Au cours d’un repas chez un chef des Pharisiens, un convive en entendant parler Jésus déclara: Heureux celui qui participera au repas dans le Royaume de Dieu. Jésus alors raconte une parabole. Un homme avait préparé un grand repas. Le moment venu il envoie avertir les invités. Ils se dérobent: l’un a acheté un champ, un autre cinq paires de bœufs et un autre vient de se marier. Le maître alors envoie un serviteur dans les rues de la ville ramener des pauvres, des estropiés, des aveugles et des boiteux. Comme il reste encore de la place, il l’envoie en dehors de la ville sur les routes et les sentiers en ramener d’autres pour que sa maison soit remplie. Aucun des premiers invités ne profitera du banquet.
C’est un jour de sabbat où Jésus a été invité à un repas chez un chef des Pharisiens, ce qui veut dire que les convives doivent être des Pharisiens ou des gens du même rang social. Les Pharisiens ont commencé à avoir des soupçons sur Jésus. On a déjà mentionné qu’ils l’épiaient (Luc 6,7) et aujourd’hui à ce repas on l’observe (14,1).
Un malade s’est présenté et Jésus l’a guéri. Personne n’a osé parler. Jésus fait ensuite une recommandation aux convives de ne pas choisir les premières places. Se glorifier soi-même ne vaut pas une glorification faite par un autre. Il s’adresse ensuite à son hôte sur le choix des invités. S’il invite des gens de l’élite comme ceux de son milieu, ils lui rendront la pareille: sa seule récompense sera donc la réciprocité. Si au contraire il invite des gens qui ne peuvent pas lui rendre son invitation comme des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles, en somme des gens en marge de la bonne société, heureux sera-t-il puisque ce sera Dieu qui le lui rendra lors de la résurrection des justes. C’est la seule rétribution qui est importante. Le traitement des pauvres est un thème sur lequel Luc revient souvent mais la liste qu’il vient de donner va revenir dans notre texte avec un autre sens.
C’est la mention de la résurrection des justes qui amène un convive à déclarer: Heureux celui qui participera au repas dans le Royaume de Dieu.
C’est une remarque bien générale qui ne dérange personne dans l’immédiat et c’est ce qui amène la parabole de Jésus.
Quelqu’un a préparé un grand dîner et fait un grand nombre d’invitations. Il envoie un serviteur dire aux invités: Venez, maintenant le repas est prêt.
Les “maintenant” comme les “aujourd’hui” sont importants dans Luc.
C’est dans Luc que Jésus dit: Voici, le Royaume de Dieu est parmi vous. (17,21)
Il n’est pas dans le futur, ni ailleurs: il est ici.
A Zachée, le riche publicain, il déclare: Descends vite, car il me faut aujourd’hui demeurer chez toi.
Et il conclut à la fin de l’épisode: Aujourd’hui le salut est arrivé pour cette maison. (19,5.9)
Jésus en croix dit au bon larron: En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis. (23,43)
Sous-jacente à la parabole que nous avons, il y a une question adressée aux convives: Allez-vous maintenant, vous aussi, refuser l’invitation, comme les premiers invités?
Devant le refus des premiers invités, le maître de la parabole, envoie un serviteur (Jésus) dans la ville d’abord pour inviter des pauvres, des estropiés, des aveugles et des boiteux. C’est la liste que Jésus avait déjà utilisée pour illustrer des pauvres. Ici, la liste sert à donner des exemples de ces gens que Jésus aimait particulièrement alors qu’ils étaient en marge de la société.
Le maître envoie encore son serviteur en dehors de la ville, sur les routes et les sentiers de la campagne pour en ramener d’autres qui sont encore plus loins que les marginaux de la ville, comme le seront les païens et les non-juifs.
Jésus avait déclaré à Zachée: Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.
C’est la déclaration qui, pour Luc, est fondamentale pour la personne de Jésus.
Il est le serviteur qui est venu apporter l’invitation et il espère une réponse maintenant.
Jean Gobeil SJ