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(Français) 2020/11/30 (Matthieu 4, 18-22)

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2020/11/30 – Matthieu 4, 18-22

Nous célébrons aujourd’hui la mémoire d’un apôtre, l’un des Douze qui rappellent et continuent le même peuple élu par Dieu, peuple descendant des douze patriarches et constitué par douze tribus. Ce groupe des Douze, que le Christ a choisi pour être ses témoins oculaires privilégiés, sont au point de départ de la tradition chrétienne.

André, associé à son frère Simon, surnommé Pierre par Jésus, devint le premier disciple de Jésus (Jn 1,40). La tradition chrétienne l’a vénéré, en particulier l’Église de Constantinople et l’Église d’Écosse, qui l’ont choisi comme leur patron.

Le Seigneur, dans l’histoire ancienne, a fait toujours les premiers pas pour instaurer un dialogue avec celui qu’il a choisi. Comme il est l’Amour, il interpelle et fait le premier geste, prenant le risque d’essuyer un refus. Présent dans son Fils Jésus, Dieu manifeste toujours le même amour qui prévient et qui se compromet. En appelant des disciples, Dieu nous invite à réaliser des rêves qui dépassent tous nos petits projets, limités, mais qui ne visent que l’immédiat.

L’appel de Jésus à deux groupes de frères se répète dans deux scènes parallèles, avec la même invitation et la même réponse. Suivre le Christ comprend d’abord une conversion, le renoncement à tout le passé. Dans le cas des deux groupes de frères, ceux-ci quittent immédiatement leur métier et, dans le second exemple, il laisse même leur père. Ce qu’ils quittent n’est nullement mauvais, mais ce passé n’entre plus dans la vocation qu’ils reçoivent. Pour devenir disciple du Christ, il faut marcher dans ses pas, délaissant tout ce qui se trouve en arrière ou en marge de cette voie vers l’avenir.

C’est le sacrifice que le disciple consent par amour du Seigneur, croyant que Dieu lui rendra au centuple ce qu’il a abandonné: “Je vous ferai pêcheurs d’hommes.” Le Christ les prend avec leur expérience de pêcheurs, mais il élève leur identité à un niveau complètement supérieur. Dieu ne détruit nullement l’identité, le caractère, qu’il nous a donné, mais il le transfigure dans un registre jusque-là inconnu. Jésus ne fait pas simplement un jeu de mots, mais il exprime cette vérité que son appel modifiera totalement l’avenir de ses disciples, tout en conservant leur personnalité avec ses traits distinctifs.

Conclusion

L’appel du Seigneur s’adresse à toute personne, qu’il a créée pour devenir son témoin dans l’histoire humaine. Tout être humain, créé par Dieu, entend son appel, il reçoit une vocation, celle du don de soi-même. Chaque personne n’est pas un numéro dans une série, mais il est un être unique, dont l’identité constitue sa richesse. En l’appelant, le Seigneur ne détruit rien en lui, au contraire. Il l’appelle à suivre son Fils dans une voie supérieure, qui comblera son désir de vie sans limites.

Jean-Louis D’Aragon SJ

 

2020/09/14 — L’évangile du lundi – (Jn 3, 13-17) La Croix Glorieuse

Au début de sa première lettre aux chrétiens de Corinthe, Paul leur rappelle que le Christ crucifié est le cœur de l’Évangile qu’il leur a proposé. Il avait décidé de leur proclamer « rien d’autre que Jésus-Christ et, plus précisément, Jésus-Christ crucifié. » (1 Cor 2,3s) Après sa déconvenue devant les « sages » de l’Aréopage d’Athènes, Paul arriva à Corinthe « faible et tout tremblant de crainte. » Il avait résolu de mettre de côté l’éloquence brillante, pour prêcher « le Christ crucifié, message scandaleux pour les Juifs et folie pour les païens. (1 Cor 1,23)

Comment le Christ en croix, cet objet d’horreur pour les anciens, peut-il être source de salut et de vie ? Ce monde opposé à Dieu pense trouver le salut dans la puissance qui domine, qui écrase les ennemis. Il est convaincu que la faiblesse ne produit rien, sinon l’humiliation et la prostration. Quand il croit en Dieu, ce monde se le représente comme un super Jupiter, comme le Maître de l’univers.

C’est pourquoi Pierre, inspiré par le monde et Satan, s’insurge contre la destinée de Jésus, qui vient d’annoncer à ses disciples qu’il subira une condamnation infamante à la mort. Dans une vive réaction, contre l’intervention de Pierre, représentant l’esprit du monde, juif et païen, le Christ le stigmatise comme inspiré par le diable (Mt 16,22s).

Descendu parmi nous et monté au ciel

« Le Fils de l’homme » désigne Jésus, qui représente tous les humains et qui les rassemble en lui. En descendant du ciel, il s’abaisse pour assumer notre condition fragile et misérable, partageant tout avec nous, sauf le péché. Pourquoi une telle humiliation, qui répugne à la raison humaine ? La réponse se trouve dans l’amour mystérieux de Dieu pour le monde. (Jn 3,16) Ce monde pourtant est rebelle, animé par la haine et ennemi de Dieu. Comment peut-il attiré l’amour de Dieu ?

Quand on parle de cette manière, on s’inspire de notre amour humain, égoïste, qui veut posséder ce qu’on prétend aimer, parce qu’on le juge aimable et attrayant. L’amour véritable est le contraire de l’égoïsme : il ne veut pas posséder et dominer, mais donner tout, jusqu’à sa vie. En raison de son amour, Dieu donne tout dans son Fils unique, acceptant d’être cloué, impuissant, sur une croix. À la suite de leur Seigneur, les disciples du Christ ont la vocation de se donner par amour et de prouver cet amour, même à l’égard de leurs ennemis : « Faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent et priez pour ceux qui vous maltraitent. » (Luc 27s).

Dans son humiliation extrême sur la croix, le Fils de l’homme, et l’humanité qui s’unit à lui par la foi, donne tout et se livre dans une parfaite confiance à Dieu, source de la vie et du bonheur. L’Alliance est rétablie par ce sacrifice entre l’humanité et Dieu, l’amour du Fils qui donne tout répond enfin à l’Amour infini de Dieu.

L’unique sécurité de notre humanité ne réside pas en nous, dans notre fausse richesse et dans nos découvertes scientifiques, mais dans l’amour infini de Dieu. « Dieu est amour » (1 Jn 4, 8.16) répète Jean. Tel est le cœur de notre foi, auquel il faut répondre par notre amour, qui donne tout, jusqu’à notre vie.

Contempler l’amour de Dieu dans son Fils

Cet amour de Dieu, révélé dans son Fils incarné et crucifié, n’est pas un événement isolé dans l’histoire du salut. Ce plan divin s’est déjà manifesté dans les ombres du Premier Testament, qui annonçaient son plein accomplissement en Jésus. Lorsque le peuple élu cheminait péniblement à travers le désert vers la Terre que Dieu lui promettait, la confiance venait à lui manquer et la révolte éclatait contre cette folle aventure et contre le chef mandaté par Dieu, Moïse. En coupant ainsi le lien vital de la foi en Dieu, le peuple se retrouvait démuni devant le mal, qui prenait la forme de serpents venimeux. « Ils mordirent un grand nombre d’Israélites, qui en moururent. » (Nombres 21, 6)

Ce peuple qui s’insurge contre la volonté de Dieu s’inscrit dans la longue lignée de notre humanité, qui se révolte contre le projet de salut que Dieu veut réaliser. Lorsqu’on refuse de faire confiance au Seigneur, on s’isole pour découvrir sa pauvreté et son impuissance. Le peuple prend alors conscience de son péché : « Nous avons péché en vous critiquant, le Seigneur et toi (Moïse) ! », s’écrie le peuple. À la prière de Moïse, Dieu lui ordonne de façonner un serpent de métal et de le fixer sur une perche. Quiconque regardera avec foi le serpent aura la vie sauve. Par ce regard de confiance en Dieu, le canal de vie se rétablit avec la source du salut.

C’est en contemplant avec foi le Christ en croix que nous pouvons accueillir le salut définitif et la vie éternelle. Le Crucifié incarne l’expression parfaite de l’amour de Dieu, qui donne tout. Par ce regard de foi, nous devenons progressivement Celui qui a tout donné par amour. Notre regard transforme alors notre égoïsme en amour.

Jean-Louis D’Aragon SJ

2020/09/15 — L’évangile de mardi – (Jn 19, 25-27) – Notre-Dame des Douleurs

L’Évangile de Jean présente la mère de Jésus seulement en deux circonstances, au tout début de la mission de son Fils et à la fin, à son sacrifice sur la croix. Aux noces de Cana, elle avoue à Jésus la honte et la pauvreté des époux, qui représentent notre humanité: ils n’ont plus de vin, ils n’ont plus la source de joie. C’est l’aveu de notre pauvreté humaine radicale.  Par la suite, Marie enseigne aux serviteurs la disponibilité, cette ouverture du coeur à la volonté du Christ: “Faites tout ce qu’il vous dira” (Jn 2,5). Les serviteurs représentent tous les disciples de son Fils, qui comblera leur pauvreté en raison de leur accueil dans la confiance.

Au pied de la croix, Marie se retrouve associée au disciple que Jésus aimait. Depuis le repas d’adieu, la veille, ce disciple apparaît pour la première fois dans l’Évangile et il occupe une position privilégiée, sur la poitrine de son Seigneur (Jn 13,23). Il vit dans une communion intime avec Jésus , tout comme celui-ci vit dans l’union avec son Père (Jn 1,18). Ce disciple est l’auteur du 4e Évangile (Jn 21,24), que les membres de sa communauté ont idéalisé pour le hisser comme le modèle de tout chrétien. Ainsi, il se trouve en compagnie de Pierre durant la tragédie de la passion de Jésus: familier du grand prêtre, il peut introduire Pierre dans la cour intérieure où Jésus comparaît (Jn 18,16). Au matin de Pâques, il court plus vite que Pierre pour atteindre le tombeau de Jésus et il est le premier qui croit dans la résurrection de son Seigneur (Jn 20,8).

Lorsque le Christ s’offre en sacrifice sur la croix, il est en mesure de donner à tous ceux qui croient en lui une vie nouvelle et il crée une famille unie par l’amour. S’adressant à sa mère, “Voici ton fils, mère”, puis à son disciple, “Voici ta mère”, Jésus emploie les formules rituelles d’adoption dans le monde ancien. Par cette déclaration, Jésus introduit son disciple, et ceux qu’il représente, dans sa propre famille. Dans ce disciple idéal, Jésus voit tous ses frères et soeurs croyants, qui participeront à sa propre filiation envers sa mère.

Le Seigneur Jésus associe tous les siens dans sa famille humaine. Le matin de Pâques, il les introduira tous dans sa famille divine, en donnant cette mission glorieuse à Marie de Magdala: “Va dire à mes frères que je monte vers mon Père, qui est aussi votre Père, vers mon Dieu, qui est aussi votre Dieu” (Jn 20,17) À la suite de sa glorification, ses disciples sont maintenant ses “frères”, membres de sa famille. Ayant introduit les siens dans sa famille humaine, le Christ leur annonce maintenant que son sacrifice sur la croix les élève dans la famille de Dieu, le Père de tous.

Jean-Louis D’Aragon SJ

2020/09/16 — L’évangile du mercredi – (Lc 7, 31-35) – St Corneille ; St Cyprien

Dans un discours à la foule, Jésus parle des hommes de cette génération. Il vise en fait ceux qui n’ont pas accepté la prédication de Jean Baptiste ni la sienne. Il les compare à des gamins qui ne veulent pas se joindre à des jeux gais ni non plus à des jeux tristes: ce qu’on leur propose ne correspond jamais à ce qu’ils attendent. Comme ces gamins, les Pharisiens et les docteurs de la Loi n’ont pas accepté Jean Baptiste à cause de son austérité et se sont justifiés en disant qu’il était un possédé. De même ils rejettent Jésus à cause de son manque d’austérité: il mange avec des publicains et des pécheurs. Ils disent qu’il est un glouton et un ivrogne. Mais le peuple, les petits, les collecteurs d’impôts et les pécheurs ont su reconnaître que la sagesse divine était à l’œuvre.

Cette partie du discours vient après un éloge de Jean Baptiste que Jésus a fait. Par trois fois il a demandé à la foule: Quand vous êtes allés voir Jean Baptiste, qui êtes-vous allés voir au désert? Il conclut en disant: Un prophète? Et plus qu’un prophète.

Jean Baptiste a été le précurseur, le dernier de l’ère avant la venue du Royaume. Il a vécu au désert, en ascète, et il a prêché un baptême de conversion. Il était dans le temps de la préparation et là, il a été le plus grand. Ses disciples l’ont imité en pratiquant des jeûnes régulièrement.

Mais avec la venue de Jésus, il y a la venue du Royaume, la venue d’une ère nouvelle. Et là le plus petit est plus grand que Jean Baptiste parce qu’il y a maintenant la présence du Royaume. Ceux qui reconnaissent cette présence doivent la célébrer. C’est pour cela que Jésus n’a pas institué de jeûnes officiels pour ses disciples. C’est pour cela aussi qu’il n’a pas refusé les repas qu’on lui offrait. Et pour bien montrer que le salut était venu pour tous, il a mangé chez Lévi et chez Zachée, des publicains.

La présence du Règne de Dieu est, pour les enfants de la sagesse divine, une invitation à célébrer une noce. Et Jésus en a donné l’exemple.

Jean Gobeil SJ 

2020/09/17 — L’évangile du Jeudi – (Lc 7, 36-50) – St Robert Bellarmin; St Lambert

Les deux personnes confrontées à Jésus dans cette scène sont totalement opposées. Les gens estiment la première comme un juste, qui observe tous les préceptes de la Loi. Le pharisien appartient au groupe des purs, “séparés”, qui méprisent le “peuple de la terre”, ceux qui ne connaissent pas la Loi ou qui ne l’observent pas. Le pharisien est convaincu d’être en accord avec la volonté de Dieu. Par contre, la femme qui ose s’introduire dans cette salle à dîner, ouverte sur l’extérieur, est méprisée par tous, car elle est une prostituée. Désespérée d’elle-même, elle a entendu Jésus, semble-t-il,  annoncer la miséricorde de Dieu pour tous, même pour les pires pécheurs.

Le pharisien

Jésus est devenu un personnage connu et populaire par son enseignement et ses guérisons. Le pharisien pense qu’il est opportun de juger ce personnage, en examinant s’il vient de Dieu, s’il est un prophète. Il l’invite donc à dîner chez lui pour observer son attitude et l’entendre dans l’intimité. Mais il ne veut pas se compromettre favorablement à l’égard de Jésus: il l’accueille froidement. Il ne lui offre pas d’eau pour se laver les pieds empoussiérés sur la route. Il ne lui donne pas le signe d’un accueil chaleureux par une accolade. Enfin il ne répand pas sur sa tête l’huile de l’amitié.

Lorsque la prostituée entre chez lui, il éprouve une émotion de révolte et de répulsion. Il n’accepterait même pas de lui adresser la parole, car son statut de juste le sépare de cette femme par une barrière infranchissable. Aussi il porte un jugement décisif sur Jésus, qui se laisse toucher par une telle femme. C’est la preuve pour lui que Jésus n’est pas un prophète, qu’il ne vient pas de Dieu.

La pécheresse

C’est une personne connue, dont tout le monde se moque et qui la méprise. À ses propres yeux, cette femme se dit qu’elle ne vaut rien et qu’elle n’a même plus la possibilité d’aimer, car elle a confondu l’amour avec le plaisir et le gain. Par curiosité sans doute, elle a entendu de loin le Christ qui proclamait que personne ne devait désespérer, parce même la plus avilie était l’objet de l’amour de Dieu, qui pouvait la faire revivre,  la ressusciter. Elle comprit que quelqu’un l’aimait et qu’elle devait répondre à un tel amour.

Un amour de reconnaissance entraîne aux pieds de Jésus cette femme qui a retrouvé l’espérance. Elle sait que tous les convives la mépriseront, qu’ils vont détourner les yeux pour ne pas salir leur regard. Son amour la rend humble et lui fait oublier tous ces regards malveillants. Son émotion de reconnaissance est si vive qu’elle est “tout en pleurs.” Dans son humilité, elle “se tient aux pieds” de Jésus, qu’elle “couvre de baisers.” Sa reconnaissance est tellement profonde qu’elle verse des larmes. Elle s’empresse d’essuyer ces larmes sur les pieds de Jésus avec ses cheveux, qu’elle a dénoués dans un autre geste inusité. Elle exprime finalement son amour dans une action audacieuse et généreuse: elle répand sur les pieds de Jésus ce qu’elle possède de plus précieux, le parfum qui pouvait lui donner l’illusion d’être encore attrayante.

Jésus

L’invitation du pharisien à Jésus était ambiguë. D’un côté, il pouvait paraître le protecteur d’un envoyé de Dieu, si Jésus prouvait qu’il était un prophète. Par contre, en ne lui accordant pas les signes d’accueil poli pour un invité de marque, le pharisien conservait toute sa liberté de jugement sur Jésus, sans se compromettre en face des gens. Jésus perçoit clairement les intentions mélangées de son hôte, mais il accepte quand même son invitation, en dépit ses manques de politesse Jésus a la mission de proclamer l’amour de Dieu à tous, même à ceux qui lui sont hostiles.

Jésus soupçonne les pensées de réprobation qui agitent son interlocuteur. Au lieu d’entamer une explication claire et directe, Jésus recourt à une parabole pour que le pharisien découvre par lui-même la vérité. Le créancier de la parabole qu’il lui propose est évidemment Dieu. Les deux débiteurs sont le pharisien et cette prostituée. Le Seigneur miséricordieux leur pardonne, avant même qu’ils aient imploré leur grâce. Mais pour que ce pardon produise son effet de purification et de vie renouvelée, il faut  que chacun l’accueille dans l’humilité et dans un amour de reconnaissance. Le pardon gratuit de Dieu inonde de joie cette pécheresse méprisée et elle exprime son action de grâce dans sa démarche empreinte d’humilité et d’audace.

L’amour de cette femme manifeste sa reconnaissance, qui découle du pardon qu’elle a reçue gratuitement: “Le grand amour qu’elle a manifesté prouve que ses nombreux péchés ont été pardonnés.” Son amour n’est pas une condition requise pour le pardon, il en est plutôt la conséquence. Jésus ne dit pas à la femme que son amour lui a obtenu le pardon, mais “ta foi t’a sauvée”, cette foi qui est l’ouverture, l’accueil du don gratuit de Dieu.

Conclusion

Les deux personnages devant Jésus se représentent Dieu deux figures opposées. Pour le pharisien, Dieu est le Maître dont la volonté exprimée dans la Loi doit être observée scrupuleusement. À ses yeux, la prostituée me peut être que méprisable, un rejet de la société. À l’opposé, cette femme, a compris sa radicale pauvreté, elle l’avoue et s’ouvre par sa foi à l’amour divin, qui la ressuscite. Son action de grâce manifeste sa joie et sa reconnaissance.

Jean-Louis D’Aragon SJ

2020/09/18 — L’évangile du vendredi – (Lc 8, 1-3)

Ce bref passage évoque quelques traits majeurs du ministère de Jésus. Ces résumés, de temps à autre dans les évangiles, rappellent l’essentiel de la mission du Christ. Luc mentionne d’abord le thème central de toute l’activité de Jésus : proclamer l’Évangile, la Bonne Nouvelle que Dieu va instaurer son Règne; il vient habiter au milieu de son peuple pour lui donner le salut, la paix, la vie et la joie.

Jésus n’attend pas les gens, comme Jean Baptiste au désert. Il va vers le peuple, il fait les premiers pas, pour révéler l’amour de Dieu partout où il se rend, « les villes et les villages ». Le bonheur n’est pas réservé à une élite ; Dieu, par son Messie, offre le bonheur à tous. Deux genres de témoins le suivent et l’assistent dans cette mission d’amour : les douze apôtres et un groupe de femmes.

La présence de femmes avec Jésus

Ces femmes qui accompagnent Jésus ont dû déconcerter le peuple de l’époque. Les disciples eux-mêmes s’étonnent quand ils découvrent Jésus parlant à une femme de Samarie. (Jn 4, 27) Un rabbin ne devait même pas parler à une femme en public. Un juif hassidique avouait dernièrement à un journaliste qu’il ne saluerait pas sur la rue l’épouse de son meilleur ami.

Nous ignorons le genre des esprits qui avaient réduit ces femmes à l’état d’esclaves. Pour elles, comme pour tous ceux qui accueillent la Bonne Nouvelle, le Christ les a libérées de tout ce qui asservit et dégrade. Il les a rehaussées à la dignité de filles de Dieu. L’une de ces femmes était tombée dans un état d’esclavage très grave. Tout ce qui était mal et qu’on ne pouvait expliquer était attribué au démon. Le chiffre « sept » indique ce qui est complet. « Sept démons » signifie donc que la déchéance de Marie était tragique et désespérée. Son surnom « Madeleine » signalait qu’elle était originaire de Magdala, une petite localité au sud-ouest du lac de Galilée.

L’époux de Jeanne était intendant du tétrarque de Galilée, Hérode. Sa fonction d’intendant était importante et elle le plaçait à un niveau élevé de la société. En appelant la femme de cet intendant à le suivre, Jésus l’a donc associé à une pécheresse méprisée de tous, Marie Madeleine. L’appel du Christ nous rend tous égaux dans la famille de Dieu.

Ces femmes, libérées du mal par Jésus, sont le vivant exemple du miracle de la conversion et de la foi. Une fois revenues d’une déchéance profonde, elles manifesteront une générosité totale. Elles suivront fidèlement le Christ jusqu’à la croix, pendant que les apôtres s’enfuiront. Elles enseveliront Jésus, elles seront présentes au tombeau le matin de Pâques et, au Cénacle, elles prieront, avec les disciples, dans l’attente de l’Esprit Saint (Actes 1, 14).

Les figures féminines chez Luc

L’évangéliste met en relief plusieurs personnages féminins, toujours présentés sous un jour favorable. La mère de Jésus domine évidemment « L’Évangile de l’enfance » (chap. 1-2), mais la mère de Jean Baptiste, Élisabeth, et Anne la prophétesse entourent Marie. Dans le reste du 3e Évangile, relevons seulement les passages propres à Luc :

–    la pécheresse pardonnée (7, 36-50) ;

–    la veuve de Naïm, à qui Jésus rend son fils unique (7, 11-17) ;

–    Marthe et Marie reçoivent Jésus (10, 38-42) ;

–    la louange adressée à la mère de Jésus par une femme (11, 27s) ;

–    les deux paraboles de la femme qui cherche sa pièce de monnaie perdue (15, 8-10) et la veuve importune qui insiste pour obtenir justice (18, 1-8) ;

–    sur le chemin du Calvaire, un groupe de femmes manifestent leur sympathie à Jésus (23, 27-31).

Ajoutons les passages les plus caractéristiques des Actes des apôtres :

 

–    Marie, la mère de Jésus, et un groupe de femmes attendent avec les apôtres la venue de l’Esprit Saint (1, 14) ;

–    la résurrection de Tabitha (9, 36-42) ;

–    les disciples se réunissent régulièrement chez Marie, la mère de Jean Marc (12, 12) ;

–    Lydie et sa maison se convertissent et accueillent chez elle Paul et ses compagnons (16, 13-15) ;

–    Aquila et Priscille accueillent Paul et deviennent ses proches collaborateurs (18, 2.26).

Luc considère les femmes, comme les pauvres, forment un groupe prédestiné au Royaume de Dieu. Il a constaté que les personnes qui accueillaient l’Évangile étaient avant tout des pauvres et des femmes. Devenant plus consciente de sa pauvreté et de sa misère, que l’homme, surtout dans un monde où la force violente dominait, la femme paraissait à Luc mieux disposée à remettre sa destinée au Seigneur et à recevoir gratuitement son salut.

Jean-Louis D’Aragon SJ

2020/09/19 (L’évangile du samedi – (Lc 8, 4-15) – St Janvier)

Dans toute vie réside une puissance en sommeil. Tous, nous avons vu un arbre poussé dans l’anfractuosité d‘un rocher, ou plus simplement quelques brins d’herbe surgir au milieu d’un trottoir. Ces signes révèlent la force tranquille de la vie. Jésus compare la parole de Dieu à cette vie que rien ne peut arrêter. À un moment où ses disciples peuvent se décourager devant l’incompréhension ou l’indifférence du peuple, Jésus leur montre que, en dépit des indifférences et des refus, rien ne peut arrêter la puissance de la Parole.

Cette parabole du Semeur est devenue le symbole de l’évangélisation, que certains groupes bibliques ont adopté pour affirmer qu’ils poursuivent le ministère du Christ Jésus, en proclamant sa Parole. Cette parabole est riche de sens, car elle signifie, dans un premier moment, la puissance de la Parole en elle-même et, dans un second moment, elle attire l’attention sur les dispositions des divers groupes qui accueillent cette Parole.

Sens de la parabole pour Jésus et ses disciples

La coutume dans l’Orient ancien veut que l’on répande d’abord la semence, puis qu’on laboure. La semence tombe un peu partout, même si le terrain est peu favorable. Dans le même champ, se trouvent des sols de divers genres: chemin de traverse, des roches, des ronces et de la terre fertile.

Jésus mentionne quatre genres de terrains pour rappeler qu’il adresse la Parole à tous les auditoires, qu’ils soient favorables, indifférents ou hostiles. La Parole de salut vient de Dieu, qui, par amour, veut offrir le bonheur et la vie à toute personne. En dépit des obstacles, la Parole prouve sa puissance par les fruits en abondance qu’elle produit.

À toutes les époques, la déception guette l’Église face à la réception tiède ou hostile de son message de salut. La nouvelle évangélisation produit aujourd’hui, en apparence, de maigres résultats. Mais le Seigneur nous promet, à travers cette parabole du semeur, que la persévérance, appuyée sur la puissance vitale de la Parole de Dieu, produira une récolte étonnante. La vie triomphera de l’indifférence et de la mort.

Pourquoi des paraboles ?

Nous avons tous connu des gens qui cultivent une surdité sélective. Ils entendent seulement ce qui leur convient, s’enfermant dans leurs idées et leurs préjugés. Ils ne veulent pas enrichir leur pauvreté, l’ouvrir sur l’expérience des autres.

Nous sommes tous affligés de surdité ou de cécité sélective. Sans le vouloir, nous sommes limités, car nous n’entendons pas les sons qui résonnent en dehors de nos capacités. Notre registre de vision est restreint : nous ne voyons pas les rayons infrarouges, ni les rayons ultraviolets. Ces limites auditives et visuelles devraient nous rendre conscients que notre intelligence et notre cœur sont également limités.

Comment parler de réalités au-delà de nos sens, sinon au moyen de symboles qui les suggèrent? Pour en comprendre, toutefois, la signification, il nous faut un minimum d’empathie. C’est notre responsabilité de prêter l’oreille, selon l’exhortation de Jésus à la foule : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! » Écouter la Bonne Nouvelle, c’est approfondir nos convictions évangéliques, prêter attention aux signes des temps, nous ouvrir à des opinions nouvelles ou même contraires à nos idées. Nous ne pouvons bien comprendre qu’avec la prière, dans le silence, éclairés par la lumière de l’Esprit.

Diversité des auditeurs

Même si la Parole est puissante, elle ne peut rien sans notre disposition à l’écouter et à la rendre vivante dans notre personne. Lorsqu’elle produit des fruits dans nos actions, elle manifeste sa force de vie.

Ceux qui sont seulement curieux, qui écoutent ou qui lisent la Bible ou l’Évangile comme un livre ordinaire, sans aucune conséquence pratique dans leur existence, sont comme la semence qui tombe au bord du chemin. Ils ne savent pas que l’audition de la Parole, c’est la rencontre de Dieu, qui seul peut les sauver.

Tous les débuts d’un cheminement sont faciles, ils sont souvent accompagnés d’enthousiasme. Mais si la Parole est semée parmi les pierres, les difficultés et la sécheresse éteignent peu à peu la joie qu’elle avait suscitée. N’ayant pas de convictions profondes, les émotions superficielles disparaissent très vite. Ce fut l’enthousiasme d’un moment. La valeur d’une personne ou d’une communauté se révèle dans sa durée et sa persévérance.

Tous se plaignent que la vie moderne est devenue trépidante, remplie d’échéances et de soucis. Nous avons développé des besoins de plus en plus nombreux, au point de ne plus savoir ce qu’est une vie simple, axée sur l’essentiel. Nos préoccupations multipliées rendent nos journées et nos semaines éreintantes. Avec de telles pressions, la prière devient difficile, sinon impossible. Combien de fois entendons-nous : « Je n’ai pas le temps de prier ou de participer à l’eucharistie ! » Tout dépend évidemment de la hiérarchie de nos valeurs. Si l’audition et la méditation de la Parole sont le dernier de nos soucis, il est clair que nous n’aurons jamais le temps de nous arrêter pour rencontrer notre Père et Seigneur.

La vie de foi est une plante fragile, qui exige un entretien assidu pour survivre et se développer. La culture de la foi consiste d’abord à prier régulièrement, d’implorer l’Esprit Saint de nous accorder ses dons, entre autres la fraîcheur du regard comme celui d’un enfant, toujours émerveillé par ce qu’il découvre, et l’amour actif, qui témoigne de la présence du Seigneur en nous et autour de nous.

Les attitudes différentes de ces quatre groupes qui accueillent la Parole nous interpellent. En expliquant cette parabole, le Christ nous demande si nous nous reconnaissons dans l’un ou l’autre de ces groupes d’auditeurs.

Jean-Louis D’Aragon SJ

2020/09/07 — L’évangile du lundi – (Jn 3, 13-17) La Croix Glorieuse

Au début de sa première lettre aux chrétiens de Corinthe, Paul leur rappelle que le Christ crucifié est le cœur de l’Évangile qu’il leur a proposé. Il avait décidé de leur proclamer « rien d’autre que Jésus-Christ et, plus précisément, Jésus-Christ crucifié. » (1 Cor 2,3s) Après sa déconvenue devant les « sages » de l’Aréopage d’Athènes, Paul arriva à Corinthe « faible et tout tremblant de crainte. » Il avait résolu de mettre de côté l’éloquence brillante, pour prêcher « le Christ crucifié, message scandaleux pour les Juifs et folie pour les païens. (1 Cor 1,23)

Comment le Christ en croix, cet objet d’horreur pour les anciens, peut-il être source de salut et de vie ? Ce monde opposé à Dieu pense trouver le salut dans la puissance qui domine, qui écrase les ennemis. Il est convaincu que la faiblesse ne produit rien, sinon l’humiliation et la prostration. Quand il croit en Dieu, ce monde se le représente comme un super Jupiter, comme le Maître de l’univers.

C’est pourquoi Pierre, inspiré par le monde et Satan, s’insurge contre la destinée de Jésus, qui vient d’annoncer à ses disciples qu’il subira une condamnation infamante à la mort. Dans une vive réaction, contre l’intervention de Pierre, représentant l’esprit du monde, juif et païen, le Christ le stigmatise comme inspiré par le diable (Mt 16,22s).

Descendu parmi nous et monté au ciel

« Le Fils de l’homme » désigne Jésus, qui représente tous les humains et qui les rassemble en lui. En descendant du ciel, il s’abaisse pour assumer notre condition fragile et misérable, partageant tout avec nous, sauf le péché. Pourquoi une telle humiliation, qui répugne à la raison humaine ? La réponse se trouve dans l’amour mystérieux de Dieu pour le monde. (Jn 3,16) Ce monde pourtant est rebelle, animé par la haine et ennemi de Dieu. Comment peut-il attiré l’amour de Dieu ?

Quand on parle de cette manière, on s’inspire de notre amour humain, égoïste, qui veut posséder ce qu’on prétend aimer, parce qu’on le juge aimable et attrayant. L’amour véritable est le contraire de l’égoïsme : il ne veut pas posséder et dominer, mais donner tout, jusqu’à sa vie. En raison de son amour, Dieu donne tout dans son Fils unique, acceptant d’être cloué, impuissant, sur une croix. À la suite de leur Seigneur, les disciples du Christ ont la vocation de se donner par amour et de prouver cet amour, même à l’égard de leurs ennemis : « Faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent et priez pour ceux qui vous maltraitent. » (Luc 27s).

Dans son humiliation extrême sur la croix, le Fils de l’homme, et l’humanité qui s’unit à lui par la foi, donne tout et se livre dans une parfaite confiance à Dieu, source de la vie et du bonheur. L’Alliance est rétablie par ce sacrifice entre l’humanité et Dieu, l’amour du Fils qui donne tout répond enfin à l’Amour infini de Dieu.

L’unique sécurité de notre humanité ne réside pas en nous, dans notre fausse richesse et dans nos découvertes scientifiques, mais dans l’amour infini de Dieu. « Dieu est amour » (1 Jn 4, 8.16) répète Jean. Tel est le cœur de notre foi, auquel il faut répondre par notre amour, qui donne tout, jusqu’à notre vie.

Contempler l’amour de Dieu dans son Fils

Cet amour de Dieu, révélé dans son Fils incarné et crucifié, n’est pas un événement isolé dans l’histoire du salut. Ce plan divin s’est déjà manifesté dans les ombres du Premier Testament, qui annonçaient son plein accomplissement en Jésus. Lorsque le peuple élu cheminait péniblement à travers le désert vers la Terre que Dieu lui promettait, la confiance venait à lui manquer et la révolte éclatait contre cette folle aventure et contre le chef mandaté par Dieu, Moïse. En coupant ainsi le lien vital de la foi en Dieu, le peuple se retrouvait démuni devant le mal, qui prenait la forme de serpents venimeux. « Ils mordirent un grand nombre d’Israélites, qui en moururent. » (Nombres 21, 6)

Ce peuple qui s’insurge contre la volonté de Dieu s’inscrit dans la longue lignée de notre humanité, qui se révolte contre le projet de salut que Dieu veut réaliser. Lorsqu’on refuse de faire confiance au Seigneur, on s’isole pour découvrir sa pauvreté et son impuissance. Le peuple prend alors conscience de son péché : « Nous avons péché en vous critiquant, le Seigneur et toi (Moïse) ! », s’écrie le peuple. À la prière de Moïse, Dieu lui ordonne de façonner un serpent de métal et de le fixer sur une perche. Quiconque regardera avec foi le serpent aura la vie sauve. Par ce regard de confiance en Dieu, le canal de vie se rétablit avec la source du salut.

C’est en contemplant avec foi le Christ en croix que nous pouvons accueillir le salut définitif et la vie éternelle. Le Crucifié incarne l’expression parfaite de l’amour de Dieu, qui donne tout. Par ce regard de foi, nous devenons progressivement Celui qui a tout donné par amour. Notre regard transforme alors notre égoïsme en amour.

Jean-Louis D’Aragon SJ

2020/09/08 — L’évangile de mardi – (Jn 19, 25-27) – Notre-Dame des Douleurs

L’Évangile de Jean présente la mère de Jésus seulement en deux circonstances, au tout début de la mission de son Fils et à la fin, à son sacrifice sur la croix. Aux noces de Cana, elle avoue à Jésus la honte et la pauvreté des époux, qui représentent notre humanité: ils n’ont plus de vin, ils n’ont plus la source de joie. C’est l’aveu de notre pauvreté humaine radicale.  Par la suite, Marie enseigne aux serviteurs la disponibilité, cette ouverture du coeur à la volonté du Christ: “Faites tout ce qu’il vous dira” (Jn 2,5). Les serviteurs représentent tous les disciples de son Fils, qui comblera leur pauvreté en raison de leur accueil dans la confiance.

Au pied de la croix, Marie se retrouve associée au disciple que Jésus aimait. Depuis le repas d’adieu, la veille, ce disciple apparaît pour la première fois dans l’Évangile et il occupe une position privilégiée, sur la poitrine de son Seigneur (Jn 13,23). Il vit dans une communion intime avec Jésus , tout comme celui-ci vit dans l’union avec son Père (Jn 1,18). Ce disciple est l’auteur du 4e Évangile (Jn 21,24), que les membres de sa communauté ont idéalisé pour le hisser comme le modèle de tout chrétien. Ainsi, il se trouve en compagnie de Pierre durant la tragédie de la passion de Jésus: familier du grand prêtre, il peut introduire Pierre dans la cour intérieure où Jésus comparaît (Jn 18,16). Au matin de Pâques, il court plus vite que Pierre pour atteindre le tombeau de Jésus et il est le premier qui croit dans la résurrection de son Seigneur (Jn 20,8).

Lorsque le Christ s’offre en sacrifice sur la croix, il est en mesure de donner à tous ceux qui croient en lui une vie nouvelle et il crée une famille unie par l’amour. S’adressant à sa mère, “Voici ton fils, mère”, puis à son disciple, “Voici ta mère”, Jésus emploie les formules rituelles d’adoption dans le monde ancien. Par cette déclaration, Jésus introduit son disciple, et ceux qu’il représente, dans sa propre famille. Dans ce disciple idéal, Jésus voit tous ses frères et soeurs croyants, qui participeront à sa propre filiation envers sa mère.

Le Seigneur Jésus associe tous les siens dans sa famille humaine. Le matin de Pâques, il les introduira tous dans sa famille divine, en donnant cette mission glorieuse à Marie de Magdala: “Va dire à mes frères que je monte vers mon Père, qui est aussi votre Père, vers mon Dieu, qui est aussi votre Dieu” (Jn 20,17) À la suite de sa glorification, ses disciples sont maintenant ses “frères”, membres de sa famille. Ayant introduit les siens dans sa famille humaine, le Christ leur annonce maintenant que son sacrifice sur la croix les élève dans la famille de Dieu, le Père de tous.

Jean-Louis D’Aragon SJ

2020/09/09 — L’évangile du mercredi – (Lc 7, 31-35) – St Corneille; St Cyprien

Dans un discours à la foule, Jésus parle des hommes de cette génération. Il vise en fait ceux qui n’ont pas accepté la prédication de Jean Baptiste ni la sienne. Il les compare à des gamins qui ne veulent pas se joindre à des jeux gais ni non plus à des jeux tristes: ce qu’on leur propose ne correspond jamais à ce qu’ils attendent. Comme ces gamins, les Pharisiens et les docteurs de la Loi n’ont pas accepté Jean Baptiste à cause de son austérité et se sont justifiés en disant qu’il était un possédé. De même ils rejettent Jésus à cause de son manque d’austérité: il mange avec des publicains et des pécheurs. Ils disent qu’il est un glouton et un ivrogne. Mais le peuple, les petits, les collecteurs d’impôts et les pécheurs ont su reconnaître que la sagesse divine était à l’œuvre.

Cette partie du discours vient après un éloge de Jean Baptiste que Jésus a fait. Par trois fois il a demandé à la foule: Quand vous êtes allés voir Jean Baptiste, qui êtes-vous allés voir au désert? Il conclut en disant: Un prophète? Et plus qu’un prophète.

Jean Baptiste a été le précurseur, le dernier de l’ère avant la venue du Royaume. Il a vécu au désert, en ascète, et il a prêché un baptême de conversion. Il était dans le temps de la préparation et là, il a été le plus grand. Ses disciples l’ont imité en pratiquant des jeûnes régulièrement.

Mais avec la venue de Jésus, il y a la venue du Royaume, la venue d’une ère nouvelle. Et là le plus petit est plus grand que Jean Baptiste parce qu’il y a maintenant la présence du Royaume. Ceux qui reconnaissent cette présence doivent la célébrer. C’est pour cela que Jésus n’a pas institué de jeûnes officiels pour ses disciples. C’est pour cela aussi qu’il n’a pas refusé les repas qu’on lui offrait. Et pour bien montrer que le salut était venu pour tous, il a mangé chez Lévi et chez Zachée, des publicains.

La présence du Règne de Dieu est, pour les enfants de la sagesse divine, une invitation à célébrer une noce. Et Jésus en a donné l’exemple.

Jean Gobeil SJ