés. Jésus leur dit que les grands de la terre font sentir leur pouvoir mais qu’il ne doit pas en être ainsi pour eux. Celui qui veut être grand doit se faire le serviteur des autres. Pour sa part, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie pour les autres.

Jésus avait surnommé les fils de Zébédée, Boanergès c’est-à-dire fils du tonnerre (Marc 3,17). C’est probablement à la suite d’un incident où ils avaient demandé à Jésus s’ils pouvaient ordonner à un feu du ciel de tomber sur un village samaritain qui venait de refuser de les recevoir. Jésus les avait réprimandés à cette occasion. (Luc 9,54)

Ils sont évidemment de ceux qui croient que le pouvoir doit se faire sentir et ils croient aussi que c’est le genre de royaume que le Christ veut instaurer.

Les autres disciples ne sont pas différents. Ils sont indignés de s’être faits damer le pion par la mère de Jacques et Jean.

La réponse de Jésus est non seulement un avertissement pour ceux qui sont en autorité dans la communauté mais c’est aussi la révélation d’un trait important de la personnalité et du rôle du Christ. Il n’est pas venu pour dominer ni pour être servi mais pour servir. Il réalise la prophétie d’Isaïe à propos d’un serviteur de Dieu qui donne sa vie pour justifier une multitude (Isaïe 53,10).

Luc a retenu la phrase: Le plus grand est celui qui sert (22,24).

Le titre du souverain pontife est précédé des deux lettres: SS, ce qui signifie Serviteur des serviteurs ( Servus servorum), pour répondre à la demande du Christ. Ce qui rappelle aussi que tout chrétien doit être un serviteur, une personne pour les autres.

Jean Gobeil SJ 

2023/07/24 – Mt 12, 38-42

Des scribes et des pharisiens demandent un signe à Jésus. Jésus répond que le seul signe qui sera donné sera celui de Jonas. Comme Jonas est resté trois jours dans le ventre du monstre, ainsi le Fils de l’homme restera trois jours et trois nuits dans le cœur de la terre. Suit une condamnation: les gens de Ninive qui se sont convertis en réponse à la parole de Jonas se lèveront pour condamner cette génération qui a plus que Jonas. De même la reine de Saba qui a fait un long voyage pour entendre les paroles de Salomon condamnera cette génération qui a ici plus que Salomon.

Jésus a eu pitié de la foule parce qu’ils étaient comme des brebis sans pasteur. Ensuite il a invité ceux qui peinaient et ployaient sous le fardeau à venir prendre son joug à lui. Ce qui suit sont des illustrations du ce fardeau que leur imposent des mauvais pasteurs qui s’attachent à l’observance de la lettre de la Loi plutôt qu’à une réponse à Dieu.

Il y a d’abord l’exemple des pharisiens qui accusent les disciples de violer le sabbat en prenant des poignées de blé parce qu’ils ont faim: moissonner est interdit.

Ensuite ils essaient de compromettre Jésus en utilisant les lois sur le sabbat. Ils lui posent la question: Est-il permis de donner des soins le jour du sabbat? C’était défendu sauf si c’était un cas de danger de mort. Jésus leur répond que les gens savent faire des exceptions aux lois officielles et qu’eux-mêmes iraient sortir leur animal d’un trou le jour du sabbat. C’est à la suite de cela que les pharisiens commencent à comploter pour perdre Jésus.

Mais les pharisiens ne savent plus très bien comment attaquer Jésus. Jésus guérit un possédé. Il essaient de répandre la rumeur qu’il réussit cela par le pouvoir de Satan, Béelzéboul. En d’autres mots, c’est un cas de sorcellerie. Jésus montre qu’ils ont perdu toute logique: comment Satan aiderait-il quelqu’un qui attaque son pouvoir?

Et on arrive au signe de Jonas. Au lieu d’attaquer, ils demandent à Jésus de leur faire voir une preuve. Ils sont bien polis: ils l’appellent Maître (non pas dans le sens de Seigneur mais dans le sens de Maître qui enseigne). La croyance populaire était que le Messie ferait des signes dans le ciel, des prodiges. C’est ce qu’ils demandent à Jésus: un prodige spectaculaire qui leur éviterait l’obligation de croire.

Mais les signes que Jésus fait ne sont pas des prodiges, ni des preuves. Ils interpellent et demandent de la foi pour y répondre. Le signe par excellence est sa parole et sa personne-même.  Le signe pour les gens de Ninive à qui Jonas annonçait la punition pour leurs fautes a été simplement la parole de Jonas. C’est à cause de cette parole qu’ils ont fait pénitence et ont été sauvés. De même la reine de Saba n’avait vu aucun prodige. Mais elle avait entendu parler de la sagesse de Salomon. Son désir de sagesse a été le signe qui lui a fait entreprendre un long voyage pour aller entendre Salomon.  Or, déclare Jésus, il y a ici plus que la parole de Jonas et plus que la personne de Salomon. Ils n’auront pas d’autre signe que celui-là.

Jean Gobeil SJ

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2022/07/23 – Mc 3, 31-35

Jésus est dans une maison où il y a beaucoup de monde. Sa mère et ses frères arrivent mais ils doivent rester dehors à cause de tous les gens assis autour de lui. Ils le font donc demander. On dit à Jésus: Ta mère et tes frères te cherchent. Jésus pose la question : Qui est ma mère ? Qui sont mes frères ? Il regarde autour de lui et dit : Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma soeur, ma mère.

Cette façon vague de Marc de parler de la famille de Jésus sans nommer personne peut représenter la parenté de Jésus en général. Il en a été question un peu plus tôt. Juste avant l’épisode précédent des scribes qui attribuaient les pouvoirs de Jésus à Satan et qui étaient ainsi en opposition à la mission de Jésus, les siens avaient été mentionnés comme étant eux aussi en opposition à cette mission. Ils disaient de Jésus qu’il était-hors-de-lui-même, ce qui peut avoir voulu dire qu’il avait perdu la tête. Après tout, on devait savoir dans la famille que Jean Baptiste avait été arrêté et que ce n’était pas le temps d’attirer l’attention. Ils veulent se-saisir-de lui : c’est le même mot qui est employé pour les soldats qui vont arrêter Jésus au jardin des Oliviers (14,44.46). Il n’y a donc aucun doute que ce groupe, lui aussi, est en opposition à la mission de Jésus.

Ils sont maintenant arrivés à la maison où se trouve Jésus. Ils ne peuvent entrer à cause de tous ceux qui sont déjà là. Marc précise leur position qui est importante: ils sont assis en cercle autour de Jésus. Ce n’est pas la cohue d’une foule. C’est la position de ceux qui sont là pour écouter un rabbin, pour se faire instruire comme des disciples. Ce sera la position de Marie, la soeur de Lazare, qui écoutait la parole de Jésus, assise aux pieds du Seigneur  (Luc 10,39) .

On transmet la demande à Jésus: Ta mère et tes frères sont là dehors qui te cherchent.

Jésus pose la question: Qui est ma mère? qui sont mes frères ?

Et regardant-autour: Jésus a cette façon spéciale de regarder avant de faire une déclaration importante. Il regarde ceux qui sont assis comme des disciples comme s’il les regardait un par un. Et c’est alors qu’il leur déclare : Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu

Sa vraie famille sont ceux qui écoutent la volonté de Dieu en l’écoutant. Il prend certainement une distance vis-à-vis de la parenté charnelle: cela ressemble même à une rupture avec ceux qui rejettent sa mission. Il rappelle où est la priorité. Ce rappel est important pour les auditeurs de Marc, les chrétiens de Rome, soumis à une persécution: leur appartenance à la communauté chrétienne les oblige parfois à une semblable rupture avec les liens du sang. C’est cette communauté qui est la vraie famille dont les membres s’appellent frères et soeurs.

Jean Gobeil SJ 

2022/07/22 – Jn 20, 1.11-18

Marie Madeleine est allée au tombeau, tôt le dimanche matin. Elle a découvert le tombeau ouvert et le corps de Jésus disparu. Après être allée avertir les disciples, elle est retournée au tombeau où elle pleure. Elle voit à l’intérieur du tombeau deux anges qui lui demandent pourquoi elle pleure. Elle répond : On a enlevé mon Seigneur et mon Maître. Dans le jardin, Jésus qu’elle ne reconnaît pas lui pose la même question. Elle lui dit : Si c’est toi qui l’as pris, dis-moi où tu l’as mis et j’irai le chercher. Jésus l’appelle par son nom et alors elle le reconnaît et lui dit en araméen : Rabbouni, Maître, un titre plus solennel que Rabbi. C’est sa profession de foi: elle a retrouvé son Maître. Elle reçoit du Christ la mission d’aller annoncer aux disciples, qui sont maintenant ses frères, l’Ascension qui vient, le retour au Père.

Marie de Magdala a une place importante dans les évangiles. Elle apparaît pour la première fois avec un groupe de femmes qui avaient été guéries de possessions ou de maladies et qui suivaient Jésus. On précise pour Madeleine qu’elle avait été libérée de sept démons ce qui peut signifier une maladie importante. Ces femmes suivaient Jésus et les Douze et les assistaient de leurs biens. (Luc 8,1-3). Des femmes qui suivaient un rabbin et ses disciples, ce n’était pas une chose régulière et elles ont dû accepter d’être marginalisées par rapport à leur milieu ; comme les disciples, elles avaient accepté de quitter ou au moins de prendre une certaine distance vis-à-vis de leur milieu de vie.

Elles accompagneront Jésus pendant son ministère en Galilée et le suivront en Judée: elles seront présentes au Calvaire où elles sont mentionnées par les quatre évangélistes. A cette occasion, Marc, Matthieu et Jean mentionnent explicitement Madeleine. Ces femmes suivirent Joseph d’Arimatie qui allait déposer le corps de Jésus au sépulcre. Ensuite, elles allèrent préparer les aromates et les parfums pour compléter l’ensevelissement mais durent attendre vu que le sabbat commençait.

Après le sabbat, le dimanche matin, Madeleine retourne au tombeau et découvre qu’il est ouvert et vide. Elle va avertir les disciples et revient encore au tombeau. C’est là qu’elle pleure et qu’elle pense que le corps de Jésus a été enlevé. Elle est prête à aller le chercher. Elle est certainement pour l’évangile de Jean un modèle de disciple. Elle a une foi qui ne s’arrête pas avec la mort et c’est une foi aimante. C’est son amour qui lui fait reconnaître le Christ quand il prononce son nom et lui répond: Rabbouni. Elle a dû répéter bien souvent ce titre pour que l’évangéliste ait conservé ce mot araméen que ses auditeurs ne comprenaient pas. C’est le titre qui contient toute la foi, la fidélité et l’amour d’une vraie disciple.

En plus d’être la première à voir le Christ ressuscité elle est la première à recevoir une mission, le rôle d’un disciple.

Le texte du Cantique des cantiques qui précédait l’évangile (Ct.3,1-4a) illustre bien la profondeur de cette rencontre de Madeleine avec le Christ ressuscité : celle qui a perdu celui que son coeur aimait se met activement à sa recherche. Quand finalement elle l’a trouvé, elle l’a saisi et ne le lâchera pas.

Jean Gobeil SJ

2022/07/21 – Mt 13, 10-17

L’évangile reprend le texte d’hier en le remettant dans tout son contexte. Il commence par dire aux disciples qu’il leur est donné de connaître les mystères du Royaume. Ainsi, eux qui possèdent, en recevant les paraboles reçoivent encore plus: ils sont dans l’abondance. Mais pour ceux qui n’acceptent pas d’être interpellés par la parabole, ils sont des perdants: ils seront encore plus pauvres à la suite de leur refus. C’est ainsi que la prophétie d’Isaïe se réalise. Ils écoutent et ne comprennent pas ; ils regardent et ne voient pas. Mais la raison est qu’ils se sont bouchés les yeux et les oreilles pour que leur cœur ne comprenne pas et ne soit pas obligé de se convertir. S’ils avaient atteint ce point de la conversion, Dieu était prêt à les guérir. Pour les disciples, puisqu’ils ont suivi Jésus, ils n’ont pas le cœur alourdi ; la conséquence est qu’ils voient et entendent ce que les prophètes et les justes de l’Ancien Testament avaient désiré voir et entendre.

La difficulté de cette explication des paraboles est la même que pour l’explication du texte d’Isaïe.

Elle provient de l’ambiguïté en hébreu entre la fin, le but poursuivi en faisant une action et d’autre part une conséquence de cette action. Ainsi, Dieu, en envoyant Isaïe faire une proclamation, n’a pas pour but que les gens durcissent leur cœur et se bouchent les yeux, Il a pour but qu’ils acceptent de voir, se convertissent pour que Dieu puisse les guérir, comme l’indique la fin du texte. Mais la conséquence que Dieu prévoit est qu’ils refuseront de voir, au moins pour la majorité d’Israël. Il y aura, bien sûr, des exceptions comme les disciples d’Isaïe qui ont recueilli ces paroles et nous les ont transmises.

De même pour les paraboles adressées à la foule. Le but de la parabole est qu’une parole de Dieu soit reçue par ceux qui l’acceptent. Mais une conséquence est que pour ceux qui refusent d’être concernés ils se retrouveront encore plus pauvres. On comprend pourquoi. Concrètement, les paraboles de Jésus   sont des invitations à pénétrer dans la connaissance du Royaume de Dieu; elles sont une invitation à y participer davantage. On comprend que ceux qui refusent vont se retrouver plus loin du Royaume : ils ont durci les obstacles.

Les paraboles gardent leur importance actuelle. Elles sont encore des invitations à pénétrer davantage dans les mystères du Royaume et à se laisser transformer par cette parole de Dieu.

Jean Gobeil SJ 

2022/07/20 – Mt 13, 1-9

Jésus est auprès du lac. Une foule se rassemble pour l’écouter ce qui l’oblige à monter dans une barque pour leur parler. Il s’assit: c’est la position du maître qui enseigne. Sa coutume est de parler à la foule en paraboles. Il commence par la parabole du semeur. Les grains qui tombent le long de la route sont mangées par les oiseaux. Ceux qui tombent sur un sol pierreux sont brûles par le soleil parce qu’ils n’ont pas de racines. D’autres tombent dans les ronces et sont étouffés quand ils poussent. Ceux qui sont tombés dans de la bonne terre donnent du fruit à 100, ou 60 ou 30 pour un.

La parabole est un récit en image qui permet de caractériser une situation sans la dire explicitement. Et l’aspect un peu mystérieux est ce qui interpelle délicatement l’auditeur et lui fait se demander où il se situe dans cette situation ou bien à quoi s’applique cette parabole.

Mais pour avoir accès au sens de la parabole, l’auditeur doit se sentir concerné ; il doit accepter d’être interpellé sinon elle demeure une énigme. Pour comprendre la parabole, il faut être ouvert et disponible. C’est différent pour les disciples. Ils se sont déjà engagés à la suite de Jésus. Ils peuvent comprendre, dans le sens d’accepter, car la parabole n’est pas simplement un message codé qu’il s’agit de traduire en une connaissance précise comme une pièce d’information. Elle peut toujours être approfondie et continue à nous questionner.

Jésus est le semeur et les grains sont la Parole du Royaume comme il l’expliquera plus tard à ses disciples. Les différentes difficultés représentent les divers types d’auditeurs.

Pour nous aussi, les paraboles sont là pour nous faire pénétrer plus loin dans les mystères du Royaume à condition d’accepter de reconnaître ce qui dans notre sol pourrait nuire à la croissance de cette Parole.

Jean Gobeil SJ