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(Français) 2023/01/31 – Mc 5, 21-43

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Au bord du lac, une foule s’est assemblée autour de Jésus. Un chef de synagogue nommé Jaïre vient supplier Jésus de venir imposer les mains à sa petite fille qui est entre la vie et la mort. Jésus part aussitôt avec lui. Une femme qui souffrait d’une maladie incurable veut toucher le vêtement de Jésus pour être guérie.  Jésus se rend compte qu’une force est sortie de lui et demande qui dans la foule l’a touché. Les disciples lui font remarquer que la foule le presse de tous côtés. La femme guérie se jette à ses pieds. Jésus lui dit : « Ta foi t’a sauvée. Va en paix. » On annonce la mort de la petite fille. Jésus rassure le père en lui disant de croire. Arrivé à la maison, il fait sortir tout le monde et, avec le père et le mère et aussi quelques disciples (Pierre, Jacques et Jean), il va où est l’enfant, la prend par la main et la fait se lever en lui disant: Thalita koum..  Les gens sont bouleversés mais Jésus recommande le silence, puis il suggère de faire manger la petite fille.

C’est un texte rempli de détails. Ce sont les souvenirs d’un témoin oculaire comme le nom du chef de synagogue et la parole de Jésus en araméen. Mais ce sont les souvenirs d’un conteur qui relate à mesure que ces souvenirs reviennent, donc pas nécessairement en ordre, comme l’âge de la petite fille qui nous est dit quand tout est fini! Ce sont des souvenirs qui ne sont pas retouchés ou édités, comme l’ignorance de Jésus sur qui l’a touché, une ignorance qui embarrassera Matthieu et Luc, de même que la remarque fort cavalière des disciples: « Comment peux-tu demander cela quand tout le monde te presse? »

Ce récit est pourtant dans la ligne de la présentation de Jésus par Marc : il est celui que Jean Baptiste annonçait comme plus puissant que lui ; il avait reçu l’Esprit et affrontait les esprits mauvais qui devaient lui obéir. Il affrontait aussi les différentes forces du mal comme la lèpre et les maladies. Les deux femmes ici représentent des cas très graves. L’une a une maladie incurable : les médecins ne peuvent rien faire. En outre, comme il s’agit d’une perte de sang, elle est rituellement impure et ne doit toucher personne. L’autre finalement est considérée comme morte: les gens ont commencé les lamentations funèbres. Il suffit d’une parole de Jésus pour la ramener à la vie. Et pour la première, il a suffi qu’elle touche au vêtement de Jésus. Le Messie puissant est à l’oeuvre.

Mais les deux cas illustrent bien la démarche de la foi. Le père demande à Jésus de venir pour que sa petite fille soit sauvée.  La femme pense : Si je parviens à toucher son vêtement, je serai sauvée.  Et Jésus lui dit : Ta foi t’a sauvée. Ce sont donc deux beaux exemples de foi. La réponse de Jésus est irrésistible : avec le père, il se met tout de suite en route pour aller chez lui. Au toucher de la femme, la rencontre dans la foi se fait immédiatement: elle est guérie non seulement de sa maladie mais aussi de l’impureté rituelle qui l’isolait des autres.

Finalement, en dessous des mots, il semble y avoir une marque de tendresse dans la façon de Jésus de parler de la petite fille. Les serviteurs de Jaïre lui disent : Ta fille. Jaïre, lui, parle de sa petite-fille.  Le narrateur, lui, parle de l’enfant. Mais pour la parole de Jésus en araméen, Marc emploie une sorte de diminutif (au neutre !) qu’on pourrait peut-être traduire par ma-toute-petite. Quand tout est terminé, Jésus, lui, continue d’être intéressé par la petite fille et recommande qu’on lui donne à manger. Il y a certainement une touche de familiarité et même de tendresse de la part de Jésus pour cette petite fille.

 Jean Gobeil SJ 

 

(Français) 2022/07/02 – Mt 9, 14-17

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Des disciples de Jean Baptiste viennent demander à Jésus pourquoi ses disciples ne jeûnent pas comme eux et comme les pharisiens. Jésus répond que sa présence a priorité sur des pratiques de pénitence. Il compare sa présence à un vin nouveau qu’il ne faut pas mettre dans des outres usagées c’est-à-dire restreindre dans des pratiques anciennes.

Il y avait des jeûnes obligatoires pour les Juifs à certains moments de l’année. Mais les Juifs pieux pouvaient aussi pratiquer des jeûnes occasionnels. En fait, le jeûne, la prière et l’aumône constituaient trois pratiques religieuses importantes: elles sont mentionnées dans le sermon sur la montagne. Les Pharisiens et les disciples de Jean avaient leurs jours de jeûne propres à leur groupe.

Les disciples de Jean Baptiste sont probablement agacés par le contraste entre la façon de vivre de Jésus et celle de leur maître. Jean Baptiste qui se présente comme un ascète sorti du désert proclame avec sévérité l’approche d’un jugement alors que Jésus et ses disciples ne refusent pas les repas qu’on leur offre. La seule chose que Jean Baptiste et Jésus ont en commun ce sont les ennemis. Jésus en fait la remarque:

Jean vient en effet, ne mangeant ni ne buvant, et l’on dit: Il est possédé. Vient le Fils de l’homme, mangeant et buvant, et l’on dit: C’est un glouton et un ivrogne, un ami des publicains. et des pécheurs.  (Matthieu,11,18-19)

On n’a pas digéré le repas chez Matthieu avec les publicains qui étaient fiers et avaient des sourires d’une oreille à l’autre. Ce Jésus n’est pas sérieux.

La présence de Jésus et les deux petites paraboles, celle de la pièce avec du tissu neuf et celle du vin nouveau dans des vieilles outres, soulignent le thème de la nouveauté. Si la nouveauté était conforme avec ce qui précédait, ce ne serait plus de la nouveauté. Les Juifs auraient dû se souvenir des façons d’agir de Dieu dans le passé. Il faisait des choix inattendus et surprenants. Au lieu de prendre l’aîné ou ceux qui sont grands et forts, il choisissait le petit dernier qui gardait les moutons et qui s’appelait David.  Dieu avait libéré les Israélites au début de leur histoire et ils s’étaient retrouvés au désert! Ils n’en demandaient pas tant: de meilleures heures de travail auraient suffi pour les contenter! Après que Dieu ait dit à Abraham: Rien n’est impossible à Dieu, on peut s’attendre à des surprises.

Si cette nouveauté s’appelle une Bonne Nouvelle, il n’y a pas de place pour la nostalgie du passé.

Jean Gobeil SJ 

(Français) 2022/07/01 – Mt 9, 9-13

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Jésus en sortant de Capharnaüm appelle Matthieu, un collecteur d’impôt, à le suivre. Il se lève immédiatement et se met à sa suite. Suit la scène d’un repas (peut-être dans la maison de Matthieu), dans lequel Jésus et ses disciples mangent avec des publicains et des pécheurs. Des pharisiens demandent aux disciples pourquoi Jésus mange-t-il avec ces gens. Jésus a entendu et répond en déclarant qu’il est venu pour ceux qui avaient besoin de lui, comme un médecin pour les malades. Jésus conclut par une citation du prophète Osée: C’est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice.

C’est un moment important de la vie du Christ. Ce qu’il choisit de faire est révélateur de sa mission et de sa personne. Il avait dû faire des choix importants auparavant. Le premier est sans doute sa position par rapport à Jean Baptiste.

Jean avait prêché et baptisé au Jourdain, près d’une source. Sa renommée l’avait rendu célèbre et les gens se déplaçaient pour aller l’entendre et recevoir son baptême. Jésus commencera son ministère près de Jean Baptiste. C’est là qu’il connaîtra certains disciples de Jean qui deviendront ses disciples à lui. Mais très vite Jésus adoptera une méthode différente de celle du Baptiste. Au lieu d’attendre que les gens viennent à lui il ira vers les gens. Il sillonnera la Galilée; il ira occasionnellement en territoire païen, de l’autre côte du lac ou au nord de Capharnaüm dans le territoire d’Hérode Philippe. Il a donc choisi de ne pas être limité géographiquement.  Son message aussi sera différent de celui de Jean.

Jean avait annoncé un puissant envoyé de Dieu qui viendrait faire un jugement et condamner les mauvais: ils seraient jetés au feu comme la paille inutile ou coupés à la hache comme le bois mort. La hache, disait-il,  est déjà à la racine des arbres; tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu.  (Matthieu 3,10) Jésus, lui, annonçait qu’avec sa présence le Royaume de Dieu était arrivé et qu’il n’était pas venu juger ou condamner mais bien chercher et sauver ce qui était perdu. (Luc 19,10) Il ne veut donc pas être limité par une perspective de jugement, de rétribution, de condamnation.

Or, dans notre texte, Jésus montre qu’il a choisi de ne pas être limité par des frontières ou des délimitations sociales ou religieuses. La société de Jésus ne manque pas de compartiments où sont groupés des gens qui sont soigneusement isolés du reste de la société. Ce sont des marginaux qui sont considérés ou bien comme pécheurs à cause de leur conduite morale ou bien impurs en raison de leur maladie contagieuse comme la lèpre et les affections de la peau, ou bien impurs comme les bouchers à cause de leurs contacts avec le sang, comme les métiers de transport, chameliers et matelots, à cause de leurs contacts avec les païens et bien d’autres. Ces gens sont exclus de la société et doivent être évités. Qu’on se rappelle au procès de Jésus, les prêtres qui refusent d’entrer au palais de Pilate pour ne pas contracter d’impureté qui les empêcherait de célébrer la Pâque le soir de ce vendredi-là. Et l’endroit où il faut absolument éviter des impurs c’est la table. Qu’on se rappelle encore la réaction de l’église de Jérusalem qui demande des explications à Pierre. On n’est pas surpris qu’il ait baptisé. Corneille, un centurion romain, mais on lui demande comment il a pu oser aller manger chez lui!

Or Jésus choisit comme disciple un collecteur d’impôt, un métier impur. En faisant cela, il vient de détruire une frontière de la société. On devine le choc par la réaction des autres collecteurs d’impôt: ils se sentent acceptés puisqu’il a accepté Matthieu. Et les voilà tous rendus chez Matthieu où se trouve Jésus. D’autres s’objectent, les pharisiens. Mais Jésus leur déclare que c’est la miséricorde qui a la priorité et non les prescriptions de la société statuant ce qui est religieusement correct.

C’est le choix de Jésus: les pauvres, les petits dont parlait l’Ancien Testament, pour Jésus ce seront ces marginaux laissés de côté par la société.

Jean Gobeil SJ 

(Français) 2022/06/30 – Mt 9, 1-8

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Jésus revient à Capharnaüm après avoir été en territoire païen de l’autre côté du lac. Des gens lui amènent un paralytique couché sur une civière, Jésus dit au paralytique: Confiance, tes péchés sont pardonnés.  Des scribes sont scandalisés et pensent que c’est un blasphème (seulement Dieu peut déclarer que des péchés sont pardonnés). Alors Jésus annonce ce qu’il va faire pour montrer que Dieu lui accorde ce pouvoir. Il va guérir le paralytique. Il lui dit: Lève-toi, prends ta civière et rentre chez toi. Le paralytique se leva et rentra chez lui. La foule réagit en rendant gloire à Dieu.

Matthieu a une façon bien caractéristique de traiter les miracles. Il simplifie les récits pour concentrer l’attention du lecteur sur une rencontre dans la foi entre une personne et Jésus. Il fait donc disparaître les détails concrets qui se trouvaient dans la source qu’il utilise (ici, c’est le texte de Marc). Le résultat est que ce récit interpelle le lecteur. C’est le même Jésus qui nous parle aujourd’hui. C’est de cette façon qu’il parle. C’est de cette façon qu’on s’adresse à lui.

Voyant leur foi.  Il s’agit de la foi du paralytique et des porteurs. Marc avait beaucoup de détails pour illustrer cette foi. Les porteurs arrivent devant la maison où se trouve Jésus. Il y a trop de foule pour qu’ils puissent entrer et déposer la civière aux pieds de Jésus (c’est là qu’elle est la foule qui apparaît à la fin du texte de Matthieu). Donc, toujours dans Marc, les porteurs montent sur le toit, le défoncent et descendent le paralytique aux pieds de Jésus. Alors Jésus voyant leur foi…c’est-à-dire la foi des porteurs.

Matthieu fait disparaître la scène du toit mais il ne corrige pas pour dire Voyant sa foi (la foi du paralytique) il conserve la forme de Marc: Voyant leur foi… La foi des porteurs fait partie de la réponse de Jésus au paralytique. La leçon pour les lecteurs reste évidente: l’intercession pour les autres, la prière pour les autres, ce qu’on fait pour les autres, tout cela a beaucoup de poids aux yeux du Seigneur.

La signification des miracles ressort très clairement des paroles de Jésus. La guérison physique est un signe de la guérison intérieure. Jésus a dit qu’il était venu pour donner la vie en surabondance. C’est ce que le miracle illustre. Nous avons tous besoin de cette vie. Nous avons tous besoin de plus de vie, de guérison. C’est le même Christ qui veut aujourd’hui répondre à notre besoin et nous rencontrer.

Dans une église byzantine (Chora à Istanbul), une mosaïque décrit la fin de la scène: le paralytique ne fait pas simplement rentrer chez lui; il court, une jambe en l’air, avec le grabat sur le dos! Il a vraiment rencontré le Seigneur !

Jean Gobeil SJ 

(Français) 2022/06/29 – Mt 16, 13-19

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Dans le territoire païen de Césarée de Philippe, Jésus demande à ses disciples: Pour vous, qui suis-je? Pierre répond en son nom et au nom des Douze: Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. Jésus déclare que cette profession de foi lui vient du Père et lui donne le nouveau nom de Pierre. Il lui déclare qu’il sera le roc sur lequel l’Eglise sera bâtie. Il aura le pouvoir de lier et de délier, c’est-à-dire de défendre ou de permettre.

Si on suit l’ordre de Matthieu, on voit que Jésus s’est éloigné des territoires juifs et en même temps des foules. Il a commencé par aller dans le territoire de Sidon (Liban) au nord de la Galilée puis, toujours au nord mais plus à l’est, dans le territoire du tétrarque Philippe aux sources du Jourdain.  C’est comme s’il avait voulu par là se consacrer à ses disciples et les préparer à aller plus loin dans la connaissance de sa personne.

Jésus commence par demander aux Douze qu’est-ce que les gens disent de lui. La réponse est que les opinions varient et restent incertaines. Il leur demande alors qu’est-ce qu’ils pensent, eux. Pierre fait sa déclaration qui est une profession de foi: Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. Jésus non seulement accepte cette identification mais il la prend dans son sens complet qui dépasse la pensée de Pierre. C’est pour cela qu’il ajoute  qu’elle provient d’une révélation du Père. Pour être fidèle à cette révélation, Pierre devra progresser dans la foi, car, comme la suite du récit le montre,  sa notion du Messie n’inclut pas la souffrance.

C’est pourtant avec cette foi incomplète que Pierre se fait dire qu’il sera le fondement de l’Eglise. Pour indiquer cette nouvelle vocation, Jésus donne à Simon un nom nouveau, comme Dieu avait donné un nom nouveau à Abram. On ne connaît pas d’emploi de Pierre comme nom, que ce soit en grec ou en araméen.

Le mot Eglise (ekklesia) est employé pour la première fois. Dans le monde politique, il signifiait une convocation de ceux qui étaient qualifiés pour prendre des décisions. La traduction grecque de l’Ancient Testament l’employait pour traduire le peuple de Yahvé, c’est-à-dire l’assemblée de ceux qui ont été convoqués par Dieu. Jésus parle donc d’un nouveau peuple de Dieu dont Pierre est maintenant établi comme fondement. L’importance de Pierre, qui n’a rien d’un héros, est un peu paradoxale. Mais ce n’est pas accidentel puisque la même chose revient dans l’évangile de Jean.

Dans l’évangile de Jean en effet,  il y a, après la résurrection, une apparition de Jésus près du lac de Tibériade (21,13).  Jésus demande à Pierre, par trois fois, m’aimes-tu. Les deux première fois, il emploie un mot qui signifie un amour qui veut le bien de l’autre, un amour complètement désintéressé (agapan). Pierre, qui se rappelle ses reniements, n’ose pas répondre en employant le même mot. Il répond: Tu sais que je t’aime-bien (philein). La troisième fois, Jésus emploie le même mot que Pierre comme pour accepter que son amour soit imparfait. Pierre fait la même réponse. Et pourtant, à chaque réponse de Pierre, Jésus a fait une triple investiture: pais mes agneaux, pais mes brebis, c’est-à-dire je t’établis pour régir mon troupeau, mon peuple, même si ta foi a encore des faiblesses. .

C’est donc très finement dire que Dieu n’a pas besoin d’instruments parfaits pour que sa force agisse  à travers eux. Paul dira: Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort car Dieu lui a révélé :  Ma puissance se déploie dans la faiblesse.  (2Cor.12,9.10)

Sa vie, après sa conversion, sera une belle illustration de l’action de cette force de Dieu. C’est lui qui fonda le christianisme en Asie Mineure et en Grèce. C’est par ses lettres que les églises se communiquaient les unes aux autres qu’il a eu l’influence la plus durable sur tout le christianisme. Ses exposés de la doctrine et de la morale de la foi chrétienne sont demeurés des sources d’inspiration.

L’église saint Paul hors les murs, près de Rome, conserve depuis des siècles la tradition d’être le site du tombeau de saint Paul. Devant l’entrée on a mis une statue de Paul et à côté une statue de Pierre. Dans leur importance pour le christianisme, on n’a pas voulu les séparer.

Jean Gobeil SJ 

(Français) 2022/06/28 – Mt 8, 23-27

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Thomas n’était pas avec les autres disciples quand Jésus était venu. Eux lui disaient: Nous avons vu le Seigneur! Mais Thomas déclare qu’à moins de le toucher il ne croira pas. Huit jours plus tard, alors que les portes sont verrouillées, tout à coup Jésus est au milieu d’eux et leur dit: La paix soit avec vous. Puis il dit à Thomas de regarder et de toucher et enfin de croire. Thomas dit alors: Mon Seigneur et mon Dieu. Jésus lui dit : Tu crois parce que tu as vu. Heureux ceux qui croient sans avoir vu.

Le récit commence par une apparition de Jésus. Les portes verrouillées indiquent qu’après sa résurrection Jésus possède une forme de vie complètement nouvelle. Sa présence n’est plus limitée par des portes ou des murs. Il est déjà là et il n’a qu’à vouloir que cette présence devienne visible pour apparaître aux disciples. Les cicatrices de la crucifixion montrent que c’est bien celui qui a vécu avec eux qui a maintenant cette nouvelle vie.

Lorsque Jésus avait décidé de monter dans le territoire de Jérusalem parce que Lazare était mort les disciples avaient été effrayés par le risque qu’il prenait. C’est Thomas qui avait alors exprimé la décision du groupe de disciples en disant : Allons, nous aussi, pour mourir avec lui.     (Jean, 11,16)

Dans le premier discours d’adieux, en parlant d’aller au Père Jésus avait dit : Du lieu où je vais vous connaissez le chemin.   (Jean 14,5)

Thomas s’était montré réticent. Il ne voyait pas : Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment saurions-nous le chemin ?

Et Jésus lui avait répondu : Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie.

Finalement, lui qui invitait les disciples à suivre Jésus pour mourir avec lui il n’est pas capable de croire ces mêmes disciples qui disent l’avoir vu, ressuscité. Il faudra qu’il voit lui-même et il met des conditions. Sa foi aura du chemin à faire et elle le fera pour aboutir à une nouvelle relation avec Jésus, comme Seigneur et comme Dieu. Il n’y aura pas de titres plus élevés à donner à Jésus que ceux de la profession de foi de ce Thomas.

On a l’impression quand on arrive à la dernière phrase de Jésus que tout le récit était une préparation pour cette phrase. Brusquement Jésus parle aux lecteurs de l’évangile! Si Thomas a eu de la difficulté alors que lui pouvait voir faut-il se surprendre qu’il y ait des moments difficiles pour la foi de ceux qui n’ont pas vu. Si Thomas ne connaissait pas le chemin faut-il se surprendre que parfois le chemin ne soit pas évident? C’est en quelqu’un qu’il faut croire, quelqu’un avec son mystère; quelqu’un qui a dit: Mes voies ne sont pas vos voies, et qui pourtant nous a dit de prier en disant: Que ta volonté soit faite.

Jean Gobeil SJ 

(Français) 2000/06/27 – Mt 8, 18-22

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Aujourd’hui nous n’avons que cinq petits versets en guise d’évangile alors que la première lecture est très longue (Genèse 18, 16-33). Mais on ne pourrait pas dire que ces deux textes sont délimités de manière bizarre. Pour abréger la première lecture, il aurait fallu renoncer à la mise en contexte que représentent les premiers versets, ou mutiler le plaidoyer d’Abraham en faveur de Sodome et Gomorrhe. Quant à l’évangile, l’allonger n’aurait servi à rien, car chez Matthieu, ce petit texte se suffit, indépendamment de ce qui le précède et de ce qui le suit.

Dans l’épisode surprenant de la Genèse, où l’on voit Abraham contester Dieu et palabrer âprement pour essayer de sauver Sodome et Gomorrhe. Cette intercession nous offre une très belle leçon d’humanité, même si elle n’aboutit à rien. Abraham met sa tête sur le billot pour arracher des inconnus au péril. Les habitants de Sodome et Gomorrhe ne sont pas ses amis ou parents. Dans ce « district », il ne compte que quelques proches : son neveu Loth et sa famille qui s’en sortiront, sauf l’épouse qui eut l’infortune de se retourner pour voir ce que devenaient les villes condamnées et se retrouva figée en une statue de sel. Au tribunal du Tout-Puissant, Abraham s’empare courageusement du rôle d’avocat de la défense pour des gens indéfendables et, il ne joue pas la comédie : on sent qu’il veut vraiment leur éviter la sentence capitale. Il affronte le Seigneur qui est à la fois accusateur et juge, en sachant très bien que c’est téméraire de supposer que Dieu peut se tromper. Alors qu’à certaines occasions, Abraham manifeste une pénible couardise (il donne sa femme Sara à Pharaon en prétendant que c’est sa sœur; il  cède à la pression de Sara et chasse Hagar et Ismaël les mains presque vides), cette fois, il fait preuve d’une authentique surhumanité.

La surhumanité semble être aussi ce que Jésus exige des siens dans l’évangile. Au scribe qui jure de le suivre partout, il adresse ces paroles qui éteindraient l’euphorie de n’importe qui : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête. » Cela veut dire : si tu décides de me suivre, ne t’attends à aucune récompense ni à aucune reconnaissance en ce monde. En fait, ce qui est « surhumain » est aussi, en un certain sens, inhumain. Personne n’accepte de gaieté de cœur que ce qu’il fait  de réellement louable passe inaperçu. Nous voulons tous être applaudis, félicités et décorés pour nos bons coups ou être rémunérés pour services rendus : ce n’est que justice!

Et comme si ce n’était pas suffisant d’imposer aux disciples la condition de « sans domicile fixe », Jésus réclame d’être suivi sur le champ, sans délai, de manière intransigeante. Pourtant, le disciple qui demande d’aller d’abord enterrer son père ne cherche pas un prétexte fallacieux pour se défiler : il prend au sérieux son devoir de fils. La réponse de Jésus à cette requête est choquante : « Suis-moi et laisse les morts enterrer leurs morts. » Comment interpréter ce refus de négocier qui semble pousser le disciple à la faute en dévaluant la piété filiale? L’impatience de Jésus s’explique par l’urgence du royaume. Ses paroles traduisent la conviction que le temps est compté, et qu’il faut en tirer toutes les conséquences. Il y a quelque chose d’apocalyptique dans cet impérieux « Suis-moi » en abandonnant même ce qui, en des circonstances normales apparaîtrait comme sacré.

Pendant les années qui ont suivi la disparition de l’homme de Nazareth, ses disciples ont cru effectivement que la fin du monde et le second retour étaient proches. C’est pourquoi  des décennies se sont écoulées avant qu’ils ne se décident à mettre par écrit « les  paroles du Seigneur » : l’Avènement qu’ils attendaient était trop imminent. À quoi bon  des rouleaux de livres  sur lui? Avant que les hommes n’aient eu  le temps de lire ce qu’on aura écrit, lui-même sera déjà là! Mais il n’est pas revenu, et nous avons tendance à nous démobiliser en pensant qu’il n’y a plus d’urgence. Malgré le fait que nul ne connaît le jour ou l’heure, ou plutôt à cause de cela, il vaudrait mieux entretenir la vigilance de la foi.

Melchior M’Bonimpa 

 

 

 

 

 

(Français) 2021/07/03 – Jn 20, 24-29

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Thomas n’était pas avec les autres disciples quand Jésus était venu. Eux lui disaient: Nous avons vu le Seigneur! Mais Thomas déclare qu’à moins de le toucher il ne croira pas. Huit jours plus tard, alors que les portes sont verrouillées, tout à coup Jésus est au milieu d’eux et leur dit: La paix soit avec vous. Puis il dit à Thomas de regarder et de toucher et enfin de croire. Thomas dit alors: Mon Seigneur et mon Dieu. Jésus lui dit : Tu crois parce que tu as vu. Heureux ceux qui croient sans avoir vu.

Le récit commence par une apparition de Jésus. Les portes verrouillées indiquent qu’après sa résurrection Jésus possède une forme de vie complètement nouvelle. Sa présence n’est plus limitée par des portes ou des murs. Il est déjà là et il n’a qu’à vouloir que cette présence devienne visible pour apparaître aux disciples. Les cicatrices de la crucifixion montrent que c’est bien celui qui a vécu avec eux qui a maintenant cette nouvelle vie.

Lorsque Jésus avait décidé de monter dans le territoire de Jérusalem parce que Lazare était mort les disciples avaient été effrayés par le risque qu’il prenait. C’est Thomas qui avait alors exprimé la décision du groupe de disciples en disant : Allons, nous aussi, pour mourir avec lui. (Jean, 11,16)

Dans le premier discours d’adieux, en parlant d’aller au Père Jésus avait dit : Du lieu où je vais vous connaissez le chemin. (Jean 14,5)
Thomas s’était montré réticent. Il ne voyait pas : Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment saurions-nous le chemin?
Et Jésus lui avait répondu: Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. (Jean 14,6)

Finalement, lui qui invitait les disciples à suivre Jésus pour mourir avec lui il n’est pas capable de croire ces mêmes disciples qui disent l’avoir vu, ressuscité. Il faudra qu’il voit lui-même et il met des conditions. Sa foi aura du chemin à faire et elle le fera pour aboutir à une nouvelle relation avec Jésus, comme Seigneur et comme Dieu. Il n’y aura pas de titres plus élevés à donner à Jésus que ceux de la profession de foi de ce Thomas.

On a l’impression quand on arrive à la dernière phrase de Jésus que tout le récit était une préparation pour cette phrase. Brusquement Jésus parle aux lecteurs de l’évangile! Si Thomas a eu de la difficulté alors que lui pouvait voir faut-il se surprendre qu’il y ait des moments difficiles pour la foi de ceux qui n’ont pas vu. Si Thomas ne connaissait pas le chemin faut-il se surprendre que parfois le chemin ne soit pas évident? C’est en quelqu’un qu’il faut croire, quelqu’un avec son mystère; quelqu’un qui a dit: Mes voies ne sont pas vos voies, et qui pourtant nous a dit de prier en disant: Que ta volonté soit faite.

Jean Gobeil SJ

(Français) 2021/07/02 – Mt 9, 9-13

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Jésus en sortant de Capharnaüm appelle Matthieu, un collecteur d’impôt, à le suivre. Il se lève immédiatement et se met à sa suite. Suit la scène d’un repas (peut-être dans la maison de Matthieu), dans lequel Jésus et ses disciples mangent avec des publicains et des pécheurs. Des pharisiens demandent aux disciples pourquoi Jésus mange-t-il avec ces gens. Jésus a entendu et répond en déclarant qu’il est venu pour ceux qui avaient besoin de lui, comme un médecin pour les malades. Jésus conclut par une citation du prophète Osée: C’est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice.

C’est un moment important de la vie du Christ. Ce qu’il choisit de faire est révélateur de sa mission et de sa personne. Il avait dû faire des choix importants auparavant. Le premier est sans doute sa position par rapport à Jean Baptiste.

Jean avait prêché et baptisé au Jourdain, près d’une source. Sa renommée l’avait rendu célèbre et les gens se déplaçaient pour aller l’entendre et recevoir son baptême. Jésus commencera son ministère près de Jean Baptiste. C’est là qu’il connaîtra certains disciples de Jean qui deviendront ses disciples à lui. Mais très vite Jésus adoptera une méthode différente de celle du Baptiste. Au lieu d’attendre que les gens viennent à lui il ira vers les gens. Il sillonnera la Galilée; il ira occasionnellement en territoire païen, de l’autre côte du lac ou au nord de Capharnaüm dans le territoire d’Hérode Philippe. Il a donc choisi de ne pas être limité géographiquement. Son message aussi sera différent de celui de Jean.

Jean avait annoncé un puissant envoyé de Dieu qui viendrait faire un jugement et condamner les mauvais: ils seraient jetés au feu comme la paille inutile ou coupés à la hache comme le bois mort. La hache, disait-il, est déjà à la racine des arbres; tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. (Matthieu 3,10) Jésus, lui, annonçait qu’avec sa présence le Royaume de Dieu était arrivé et qu’il n’était pas venu juger ou condamner mais bien chercher et sauver ce qui était perdu. (Luc 19,10) Il ne veut donc pas être limité par une perspective de jugement, de rétribution, de condamnation.

Or, dans notre texte, Jésus montre qu’il a choisi de ne pas être limité par des frontières ou des délimitations sociales ou religieuses. La société de Jésus ne manque pas de compartiments où sont groupés des gens qui sont soigneusement isolés du reste de la société. Ce sont des marginaux qui sont considérés ou bien comme pécheurs à cause de leur conduite morale ou bien impurs en raison de leur maladie contagieuse comme la lèpre et les affections de la peau, ou bien impurs comme les bouchers à cause de leurs contacts avec le sang, comme les métiers de transport, chameliers et matelots, à cause de leurs contacts avec les païens et bien d’autres. Ces gens sont exclus de la société et doivent être évités. Qu’on se rappelle au procès de Jésus, les prêtres qui refusent d’entrer au palais de Pilate pour ne pas contracter d’impureté qui les empêcherait de célébrer la Pâque le soir de ce vendredi-là. Et l’endroit où il faut absolument éviter des impurs c’est la table. Qu’on se rappelle encore la réaction de l’église de Jérusalem qui demande des explications à Pierre. On n’est pas surpris qu’il ait baptisé. Corneille, un centurion romain, mais on lui demande comment il a pu oser aller manger chez lui!

Or Jésus choisit comme disciple un collecteur d’impôt, un métier impur. En faisant cela, il vient de détruire une frontière de la société. On devine le choc par la réaction des autres collecteurs d’impôt: ils se sentent acceptés puisqu’il a accepté Matthieu. Et les voilà tous rendus chez Matthieu où se trouve Jésus. D’autres s’objectent, les pharisiens. Mais Jésus leur déclare que c’est la miséricorde qui a la priorité et non les prescriptions de la société statuant ce qui est religieusement correct.

C’est le choix de Jésus: les pauvres, les petits dont parlait l’Ancien Testament, pour Jésus ce seront ces marginaux laissés de côté par la société.

Jean Gobeil SJ 

 

(Français) 2021/07/01 – Mt 9, 1-8

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Jésus revient à Capharnaüm après avoir été en territoire païen de l’autre côté du lac. Des gens lui amènent un paralytique couché sur une civière, Jésus dit au paralytique: Confiance, tes péchés sont pardonnés. Des scribes sont scandalisés et pensent que c’est un blasphème (seulement Dieu peut déclarer que des péchés sont pardonnés). Alors Jésus annonce ce qu’il va faire pour montrer que Dieu lui accorde ce pouvoir. Il va guérir le paralytique. Il lui dit: Lève-toi, prends ta civière et rentre chez toi. Le paralytique se leva et rentra chez lui. La foule réagit en rendant gloire à Dieu.

Matthieu a une façon bien caractéristique de traiter les miracles. Il simplifie les récits pour concentrer l’attention du lecteur sur une rencontre dans la foi entre une personne et Jésus. Il fait donc disparaître les détails concrets qui se trouvaient dans la source qu’il utilise (ici, c’est le texte de Marc). Le résultat est que ce récit interpelle le lecteur. C’est le même Jésus qui nous parle aujourd’hui. C’est de cette façon qu’il parle. C’est de cette façon qu’on s’adresse à lui.

Voyant leur foi. Il s’agit de la foi du paralytique et des porteurs. Marc avait beaucoup de détails pour illustrer cette foi. Les porteurs arrivent devant la maison où se trouve Jésus. Il y a trop de foule pour qu’ils puissent entrer et déposer la civière aux pieds de Jésus (c’est là qu’elle est la foule qui apparaît à la fin du texte de Matthieu). Donc, toujours dans Marc, les porteurs montent sur le toit, le défoncent et descendent le paralytique aux pieds de Jésus. Alors Jésus voyant leur foi…c’est-à-dire la foi des porteurs.

Matthieu fait disparaître la scène du toit mais il ne corrige pas pour dire Voyant sa foi (la foi du paralytique) il conserve la forme de Marc: Voyant leur foi… La foi des porteurs fait partie de la réponse de Jésus au paralytique. La leçon pour les lecteurs reste évidente: l’intercession pour les autres, la prière pour les autres, ce qu’on fait pour les autres, tout cela a beaucoup de poids aux yeux du Seigneur.

La signification des miracles ressort très clairement des paroles de Jésus. La guérison physique est un signe de la guérison intérieure. Jésus a dit qu’il était venu pour donner la vie en surabondance. C’est ce que le miracle illustre. Nous avons tous besoin de cette vie. Nous avons tous besoin de plus de vie, de guérison. C’est le même Christ qui veut aujourd’hui répondre à notre besoin et nous rencontrer.

Dans une église byzantine (Chora à Istanbul), une mosaïque décrit la fin de la scène: le paralytique ne fait pas simplement rentrer chez lui; il court, une jambe en l’air, avec le grabat sur le dos! Il a vraiment rencontré le Seigneur!

Jean Gobeil SJ