Tous les commandements se résument dans celui de l’amour mutuel entre les disciples de Jésus (v.12). Le commandement qui permet de demeurer dans l’amour du Christ est précisément celui de l’amour. L’amour est le lien vital à l’intérieur de l’union entre le Père, le Fils et les disciples. Il faut permettre au Christ d’aimer en nous et par nous, lui, le bon Pasteur, qui donne sa vie pour ses brebis (10,11; 1 Jn 3,16).
Accepter par amour ce que Jésus commande ne rend pas esclave, mais, au contraire, fait participer à la liberté souveraine de Dieu. Celui qui est entièrement disponible, obéissant, connaît la vérité qui vient de Dieu par l’intermédiaire de Jésus et cette vérité le libère de l’esclavage du péché et de la mort. Obéir consiste à participer à la souveraine liberté de Dieu.
C’est à la suite d’un don gratuit, d’un choix bienveillant, que le chrétien devient l’ami de Jésus (v.16). Ce choix vise l’épanouissement du chrétien, qui produit des fruits parce qu’il est uni au Christ et qu’il aime ses frères et ses sœurs. Cette vie dans le Christ est, de sa nature, conquérante; elle doit s’étendre à la mission des disciples.
« Aime et fais ce que tu veux. » (Saint Augustin)
Après l’allégorie de la vigne, Jésus traite maintenant des rapports d’amour à l’intérieur de la communauté chrétienne. L’amour est le principe de la relation entre le Père et le Fils. C’est le même amour qui a suscité l’existence de l’Église. Cet amour prend son origine dans le Père, qui le communique, par la médiation de son Fils, à tous ceux et celles qui croient dans son Envoyé.
L’authenticité de cet amour se manifeste dans l’obéissance, qui suppose la confiance totale envers celui qu’on aime. Celui qui obéit renonce à sa volonté propre, à ses désirs et à ses inclinations, pour se conformer au commandement, à l’ordre de celui qui le dirige. Il y a toujours une humiliation dans l’obéissance, parce qu’on accepte que sa liberté soit brimée. L’obéissance, comme le renoncement et l’abnégation, désigne quelque chose de négatif, en quelque sorte un acte inhumain, s’il n’est pas animé par l’amour, le don de soi. Aussi l’obéissance est l’expression concrète de l’amour.
Dans sa relation au Père, Jésus est le modèle de l’union que les chrétiens doivent avoir avec lui, l’Envoyé de Dieu. Bien plus, c’est dans l’amour obéissant de Jésus au Père que les disciples puisent la force exaltante de vivre cet idéal. De cette union du Fils au Père par l’amour qui se révèle dans son obéissance, découle la joie de Jésus, l’épanouissement de tout son être. En prolongeant cet amour de service, les chrétiens feront l’expérience de la même joie.
Ce passage de Jean est un rappel de l’unique commandement, l’amour mutuel (v.17), qui forme une transition avec ce qui suit. L’amour qui règne à l’intérieur de la communauté chrétienne s’oppose à la haine qui sévit à l’extérieur, dans le monde.
Jean-Louis D’Aragon SJ